Samuel Huntington, dont l’ouvrage sur le choc des civilisations a suscité beaucoup de controverses à sa parution, s’est certainement trompé sur plusieurs points, sauf un : celui qu’il appelle la « civilisation islamique », qu’il aurait dû qualifier de wahhabite, en mettant en exergue l’utilisation du wahhabisme par les américains pour étouffer les velléités de cette civilisation.
Plus que toute autre, elle est à contre-courant de l’évolution du monde et des droits universels et hostile à toute forme de progrès et de développement, à cause de la main mise de la religion sur la vie des hommes. Fermée sur elle-même et ethnocentrée, négatrice des libertés individuelles, despotique et mutilatrice de toute forme d’imaginaire, elle refuse non seulement toute ouverture sur le monde, ce qui l’empêche de se régénérer, mais du fait de son prosélytisme actif et agressif, elle poursuit des desseins hégémoniques, belliqueux et cosmiques, ambitionnant de devenir un nouveau gouvernement mondial, mettant ainsi en péril les fondements mêmes de notre humanité.
Dans le cas d’espèce, il s’agit moins d’un choc frontal des civilisations que d’une véritable guerre que la civilisation islamique wahhabisée livre depuis les attentats du 11 septembre 2011.
Ni la civilisation hindoue, ni la civilisation chinoise, ni aucune autre civilisation catégorisée par Huntington ne porte en elle les germes d’un nouvel ordre mondial symptomatiques de chaos, de barbarie, suscitant angoisses rejets et peurs au sein de l’opinion publique, telle que la civilisation islamique tournée vers le djihad et la terreur.
La civilisation islamique, dans sa variante wahhabite, est en train de tout contaminer et détruire sur son passage. Elle provoque des dégâts et des traumatismes incommensurables au sein même des populations musulmanes, comme on l’observe aujourd’hui à l’échelle de la Tunisie, devenue un nouveau théâtre de ce choc « intra civilisationnel » entre des musulmans qui veulent vivre un Islam humanisé, apaisé et adapté au monde contemporain et d’autres qui veulent leur imposer un Islam liberticide, ultra réactionnaire, rigoriste, nihiliste, et aux antipodes des aspirations nées de ce qu’ils croyaient être une Révolution du printemps de la dignité humaine.
Voilà pourquoi la Tunisie est à elle seule le symbole de ce choc frontal des deux projets de civilisation, l’un qui se veut universaliste et humaniste et l’autre qui se veut passéiste, arrogant, inquisiteur, raciste et antisémite.
Le cas de la Tunisie illustre ainsi à lui tout seul ce que le monde musulman wahhabisé sera demain, et les risques d’irradiation sur le reste du monde.
Si jamais la Tunisie est emportée par la Tsunami wahhabite, cela produira un effet de domino partout ailleurs.
Après avoir aidé à l’intronisation des islamistes en Tunisie, en Libye et en Egypte pour en faire des gardiens fidèles des dogmes wahhabites, le seul laboratoire dont on peut légitimement parler est que ce pays est devenu un terrain de recyclage des anciens agents du terrorisme wahhabite.
Cependant les américains n’ont toujours pas retenu la leçon de l’Iran dont ils voulaient faire un laboratoire de la démocratie dans les pays musulmans. Ils oublient le risque d’effet boomerang de cette stratégie. Al Qaida, financé par les wahhabites du Qatar et des Saouds, prolifère en Tunisie, qui est en train de se transformer en sanctuaire djihadiste aux portes de l’Europe, et qui ne manquera pas de devenir une base-arrière de la déferlante wahhabite sur l’Algérie si la Syrie tombe sous le joug du terrorisme wahhabite.
© Salem Ben Ammar pour www.Dreuz.info
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