mardi 15 janvier 2013

"Les Français ont ouvert les portes de l'enfer"

INTERVIEW - Oumar Ould Hamaha est l'un des visages de l'islamisme radical du Nord-Mali. Il répond aux questions du JDD.


On le surnomme le "Barbu rouge", en raison de sa barbe teintée au henné, ou encore "Akka", pour sa dextérité à manier le kalachnikov AK-47. Oumar Ould Hamaha est l'un des visages de l'islamisme radical du Nord-Mali. Il est aussi, selon plusieurs sources, l'un de ceux qui a mené l'offensive djihadiste de ces derniers jours. C'est peu dire que l'homme, une petite cinquantaine, est un enragé, qui, dans une récente interview à L'Express , parlait du djihad comme d'"une obligation divine" et menaçait directement la vie de François Hollande. Un temps chef d'état-major du Mujao, également porte-parole d'Ansar Dine, il a créé début décembre son propre groupe, Ansar Al-Charia, regroupant des membres de la communauté bérabiche, d'origine arabe comme lui. Hier matin, certaines rumeurs le donnaient mort dans les combats. Mais selon un témoin contacté dans la journée, il serait bel et bien vivant et replié à Gao. "Vous n'avez pas besoin de savoir où je me trouve", lâche-t-il, un peu excédé, à la fin du court entretien téléphonique qu'il nous a accordé.
Confirmez-vous avoir perdu la ville de Konna?
Absolument pas. Il ne faut pas écouter l'armée malienne. Nous sommes toujours présents à Konna et nous tenons toutes les localités à proximité. Les militaires maliens n'osent même pas s'approcher. Nous avons détruit bon nombre de leurs blindés, leurs pick-up. C'est vrai, nous avons subi des tirs d'hélicoptères français. Mais nous contrôlons encore la situation.
Quels sont vos objectifs désormais?
Ce sont toujours les mêmes : propager le message d'Allah à n'importe quel prix et continuer le combat. Nous avons la charia au bout de chacun nos canons, de chacun de nos sabres. Pour ce qui est de la suite militaire, je ne peux rien dire. Nous devons nous concerter entre les différentes organisations pour définir la marche à suivre.
Mais vous espérez toujours lancer une offensive pour prendre Bamako malgré les pertes que vous venez de subir? Il n'est pas vrai que nous avons perdu une centaine d'hommes, comme le dit l'armée malienne. De toute façon, ce qui compte pour nous, ce n'est pas le nombre d'hommes qui combat, mais leur engagement pour la cause. Je ne vais pas dévoiler aujourd'hui quelles sont nos intentions mais avec ce qui s'est passé ces derniers jours, ce conflit va prendre une très grande envergure. Les Français ont déclenché une machine incontrôlable. Ils viennent d'ouvrir les portes de l'enfer et vont en subir les conséquences.
Antoine Malo - Le Journal du Dimanche

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