Le sommet extraordinaire de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), qui se concentrera sur la recherche d'une issue négociée à la crise syrienne, a débuté mardi 14 août, à La Mecque, en Arabie saoudite, en l'absence du principal intéressé : Damas. Ce sommet devrait surtout mettre en lumière le schisme du monde musulman.
Officiellement, l'OCI doit favoriser la solidarité et l'entraide entre les pays musulmans. Mais, dans les faits, le dossier syrien révélera la guerre d'influence à laquelle se livrent par procuration la principale puissance chiite, l'Iran, et les sunnites menés par l'Arabie saoudite. Lors de la réunion préparatoire, lundi, les chefs de la diplomatie des pays de l'OCI ont demandé la suspension de la Syrie, à laquelle s'est opposé l'Iran.Créée en septembre 1969 à Rabat dans un contexte de guerre froide - dans lequel les Etats-Unis cherchaient à faire contrepoids à la Ligue arabe, alors sous influence de la gauche nationaliste arabe -, l'OCI, qui compte 57 Etats membres, s'est donnée pour objectifs d'œuvrer à éliminer la discrimination raciale, à consolider la lutte des musulmans pour la sauvegarde de leur dignité, notamment.
"Conservatrice et réactionnaire", elle ne pèse pas sur la géopolitique de la région, critique Karim Emile Bitar, géopolitologue et spécialiste du monde arabe à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). L'OCI reste "fragilisée par l'opposition chiite-sunnite en son sein", ajoute-t-il. La réunion de La Mecque n'y échappera pas.
"LE BAL DES HYPOCRITES"
Lors de ce sommet, l'Iran de Mahmoud Ahmadinejad se retrouve sans allié véritable, hormis l'Irak, face aux pays sunnites, qui soutiennent l'opposition syrienne.
"Ahmadinejad a décidé de s'y rendre pour défendre son seul allié arabe, conscient de ce qu'il pourrait perdre si Damas tombait : les canaux d'approvisionnement du Hezbollah libanais et l'ouverture sur la Méditerranée. Il joue tous ses rêves de puissance", juge Karim Emile Bitar.
Les espoirs de trouver un accord au sommet de l'OCI sont minces. Les enjeux géostratégiques sont trop importants. "Aucune partie n'est prête à céder un centimètre. Les événements sont allés trop loin en Syrie pour qu'un accord puisse être trouvé. Ce sera encore le bal des hypocrites, entre puissances qui se détestent", affirme le chercheur.
D'autant qu'au facteur confessionnel s'ajoutent les enjeux économiques : "Face aux sanctions sur le pétrole iranien, imposées par les Etats-Unis, les Saoudiens augmentent leur production de pétrole, ce qui exacerbe les tensions."
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