mercredi 3 juillet 2013

Égypte : l’islam est le problème. L’armée est-elle la solution ?

Les événements s’accélèrent sur les bords du Nil. Après que quinze millions de manifestants eurent mis en demeure le président de démissionner, l’armée à son tour a pris parti et mis tout son poids dans l’un des deux plateaux de la balance en sommant le chef de l’État de faire droit sous quarante-huit heures aux « revendications du peuple », en d’autres termes de se soumettre ou de se démettre. L’autorité et la crédibilité de Mohamed Morsi, lâché par les forces de l’ordre alors que l’émeute gronde dans la rue, partent en lambeaux d’heure en heure. Ministres, porte-parole et autres dignitaires, les rats quittent à la hâte le navire qui fait eau de toutes parts.
En est-ce fait du coup d’État permanent et rampant des Frères musulmans ? Était-ce bien la peine de changer de gouvernement et d’en finir il y a deux ans avec celui des militaires, de renverser Hosni Moubarak puis de bouder Ahmed Chafik, désigné par le raïs comme son dauphin pour se jeter maintenant dans les bras de Sissi, puisque l’homme fort du moment, ministre de la Défense et chef d’état-major général, répond au doux nom d’Abdel Fattah Sissi ? L’étendard de la liberté n’aura-t-il flotté que quelques mois sur le Caire ?
Le pire n’est pas toujours sûr. Quelles que soient ses ambitions ou ses arrière-pensées, Abdel Fattah Sissi ne saurait ignorer que le rejet massif du goupillon – en l’espèce du muezzin – ne signifie pas et ne postule pas que l’emporte la nostalgie du sabre. Et quand bien même… Nous avons, nous aussi, traversé de ces moments, et même il n’y a pas si longtemps, lorsque la démocratie balbutiait encore ou qu’elle connaissait des éclipses, où semblait s’imposer, pour le meilleur ou pour le pire, l’appel au soldat, qu’il eût nom Bonaparte, Boulanger, Pétain ou de Gaulle. L’Égypte a encore à découvrir et à suivre des chemins que nous avons frayés.
Une certitude se dégage du chaos où l’ont plongé l’incompétence et la nocivité des apprentis qui ont cru pouvoir faire main basse sur le pays. Quand l’islam est le problème, l’armée peut être la solution.

Dominique
Jamet
Journaliste et écrivain.
Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais.
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