Gao avait été la première ville du Nord-Mali d’où les djihadistes avaient été chassés par nos troupes, pour ainsi dire sans coup férir et sous les acclamations d’une population en liesse… C’était il y a un peu plus d’un mois et le maintien de l’ordre y avait été confié à l’armée « régulière »(ce mot est-il le terme qui convient ?) malienne, revenue dans nos fourgons, tandis que nous poursuivions la reconquête des millions d’arpents de sable et de rochers où se cache un ennemi insaisissable.
Gao libérée, donc. Peut-être, mais Gao infectée, Gao infestée, Gao infiltrée. Par deux fois déjà, dans l’incapacité de nous affronter directement, vu la disproportion des moyens techniques respectifs, les vaincus se sont rappelés à notre mauvais souvenir — chassez le djihadiste, il revient à Gao — et par deux fois, l’affrontement qui s’en est suivi a démontré que nos alliés africains ne manifestent pas un esprit de sacrifice comparable à celui des fanatiques qui les défient. Deux fois, l’intervention des forces françaises a rétabli la situation, et l’on peut espérer qu’il en sera de même tant que nous resterons sur place. Mais ensuite ?
Bénéficiant des complicités que leur assurent l’adhésion des uns et la peur des autres, les terroristes semblent aussi à l’aise dans le désert que le poisson dans l’eau. Au Mali comme en Irak ou comme en Afghanistan, le temps travaille contre ceux qui ne sont là que de passage. Il faut que les gouvernements intéressés, à commencer par le nôtre, et que les opinions publiques, à commencer par l’opinion publique française, en prennent conscience et en acceptent les conséquences. Si nous voulons gagner cette guerre, ce n’est ni en mars, comme il avait été annoncé à la légère, ni dans les mois qui viennent, que nous pourrons rapatrier notre corps expéditionnaire. La décision prise par François Hollande le 18 janvier n’a de sens et ne sera portée à son crédit que si elle implique que l’engagement pris sera tenu jusqu’à son terme.
Dominique Jamet, le 23 février 2013
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