Un soldat américain, voici quelques jours, a tiré de sang froid sur des Afghans en pénétrant dans leur domicile. C’est un crime de guerre et, vraisemblablement, le résultat d’un moment de folie meurtrière. Une enquête est en cours. Barack Obama a fait ce qu’il sait faire le mieux : il a présenté des excuses. Il en avait déjà présenté quelque temps plus tôt lorsque des Corans avaient été brûlés par l’armée américaine : sans rappeler un seul instant, bien sûr que les Corans en question avaient été couverts d’inscriptions diverses par des prisonniers de guerre aux mains des troupes américaines et avaient été transformés dès lors en autre chose que des Corans.
Ce qui est sous-jacent à ce triste fait est la situation intenable dans laquelle se trouvent les troupes américaines et, dès lors, les autres troupes occidentales en Afghanistan.
Le nombre de soldats américains assassinés par des « civils » afghans dans la zone précise où le soldat américain a tué s’élève à quatre-vingt onze pour l’année 2011 seulement. Le chiffre pour l’ensemble de l’Afghanistan est bien plus élevé. Des Français ont eux-mêmes été victimes de soldats afghans qu’ils entraînaient. Des Britanniques sont tombés aussi.
La vérité oblige à dire que la sécurité des troupes étrangères dans le pays n’est plus assurée et se révèle de plus en plus précaire.
La vérité oblige à dire que sont en cause les règles d’engagement imposées aux soldats américains (qui constituent l’essentiel des troupes) : règles qui équivalent à leur demander de combattre une main liée derrière le dos, à ne pas faire leur métier avec l’efficacité qu’ils ont durement acquise, à se trouver placés inutilement en position de danger et à se trouver souvent dans un état de frustration à même de les conduire à se demander ce qu’ils font encore dans un pays où leur mission a cessé d’être claire, c’est le moins qu’on puisse dire.
La vérité oblige à dire qu’est en cause la fixation par l’administration Obama d’une date de retrait, porteuse d’un message à l’attention de l’ennemi : il suffit à celui-ci de tenir jusqu’à la date indiquée pour être assuré de la victoire. Si l’on ajoute qu’avec la diminution des crédits militaires et des effectifs, les soldats restant sont contraints à faire beaucoup d’heures supplémentaires sur le terrain, et si l’on précise qu’après avoir cherché vainement des talibans modérés, l’administration Obama négocie aujourd’hui avec les talibans tout court, aux fins d’effectivement leur rendre le pouvoir, et a choisi pour intermédiaire, dans ces négociations, le chef spirituel des Frères Musulmans, Youssef Al Qaradawi, on voit que la coupe est vraiment pleine.
Quand Barack Obama est arrivé à la Maison Blanche, la majeure part du pays était tenue par les troupes de la coalition. Il restait à consolider la situation, ce qui passait par l’accord avec des chefs de guerre tribaux, et par la destruction des bases arrières talibanes au Pakistan. Les chefs militaires américains ont demandé des renforts et du matériel, et ce de façon rapide. Barack Obama a mis une dizaine de mois à consentir l’envoi de seulement deux tiers des troupes demandées, sans le matériel, et avec les nouvelles règles en vigueur depuis. Il a, en supplément, donné la date à partir de laquelle tout le monde serait parti, sauf les Afghans.
Les conséquences sont là. Des troupes américaines démoralisées, susceptibles de déraper. D’autres troupes dont on peut se demander ce qu’elles font encore là dans ces conditions. Des talibans qui sont à l’offensive et regagnent chaque jour du terrain. Des bases talibanes au Pakistan intactes. Une population civile afghane qui discerne de quel côté elle doit se placer si elle entend survivre. Des dirigeants afghans qui discernent eux aussi qu’ils doivent se placer pour survivre.
C’est un gâchis révoltant. Des civils afghans sont tués, parfois assassinés comme cela vient de se passer près de Kandahar, c’est exact. Des centaines de soldats occidentaux sont morts pour rien, c’est hélas exact aussi.
Si un autre Président devait arriver à la Maison Blanche en janvier 2013, il hériterait d’une situation si effroyable qu’il est difficile de voir comment il pourrait la changer positivement.
Si c’est le même Président qui reste à la Maison Blanche, un victoire obtenue de haute lutte aura été transformée en défaite et en débâcle. Ce n’est pas la première fois que des Démocrates créent une défaite ou une débâcle. C’est consternant. C’est ainsi. Nous allons vers un monde plus sûr pour l’islam radical, beaucoup moins sûr pour les hommes libres, propice à tous les incidents, tous les débordements et touts les violences.
J’attends de voir si les courageux cinéastes qui ont fait le procès de George Walker Bush, qui a dû assumer les suites du onze septembre et l’a fait courageusement, feront le procès de Barack Obama. Je pense que j’attendrai très longtemps.
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© Guy Millière pour www.Dreuz.info
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