Répondant à l’appel à l’aide urgent du gouvernement malien, les troupes françaises ont menées des frappes aériennes contre les combattants islamistes, ralenti l’avancée de centaines d’extrémistes musulmans lourdement armés, selon les autorités françaises et le général Carter F. Ham, le haut commandant militaire américain en Afrique.
Un hélicoptère français a apparemment été abattu dans les combats, selon le général Ham.
Le Pentagone est en train d’examiner plusieurs options afin de soutenir les français, soit sous forme de soutien, ou de partage de renseignements, ou de soutien logistique plus élaboré, mais les Etats Unis n’envisagent pas l’envoi de troupes américaines, a déclaré le général Ham.
La présence des troupes occidentales a renversé des mois de débats tortueux sur la façon dont les nations étrangères doivent faire face à la crise islamiste du nord du Mali.
L’administration Obama et les autres gouvernements occidentaux sont alarmés depuis de longs mois par l’idée qu’un vaste territoire deux fois la taille de l’Allemagne puisse si facilement tomber entre les mains de l’islam, où les terroristes ont renforcé leurs rangs, d’où ils cherchent à étendre leur influence sur toute la région et au-delà.
Pourtant, pendant des mois, les islamistes sont apparus inébranlables. Ils ont appliqué dans l’indifférence du monde les règles strictes de la charia : des amputations publiques, des coups de fouet, et des lapidations, tandis que l’armée malienne se retirait dans le sud, et que les pays africains débattaient de la manière de trouver de l’argent et des soldats pour reconquérir le territoire perdu.
Tout cela a changé cette semaine, quand tout à coup les islamistes ont chargé vers le sud avec une force de 800 à 900 combattants répartis dans 50 à 200 véhicules, et ont capturé une ville frontalière, qui avait été la ligne rouge des territoires encore contrôlés par le gouvernement, selon le général Ham et un diplomate européen.
Inquiets qu’il y ait peu de chances d’empêcher les musulmans de mettre à sac le reste du Mali, la France – pour la deuxième fois en moins de deux ans – est intervenue avec des fusils et des bombes dans son ancienne colonie africaine.
« Les forces françaises ont apporté leur soutien, cet après-midi, à l’armée du Mali qui luttent contre les terroristes », a déclaré le président François Hollande dans un communiqué de presse à Paris hier vendredi, notant que l’opération « durera aussi longtemps que nécessaire. »
« Les terroristes doivent savoir que la France sera toujours là », at-il ajouté.
Sanda Ould Boumana, un porte-parole d’Ansar Dine, l’un des groupes islamistes qui contrôlent le nord du Mali avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a affirmé dans un entretien téléphonique que les militants avaient tenu bon.
«Certains avions sont venus bombarder des civils », at-il dit. « Une femme a été tuée. C’est un scénario bien connu. Il n’y avait même pas de combat. Leurs avions ont bombardé une mosquée. C’est tout. »
M. Boumana a qualifié l’intervention française d’illégale, affirmant que le français était «venu pour soutenir une bande d’assassins. C’est la France, et c’est l’Occident. Nous ne sommes pas surpris. »
Les responsables maliens, depuis la capitale de Bamako, ont indiqué que l’action militaire française est un changement bienvenu dans la situation d’impasse où ils se trouvent.
« Il était évident que l’armée malienne n’aurait jamais été capable de gérer la situation », a déclaré Tiébilé Dramé, un politicien dans l’opposition. « L’intervention française va au-delà de ce qui était espéré. Personne ne s’attendait à ça, ni que cela irait aussi rapidement. La France avait déclaré qu’elle n’interviendrait pas, et les Maliens ont maintenant l’espoir d’une intervention rapide. »
Les raisons pour lesquelles les islamistes se sont lancés dans une frappe militaire en capturant le village de Konna jeudi, en prélude possible à une attaque des grandes villes sur le chemin de la capitale, à plus de 450 km de là, demeurent floues. Ils n’ont été confrontés à aucune intervention militaire pendant plusieurs mois, et il n’était même pas prévu que des forces occidentales s’impliquent dans le conflit.
« Est-ce une initiative d’al Qaida pour prendre Bamako ? Ont-ils fait cette intervention pour renforcer leur position de négociation, pour gagner un peu plus du terrain ? », questionne le général Ham. « La vraie question est : et maintenant, que va-t-il se passer ? », a-t-il dit, ajoutant que des discussions étaient en cours entre les gouvernements de Washington, de Paris et de la région africaine.
L’objectif que les islamistes cherchaient à atteindre hier – la capture de l’aérodrome du gouvernement malien à Sévaré, qui est vital pour toute intervention militaire dans le nord du Mali – semble maintenant être hors de leur portée.
Mais tandis que les officiers supérieurs maliens saluaient la présence des militaires français « partenaires sur le terrain », un officier qui n’était pas autorisé à s’exprimer publiquement a averti que les islamistes sont restés forts, et qu’ils peuvent aller de l’avant. « C’est temporaire », a-t-il déclaré, « Ils ont les moyens d’avancer. »
D’autant que l’armée est bien loin de pouvoir reprendre le nord. Alors que des dizaines de milliers de civils ont fui la région, beaucoup restent dans l’ancienne ville de Tombouctou et d’autres villes sous contrôle islamiste, ce qui les rend très vulnérables à l’indescriptible et sanguinaire sauvagerie mahométane.
De plus, les islamistes basés dans le nord, qui se financent en partie par l’enlèvement et les rançons étrangères, tiennent encore captifs plus d’une douzaine d’otages, et ils ont menacé de les tuer en cas d’attaque.
D’un autre coté, les responsables occidentaux et maliens affirment que l’assaut français a immédiatement changé la dynamique du conflit, et permis l’accélération de plans pour une plus large opération militaire.
« Ce qui est maintenant certain, c’est que les choses ne se passeront pas comme nous pensions qu’elles se passeraient il y a un mois », a déclaré un diplomate occidental, qui n’était pas autorisée à s’exprimer publiquement. « Nous avons demandé aux pays de la CEDEAO d’accélérer les préparatifs d’envoi de troupes », a-t-il ajouté, en référence à la communauté de 15 membres Economique des Etats de l’Afrique, qui a accepté de fournir une force d’intervention.
La France a une longue histoire d’actions militaires expéditionnaires dans ses anciennes colonies africaines. M. Hollande avait dit que la France n’enverrait pas de troupes au combat au Mali, jusqu’à ce qu’il fut clair, vendredi, que le gouvernement de Bamako pourrait s’effondrer.
Mais les Français avaient positionné des contingents militaires près de Mali, au Sénégal, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, notamment. Plusieurs rapports étouffés par les médias français, mais persistants dans la presse anglophone, révélaient que les forces spéciales françaises étaient déjà au Mali, ce que l’intervention de vendredi a confirmé.
Sous Nicolas Sarkozy, la France a déjà effectué des frappes aériennes pour déloger l’homme fort de la Côte-d’Ivoire, Laurent Gbagbo en 2011, apportant une fin rapide à quatre mois de guerre civile sanglante.
Adam Nossiter, depuis Bamako, Eric Schmitt, depuis Niamey au Niger, Rick Gladstone depuis New York, et Scott Sayare depuis Paris ont contribué à la rédaction ce compte rendu traduit et adapté par Dreuz.info
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire