Le chef de la station de la CIA à Tel Aviv avait déverrouillé la boîte qui contenait le matériel sensible dont il se servait à son domicile de Tel Aviv, en Israël, pour communiquer avec le siège de la CIA en Virginie, et n’avait pu que constater que quelqu’un l’avait trafiqué. Ce dont il référa à ses supérieurs.
Cet incident, décrit par trois anciens cadres des services secrets US aurait pu être rangé simplement parmi les péripéties qui émaillent le monde de l’espionnage international, sauf que la même chose était arrivée au précédent chef de station en Israël.
C’était un rappel pas très subtil que, même dans un pays ami des Etats-Unis, la CIA elle-même était sous surveillance.
Dans un incident distinct, selon deux autres anciens officiels US, un agent de la CIA en Israël était rentré chez lui pour découvrir que la place des aliments dans le réfrigérateur avait été modifiée. Dans tous les cas, les autorités US pensent que les services de sécurité israéliens en étaient responsables.
Une telle ingérence souligne ce qui est largement connu mais rarement discuté en dehors du milieu des services de renseignements : malgré les liens incontestables entre les Etats-Unis et leur allié le plus proche au Moyen Orient et malgré les déclarations des politiciens US qui claironnent cette amitié, les officiels de la sécurité nationale des Etats-Unis considèrent qu’Israël est, par moment, un allié frustrant et une véritable menace pour le contre-espionnage.
Outre ce que les anciens officiels US ont décrit comme des violations de domicile au cours de ces dix dernières années, Israël a été impliqué dans des affaires criminelles d’espionnage contre les Etats-Unis, dans des procédures disciplinaires contre les agents de la CIA et mis en cause dans la mort d’un espion important qui travaillait pour le compte de la CIA en Syrie pendant l’administration George W. Bush.
La CIA considère Israël comme étant sa menace n°1 en matière de contre-espionnage pour sa division Proche-Orient, le groupe qui chapeaute les activités d’espionnage au Moyen-Orient, selon d’anciens et d’actuels officiels.
Le contre-espionnage est l’art de protéger les secrets du pays contre les espions étrangers. Ce qui veut dire que la CIA pense que les secrets d’Etat des Etats-Unis sont plus à l’abri des autres services secrets de la région que d’Israël.
Israël a des services d’espionnage hautement sophistiqués et professionnels qui rivalisent avec les services américains en technicité et capacité à recruter de la ressource humaine.
A la différence de la Syrie et de l’Iran, par exemple, Israël, en qualité d’allié indéfectible, bénéficie d’un accès aux niveaux les plus élevés des cercles militaires et du renseignement au sein du gouvernement des Etats-Unis.
Les officiels nous ont parlés sous condition d’anonymat parce qu’ils ne sont pas autorisés à parler publiquement de ces questions sensibles pour les relations diplomatiques entre les deux pays.
Les inquiétudes du contre-espionnage persistent alors même que la relation entre les Etats-Unis et Israël comprennent une étroite coopération sur des programmes de renseignement qui incluraient le virus Stuxnet qui a attaqué les ordinateurs des principaux sites iraniens d’enrichissement d’uranium. Alors que l’alliance [avec le régime sioniste] est centrale dans l’approche des Etats-Unis au Moyen-Orient, il y a quand même place pour un désaccord important, tout particulièrement dans la tourmente diplomatique au sujet des ambitions nucléaires de l’Iran.
« C’est une relation compliquée », déclare Joseph Wippl, un ancien officier supérieur des actions clandestines la CIA, et ancien chef du bureau de la CIA pour les affaires parlementaires (Congrès). « Ils ont leurs intérêts. Nous avons nos intérêts. Pour les Etats-Unis, il y a un équilibre à trouver. »
La façon dont Washington caractérise sa relation avec Israël est importante aussi dans la manière dont les Etats-Unis sont perçus dans le reste du monde, particulièrement dans les pays musulmans.
Les éloges à l’égard des Etats-Unis sont allés crescendo [dans l’entité sioniste] avant la rencontre prévue dimanche entre le candidat à la présidentielle Mitt Romney et le Premier ministre Israélien Benjamin Netanyahou à Jérusalem. Leur relation remonte à plusieurs dizaines d’années, quand ils s’étaient brièvement croisés dans les années 1970 au Boston Consulting Group. Tous deux travaillaient comme conseillers de cette firme au début de leur carrière, avant que Romney fonde en partenariat sa propre société de gestion de placements. Romney a déclaré dans un discours la semaine dernière qu’Israël était « un de nos amis les plus chers », et a critiqué Obama pour ce qu’il a qualifié de « traitement médiocre » de l’Etat juif par l’administration Obama.
« Le peuple d’Israël mérite mieux que ce qu’il a reçu de la part du leader du monde libre », a déclaré Romney dans un appel clair à l’électorat juif américain et aux électeurs évangélistes pro-Israël.
Obama, dont on avait appris qu’il semblait avoir approuvé des critiques contre Netanyahou formulées par le président français d’alors, Benjamin Netanyahou, a défendu son travail avec Israël. « Nous avons fait beaucoup de choses avec Israël ces trois dernières années », a déclaré Obama dans le courant de l’année. « Je pense que le Premier ministre – et certainement le ministre de la Défense – reconnaîtra que la coopération dans le domaine militaire et du renseignement n’a jamais été aussi étroite. »
Un porte-parole israélien à Washington, Lior Weintraub, a déclaré que son pays avait des liens étroits avec les Etats-Unis.
« Les services de renseignements et de sécurité israéliens entretiennent une coopération étroite, étendue et continue avec leurs homologues des Etats-Unis », a déclaré Weintraub. « Ils sont nos partenaires dans la confrontation avec de nombreux défis communs. Toute suggestion qu’il en serait autrement est sans fondement et contraire à l’esprit et à la pratique de la coopération de nos deux pays en matière de sécurité. »
La CIA a refusé de commenter.
La tension existe des deux côtés.
La National Security Agency (NSA) a toujours exercé une surveillance d’Israël. Les Etats-Unis ne veulent par exemple pas être pris au dépourvu si Israël lançait une attaque surprise qui pourrait précipiter la région dans la guerre, mettre en péril les livraisons de pétrole et mettre en danger les soldats américains.
Matthew Aid, auteur de « The Secret Sentry », qui traite de la NSA explique que les Etats-Unis ont commencé à espionner Israël avant même la création de l’Etat en 1948. Aid précise que les Etats-Unis avaient une station à Chypre chargée d’espionner Israël jusqu’en 1974. Aujourd’hui, des hébréophones sont stationnés dans les locaux de la NSA à Fort Meade dans le Maryland où ils écoutent les interceptions de communications israéliennes, dit-il.
La politique de la CIA interdit généralement à ses agents à Tel Aviv de recruter des sources dans l’administration israélienne. Ce qui ne peut se faire qu’avec l’approbation de hauts responsables de la CIA, expliquent deux anciens cadres de cette agence. A l’époque de l’administration Bush, l’accord devait être donné par la Maison Blanche.
Israël n’est pas le plus proche allié de l’Amérique, du moins quand il s’agit de savoir à qui Washington fait confiance pour les informations les plus sensibles pour la sécurité nationale. Cette confiance est l’apanage d’un groupe de nations désignées officieusement sous le terme des « Five Eyes » (« Cinq Yeux »). Sous ce couvert, les Etats-Unis, le Canada, la Grande Bretagne, la Nouvelle Zélande et l’Australie acceptent d’échanger des informations et de ne pas s’espionner mutuellement. Souvent, les agents des services secrets US travaillent directement avec leurs homologues de ces pays pour traiter des informations top secrètes qui ne sont partagées avec personne d’autre.
Israël se situe dans le cadre d’une relation de second rang désignée par un autre nom officieux, « Friends of Friends. » Ce nom dérive de la phrase « les amis n’espionnent pas les amis », et cet arrangement date de dizaines d’années. Mais les services de renseignements extérieurs d’Israël, le Mossad, et l’équivalent du FBI, le Shin Bet, tous deux considérés comme étant parmi les meilleurs du monde, ont été soupçonnés de recruter des officiels US et d’essayer de voler des secrets américains.
Vers 2004-2005, la CIA a révoqué deux agents de sexe féminin pour avoir eu des contacts non signalés [à la hiérarchie] avec des Israéliens. Une des deux femmes a reconnu, sous détecteur de mensonges, avoir eu une relation avec un Israélien qui travaillait pour le ministère [sioniste] des Affaires étrangères, explique un ancien officiel de la CIA. La CIA avait appris que l’Israélien avait présenté la femme à son « oncle. » Ce dernier travaillait pour le Shin Bet.
Jonathan Pollard, fonctionnaire civil de la marine chargé d’analyse de renseignements, a été convaincu d’espionnage pour Israël en 1987 alors que l’accord Friends on Friends était en vigueur. Il a été condamné à la prison à vie. Les Israéliens essayent depuis des années d’obtenir sa libération. En janvier 2011, Netanyahou avait demandé à Obama de libérer Pollard tout en reconnaissant que les agissements d’Israël dans cette affaire avaient été « une faute et complètement inacceptables. »
Ronald Olive, un ancien superintendant du Naval Criminal Investigative Service (le fameux NCIS) qui avait enquêté sur Pollard, déclare qu’après l’arrestation, les Etats-Unis avaient formé un groupe de travail pour déterminer quels dossiers gouvernementaux Pollard avait volés. Olive explique que ce qu’Israël a rendu ne représente qu’une « goutte d’eau dans la mer ».
Après l’affaire Pollard, les Israéliens avaient promis de ne plus avoir d’agents secrets en opération sur le sol des Etats-Unis.
Ancien ingénieur mécanicien de l’armée, Ben-Ami Kadish a plaidé coupable en 2008 pour la remise de documents classés secrets aux Israéliens pendant les années 1980. Son officier traitant était le même que celui qui gérait Pollard.
Kadish avait permis aux Israéliens de prendre des clichés de documents sur des armes nucléaires, une version modifiée de l’avion de chasse F-15 et du système de missiles anti-aérien Patriot. Kadish, qui avait 85 ans au moment de son arrestation, avait évité la prison et reçu une amende de 50 000 dollars. Il avait déclaré au juge « Je pensais que j’aidais Israël sans faire de tort aux Etats Unis. »
En 2006, un ancien analyste du Département de la Défense a été condamné à plus de douze ans de prison pour avoir donné des informations classifiées à un diplomate israélien et à des lobbyistes pro-Israël.
Malgré l’affaire Pollard et les autres, Olive dit avoir la conviction que les deux pays doivent maintenir d’étroites relations « mais devons-nous rester vigilants ? Absolument. Les Israéliens sont bons dans ce qu’ils font. »
A l’époque de l’administration Bush, la CIA avait classé certains services de renseignements étrangers en fonction de leur disposition à aider à la lutte contre le terrorisme menée par les Etats-Unis. Un ancien officiel de la CIA qui avait vu la liste achevée indique qu’Israël, qui n’a jamais été visé directement par des attentats d’Al-Qaïda, arrivait derrière la Libye qui avait récemment accepté de renoncer à son programme d’armement atomique.
Les incidents en matière d’espionnage n’ont pas vraiment ralenti le transfert de milliards de dollars en fonds et en armement des Etats-Unis vers Israël. Depuis l’arrestation de Pollard, Israël a reçu plus de 60 milliards de dollards d’aide américaine, essentiellement sous forme d’assistance militaire, selon le Congressional Research Service. Les Etats-Unis ont fourni à Israël des missiles Patriot, ont participé au financement d’un programme de défense anti-missile et fourni du matériel radar très sensible pour détecter les menaces de missiles iraniens.
Pas plus tard que vendredi dernier, Obama a annoncé qu’il allait ouvrir une ligne d’aide militaire supplémentaire de 70 millions de dollars, une décision anticipée de manière apparemment à éclipser le voyage de Romney (dans l’entité sioniste), et il a parlé de « l’engagement inébranlable [de l’Amérique] envers Israël. » L’argent aidera Israël à développer la production d’un système de missiles à courte portée.
Certains officiels de la CIA sont encore remontés au sujet de la disparition d’un scientifique syrien qui, à l’époque de l’administration Bush, était le seul espion de la CIA dans le programme militaire syrien de développement d’armes biologiques et chimiques. Ce scientifique fournissait à l’agence des informations extraordinaires sur les agents pathogènes utilisés pour ce programme, expliquent d’anciens officiels US à propos de cette opération d’espionnage précédemment inconnue.
A l’époque, il y avait une pression pour un échange d’informations sur les armes de destruction massive, et la CIA avait fourni les siennes à Israël. Un ancien offiiel de la CIA, qui a une connaissance directe de ce dossier, explique que des détails sur le programme syrien avaient été publiés dans la presse. Même si la CIA n’a jamais conclu formellement à la responsabilité d’Israël, les officiels de l’Agence avaient protesté auprès d’Israël parce qu’ils croyaient que les Israéliens laissaient fuir des informations pour faire pression pour que la Syrie abandonne son programme. Les Syriens avaient cherché qui avait accès à ces informations sensibles et avaient fini par identifier le scientifique comme un traître.
Avant de disparaître et d’être probablement tué, le scientifique avait dit à son agent traitant que les renseignements militaires syriens se concentraient sur lui.
Article original : US sees Israel, tight Mideast ally, as spy threat
Cet incident, décrit par trois anciens cadres des services secrets US aurait pu être rangé simplement parmi les péripéties qui émaillent le monde de l’espionnage international, sauf que la même chose était arrivée au précédent chef de station en Israël.
C’était un rappel pas très subtil que, même dans un pays ami des Etats-Unis, la CIA elle-même était sous surveillance.
Dans un incident distinct, selon deux autres anciens officiels US, un agent de la CIA en Israël était rentré chez lui pour découvrir que la place des aliments dans le réfrigérateur avait été modifiée. Dans tous les cas, les autorités US pensent que les services de sécurité israéliens en étaient responsables.
Une telle ingérence souligne ce qui est largement connu mais rarement discuté en dehors du milieu des services de renseignements : malgré les liens incontestables entre les Etats-Unis et leur allié le plus proche au Moyen Orient et malgré les déclarations des politiciens US qui claironnent cette amitié, les officiels de la sécurité nationale des Etats-Unis considèrent qu’Israël est, par moment, un allié frustrant et une véritable menace pour le contre-espionnage.
Outre ce que les anciens officiels US ont décrit comme des violations de domicile au cours de ces dix dernières années, Israël a été impliqué dans des affaires criminelles d’espionnage contre les Etats-Unis, dans des procédures disciplinaires contre les agents de la CIA et mis en cause dans la mort d’un espion important qui travaillait pour le compte de la CIA en Syrie pendant l’administration George W. Bush.
La CIA considère Israël comme étant sa menace n°1 en matière de contre-espionnage pour sa division Proche-Orient, le groupe qui chapeaute les activités d’espionnage au Moyen-Orient, selon d’anciens et d’actuels officiels.
Le contre-espionnage est l’art de protéger les secrets du pays contre les espions étrangers. Ce qui veut dire que la CIA pense que les secrets d’Etat des Etats-Unis sont plus à l’abri des autres services secrets de la région que d’Israël.
Israël a des services d’espionnage hautement sophistiqués et professionnels qui rivalisent avec les services américains en technicité et capacité à recruter de la ressource humaine.
A la différence de la Syrie et de l’Iran, par exemple, Israël, en qualité d’allié indéfectible, bénéficie d’un accès aux niveaux les plus élevés des cercles militaires et du renseignement au sein du gouvernement des Etats-Unis.
Les officiels nous ont parlés sous condition d’anonymat parce qu’ils ne sont pas autorisés à parler publiquement de ces questions sensibles pour les relations diplomatiques entre les deux pays.
Les inquiétudes du contre-espionnage persistent alors même que la relation entre les Etats-Unis et Israël comprennent une étroite coopération sur des programmes de renseignement qui incluraient le virus Stuxnet qui a attaqué les ordinateurs des principaux sites iraniens d’enrichissement d’uranium. Alors que l’alliance [avec le régime sioniste] est centrale dans l’approche des Etats-Unis au Moyen-Orient, il y a quand même place pour un désaccord important, tout particulièrement dans la tourmente diplomatique au sujet des ambitions nucléaires de l’Iran.
« C’est une relation compliquée », déclare Joseph Wippl, un ancien officier supérieur des actions clandestines la CIA, et ancien chef du bureau de la CIA pour les affaires parlementaires (Congrès). « Ils ont leurs intérêts. Nous avons nos intérêts. Pour les Etats-Unis, il y a un équilibre à trouver. »
La façon dont Washington caractérise sa relation avec Israël est importante aussi dans la manière dont les Etats-Unis sont perçus dans le reste du monde, particulièrement dans les pays musulmans.
Les éloges à l’égard des Etats-Unis sont allés crescendo [dans l’entité sioniste] avant la rencontre prévue dimanche entre le candidat à la présidentielle Mitt Romney et le Premier ministre Israélien Benjamin Netanyahou à Jérusalem. Leur relation remonte à plusieurs dizaines d’années, quand ils s’étaient brièvement croisés dans les années 1970 au Boston Consulting Group. Tous deux travaillaient comme conseillers de cette firme au début de leur carrière, avant que Romney fonde en partenariat sa propre société de gestion de placements. Romney a déclaré dans un discours la semaine dernière qu’Israël était « un de nos amis les plus chers », et a critiqué Obama pour ce qu’il a qualifié de « traitement médiocre » de l’Etat juif par l’administration Obama.
« Le peuple d’Israël mérite mieux que ce qu’il a reçu de la part du leader du monde libre », a déclaré Romney dans un appel clair à l’électorat juif américain et aux électeurs évangélistes pro-Israël.
Obama, dont on avait appris qu’il semblait avoir approuvé des critiques contre Netanyahou formulées par le président français d’alors, Benjamin Netanyahou, a défendu son travail avec Israël. « Nous avons fait beaucoup de choses avec Israël ces trois dernières années », a déclaré Obama dans le courant de l’année. « Je pense que le Premier ministre – et certainement le ministre de la Défense – reconnaîtra que la coopération dans le domaine militaire et du renseignement n’a jamais été aussi étroite. »
Un porte-parole israélien à Washington, Lior Weintraub, a déclaré que son pays avait des liens étroits avec les Etats-Unis.
« Les services de renseignements et de sécurité israéliens entretiennent une coopération étroite, étendue et continue avec leurs homologues des Etats-Unis », a déclaré Weintraub. « Ils sont nos partenaires dans la confrontation avec de nombreux défis communs. Toute suggestion qu’il en serait autrement est sans fondement et contraire à l’esprit et à la pratique de la coopération de nos deux pays en matière de sécurité. »
La CIA a refusé de commenter.
La tension existe des deux côtés.
La National Security Agency (NSA) a toujours exercé une surveillance d’Israël. Les Etats-Unis ne veulent par exemple pas être pris au dépourvu si Israël lançait une attaque surprise qui pourrait précipiter la région dans la guerre, mettre en péril les livraisons de pétrole et mettre en danger les soldats américains.
Matthew Aid, auteur de « The Secret Sentry », qui traite de la NSA explique que les Etats-Unis ont commencé à espionner Israël avant même la création de l’Etat en 1948. Aid précise que les Etats-Unis avaient une station à Chypre chargée d’espionner Israël jusqu’en 1974. Aujourd’hui, des hébréophones sont stationnés dans les locaux de la NSA à Fort Meade dans le Maryland où ils écoutent les interceptions de communications israéliennes, dit-il.
La politique de la CIA interdit généralement à ses agents à Tel Aviv de recruter des sources dans l’administration israélienne. Ce qui ne peut se faire qu’avec l’approbation de hauts responsables de la CIA, expliquent deux anciens cadres de cette agence. A l’époque de l’administration Bush, l’accord devait être donné par la Maison Blanche.
Israël n’est pas le plus proche allié de l’Amérique, du moins quand il s’agit de savoir à qui Washington fait confiance pour les informations les plus sensibles pour la sécurité nationale. Cette confiance est l’apanage d’un groupe de nations désignées officieusement sous le terme des « Five Eyes » (« Cinq Yeux »). Sous ce couvert, les Etats-Unis, le Canada, la Grande Bretagne, la Nouvelle Zélande et l’Australie acceptent d’échanger des informations et de ne pas s’espionner mutuellement. Souvent, les agents des services secrets US travaillent directement avec leurs homologues de ces pays pour traiter des informations top secrètes qui ne sont partagées avec personne d’autre.
Israël se situe dans le cadre d’une relation de second rang désignée par un autre nom officieux, « Friends of Friends. » Ce nom dérive de la phrase « les amis n’espionnent pas les amis », et cet arrangement date de dizaines d’années. Mais les services de renseignements extérieurs d’Israël, le Mossad, et l’équivalent du FBI, le Shin Bet, tous deux considérés comme étant parmi les meilleurs du monde, ont été soupçonnés de recruter des officiels US et d’essayer de voler des secrets américains.
Vers 2004-2005, la CIA a révoqué deux agents de sexe féminin pour avoir eu des contacts non signalés [à la hiérarchie] avec des Israéliens. Une des deux femmes a reconnu, sous détecteur de mensonges, avoir eu une relation avec un Israélien qui travaillait pour le ministère [sioniste] des Affaires étrangères, explique un ancien officiel de la CIA. La CIA avait appris que l’Israélien avait présenté la femme à son « oncle. » Ce dernier travaillait pour le Shin Bet.
Jonathan Pollard, fonctionnaire civil de la marine chargé d’analyse de renseignements, a été convaincu d’espionnage pour Israël en 1987 alors que l’accord Friends on Friends était en vigueur. Il a été condamné à la prison à vie. Les Israéliens essayent depuis des années d’obtenir sa libération. En janvier 2011, Netanyahou avait demandé à Obama de libérer Pollard tout en reconnaissant que les agissements d’Israël dans cette affaire avaient été « une faute et complètement inacceptables. »
Ronald Olive, un ancien superintendant du Naval Criminal Investigative Service (le fameux NCIS) qui avait enquêté sur Pollard, déclare qu’après l’arrestation, les Etats-Unis avaient formé un groupe de travail pour déterminer quels dossiers gouvernementaux Pollard avait volés. Olive explique que ce qu’Israël a rendu ne représente qu’une « goutte d’eau dans la mer ».
Après l’affaire Pollard, les Israéliens avaient promis de ne plus avoir d’agents secrets en opération sur le sol des Etats-Unis.
Ancien ingénieur mécanicien de l’armée, Ben-Ami Kadish a plaidé coupable en 2008 pour la remise de documents classés secrets aux Israéliens pendant les années 1980. Son officier traitant était le même que celui qui gérait Pollard.
Kadish avait permis aux Israéliens de prendre des clichés de documents sur des armes nucléaires, une version modifiée de l’avion de chasse F-15 et du système de missiles anti-aérien Patriot. Kadish, qui avait 85 ans au moment de son arrestation, avait évité la prison et reçu une amende de 50 000 dollars. Il avait déclaré au juge « Je pensais que j’aidais Israël sans faire de tort aux Etats Unis. »
En 2006, un ancien analyste du Département de la Défense a été condamné à plus de douze ans de prison pour avoir donné des informations classifiées à un diplomate israélien et à des lobbyistes pro-Israël.
Malgré l’affaire Pollard et les autres, Olive dit avoir la conviction que les deux pays doivent maintenir d’étroites relations « mais devons-nous rester vigilants ? Absolument. Les Israéliens sont bons dans ce qu’ils font. »
A l’époque de l’administration Bush, la CIA avait classé certains services de renseignements étrangers en fonction de leur disposition à aider à la lutte contre le terrorisme menée par les Etats-Unis. Un ancien officiel de la CIA qui avait vu la liste achevée indique qu’Israël, qui n’a jamais été visé directement par des attentats d’Al-Qaïda, arrivait derrière la Libye qui avait récemment accepté de renoncer à son programme d’armement atomique.
Les incidents en matière d’espionnage n’ont pas vraiment ralenti le transfert de milliards de dollars en fonds et en armement des Etats-Unis vers Israël. Depuis l’arrestation de Pollard, Israël a reçu plus de 60 milliards de dollards d’aide américaine, essentiellement sous forme d’assistance militaire, selon le Congressional Research Service. Les Etats-Unis ont fourni à Israël des missiles Patriot, ont participé au financement d’un programme de défense anti-missile et fourni du matériel radar très sensible pour détecter les menaces de missiles iraniens.
Pas plus tard que vendredi dernier, Obama a annoncé qu’il allait ouvrir une ligne d’aide militaire supplémentaire de 70 millions de dollars, une décision anticipée de manière apparemment à éclipser le voyage de Romney (dans l’entité sioniste), et il a parlé de « l’engagement inébranlable [de l’Amérique] envers Israël. » L’argent aidera Israël à développer la production d’un système de missiles à courte portée.
Certains officiels de la CIA sont encore remontés au sujet de la disparition d’un scientifique syrien qui, à l’époque de l’administration Bush, était le seul espion de la CIA dans le programme militaire syrien de développement d’armes biologiques et chimiques. Ce scientifique fournissait à l’agence des informations extraordinaires sur les agents pathogènes utilisés pour ce programme, expliquent d’anciens officiels US à propos de cette opération d’espionnage précédemment inconnue.
A l’époque, il y avait une pression pour un échange d’informations sur les armes de destruction massive, et la CIA avait fourni les siennes à Israël. Un ancien offiiel de la CIA, qui a une connaissance directe de ce dossier, explique que des détails sur le programme syrien avaient été publiés dans la presse. Même si la CIA n’a jamais conclu formellement à la responsabilité d’Israël, les officiels de l’Agence avaient protesté auprès d’Israël parce qu’ils croyaient que les Israéliens laissaient fuir des informations pour faire pression pour que la Syrie abandonne son programme. Les Syriens avaient cherché qui avait accès à ces informations sensibles et avaient fini par identifier le scientifique comme un traître.
Avant de disparaître et d’être probablement tué, le scientifique avait dit à son agent traitant que les renseignements militaires syriens se concentraient sur lui.
Article original : US sees Israel, tight Mideast ally, as spy threat
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