La chaîne satellitaire Al Hayat a réalisé la semaine dernière une interview avec Hamed Abd el Samad, universitaire et écrivain égypto-allemand, auteur du livre "La chute du monde islamique". L'entretien a été conduit en langue arabe par Rachid, l'animateur de l'émission "Question audacieuse", ex-musulman marocain, converti au christianisme.
Il s'agit d'une interview en profondeur d'une durée de 90 minutes. Hélios d'Alexandrie l'a traduite pour le bénéfice des lecteurs de Poste de veille. L'interview (arabe) (YouTube) est postée à la fin du billet.
Hamed Abd el Samad est la cible d'une fatwa de mort émise par un religieux égyptien. La fatwa figure sur cette image et l'explication est donnée dans l'entrevue.
Rachid: Je suis heureux que vous ayez accepté l'invitation du programme "Question audacieuse" malgré les problèmes que cet entretien pourrait vous causer avec nos frères du monde musulman. Qu'est-ce qui vous a convaincu d'apparaître sur un canal télévisé qui promeut le christianisme, alors que vous n'êtes pas chrétien et que vous ne professez aucune religion?
Hamed Abd el Samad: Je n'ai aucun problème à échanger avec tout être humain sauf certaines exceptions: ceux qui tuent, ceux qui incitent au meurtre et ceux qui font preuve de racisme. Je parle avec toutes sortes de gens, dès lors qu'il s'agit pour moi d'exposer mes idées et que mon interlocuteur accepte de répliquer avec les siennes. Comme vous l'avez précisé je ne suis pas chrétien, je suis même critique à l'égard du christianisme et de la pensée religieuse, mais je n'éprouve aucune gêne à discuter avec toute personne qu'elle soit croyante ou non, tant qu'elle ne cherche pas à m'imposer ses idées. Je suis d'avis qu'il est préférable de discuter en privilégiant la raison, je prends un exemple: peu importe pour moi ce que Mahomet a dit ou ce qui a été écrit dans le coran, ce qui m'intéresse avant tout c'est ce que le musulman d'aujourd'hui fait avec ces paroles et de quelle façon il les intègre dans sa vie. Comment il les met en pratique, s'il cherche à me les imposer, à me forcer d'y croire, et si je n'y crois pas à me traiter de mécréant (kafir) et s'il les utilise pour me châtier...
Rachid: Vous n'aviez pas peur d'apparaître sur le Canal Al Hayat et que cela vous cause des problèmes?
Hamed Abd el Samad: Je reconnais avoir suffisamment de problèmes, comme on dit couramment en Égypte: "La morgue est pleine, cessez de tuer!"
Rachid: (rire) Il semble que nous en rajoutons! Mais venons-en au Professeur Hamed Abd el Samad. Je suis au courant que vous n'aimez pas parler de vous-même, ni vous mettre de l'avant, mais si je vous posais cette question: "vous êtes égyptien de naissance et avez grandi en Égypte?
Hamed Abd el Samad: Je suis né en Égypte en 1972 dans un village du gouvernorat de Guizèh. J'ai étudié l'anglais et le français au Caire à la faculté des langues. Je suis parti par la suite pour l'Allemagne dans le but d'étudier les sciences politiques et les sciences islamiques. Après mes études j'ai enseigné à la section des études islamiques. J'ai également enseigné l'Histoire à l'Université de Munich. Actuellement je suis écrivain indépendant, auteur de livres et d'articles dans la presse arabe et allemande, le sujet principal de mes écrits et des entretiens télévisés c'est le monde islamique contemporain. Je traite du conflit de civilisation qui sévit entre les différents courants à l'intérieur du monde islamique.
Rachid: Vous avez écrit votre roman "Adieu au Ciel", ensuite un livre qui a fait beaucoup de bruit dans les pays musulmans "La chute du monde islamique". Pouvez-vous nous donner un aperçu du roman et du livre, et comment vous est venue l'idée de les écrire?
Hamed Abd el Samad: Le roman est quasi autobiographique, il relate mon expérience de l'éloignement de l'Égypte et de la vie en Allemagne et au Japon. J'y décris mon approche des religions, mon rejet du dogmatisme religieux, et les phases que traversent nombre de jeunes quand ils quittent leur pays: crise d'identité, recherche de son identité à travers la religion, l'abandon de la religion, l'impact de cet abandon, le retour subséquent à la religion. Tous ces phénomènes, j'ai tenté de les analyser dans mon roman "Adieu au Ciel". C'est à travers l'écriture de ce roman que s'est cristallisée en moi l'idée de ne traiter d'un sujet donné, qu'à la condition de faire preuve d'honnêteté intellectuelle. Le piège qui guette le penseur qui écrit sur des sujets islamiques est de les aborder sous l'influence de ses tendances et de ses idées personnelles. Le roman m'a servi de "filtre", il m'a permis d'exposer sincèrement ce que je ressentais et où je me situais. Cela m'a permis par la suite d'être objectif sur le plan académique et celui de la recherche.
Rachid: Comment vous est venue l'idée du livre "La chute du monde islamique"?
Hamed Abd el Samad: Elle m'est venue en lisant un ouvrage intitulé "La chute de l'Occident" du philosophe allemand Oswald Spengler. Il a prédit la chute de l'empire occidental due au vieillissement, à l'épuisement, à la dérive matérialiste et à son incapacité de s'adapter au changement. J'ai examiné les symptômes que l'auteur attribuait à l'Occident et j'ai trouvé qu'elles s'appliquaient tout à fait à l'empire ou à la civilisation islamique.
Nous (musulmans) vivons en conflit avec la modernité, nous acceptons uniquement la moitié de la modernité, c'est à dire ses outils techniques: le téléphone portable, la télévision, l'internet... Mais pas les idées qui sont derrière ces outils. Je me souviens d'une histoire vécue, J'en ai d'ailleurs parlé dans mon livre: J'avais invité un professeur de la faculté d'éducation du Caire, à un congrès sur les manuels scolaires. Il est musulman observant; à l'Hôtel où nous logions, il s'est permis de faire l'appel à la prière au lever du soleil comme s'il était un muezzin à la mosquée! J'ai été comme foudroyé quand je l'ai entendu lancer l'appel dans le couloir de l'Hôtel, je lui ai dit que ce n'était pas convenable d'agir ainsi, à un moment où les clients de l'Hôtel dormaient. Il m'a rétorqué que c'était son droit et sa liberté religieuse! Le soir qui a suivi cet incident, alors que nous étions pour dîner avec des non-musulmans, il a remarqué que ces derniers buvaient de l'alcool. Il a alors piqué une colère et a fait mine de quitter la table, pour finir il les a obligé à cesser de boire durant le repas.
Le lendemain il a voulu acheter un I-POD pour écouter le coran, il m'a consulté sur le type d'appareil à acquérir. J'ai alors pris le I-POD dans les mains et je lui ai dit: "monsieur le Sheikh, sais-tu, ce I-POD d'où il vient? Il m'a répliqué: "de quel endroit?" je lui ai répondu: "de cinq cents ans de liberté, cinq cents ans de liberté de pensée et de liberté de croyance. Celui qui veut boire est libre de boire, celui qui veut faire quelque chose est libre de la faire. C'est cette liberté de pensée, cette liberté de recherche, c'est d'elle que vient cet appareil! La modernité ce n'est pas l'appareil tout seul, mais aussi tout ce qui a précédé son invention, la liberté de pensée et de croyance, chaque personne est libre de croire ou non et personne ne cherche à contrôler la croyance d'autrui. Chaque personne a ses idées et son style de vie, tout est permis dans le cadre de l'expression de l'opinion. Si nous ne reconnaissons pas cette vérité il n'y a pas de possibilité de progrès."
Et moi je vois que ce point précis a une bonne part dans la crise où se trouve plongé le monde islamique: choisir de ne considérer que la moitié de la modernité, la moitié matérielle et refuser la moitié liée à la pensée.
Rachid: Comme s'il s'agissait de savourer un fruit tout en détestant l'arbre qui le produit. C'est la civilisation occidentale dans tous ses aspects qui a permis ces réalisations techniques.
Hamed Abd el Samad: Je vous apporte un autre exemple: un Sheikh salafiste se fait traiter en Allemagne. Un avion fabriqué en occident assure son transport, il porte une montre fabriquée en Suisse, des médecins allemands prennent soin de lui, tous les instruments médicaux qui servent à son traitement et tous les médicaments qui lui sont prescrits sont produits en occident. Mais en bout de ligne, il vous dira: "ce sont des mécréants, Allah nous les a donnés comme esclaves pour notre service!" Ce regard et ce comportement suprématistes nous aveuglent et nous empêchent de tirer profit des connaissances et du progrès que les occidentaux ont acquis.
La civilisation c'est la capacité des gens à assimiler le nouveau, c'est aussi la possibilité que certaines choses qui relèvent du bon sens soient admises sans que l'on ait besoin de les inscrire dans des lois ou dans les constitutions, comme le respect des croyances. Ce à quoi vous croyez et ce à quoi je crois, c'est l'affaire de personne, la couleur de votre peau, vos origines... Vous êtes un être humain, je le suis tout autant, c'est sur cette base que nous établissons nos relations.
Rachid: Et ces éléments qui relèvent du bon sens devraient être admis sans difficulté. J'aimerais à présent que l'on entre dans les profondeurs de votre livre et citer certains passages pour en discuter. Mais auparavant je veux aborder le sujet des fatwas meurtrières lancées contre vous, par des religieux semblables à celui dont vous venez de nous parler, ou tels que le désormais célèbre Abou Ishaq el Houeini. Pourriez-vous nous faire part de votre expérience avec les religieux suite à la publication de votre livre et suite aux conférences et interviews que vous avez donnés par la suite?
Hamed Abd el Samad: J'ai été invité par un mouvement égyptien prônant la laïcité à donner une conférence. Ce mouvement qui porte le nom Elmaniyoun (laïcs) regroupe des jeunes qui réclament de séparer la religion de la politique. Il existe une profonde incompréhension dans le monde arabe au sujet de la laïcité. Je suis d'avis qu'elle constitue une véritable "miséricorde" pour les religions, elle leur permet d'être protégées dans leur cadre spirituel. La laïcité ne s'immisce pas dans les convictions des gens, elle empêche de mêler la politique à la religion, et par le fait même elle protège et la politique et la religion. Nous vivons dans les sociétés pluriconfessionnelles et multiethniques, tant en occident que dans le monde arabe. Si chacun insiste pour que sa religion encadre la société et devienne la source principale de la législation, il ne sera pas possible d'éviter la guerre civile. Si vous cherchez les lieux où les différentes religions cohabitent en paix, vous les trouverez en occident. Chrétiens musulmans juifs et athées jouissent des mêmes droits, et l'État, fort de sa neutralité, se tient à égale distance de toutes les croyances.
J'ai donc été invité à donner cette conférence au Caire; mais, de la même façon qu'il y a des personnes qui craignent de figurer dans vos émissions, il y a beaucoup de gens qui aiment mes idées, mais qui me font part de leur réticence à m'inviter à leurs émissions télévisées en direct. Selon eux le public n'est pas encore prêt. Cette idée que le public n'est pas prêt, je la récuse entièrement; le public ne forme pas un bloc monolithique, mais plusieurs blocs distincts ayant chacun sa disposition d'esprit et sa capacité à assimiler le message. Certains acceptent des idées que d'autres rejetteront; le fait est que je ne prétends pas posséder la "Vérité", je réfléchis et je couche sur papier mes idées, c'est tout. Je peux avoir raison comme je peux avoir tort, je désire simplement faire part de mes réflexions et que ceux qui ne sont pas d'accord avec moi me donnent la réplique.
Ma conférence avait pour sujet le fascisme religieux. J'ai dressé un parallèle entre le mouvement fasciste des frères musulmans et celui de l'Allemagne nazie. Je suis familier avec ces deux mouvements pour les avoir étudiés en profondeur; j'ai examiné la façon dont ils ont évolué, et j'en suis venu à la conclusion que le fascisme islamique a des racines dans l'histoire de l'islam, autrement dit il ne vient pas de nulle part. J'ai également dit qu'il ne m'est pas possible de qualifier l'islam des origines de fasciste, parce que le fascisme est un phénomène très récent. De mon point de vue il n'est pas juste de qualifier le prophète et l'islam de fascistes compte tenu de l'éloignement dans le temps.
Rachid: Il existe un fossé chronologique entre les deux.
Hamed Abd el Samad: Exactement, et tous ceux qui jugement les actes que le Prophète a commis à Médine et à la Mecque par la lorgnette des droits de l'homme d'aujourd'hui, se trompent lourdement. Notre conception des droits humains est le produit de connaissances et d'expériences qui n'existaient pas il y a quatorze siècles.
J'ai par conséquent formulé la proposition suivante:
Nous pouvons en arriver à une compréhension commune: s'il n'est pas approprié de qualifier l'islam des origines de fasciste à cause de la distance chronologique qui le sépare de notre époque, en contrepartie il n'est pas approprié d'imposer la charia qui date du septième siècle aux musulmans d'aujourd'hui.
À mon avis c'est la meilleure formule pour assurer la coexistence: tu ne m'imposeras pas les règles anciennes de la charia et en retour je ne jugerai pas l'islam des origines avec les critères d'aujourd'hui.
Rachid: Notre différend avec l'islam est justement cela, sa prétention que la charia est ce qu'il y a de mieux, qu'elle est valable pour tous les lieux et toutes les époques. Ceci dit je me permets de différer d'opinion avec vous. Les actes commis par le Prophète ne sont pas seulement contraires aux normes éthiques d'aujourd'hui, ils étaient également contraires aux normes reconnues de son temps, et nous pourrions en discuter longuement, mais il me suffit de dire que globalement je suis d'accord avec vous.
Hamed Abd el Samad: C'est la notion d'absolu qui pose problème. Moi je vois que l'islam est une religion qui a pris du retard, je veux dire que l'islam avait du retard au moment où il est apparu, il était en retard de six cents ans sur le christianisme. Le christianisme a passé par de nombreuses étapes violentes, avant le mouvement des Lumières il a traversé des périodes sombres que les chrétiens eux-mêmes reconnaissent. Tant que la religion domine l'État, la liberté et la démocratie sont impossibles. Je suis d'avis que l'islam traverse actuellement son moyen-âge, un peu comme le christianisme aux 14e et 15e siècles.
Pour en revenir à ma conférence, j'ai comparé le nazisme au mouvement des Frères musulmans sur le chapitre des idées et des méthodes de gouvernement. Leur propension à créer des divisions au sein de la société, le suprématisme religieux d'un côté et le suprématisme racial de l'autre, les chemises brunes nazies et les milices des Frères musulmans, leurs modes opératoires, leur idéologie de l'exclusion etc. Le fascisme exclut l'autre, rejette l'opinion contraire et liquide les opposants.
Les religieux ont réagi à mes propos, ils ont nié catégoriquement tout ce que j'ai dit. Ils se sont arrêtés à ma conclusion à l'effet que le fascisme islamique a des racines qui plongent jusqu'à l'époque de Mahomet, même si j'avais pris la peine de préciser qu'il n'est pas juste de qualifier Mahomet de fasciste. Les religieux se sont déchainés contre moi: "nous ne sommes pas fascistes, ce n'est pas vrai et c'est pourquoi nous allons te tuer!" Autrement dit ils ne sont pas fascistes, ils n'excluent personne, ils ne tuent personne, mais ils me tueront pour avoir exprimé mon point de vue! Une vraie blague! Plus d'un canal télévisé et plus d'un religieux se sont attaqués à moi. Mahmoud Chaabane d'al Azhar, notre "frère" terroriste à la retraite Assem Abd el Magued, et en dernier celui qui a ameuté les gens contre moi, le Sheikh Abou Ishaq el Houeini; il a déclaré la vendetta contre moi, une vendetta qui ne prendra pas fin tant que je vis.
Ils ont prétendu que j'ai insulté le Prophète, mais je ne l'ai pas mentionné dans ma conférence. J'ai simplement dit qu'il existait des éléments de fascisme dans l'islam des origines dues à l'exclusion des non-croyants et de la destruction de leurs dieux lors de la conquête de la Mecque par les musulmans.
Rachid: Vous n'avez pas mentionné spécifiquement le Prophète, l'allusion était indirecte.
Hamed Abd el Samad: Peut-être, mais tout ce que j'ai dit est tiré de l'histoire officielle de l'islam et de la Sira de Mahomet, je n'ai rien inventé.
À cet endroit, l'entretien est interrompu quelques minutes pour montrer des séquences d'un prêche-imprécation du Sheikh Abou Ishaq el Houeini contre Hamed Abd el Samad. Le prêche s'achève par l'institution du devoir de venger Mahomet, selon les termes mêmes du prêcheur, le feu de cette vengeance ne s'éteindra jamais.
Sheikh Abou Ishaq el Houeini lance sa fatwa
Hamed Abd el Samad: Pour moi l'important n'est pas de faire des rapprochements ni de coller des étiquettes. C'est davantage ce qui est importé du septième siècle (la charia), qu'on me fixe autour du cou comme un carcan. C'est ce que je juge inacceptable et c'est ce à quoi je dois m'opposer, même si je n'ai pas de sentiments négatifs à l'égard du Prophète et de son époque.
Rachid: Mais il est désormais permis de répandre votre sang; à présent n'importe quel jeune salafiste a le droit de vous tuer s'il parvient à vous atteindre.
Hamed Abd el Samad: Bien entendu et ils ont affiché ma photo sur le Net avec la légende Amener mort. A insulté le Prophète. Et plus bas, Hamed Abd el Samad, Le chien qui hurle, Membre des infnidèles laïcs, et en bas de page, mon adresse détaillée au Caire et les points de repère pour s'y rendre. Une activité intense a été déployée pour se saisir de moi et me tuer, c'est un vrai scandale, même certains de mes amis qui se disent guidés par la raison me reprochent d'avoir poussé un peu trop loin le bouchon. Pour eux l'inacceptable n'est pas l'incitation à me tuer, mais bien les paroles que j'ai prononcées! C'est cela que nous devons dénoncer et qui doit changer.
Rachid: Il faut opérer un "shift."
Hamed Abd el Samad: Tout à fait, parce que le nœud de toute cette affaire ne se situe pas dans l'opinion que j'ai exprimée. Il existe six milliards d'êtres humains sur terre qui ne sont pas musulmans et qui ne sont pas tenus de témoigner de la révérence ou même du respect à l'égard de Mahomet, du coran et des rites islamiques. Il est bien plus simple que les musulmans apprennent à réagir avec calme face à la critique.
Rachid: Il y a plein de livres qui critiquent et se moquent de Jésus-Christ et du christianisme et pourtant...
Hamed Abd el Samad: Des livres, des pièces de théâtre et des films aussi. Pour moi, je ne cherche pas à désacraliser quoi que ce soit, mais le sacré doit être personnel. Ceux qui veulent généraliser leur vision de ce qui est sacré et l'imposer à tout le monde, ceux qui veulent interdire la critique du coran et du Prophète ne peuvent pas en sortir gagnants. Cette logique n'est pas gagnante, parce qu'ils ne pourront pas lier les langues de six milliards de personnes, plus un quart de milliard de musulmans plutôt sceptiques. Si leurs convictions sont vraiment profondes il leur sera plus facile de réagir calmement à la critique. Mais là où le bât blesse et qui me paraît évident, est que plusieurs d'entre eux ne sont pas convaincus ou ont de sérieux doutes; cela n'empêche pas qu'après avoir perdu beaucoup sur le plan identitaire, il ne leur reste qu'une seule chose sur laquelle ils peuvent s'appuyer: la religion. L'islam devient par conséquent une béquille pour le musulman: qu'il échappe la béquille et c'est l'effondrement.
C'est triste à dire mais l'enseignement et l'éducation dans nos sociétés au cours des derniers siècles nous ont à peu près tout enlevé sauf les béquilles identitaires de la religion. La réalité est telle que qui que ce soit qui approche de ces béquilles ne doit pas se surprendre de voir des foules qui se précipitent, tels des chiens enragés, à la défense de leur religion. Est-ce qu'on défend sa religion par des pleurs et des cris, et son identité en tuant? Voilà à quoi je veux en venir, le temps est mûr pour lancer le débat: où se situe le problème, dans les paroles ou dans les menaces de mort?
Rachid: Retour au livre "la chute du monde islamique, coup d'œil sur l'avenir d'une nation (oumma) à l'agonie." Ce livre a été publié d'abord en allemand en 2010...
Hamed Abd el Samad: Il a été publié simultanément en allemand, en néerlandais et en arabe.
Rachid: Il est disponible dans les librairies pour nos spectateurs qui voudraient le lire. J'ai remarqué que vous l'avez dédié à "l'esprit" de Hamed Nasr Abou Zeid. Quel est le secret qui se cache derrière cette dédicace?
Hamed Abd el Samad: Nasr Hamed Abou Zeid était un ami, il fait partie de ceux qui ont exercé une grande influence sur moi. Après sa fuite d'Égypte, il s'est réfugié en Hollande où il a poursuivi ses travaux. Je l'ai invité à donner une conférence en Allemagne. J'ai ainsi fait sa connaissance et me suis imprégné de sa pensée. Il avait de grandes qualités morales et c'était un savant de haut niveau. Il n'était pas compris de son vivant, cependant les jeunes commencent à présent à apprécier ses écrits. Il était de ceux qui ont fait appel à la rationalité dans l'analyse des textes sacrés. Il a été pénalisé à cause de cette approche et a reçu des menaces de mort, mais il a tenu bon. Il est décédé pendant que je rédigeais le livre. J'ai eu beaucoup de peine, nous avions échangé des e-mails à peine quelques jours avant sa mort. Je le considère comme l'un de mes pères spirituels.
Rachid: Dans votre préface... Et à propos de cette préface qui m'a beaucoup plue, je tiens à souligner l'effort que vous avez déployé dans l'écriture de cet ouvrage. C'est très bien écrit et c'est en même temps ambitieux et très courageux, si on tient compte de la complexité du sujet, de l'enchevêtrement des éléments qui le composent et de la nécessité de les condenser dans un nombre relativement restreint de pages.
Dans la préface, parlant de vous, vous avez écrit: "Soudain cet étudiant égyptien parti pour l'Allemagne à la recherche de la science et de la liberté, s'est transformé en soldat de la guerre des civilisations. Mais le soldat se sentait impuissant, ne possédant pour seule arme que sa propension à se glorifier et à maudire les autres." Ces expressions sont fortes et j'aimerais que vous les commentiez.
Hamed Abd el Samad: Hélas c'est le genre de crise que traversent les étudiants musulmans qui vont en Europe compléter leurs études. L'étudiant type rêve à une certaine liberté, il rêve à l'occident et à ses lumières. Rendu sur place, la religion et le type d'éducation religieuse qu'il a reçue, agissent sur lui comme un élastique qui se tend à mesure que notre étudiant cherche à prendre le large. À un moment donné le mouvement s'inverse et l'élastique ramène brutalement l'étudiant à son point de départ, non sans lui causer de la douleur. En ce qui me concerne j'ai vécu cette expérience et j'ai connu beaucoup de jeunes qui l'ont également vécue. Il s'agit d'un conflit intérieur: la liberté attire le jeune, mais les remords le ramènent à une pratique plus radicale de la religion. Pour se défaire des remords il entreprend de maudire la société occidentale dans son ensemble ou du moins celle qu'il côtoie. Il rejette sur les occidentaux la responsabilité de son conflit intérieur. C'est ce qui m'est arrivé au début de mes études ici. Cela m'a poussé à faire face à moi-même car je voyais bien qu'une telle réaction comportait une part non-négligeable d'hypocrisie.
Mais pour que l'étudiant musulman ne perde pas son identité, il se sent obligé de s'imaginer plus grand que dans la réalité. C'est l'inflation de soi et de l'Histoire islamique, c'est l'occultation des défauts de la culture et des erreurs de l'Histoire islamiques. Non content de se glorifier, il part à la chasse des erreurs et des défauts d'autrui. Malheureusement cela fait perdre à plusieurs étudiants et chercheurs musulmans l'occasion d'acquérir la liberté d'esprit. Ils se barricadent dans une prison mentale croyant défendre leur religion, leur identité ou leur appartenance.
Rachid: D'où vient ce phénomène? Beaucoup de gens me racontent ce qui est arrivé à certains de leurs proches: un cousin connu pour sa simplicité et sa gentillesse, après s'être rendu en Europe est devenu extrémiste. Un frère, habituellement doux et peu porté sur la religion, est devenu méconnaissable après avoir fréquenté la mosquée. J'ai l'impression que ce phénomène ne dépend pas nécessairement de l'influence des mosquées, on ne subit pas une telle influence contre son gré.
Hamed Abd el Samad: La société composée d'immigrants a une sensibilité à fleur de peau. Quand je vivais en Égypte j'étais musulman et je ne sentais pas le besoin de le prouver ou de l'exhiber. Quand on quitte son pays, la société dans laquelle on a choisi de vivre devient pour nous un miroir qui reflète notre image véritable. Le miroir est cruel parce qu'on s'y voit tout nu, les défauts, les manquements et les erreurs nous sont ainsi dévoilés. La société d'accueil nous révèle les défauts et les manquements de notre civilisation, de notre culture et de notre façon de penser. Elle nous oblige à prendre un temps d'arrêt pour faire face à la réalité. L'expérience est pénible et ceux qui sont capables de l'endurer ne sont pas légion. Quoi faire pour éviter cette confrontation avec soi? Briser le miroir et cacher sa nudité avec tout ce qui nous tombe sous la main.
Autre point: les sociétés islamiques possèdent dans leur structure une forme de surveillance collective. Nul ne peut s'adonner à un interdit, sans qu'un proche ou un voisin ne le surprenne en flagrant délit et sans qu'on lui impose un châtiment. À l'étranger le musulman devient lui-même son propre surveillant, s'il transgresse un interdit, s'il goûte aux fruits défendus offerts par la société, sexe, alcool, divertissements etc. il commence à se faire des reproches et à ressentir de la honte et du remord. Ce remord est une souffrance qui exige un traitement. C'est dans l'apprentissage de la liberté que se trouve le traitement le plus sain: comment parvenir à l'équilibre dans la vie sans se faire du tort et sans nuire aux autres. L'autre solution consiste à régresser dans la religion à travers le fondamentalisme et la violence. Ceux, et ils sont nombreux, qui fuient la mosquée et transgressent les interdits, y reviennent plus tard et deviennent plus extrémistes qu'au début.
Rachid: Celui qui quitte son pays pour vivre en Europe, se trouve du coup comme sur un plancher instable. Il se sent menacé dans son identité, sa planche de salut c'est l'identité religieuse à laquelle il s'agrippe de toutes ses forces, d'où l'idée de se laisser pousser la barbe et de changer sa tenue vestimentaire.
Hamed Abd el Samad: C'est exactement ça la béquille dont j'ai tantôt parlé. Par malheur l'éducation dans nos sociétés d'origine et dans les communautés d'immigrants, s'appuie sur les béquilles de la religion, tout autre support est jugé indésirable. Quand le jeune musulman se frotte à la société occidentale, il a la surprise de rencontrer une langue, une culture, des relations homme-femme et des règles de jeu très différents des siens. Soit qu'il s'ouvre l'esprit, s'adapte et s'intègre, soit qu'il retourne à son point de départ, c'est à dire à la béquille de la religion. Non seulement il s'y appuie, mais il lève la béquille pour frapper les autres.
Je me figure le monde islamique comme une séquence de cinéma où l'on voit un infirme qui marche en s'appuyant sur ses béquilles. Il a de la difficulté à avancer mais cela ne l'empêche pas de lever, tantôt une béquille et tantôt l'autre, pour frapper à droite et à gauche ceux qui ont le malheur de l'approcher, convaincu de son droit de contrôler l'humanité entière et de dominer le monde! En vertu de quoi? Et d'où lui vient cette prétention alors qu'il est incapable de se tenir sur ses jambes? Se voir tel qu'il est, incapable de marcher constitue un pas en avant qui exige du courage, mais en est-il capable?
Rachid: Je cite un autre passage de votre préface: "J'ai vu devant moi la civilisation islamique respirant difficilement, elle se tenait à la croisée des chemins sans savoir où son destin la conduira. Le monde entier voit les signes de la maladie sur son visage, mais les musulmans continuent de se vanter et de faire des reproches à tout le monde sauf à eux-mêmes." Expliquez-moi ce passage.
Hamed Abd el Samad: La civilisation islamique a perdu plusieurs occasions de se réconcilier avec la modernité et avec le monde contemporain. Cette réconciliation ne sera possible qu'à la condition que nous admettions notre faiblesse, que nous reconnaissions notre échec et que nous acceptions d'apprendre des autres. Il est vrai qu'il fut un temps dans l'histoire de l'islam, où la civilisation arabe, mélangée à la civilisation perse, a donné naissance à des foyers de civilisation au Caire, à Damas, à Bagdad, en Andalousie. Mais c'est parce qu'elle a été capable d'absorber les connaissances venues d'ailleurs. Elle a su tirer profit des chrétiens syriaques qui ont traduit les ouvrages grecs, du savoir des juifs, de la culture byzantine et de l'expertise des perses dans le domaine de l'administration publique. Les arabes ont réussi à absorber tous ces éléments. La civilisation vit et progresse quand ses fenêtres et ses portes restent ouvertes, afin de laisser entrer l'air frais qui vient des autres civilisations.
La civilisation vieillit et devient invalide quand elle s'active à boucher ses ouvertures, à murer ses fenêtres et ses portes par peur des étrangers, ce faisant elle se prive de lumière et d'air frais. La problématique de la civilisation islamique à notre époque, c'est exactement cela; elle voit dans les fenêtres un danger, le danger de l'ennemi occidental et de son influence sur notre identité. Cette peur de l'occident est proprement hystérique.
Rachid: Mais il est difficile à notre époque de boucher les ouvertures; Internet, canaux satellitaires... Les fenêtres ne manquent pas.
Hamed Abd el Samad: Vous avez raison, mais nous sommes en présence d'une civilisation qui respire artificiellement depuis longtemps. Ce que nous appelons l'islam politique est né du fantasme qu'un jour nous parviendrons à dominer le monde en maîtres. L'islam politique respire artificiellement grâce à deux facteurs: l'argent du pétrole et la haine de l'occident; mais il n'a aucun projet pour rendre la civilisation islamique féconde.
Rachid: Pouvez-vous nous éclairer davantage sur ce que vous venez de dire au sujet de l'islam politique?
Hamed Abd el Samad: En 1924 le califat islamique a cessé d'exister. La même année le Mouvement Islamique est né en Inde, avec à sa tête Abou el Aala el Mawdoudi. Quatre ans plus tard, c'était au tour de Hassan el Banna de mettre sur pied la confrérie des Frères Musulmans. Ces deux entités ont été à la base de l'islam politique. La pensée de Mawdoudi s'est développée en Inde et au Pakistan, elle a produit les talibans. L'idéologie des frères musulmans s'est développée en Égypte et dans les pays arabes et elle a engendré les mouvements jihadistes qui sévissent sous le parapluie d'al Qaeda. Ces deux organisations, celle de Mawdoudi et celle des frères musulmans ont opéré leur jonction en Afghanistan grâce à l'argent du pétrole. Telle est l'évolution de l'islam politique depuis sa naissance, il s'est établi en réaction à la défaite et à l'effondrement de l'empire ottoman.
Durant cette période les nations islamiques se sont trouvées face à deux choix, ou d'entreprendre d'édifier des états modernes, à l'exemple des autres nations, ou bien se lamenter sur les ruines et croire au retour prochain du califat! Mais à bien y penser qu'avons-nous récolté du califat? N'avons-nous pas assisté son échec et à sa décadence? N'était-il pas dépassé par la réalité et par les évènements?
Rachid: Le califat était ouvertement détesté en dernier, mais ça n'empêche pas les islamistes de chanter ses louanges et de vouloir le ressusciter. Ils devraient pourtant lire ce que ses contemporains ont écrit sur lui!
Hamed Abd el Samad: Ils refusent de reconnaître que le système adopté et mis en application par les états modernes d'occident, est celui qui convient le mieux. C'est le système démocratique réclamé par tous. Le fait est que nous ne voulons pas admettre que ce système vient de l'Étranger.
Rachid: Comment voyez-vous l'argent du pétrole? Croyez-vous qu'il fait partie du problème ou de la solution? La haine de l'occident de toute évidence pose problème, mais qu'en est-il de l'argent du pétrole?
Hamed Abd el Samad: Dans nos sociétés, particulièrement dans la société égyptienne que je connais bien, du temps où j'étais enfant, ma grand-mère était musulmane pratiquante, nos voisins étaient musulmans pratiquants, nous avions aussi des voisins coptes. Nos relations étaient très chaleureuses, nous n'avions pas de différends, la religion n'était pas politisée. La religion se résumait à la piété populaire sans composante politique, la haine et le fanatisme n'étaient pas concevables. Chacun adorait son Dieu à sa façon et tout allait bien. Par la suite nous avons vécu le retour de deux générations de gens venant de l'Arabie Saoudite. La première, celle des frères musulmans, ceux qui ont été réprimés du temps de Nasser et qui étaient partis en Arabie Saoudite pour y gagner leur vie comme enseignants et ingénieurs. La seconde est celle des travailleurs égyptiens partis en Arabie Saoudite pour améliorer leur condition économique en occupant un emploi rémunérateur. Ces gens ont ramené avec eux l'idéologie wahhabite qui repose sur le concept de la purification de la religion. La purifier de quoi si ce n'est des éléments de piété populaire tels que se recueillir et prier devant les mausolées des saints musulmans. Ils se sont d'ailleurs attelés à détruire ces mausolées et à accuser les gens du peuple de pratiquer l'idolâtrie.
Cette idée de purification s'est propagée dans le champ de l'éducation. Les enseignants de retour d'Arabie ont réintégré les écoles en Égypte, d'autres sont allés enseigner dans les pays arabes. Tous se sont fait un devoir d'inculquer aux élèves l'idéologie wahhabite de l'exclusion. Cette idéologie distingue les "vrais musulmans" et en fait une sorte d'élite peu nombreuse au sein du milliard et demi de "prétendus musulmans", lesquels peuvent être vus comme des Kouffars (infidèles). Elle conduit à diviser la société entre croyants et infidèles et va jusqu'à prévoir et prescrire le châtiment des infidèles. Les adeptes de cette idéologie s'arrogent le droit de traiter d'apostats tous ceux qui ont une conception de la religion qui diffère de la leur.
Cette idéologie a envahi le champ de l'éducation, non seulement en Égypte et dans les pays arabes, mais dans des pays comme la Malaisie et l'Indonésie, dont nous étions heureux de dire qu'ils avaient un pied dans la modernité. Les systèmes éducatifs de ces pays ont été pénétrés par l'idéologie wahhabite grâce à l'argent du pétrole, que je décris dans mon livre comme une calamité pour le monde arabo-musulman. C'est ce qui m'a amené à prédire la chute du monde islamique.
Cliquer ICI pour lire la Partie 2 de l'entretien.
Source : Islameyat, 12 septembre 2013. Traduction de l'arabe par Hélios d'Alexandrie pour Poste de veille
L'interview diffusée par la chaîne Al Hayat :
Une intelligence, une clairvoyance, une rationalité exceptionnelles. On est ramené à l'essentiel face au monde islamique qui prend une place de plus en plus grande chez nous. Souvent, les commentateurs ne voient rien ou ne veulent rien voir ; ils parlent de liberté de conscience, de religion, de liberté comme des absolus qui nous feraient tout accepter. Tout n'est pas égal, tout est relatif, il y a des degrés et toutes les religions ne sont pas identiques. On ne peut tout accepter.
Deux réflexions:
- premièrement il est probable qu'effectivement nous assistions à une crise de modernisation de l'idéologie islamique qui n'est pas sans rappeler la crise du communisme. Il est possible que de même que le communisme s'est effondré l'islam s'écroule selon un processus interne similaire. Ceci explique laviolence contre les réformateurs internes qui risquent de jouer le même rôle que Gorbatchev avec sa pérestroïka. Sans coercition il est probable que la société islamique ne tienne pas.
- L'argument chronologique selon lequel l'islam aurait 6 siècles de retard sur le christianisme est mis de côté lorsqu'il s'agit d'évoquer l'âge d'or de l'islam face à un occident barbare qui aurait tout appris au cours des croisades. C'est oublier qu'au moment des croisades il y avait encore plus de chrétiens en orient qu'en occident. La société islamique de l'âge d'or reposait sur la domination militaire et politique de populations chrétiennes, juives ou autres qui faisaient prospérer la société malgré la dhimmitude et l'esclavage. Quand les réacteurs chrétiens et autres se sont éteints les dites sociétés sont entrées dans la décadence. La colonisation fut une période de pause dans l'imprégnation islamique qui a permis aux principes occidentaux d'irriguer à nouveau ces sociétés, on peut en voir un exemple dans l'influence des partis baas. Nous vivons actuellement la fin de l'influence occidentale post coloniale avec la disparition des régimes laïques, l'extinction des communautés chrétiennes orientales. Les musulmans sont maintenant à la croisée des chemin, soit ils rétablissent la charia dans leurs pays, les seules zones d'âge d'or potentielles seront les pays occidentaux qu'ils pourront maintenir d'une manière ou d'une autre sous leur joug, soit ils s'affranchissent de leur idéologie islamique délétère et s'ouvrent à la modernité dans son aspect le plus noble. Dans cette démarche le christianisme peut leur apporter beaucoup.
- premièrement il est probable qu'effectivement nous assistions à une crise de modernisation de l'idéologie islamique qui n'est pas sans rappeler la crise du communisme. Il est possible que de même que le communisme s'est effondré l'islam s'écroule selon un processus interne similaire. Ceci explique laviolence contre les réformateurs internes qui risquent de jouer le même rôle que Gorbatchev avec sa pérestroïka. Sans coercition il est probable que la société islamique ne tienne pas.
- L'argument chronologique selon lequel l'islam aurait 6 siècles de retard sur le christianisme est mis de côté lorsqu'il s'agit d'évoquer l'âge d'or de l'islam face à un occident barbare qui aurait tout appris au cours des croisades. C'est oublier qu'au moment des croisades il y avait encore plus de chrétiens en orient qu'en occident. La société islamique de l'âge d'or reposait sur la domination militaire et politique de populations chrétiennes, juives ou autres qui faisaient prospérer la société malgré la dhimmitude et l'esclavage. Quand les réacteurs chrétiens et autres se sont éteints les dites sociétés sont entrées dans la décadence. La colonisation fut une période de pause dans l'imprégnation islamique qui a permis aux principes occidentaux d'irriguer à nouveau ces sociétés, on peut en voir un exemple dans l'influence des partis baas. Nous vivons actuellement la fin de l'influence occidentale post coloniale avec la disparition des régimes laïques, l'extinction des communautés chrétiennes orientales. Les musulmans sont maintenant à la croisée des chemin, soit ils rétablissent la charia dans leurs pays, les seules zones d'âge d'or potentielles seront les pays occidentaux qu'ils pourront maintenir d'une manière ou d'une autre sous leur joug, soit ils s'affranchissent de leur idéologie islamique délétère et s'ouvrent à la modernité dans son aspect le plus noble. Dans cette démarche le christianisme peut leur apporter beaucoup.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire