par Peter Symonds pour WSWS
Une publication du groupe de réflexion de Washington, Center for Strategic and International Studies (CSIS, Centre d’études stratégiques et internationales) intitulé « Stratégie de positionnement de la force armée américaine dans la région Asie-Pacifique: un évaluation indépendante », fournit au gouvernement Obama ce qui revient à être un plan directeur pour des préparatifs militaires en vue d’un conflit avec la Chine.
Bien que le CSIS soit un organisme non gouvernemental, son évaluation a été commanditée par le ministère de la Défense, ainsi que l’exige la Loi d’autorisation de la Défense nationale de 2012, donnant un statut semi-officiel à ses conclusions et ses propositions. Cette publication a impliqué des discussions approfondies avec le personnel militaire américain haut placé du Commandement du Pacifique au Pentagone. Le rapport du CSIS a été remis au Pentagone le 27 juin mais n’a eu de couverture médiatique qu’après que ses principaux auteurs, David Berteau et Michael Green, ont témoigné le 1er août devant le Comité des forces armées de Etats-Unis.
Le rapport a fait grand bruit dans les médias australiens qui ont fait d’une de ses propositions les gros titres des journaux, celle de faire une base d’opération avancée d’un groupement tactique de porte-avions américain à HMAS Stirling, une base navale d’Australie occidentale. Si cela était mis en pratique, la recommandation transformerait la base et la ville voisine de Perth en une cible potentielle de missiles nucléaires russes et chinois. La proposition sert à souligner les implications immenses de l’évaluation du CSIS qui est en droite ligne avec le « pivot » conflictuel du gouvernement Obama envers l’Asie et visant la Chine.
L’évaluation du CSIS déclare que l’objectif géostratégique américain sous-jacent dans la région Asie-Pacifique est d’empêcher « la montée de tout Etat hégémonique dans la région qui pourrait représenter une menace pour les intérêts américains en cherchant à en obstruer l’accès aux Etats-Unis ou à dominer le domaine maritime. A partir de cette perspective, le problème le plus significatif pour les Etats-Unis aujourd’hui en Asie est la puissance montante de la Chine, son influence et ses espérances de prééminence régionale. » en d’autres termes, l’hégémonie dominante des Etats-Unis dans la région doit continuer.
Le document reconnaît que la stratégie militaire est liée aux impératifs économiques. Il identifie « les accords commerciaux tels le Partenariat Transpacifique (PTP) et l’Accord de libre commerce USA-Corée » comme étant cruciaux à « une architecture transpacifique durable qui soutienne l’accès des Etats-Unis à la région et son influence dans cette région. » Bien qu’il déclare que les Etats-Unis « doivent intégrer chacun de ces instruments de puissance nationale et ne pas compter excessivement sur les capacités militaires des Etats-Unis », c’est précisément le déclin économique relatif des Etats-Unis qui motive le recours à la puissance militaire pour maintenir sa domination en Asie, tout comme au Moyen-Orient.
Ayant identifié la Chine comme principal rival potentiel, le rapport exclut toute répétition de la stratégie américaine d’endiguement utilisée pour isoler l’Union soviétique durant la Guerre froide, ce qui indique la dépendance économique des Etats-Unis par rapport à la Chine. Il est significatif que les auteurs rejettent un accord de partage du pouvoir avec la Chine, ou pour reprendre les termes du comité des forces armées, « un condominium bipolaire qui reconnaisse les intérêts essentiels de Beijing et divise implicitement la région. » Cette dernière conception, sous une forme ou une autre, est promue par quelques analystes stratégiques aux Etats-Unis et en Australie comme étant l’unique moyen d’empêcher une guerre. Le rapport du CSIS rejette tout retrait d’Asie des Etats-Unis, qui équivaudrait dans les faits à céder la région à la Chine.
Ayant exclu toutes les alternatives pacifiques, la publication du CSIS définit une stratégie militaire. Les auteurs ne prônent pas ouvertement une guerre avec la Chine, déclarant que « les conséquences d’un conflit avec cette nation sont presque impensables et il faut faire plus que tout son possible pour les éviter tout en respectant les intérêts des Etats-Unis. » Mais les auteurs n’excluent pas la possibilité d’un conflit dans le cas où les intérêts américains sont menacés, et ajoutent que la capacité à « maintenir une paix favorable » dépend de la perception que les Etats-Unis sont capables de sortir vainqueurs en cas de conflit. « Le positionnement de la force armée américaine doit démontrer sa volonté et sa capacité à se battre et à gagner, même dans les circonstances plus difficiles associées à A2D2 [stratégie d'interdiction d'accès à la région] et autres menaces à l’encontre des opérations militaires américaines dans le Pacifique occidental », déclare le rapport.
Ainsi au nom de la paix, les Etats-Unis préparent une guerre catastrophique avec la Chine. Les planificateurs stratégiques américains sont particulièrement préoccupés par les capacités militaires chinoises appelées A2AD, développement de sous-marins, missiles et avions de combat sophistiqués capables de poser un danger pour la marine américaine dans le Pacifique occidental. Bien que, comme ils en ont l’habitude, les Etats-Unis présentent de telles armes comme représentant « une menace » pour leur armée, en réalité la Chine riposte de façon défensive à la présence d’une puissance navale américaine écrasante dans les eaux proches de son territoire. La prépondérance navale américaine en Mer de Chine orientale, Mer de Chine méridionale et les points « d’étranglement » tel le détroit de Malacca, menace les voies maritimes en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique dont la Chine dépend pour son approvisionnement en énergie et matières premières.
Le rapport du CSIS approuve le repositionnement et le renforcement des forces militaires américaines dans le Pacifique occidental qui se sont accélérés sous le « rééquilibrage » vers l’Asie du gouvernement Obama. Cela comprend :
Le document examine aussi les efforts américains pour renforcer les liens militaires dans toute l’Asie, de l’Inde, Bangladesh et Sri Lanka jusqu’en Birmanie, Indonésie et Nouvelle Zélande, ainsi qu’avec ses alliés officiels.
Il est significatif qu’en classant les éventualités militaires par degré d’intensité, le document identifie l’Australie, le Japon et la Corée du Sud comme des alliés cruciaux « dans le spectre plus élevé d’intensité », à savoir un conflit militaire avec la Chine, « avec d’autres alliés et partenaires dans le spectre de moindre intensité. »
Bien qu’elle traite de façon large de toutes les contingences, l’évaluation du CSIS se concentre en premier lieu sur « la haute intensité. » Ses recommandations impliquent un développement plus important des accords militaires avec la Corée du sud, le Japon et l’Australie et qu’entre ces alliés eux-mêmes.
Elle recommande l’application des derniers accords militaires en date avec le Japon et la Corée du sud. Pour ce qui est du Japon, le document insiste sur la signification stratégique d’Okinawa. Okinawa est « centralement situé » entre l’Asie du nord-est et l’Asie du sud-est maritime, et est « positionné pour combattre tactiquement à l’intérieur de l’enveloppe A2AD dans les scénarios de haute intensité », autrement dit Okinawa est d’une importance cruciale dans toute guerre avec la Chine. Le gouvernement Obama s’est opposé de façon intransigeante aux appels du Japon à délocaliser la base navale américaine de Futenma au large d’Okinawa.
Le document du CSIS n’est pas la politique officielle du gouvernement Obama : ses conclusions sont présentées comme des recommandations. Il envisage tous les scénarios, dont celui de maintenir le statu quo et de diminuer les forces américaines de la région Asie-Pacifique, mais n’est favorable à aucun des deux. Cependant l’aspect le plus menaçant du rapport traite d’une liste substantielle de mesures qui pourraient être prises pour renforcer de façon marquée l’armée américaine dans toute cette région.
En plus de baser un porte-avion nucléaire américain en Australie occidentale, on compte parmi ces mesures les suivantes :
Chacune de ces mesures ne fera qu’accroître les tensions avec la Chine et le danger d’une course aux armements et d’un conflit dans la région Asie-Pacifique.
L’évaluation du CSIS indique des poudrières potentielles, de la péninsule coréenne et du détroit de Taïwan à la Mer de Chine méridionale et aux frontières contestées entre l’Inde et la Chine. Le rapport représente clairement la façon de penser plus large au sein du gouvernement Obama et des cercles militaires et du renseignement américains les plus élevés qui préparent et planifient de façon téméraire une guerre avec la Chine.
Une publication du groupe de réflexion de Washington, Center for Strategic and International Studies (CSIS, Centre d’études stratégiques et internationales) intitulé « Stratégie de positionnement de la force armée américaine dans la région Asie-Pacifique: un évaluation indépendante », fournit au gouvernement Obama ce qui revient à être un plan directeur pour des préparatifs militaires en vue d’un conflit avec la Chine.
Bien que le CSIS soit un organisme non gouvernemental, son évaluation a été commanditée par le ministère de la Défense, ainsi que l’exige la Loi d’autorisation de la Défense nationale de 2012, donnant un statut semi-officiel à ses conclusions et ses propositions. Cette publication a impliqué des discussions approfondies avec le personnel militaire américain haut placé du Commandement du Pacifique au Pentagone. Le rapport du CSIS a été remis au Pentagone le 27 juin mais n’a eu de couverture médiatique qu’après que ses principaux auteurs, David Berteau et Michael Green, ont témoigné le 1er août devant le Comité des forces armées de Etats-Unis.
Le rapport a fait grand bruit dans les médias australiens qui ont fait d’une de ses propositions les gros titres des journaux, celle de faire une base d’opération avancée d’un groupement tactique de porte-avions américain à HMAS Stirling, une base navale d’Australie occidentale. Si cela était mis en pratique, la recommandation transformerait la base et la ville voisine de Perth en une cible potentielle de missiles nucléaires russes et chinois. La proposition sert à souligner les implications immenses de l’évaluation du CSIS qui est en droite ligne avec le « pivot » conflictuel du gouvernement Obama envers l’Asie et visant la Chine.
L’évaluation du CSIS déclare que l’objectif géostratégique américain sous-jacent dans la région Asie-Pacifique est d’empêcher « la montée de tout Etat hégémonique dans la région qui pourrait représenter une menace pour les intérêts américains en cherchant à en obstruer l’accès aux Etats-Unis ou à dominer le domaine maritime. A partir de cette perspective, le problème le plus significatif pour les Etats-Unis aujourd’hui en Asie est la puissance montante de la Chine, son influence et ses espérances de prééminence régionale. » en d’autres termes, l’hégémonie dominante des Etats-Unis dans la région doit continuer.
Le document reconnaît que la stratégie militaire est liée aux impératifs économiques. Il identifie « les accords commerciaux tels le Partenariat Transpacifique (PTP) et l’Accord de libre commerce USA-Corée » comme étant cruciaux à « une architecture transpacifique durable qui soutienne l’accès des Etats-Unis à la région et son influence dans cette région. » Bien qu’il déclare que les Etats-Unis « doivent intégrer chacun de ces instruments de puissance nationale et ne pas compter excessivement sur les capacités militaires des Etats-Unis », c’est précisément le déclin économique relatif des Etats-Unis qui motive le recours à la puissance militaire pour maintenir sa domination en Asie, tout comme au Moyen-Orient.
Ayant identifié la Chine comme principal rival potentiel, le rapport exclut toute répétition de la stratégie américaine d’endiguement utilisée pour isoler l’Union soviétique durant la Guerre froide, ce qui indique la dépendance économique des Etats-Unis par rapport à la Chine. Il est significatif que les auteurs rejettent un accord de partage du pouvoir avec la Chine, ou pour reprendre les termes du comité des forces armées, « un condominium bipolaire qui reconnaisse les intérêts essentiels de Beijing et divise implicitement la région. » Cette dernière conception, sous une forme ou une autre, est promue par quelques analystes stratégiques aux Etats-Unis et en Australie comme étant l’unique moyen d’empêcher une guerre. Le rapport du CSIS rejette tout retrait d’Asie des Etats-Unis, qui équivaudrait dans les faits à céder la région à la Chine.
Ayant exclu toutes les alternatives pacifiques, la publication du CSIS définit une stratégie militaire. Les auteurs ne prônent pas ouvertement une guerre avec la Chine, déclarant que « les conséquences d’un conflit avec cette nation sont presque impensables et il faut faire plus que tout son possible pour les éviter tout en respectant les intérêts des Etats-Unis. » Mais les auteurs n’excluent pas la possibilité d’un conflit dans le cas où les intérêts américains sont menacés, et ajoutent que la capacité à « maintenir une paix favorable » dépend de la perception que les Etats-Unis sont capables de sortir vainqueurs en cas de conflit. « Le positionnement de la force armée américaine doit démontrer sa volonté et sa capacité à se battre et à gagner, même dans les circonstances plus difficiles associées à A2D2 [stratégie d'interdiction d'accès à la région] et autres menaces à l’encontre des opérations militaires américaines dans le Pacifique occidental », déclare le rapport.
Ainsi au nom de la paix, les Etats-Unis préparent une guerre catastrophique avec la Chine. Les planificateurs stratégiques américains sont particulièrement préoccupés par les capacités militaires chinoises appelées A2AD, développement de sous-marins, missiles et avions de combat sophistiqués capables de poser un danger pour la marine américaine dans le Pacifique occidental. Bien que, comme ils en ont l’habitude, les Etats-Unis présentent de telles armes comme représentant « une menace » pour leur armée, en réalité la Chine riposte de façon défensive à la présence d’une puissance navale américaine écrasante dans les eaux proches de son territoire. La prépondérance navale américaine en Mer de Chine orientale, Mer de Chine méridionale et les points « d’étranglement » tel le détroit de Malacca, menace les voies maritimes en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique dont la Chine dépend pour son approvisionnement en énergie et matières premières.
Le rapport du CSIS approuve le repositionnement et le renforcement des forces militaires américaines dans le Pacifique occidental qui se sont accélérés sous le « rééquilibrage » vers l’Asie du gouvernement Obama. Cela comprend :
- la consolidation des bases américaines, des troupes et des atouts militaires au Japon et en Corée;
- le développement des forces américaines sur l’île de Guam et sur les îles Mariannes du nord, situées stratégiquement dans le Pacifique occidental;
- le stationnement à Singapour de navires de combat de littoral, navires de guerre relativement petits, rapides et flexibles capable de récolter des informations, de faire des opérations spéciales et de déposer sur terre des soldats avec des véhicules armés;
- la possibilité de faire un plus grand usage des bases aériennes et navales australiennes et de positionner 2 500 Marines dans la ville septentrionale de Darwin.
Le document examine aussi les efforts américains pour renforcer les liens militaires dans toute l’Asie, de l’Inde, Bangladesh et Sri Lanka jusqu’en Birmanie, Indonésie et Nouvelle Zélande, ainsi qu’avec ses alliés officiels.
Il est significatif qu’en classant les éventualités militaires par degré d’intensité, le document identifie l’Australie, le Japon et la Corée du Sud comme des alliés cruciaux « dans le spectre plus élevé d’intensité », à savoir un conflit militaire avec la Chine, « avec d’autres alliés et partenaires dans le spectre de moindre intensité. »
Bien qu’elle traite de façon large de toutes les contingences, l’évaluation du CSIS se concentre en premier lieu sur « la haute intensité. » Ses recommandations impliquent un développement plus important des accords militaires avec la Corée du sud, le Japon et l’Australie et qu’entre ces alliés eux-mêmes.
Elle recommande l’application des derniers accords militaires en date avec le Japon et la Corée du sud. Pour ce qui est du Japon, le document insiste sur la signification stratégique d’Okinawa. Okinawa est « centralement situé » entre l’Asie du nord-est et l’Asie du sud-est maritime, et est « positionné pour combattre tactiquement à l’intérieur de l’enveloppe A2AD dans les scénarios de haute intensité », autrement dit Okinawa est d’une importance cruciale dans toute guerre avec la Chine. Le gouvernement Obama s’est opposé de façon intransigeante aux appels du Japon à délocaliser la base navale américaine de Futenma au large d’Okinawa.
Le document du CSIS n’est pas la politique officielle du gouvernement Obama : ses conclusions sont présentées comme des recommandations. Il envisage tous les scénarios, dont celui de maintenir le statu quo et de diminuer les forces américaines de la région Asie-Pacifique, mais n’est favorable à aucun des deux. Cependant l’aspect le plus menaçant du rapport traite d’une liste substantielle de mesures qui pourraient être prises pour renforcer de façon marquée l’armée américaine dans toute cette région.
En plus de baser un porte-avion nucléaire américain en Australie occidentale, on compte parmi ces mesures les suivantes :
- doubler le nombre de sous-marins d’attaque nucléaire basés sur Guam;
- déployer des navires de combat en zone littorale en Corée du sud;
- doubler la taille des forces amphibiennes à Hawaï;
- baser de façon permanente un escadron de chasseurs-bombardiers sur Guam;
- renforcer les équipements de surveillance avec ou sans personnel en Australie ou Guam;
- optimiser les défenses antimissiles au Japon, en Corée du sud et Guam;
- consolider les forces terrestres américaines.
Chacune de ces mesures ne fera qu’accroître les tensions avec la Chine et le danger d’une course aux armements et d’un conflit dans la région Asie-Pacifique.
L’évaluation du CSIS indique des poudrières potentielles, de la péninsule coréenne et du détroit de Taïwan à la Mer de Chine méridionale et aux frontières contestées entre l’Inde et la Chine. Le rapport représente clairement la façon de penser plus large au sein du gouvernement Obama et des cercles militaires et du renseignement américains les plus élevés qui préparent et planifient de façon téméraire une guerre avec la Chine.
Peter Symonds
Article original : US think tank plans military build-up against China
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