En 1993, l’Erythrée obtenait son indépendance par rapport à l’Ethiopie, après une trentaine d’années de lutte. Pour autant, les deux pays ne se sont jamais entendus sur le tracé de la frontière les séparant et, en 1998, un conflit éclata.
Depuis les accords d’Alger, signés en 2000 et après 70.000 tués, les hostilités entre Addis-Abeba et Asmara sont officiellement terminées. Mais les différends territoriaux demeurent et le conflit reste larvé.
Et comme le rapport des forces est clairement en faveur de l’Ethiopie, qui dispose d’une armée relativement bien équipée, soutenue par les Etats-Unis, l’Erythrée encourage en sous-main l’action de groupes séaparatistes éthiopien, tel que le Front révolutionnaire démocratique uni de l’Afar (ARDUF), par ailleurs responsables de la mort de 5 touristes et le rapt de deux autres en janvier dernier.
Et c’est justement en réponse à cette attaque par l’ARDUF que l’armée éthiopienne a lancé un raid, le 15 mars, contre une base militaire en territoire érythréen, située à 16 km de la frontière.
A Addis Abeba, les autorités ont justifié cette opération en affirmant que des « terroristes spécialistes de l’attaque-éclair » étaient entraînés dans cette base érythréenne. « Tant que l’Erythrée reste une zone de la lancement d’attaques contre l’Ethiopie, des mesures similaires continueront d’être prises » ont-elles aussi indiqué, en prévenant Asmara qu’une éventuelle riposte produirait des « résultats désastreux ».
Et le 17 mars, l’armée éthiopienne a mené de nouvelles opérations en Erythrée, malgré les protestations d’Asmara auprès des Nations unies suite à la première incursion.
« Nous avons mené de nouvelles attaques contre des cibles à l’intérieur de l’Erythrée. Cette fois, c’était dans la section nord autour de Badmé » a ainsi affirmé un responsable éthiopien à l’agence Reuters. « Nous avons de nouveau été victorieux. Cette frappe fait partie de notre plan de mesures graduées qui comprend des attaques dans le sud-est de l’Erythrée » a-t-il ajouté.
Pour le moment, l’Erythrée a fait savoir qu’il n’est pas question de riposter aux opérations éthiopiennes menées sur son territoire. Comme on l’a vu, ce pays n’est pas en mesure de s’opposer frontalement à son grand rival.
Et l’on peut donc penser qu’il continuera à aider en sous-main les groupes séparatistes en Ethiopie ainsi que les milices Shebabs, qui, affiliées à al-Qaïda, combattent l’armée éthiopienne en Somalie, autre théâtre d’affrontement entre Asmara et Addis-Abeba.
Ce soutien aux milices Shebabs a d’ailleurs valu des sanctions aux autorités érythéennes, votées en 2009 par le Conseil de sécurité de l’ONU. « Les actes de l’Erythrée qui sapent la paix et la réconciliation en Somalie, ainsi que la querelle entre Djibouti et l’Erythrée, constituent une menace à la paix et à la sécurité internationale » indiquait le texte.
Engagées une nouvelle fois en Somalie, les forces éthiopiennes n’ont pas la partie facile face aux milices shebabs, qui contestent le pouvoir au Gouvernement fédéral de transition (GFT), soutenu par la communauté internationale.
Après avoir été contraints, dans un premier temps, de céder des positions face à l’avancée des troupes éthiopiennes, kényanes et gouvernementales, les miliciens shebabs ont désormais recours aux techniques de la guérilla.
Ainsi, la semaine passée, ils ont livré une grande offensive contre les arrières de l’armée éthiopienne à Yurkut, près de la frontière entre la Somalie et l’Ethiopie. Aux dires de différents témoins, les combats « ont été les plus intenses » depuis novembre.
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