Les forces spéciales françaises ont échoué, tôt samedi 12 janvier, à secourir un otage aux mains des Shabaab liés à Al Qaeda, alors qu’une seconde force aérienne et commando française poursuivait ses opérations en soutien à la tentative du gouvernement malien pour stopper l’avance islamiste.
A Paris, le Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a nié qu’il y ait une relation entre les deux opérations contre-terroristes qui se sont déroulées au cours des dernières 48 heures, dans l’Est et l’Ouest de l’Afrique – toutes deux contre des branches diférentes d’Al Qaeda. Il a confirmé qu’un à deux soldats français ont été tués en Somalie, un autre porté disparu et que le sort de l’otage détenu depuis trois ans par les Shabaab restait inconnu. Dix-sept combattants islamistes, selon les informations disponibles, ont été tués. Au Mali, un pilote français a été tué, quand son hélicoptère a été abattu près de la ville-clé du nord-Mali, à Konna.
Samedi, le Président François Hollande a appelé son cabinet de guerre à une session d’urgence inhabituelle, dès que les deux premières interventions françaises, dans le combat contre le terrorisme islamiste, ont commencé à aller de travers, le confrontant à sa première crise militaire.
En plongeant sur deux fronts, au Mali et en Somalie, la France a offert aux deux ailes terroristes –le Shabaab somalien, qui se place sous les auspices d’Al Qaeda dans la Péninsule Arabique (AQPA), et l’Ansar Dine malien, qui fait partie d’al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), de pouvoir diffuser un ultimatum conjoint à Paris : arrêtez immédiatement les deux missions ou les huit otages français seront exécutés un par un. Parmi eux, au Mali, il y a quatre ingénieurs et techniciens nucléaires.
Le groupe somalien a kidnappé Denis Allex, un agent des services de renseignements français, la DGSE, à Mogadiscio, il a trois ans et demi. Son sauvetage était l’objectif de l’opération somalienne, samedi. Les hélicoptères français ont exécuté plusieurs attaques contre le lieu qu’on soupçonnait être celui de la captivité de l’otage, à Bula Marer, au sud de la capitale. Ils ont été contraints de battre en retraite, avec des pertes, sous un intense feu nourri anti-aérien.
Samedi après-midi, les responsables français ont avoué que l’opération avait échoué. Ils avaient initialement rapporté que l’otage avait été tué durant l’opération, puis ont dit que son sort restait indéterminé, après que les porte-parole des Shabaab aient affirmé, à leur tour, qu’Allex n’était pas dans la zone du raid français et qu’il n’était pas blessé. Les Islamistes ont aussi prétendu avoir capturé le commando porté disparu, à l’issue de l’attaque française, après l’avoir retrouvé blessé.
Tout comme pour le cas du pilote français au Mali, le Ministre de la Défense français a déclaré qu’il avait été mortellement blessé dans une frappe d’hélicoptère, vendredi, en soutien aux forces maliennes qui prenaient pour cible un groupe terroriste avançant vers la ville de Mopti, près de la ville-clé de Konna dans le nord, alors que la capitale, Bamako, est située à 600 kms au sud. Il n’a pas dit si l’hélicoptère avait été abattu par des tirs venus du sol. Sur les deux fronts, les forces françaises ont rencontré des tirs anti-aériens venus du sol.
Un porte-parole du Ministère de la défense malien a déclaré que les forces gouvernementales avaient repris Konna, avec l’aide des forces de l’armée française, bien qu’il n’ait pas précisé si elles avaient repris le contrôle total de la ville ou si les Islamistes s’étaient retirés.
Hollande a déclaré que la France était intervenue au Mali, parce que la région très vaste du Sahel, en Afrique de l’Ouest, était devenue une base équivalente à l’Afghanistan pour les terroristes islamistes, et qu’un état terroriste créé à Bamako menacerait toute l’Afrique et mettrait l’Europe et la France à sa merci.
Le Drian a affirmé que la France était en contact avec le Secrétaire à la défense américain, Léon Panetta, aussi bien qu’avec les gouvernements africains et européens alliés. Un porte-parole de l’administration à Washington a déclaré que les Etats-Unis considéraient la possibilité d’étendre leur aide logistique et des renseignements en direction des forces françaises combattant Al Qaeda au Mali.
Les sources militaires de Debkafile signalent que les crises au Mali et en Somalie ont saisi le Président Hollande au beau milieu d’une autre crise impliquant des terroristes – non pas, cette fois, d’Al Qaeda, mais le groupe séparatiste kurde, le PKK (Parti des Travailleurs Kurdes), avec lequel la Turquie est en guerre.
Jeudi, trois femmes kurdes ot été retrouvées mortes, victimes de balles dans la tête, au Centre d’Information kurde de Paris. L’une des victimes a été identifiée comme étant Sakine Cansiz, un membre fondateur de l’organisation PKK. Le Ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls a déclaré qu’elles avaient, de toute évidence, été « exécutées ».
Le commentaire du Président disant qu’il connaissait personnellement une des victimes a rendu furieux le gouvernement turc. Le Premier ministre Tayyip Erdogan a appelé Hollande pour qu’il explique pourquoi il avait rencontré des militants kurdes ayant des relations avec le PKK, qui est perçu comme un groupe terroriste par la Turquie, l’Union Européenne et les Etats-Unis.
Erdogan a également déclaré que la Turquie attendait de la France qu’elle trouve ceux qui sont responsables d’avoir abattu les trois femmes kurdes à Paris. Cet incident intervient, alors que les responsables des renseignements turcs étaient en train de mener des discussions avec le dirigeant du PKK emprisonné, Abdullah Ocalab, dans une tentative pour désarmer le PKK et mettre fin à un conflit qui a coûté des milliers de vies humaines, en presque deux décennies.
DEBKAfile Reportage Spécial
Adaptation : Marc Brzustowski.
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