La guerre djihadiste internationale est déclarée depuis 1979, date de l'invasion soviétique de l'Afghanistan.
Au-delà de ce qui se passe encore sur le site d’In Amenas, au-delà de l’avancée des troupes françaises - qui ne sont plus seules, contrairement à ce que prédisaient certaines Cassandres - au Mali, apparaît dans toute sa clarté un fait que la conjonction des aveuglements, des renoncements et des alibis avait caché depuis au moins trente ans, à savoir qu’il s’agit d’une guerre djihadiste internationale déclarée par les djihadistes eux-mêmes et cela depuis 1979, année charnière.
Cette année-là, en effet, verra l’invasion soviétique de l’Afghanistan et sa conséquence majeure : la formation des brigades internationales de l’islamisme, avec notamment, dans ses rangs, un certain Oussama Ben Laden et, de l’extérieur, l’aide des Etats-Unis focalisés alors sur la lutte contre Moscou, considérée encore comme l’ennemi principal.
Dans le même temps, l'ayatollah Khomeini, logé, nourri et blanchi par Giscard, va créer la première république islamique des temps modernes. Enfin, action beaucoup moins remarquée mais encore plus significative : la prise de la grande mosquée de la Mecque - lieu sacré de l’Islam - par des salafistes radicaux qui accusent le régime saoudien de trahir Allah. Il faudra l’intervention du GIGN français pour mettre fin - dans le sang - à cette agression.
Depuis, à Londres comme à Madrid, au Kenya comme à Bali, à Marrakech comme à Toulouse, précédée et couronnée évidemment par le 11 septembre 2001 à New York, la guerre des intégristes contre les infidèles se poursuit sur tous les fronts, ne faisant aucune différence entre Arabes et Européens, Russes et Américains, Chinois et Indiens, civils et militaires, adultes et enfants.
Les buts sont avoués, cohérents et explicites : restaurer le Califat aboli en 1924 par ce traître d’Ataturk, après la chute de l’empire ottoman, reconstruire la nation islamique avec l’application totale de la charia, reconquérir les terres européennes abandonnées aux mécréants à la fin du XVème siècle. Aux autruches qui ne voulaient rien voir ni rien entendre, il suffisait depuis longtemps d’écouter un certain nombre de télévisions satellitaires du Moyen-Orient, pour connaître quotidiennement l’énoncé du programme.
Peu importe dès lors les oiseuses discussions sur l’identité de l’état-major : Al-Qaïda n’est qu’une des expressions de cette idéologie totalitaire, et a depuis longtemps franchisé la marque en des myriades de labels qui œuvrent ici ou là, en Europe comme au Sahel, au service du même objectif. Que nous le voulions ou non, cette guerre mondiale bat son plein et ne s’arrêtera pas de si tôt, parce qu’elle n’a rien à voir avec les précédents conflits internationaux. Certains raisonnent encore avec les lunettes de 40-45 ou de la Guerre froide. N’en déplaise aux nostalgiques de l’anti-colonialisme d’il y a un demi siècle, cette guerre asymétrique oppose, bien au-delà des dictatures corrompues et des régressions organisées, tous ceux - musulmans, chrétiens, juifs, athées ou agnostiques - qui mettent la liberté et les droits humains au-dessus de tout, et ceux qui veulent instaurer le nouvel ordre totalitaire. C’est pourquoi le Mali et In Amenas ne sont que les épisodes d’un feuilleton dont on est loin de connaître la fin.
André Bercoff
André Bercoff est journaliste et écrivain.
Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.
Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), et plus récemment Qui choisir (First editions, 2012)
Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.
Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), et plus récemment Qui choisir (First editions, 2012)
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