En dépit de la vague des manifestations du printemps 2011, le roi Abdallah a réussi à assurer la stabilité de son royaume et a ainsi évité des soulèvements qui ont fortement frappé une grande partie des pays voisins. Selon une analyse réalisée par l’International Crisis Group, il s’avère qu’en plus des Jordaniens d’origine palestinienne ont également participé aux manifestations des tribus jordaniennes qui traditionnellement soutiennent le Royaume hachémite.
Au cours de ces dernières décennies, un processus graduel d’aliénation se déroule au sein de certaines couches de la population. Durant le règne du roi Hussein nombreux furent les citoyens jordaniens employés dans le service public ou sécuritaire, « récompensés » pour leur loyauté et fidélité, tandis que les Palestiniens étaient exclus et se sont plutôt dirigés vers le secteur privé.
Cependant, suite aux réductions des dépenses nationales et la privatisation de nombreuses entreprises publiques, de nombreux citoyens ont souffert et se sont plaintes des parités sociales et de l’approfondissement de la pauvreté.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant de voir au sein des tribus jordaniennes un rapprochement vers la doctrine islamiste djiadiste. Certains sont même allés combattre en Afghanistan. Rappelons Abou Moussav Zarkaoui, originaire de la tribu Hassan, connu pour sa loyauté envers les hachémites et devenu commandant d’al Qaïda en Irak. Récemment, des réseaux islamistes et des cellules djiadistes ont été fondés à Irbid, proche de la frontière syrienne.
Déjà en février 2011, les chefs de 36 tribus bédouines ont mis en garde le roi Abdallah. Ils avaient affirmé que si la Jordanie n’effectuait pas des réformes globales, une révolte populaire risquait d’éclater. De ce fait, le roi Abdallah devrait jongler entre les deux parties que forme la population jordanienne : D’une part, les bédouins se sentant victimes d’une certaine discrimination et voulant appliquer une réforme pour accroître leurs revenus et d’autre part, les Palestiniens qui aspirent à renforcer leur pouvoir politique.
Ces derniers mois, le roi de Jordanie devait relever aussi deux grands défis : Comment faire face aux attentats répétés d’al Qaïda contre le gazoduc égyptien dans le nord du Sinaï, fournissant de l’énergie à la Jordanie et aussi à Israël. Et comment installer et gérer les dizaines de milliers de réfugiés fuyant les combats en Syrie et provoquant ainsi un lourd fardeau supplémentaire à l’économie jordanienne, maigre en ressources. Au cours de ces dernières décennies, la Jordanie a déjà absorbé plusieurs vagues de réfugiés palestiniens et environ un million de réfugiés en provenance d’Irak. Le gouvernement jordanien estime qu’actuellement plus de 150 mille réfugiés syriens se sont ajoutés.
Au début du mois, le FMI a approuvé un prêt de 2.06 milliard de dollars à la Jordanie. Cette décision était impérative et nécessaire pour aider ce pays dans les tâches auxquelles il est confronté. A long terme, la Jordanie devrait restaurer ses relations avec l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe. Les Saoudiens ont déjà aidé Amman pour un montant de 1.4 milliards de dollars et ont invité la Jordanie à rejoindre le Conseil de Coopération des Etats du Golfe. Mais depuis l’année dernière, les relations entre les deux pays se sont détériorées et l’aide financière saoudienne a cessé d’être versée.
Il est important de préciser que la Jordanie devrait remplir un rôle essentiel pour barrer l’expansion iranienne. Ce pays a un frontière commune avec l’Irak dont le Premier ministre, Nourri el Maliki, sert les intérêts régionaux de Téhéran. La Jordanie a déjà expédié des forces au Bahreïn qui ont combattu contre le soulèvement pro iranien. Elle a proposé de former l’armée yéménite qui combat également contre les milices chiites pro iraniennes. Les Etats Unis et leurs alliés ont grand intérêt à garantir la stabilité économique de la Jordanie. Cette approche, bénéficiera du soutien des Etats du Golfe, également confrontés par la même menace venant de l’Est.
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