Les Allemands se rendront aux urnes le 22 septembre 2013 et choisiront entre l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel, les sociaux-démocrates ou une nouvelle alliance. Dans les multiples thèmes de la campagne, l'Europe n'est pas à l'ordre du jour.
Atlantico : Le 22 septembre 2013, les électeurs allemands renouvelleront leur Parlement et se prononceront sur la nature du gouvernement qu’ils souhaitent pour les quatre années à venir. Quels sont les thèmes au cœur de la campagne allemande ?
Henrik Uterwedde : Cette campagne est dominée par les thèmes sociaux dans un sens large. Après les réformes de Schröder qui ont re-dynamisé l'économie allemande sur le plan de la croissance et de l'emploi, il est temps de corriger le tir sur certains effets plus contestables de ces réformes. Il y a un véritable retour du social : on parle de la nécessité d'un salaire minimum, de la lutte contre les bas retraites, de la réglementation plus stricte des contrats d'emploi précaires, des loyers, du besoin d'infrastructures publiques : routes, réseau du chemin de fer, ainsi que sur la politique familiale: fiscalité, accueil des enfants (crèches, cantines dans les écoles pour qu'elles puissent fonctionner à la journée, etc). A quoi s'ajoutent d'autres débats sur le financement de l'assurance maladie, ou la transition énergétique qui connait des couacs sérieux.
Au regard des programmes économiques des principaux partis de gouvernement, ces thèmes peuvent-ils avoir un impact sur la France ? En quoi ?
Pas directement. A première vue, le retour du social, qui dépasse les clivages partisans, peut rapprocher la politique allemande de celle de la France. Pourtant, les réformes Schröder et les efforts des partenaires sociaux pour la compétitivité ont été la base de tout. Cela dit, une Allemagne plus dynamique, dont la consommation reprend, pourra faciliter la reprise en Europe et détendre la situation économique et sociale en France. Reste la question des réformes auxquelles la France n'échappera pas à mon avis.
Quels sont les thèmes plus éphémères de la campagne électorale ?
Toute la politique internationale, y compris l'Europe, n'a joué qu'un rôle minime dans la campagne. Pour ce qui est de la Syrie, le consensus est très large : pas d'intervention sans mandat de l'ONU ; en tout cas pas d'intervention de la Bundeswehr.
L’Europe semble ne pas être à l’ordre du jour. Pourquoi la plupart des partis évitent-ils les questions européennes dans la campagne ?
Angela Merkel avait certainement intérêt à en parler le moins possible, notamment sur de nouveaux engagements financiers, qu'elle sait très impopulaires. Il y a aussi la montée du parti anti-euro qui risque d'entrer au Bundestag (il est actuellement crédité de 3-4% mais pourrait franchir le seuil de 5%). Le SPD a titillé la Chancelière sur sa "mauvaise gestion" de la crise et a mis en avant un "plan Marshall pour la Grèce" mais n'a pas vraiment poussée cette thématique non plus.
De manière générale, comment expliquer que les thèmes des campagnes électorales des pays européens aient si peu de points communs ?
Je pense qu'au fond, les soucis des électeurs sont les mêmes en Europe : croissance, des emplois et des salaires décents, protection sociale, une éducation et une formation qui donnent toutes leurs chances aux jeunes.... Il y a peut-être même un "modèle européen" : un capitalisme social et régulé, qui concilie le jeu des marchés avec le souci de la cohésion sociale. Mais cela se décline de manière spécifique selon la situation concrète des pays : les problèmes se posent souvent différemment. Les traditions et approches politiques peuvent varier aussi d'un pays à l'autre : rôle de l'Etat, des marchés, des partenaires sociaux...
http://www.atlantico.fr/decryptage/autre-monde-dont-parlent-allemands-pendant-campagne-electorale-henrik-uterwedde-844343.html#iXOOvA9JweTftChm.99
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