samedi 9 juin 2012

L’Iran contrecarre le plan de “groupe de contact” syrien du fait des conditions imposées par les Etats-Unis aux pourparlers sur le nucléaire


De nouvelles atrocités à Mazraat al-Qubeir, près de Hama
 
L’Iran a bloqué l’initiative de la Secrétaire américaine et de l’envoyé de l’ONU et de la Ligue Arabe, Kofi Annan, visant à présenter à la session spéciale de l’organisme international, un plan en vue de mettre en place un groupe de contact fondé sur cinq membre permanents du Conseil de Sécurité et l’Iran pour tenter de sortir de l’impasse syrienne. Téhéran a refusé de se joindre au groupe, aussi longtemps qu’il est confronté à des conditions sur le nucléaire, à la suite de la déclaration de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, disant à Istanbul que l’Iran doit se rendre aux discussions nucléaires à Moscou, « prêt à prendre des mesures concrètes » pour restreindre son enrichissement d’uranium à un raffinement de 20%.
 
La discussion autour de ce plan a, par conséquent, été abandonnée avant même de commencer et confinée dans les couloirs de l’ONU. En forçant le rythme, lors de la session de l’Assemblée Générale extraordinaire sur la crise syrienne, Téhéran a, une fois encore, démontré son refus de jouer la balle avec la communauté internationale, jusqu’à ce que son statut de puissance de premier plan au Moyen-Orient soit reconnu.
 
Les sources iraniennes ont insisté, au cours des derniers jours, que les discussions avec les six grandes puissances mondiales et l’Iran ne concernaient pas seulement son programme nucléaire, mais affectaient un plus large spectre, parce que  le problème nucléaire pouvait se tenir à l’Agence Internationale de l’Energie atomique à Vienne. Téhéran a fait entendre clairement que la poursuite de la diplomatie concernant le nucléaire, dépend entièrement de la reconnaissance générale du statut de l’Iran comme puissance majeure.
 
Pendant ce temps, la situation en Syrie continue de se détériorer de façon désastreuse, au milieu d’affirmations contradictoires, au sujet d’un nouveau massacre au village de Mazraatal-Qubeir, du district d’Hama. Les militants de l’opposition ont diffusé une séquence vidéo illustrant le massacre de plus de 70 personnes, y compris des femmes et des enfants, par les forces de sécurité d’Assad et ses miliciens, moins de deux semaines, après le massacre d’Houla. Les sources officielles à Damas démentent, en p)rétendant que pas plus de neuf personnes sont mortes « entre les mains de terroristes ».
 
Aucun témoignage indépendant n’est disponible sur cet épisode, pour les observateurs de l’ONU, qui se sont dirigés vers le village proche d’Hama. Le Secrétaire de l’ONU a déclaré qu’ils ont dû faire marche arrière, quand on leur a tiré dessus à l’arme légère, et qu’ils réessaieraient vendredi.
 
Kofi Annan a averti que si rien ne change en Syrie, l’avenir était porteur d’une guerre civile totale. Ses paroles attestent de l’absence de recours de l’organisme international pour mettre un frein au bain de sang en Syrie, combinée au refus e l’administration Obama d’intervenir dans la crise, dans l’appréhension que la Russie et l’Iran intensifient le conflit. Cette crainte s’est effacée.
 
Debkafile rapportait, mercredi 6 juin : Israël demeure assoupi, malgré les graves conséquences contre sa situation stratégique et sécuritaire qui se profilent comme une menace, dans la nouvelle proposition que Kofi Annan, l’envoyé de l’ONU et de la Ligue Arabe, est sur le point de présenter devant l’ONU, jeudi 7 juin, afin de sauver son plan de paix. L’essentiel de sa proposition , dévoilent les sources de Debkafile, est la création d’un « groupe de contact » pour se saisir de la « patate chaude » syrienne. Il devrait être composé de cinq membres permanent du Conseil de Sécurité (les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine) + l’Iran, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar.
 
La proposition a obtenu la bénédiction de l’Administration Obama, signifiant son consentement de laisser les deux puissances qui domineront ce groupe de contact, la Russie et l’Iran, en déterminer le cours et le dénouement de la crise syrienne.
 
Wasington pense qu’eux seuls ont l’influence sur l’armée syrienne pour la mener à l’éviction de Bachar al Assad et à son remplacement à Damas par un régime militaire transitoire. Washington espère aussi, selon nos sources, que son geste donnera une forte incitation à Moscou pour pour pousser énergiquement sur Téhéran et obtenir des concessions au prochain cycle de discussion avec les six puissances mondiales, le 13 juin.
 
 
 Pas plus l’Iran que Moscou n’a rien promis de la sorte aux Etats-Unis, mais l’administration espère que l’Iran commencera à avancer sur les questions de son programme nucléaire, après avoir obtenu la possibilité d’assurer un rôle central à Damas.
 
Il y a bien moins d’optimisme à l’extérieur des cercles de l’Administration et en Israël. Ils n’attendent rien de moins de Téhéran, lors du prochain cycle de négociations, que des concessions symboliques et rien du tout, en ce qui concerne la réduction de ses travaux sur l’arme nucléaire.
 
Cependant, l’Administration Obama apparaît avoir opté pour cette orientation, même si c’est la première fois depuis l’éclatement de la révolte arabe en décembre 2010, que les Etats-Unis laisser aller une crise majeure au Moyen-Orient et permettre à ses deux principaux rivaux au Moyen-Orient, Moscou et Téhéran, en prendre la charge.
 
Le 31 mai, Debkafile révélait en exclusivité, le 31 mai, que le Président Barack Obama avait proposé au Président Valdimir Poutine la création d’une vaste force de 5000 observateurs internationaux en Syrie, dont la plupart seraient Russes, afin de sauvegarder le stock d’armes biologiques et chimiques d’Assad de tomber entre les mains d’Al Qaeda et des rebelles syriens. Cette équipe composée de troupes russes serait le bras opérationnel du futur « groupe de contact ».
 
En ce qui concerne Israël, ce plan a des connotations désastreuses. Au lieu de restreindre l’extension de l’influence iranienne dans la région, comme Obama l’a promis, il ouvre toute grande la porte à l’Iran pour lui permettre carrément de démultiplier sa présence dans le pays limitrophes – et encore en guerre avec Israël- tout en, dans le même temps, se retirant d’un effort concentré pour réduire la menace du programme nucléaire iranien.
 
 
Les stratèges politiques et sécuritaires israéliens n’ont jamais pris en compte que la conséquence de la révolte syrienne pourrait être l’établissement d’une emprise toale iranienne sur Damas, en partenariat avec la Russie. Effectivement, depuis 15 mois, ils insistent sur le fait que le soulèvement syrien est la preuve du succès de l’Amérique, dans l’entreprise visant à briser la dangerosité de l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah.
 
 
DEBKAfile Reportage spécial 

Adaptation : Marc Brzustowski

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