« S
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i Washington
n’intervient pas et accepte la position de la Russie et de la Chine, il en sera
fini des États-Unis comme candidat au poste de superpuissance unique. C’est la
raison pour laquelle je pense qu’Obama va intervenir en
Syrie.
Jean-Marc Desanti |
Mais si la Russie reste à l’écart et
accepte l’intervention américaine et trahit, éventuellement, Bachar al-Assad, ce
sera immédiatement un coup très dur pour la politique identitaire
russe.
Après cela, une attaque sur l’Iran
deviendrait possible et aussi une autre dans le nord du Caucase. Parmi les
forces séparatistes dans le nord du Caucase, il y a de nombreux individus qui
reçoivent des aides des Anglo-américains, des Israéliens et des Saoudiens. Si la
Syrie tombe, ils mèneront immédiatement la guerre en Russie, dans notre
patrie. Il se peut que nous vivions actuellement la crise majeure de
l’histoire de la géopolitique moderne. » (Alexandr Dugin)
Les évènements de Syrie sont, sans
doute, au XXIe siècle ce que la crise de Cuba fut au
XXe siècle.
On sait ce qu'il advint de la crise
cubaine : si Castro garda le pouvoir, bien évidemment aucun missile russe ne fut
déployé et les américains purent tranquillement continuer d'occuper l'île et de
lancer des opérations de subversion à partir de « Guantanamo Bay Naval
Base ».
Il existe bien un bras de fer entre
la puissance continentale qu'est la Russie et la puissance maritime américaine,
héritière du grand Empire naval britannique. Cependant l'analyse rapide et
triomphante qui se résume à « la fin du monde unipolaire » est aussi dénuée de
sens que les prédictions d’holocauste nucléaire. Certes, en apparence, la Russie
ou plus exactement Poutine semble avoir, pour une fois encore, après les crises
tchétchène et géorgienne, limité les dégâts. Le volontarisme politique d'un
homme a, parait-il, grippé la lourde machine du complexe militaro-industriel
Occidental.
Un homme contre une marionnette en
représentation : Obama. Le triomphe de l'Homme contre la machine et la victoire
du droit international contre le complot belliciste … Rien que
ça !
Évidemment, nous voudrions dire : Si
seulement ! Mais voilà, la réalité, comme toujours, se cache derrière les plus
vertueuses apparences. Bien que soutenu par une majorité de russes (mais quand
les coûts de l'aide seront révélés, que se passera-t-il ?) , Poutine est un
homme politiquement seul. La classe politique russe et pas seulement
« l'opposition » est pro-occidentale. Choisir d’intégrer l’OMC, l’OCDE et le
Protocole de Kyoto sont des exemples probants de son influence et de sa volonté
de s’intégrer à « l'économie de marché » mondiale.
Les « politiques » russes veulent
que la baisse des droits de douane, de 10% à 7% d’ici 2015, permettent aux pays
étrangers d'investir le marché russe de produits bon marché, mais signeront
ainsi l'arrêt de mort de nombreuses industries « nationales » héritées de
l'époque soviétique. La logique structurelle économique russe va bien vers plus
« d'américanisation ».
N'oublions surtout pas
qu'aujourd'hui, au regard des investissements étrangers, si la Chine est la
deuxième destination des flux derrière les États-Unis, la Russie n’est qu’à la
neuvième place. C'est la raison pour laquelle l'état russe entame quatre
réformes structurelles proposées par le FMI : la réforme du secteur financier
(restructuration des banques, développement du secteur privé), la
restructuration industrielle (libéralisation de l’investissement direct étranger
et du commerce international), le resserrement de la gestion budgétaire, et
l’amélioration de la compétitivité, de la transparence et de la responsabilité
des monopoles d’infrastructure. Nous sommes bien loin de la préparation à une
confrontation directe et violente avec « l'Occident ». Un nain économique
peut-il être un géant politique ?
D'autre part si un rapport du
renseignement britannique indique que Poutine se déplace à l'étranger avec sa
nourriture apportant même sa propre eau avec lui car il craint d’être empoisonné
(il s'y connaît en la matière), à Moscou aussi, dans ce domaine, des précautions
drastiques sont prises. Le fantôme de Staline est décidément une plante fort
vivace.
Tout cela la coalition des
puissances hostiles au régime syrien (l'axe Washington/Paris/Ankara/Doha/Riyad…
Sans oublier Londres nous verrons) le sait, elle y joue même un rôle
prépondérant.
D'aucunes manières elle n'a cessé de
vouloir procéder à des frappes afin d’affaiblir les capacités militaires de la
Syrie et d’accélérer la défaite d'Assad.
Bien sûr que les missiles S300 sont
dangereux ainsi que les S400 plus avancés et bien supérieurs ! Bien sûr que les
400 lance-missiles 24-Barrel d’une portée de 60 km (classés comme l’arme de
l’artillerie la plus développée en son genre) peuvent causer des dégâts
considérables … mais lors de combats au sol et sur un espace très restreint. Les
horreurs ont déjà épuisé le peuple syrien et rompu définitivement son précaire
« contrat social ».
La guerre en Syrie ne pourra donc
faire apparaitre des réalités inattendues comme l'arrêt définitif du cancer
islamiste que la région connaît ou l'échec de la politique anti-chiite
développée par les Occidentaux en collaboration avec leurs alliés sunnites ou
encore la confirmation du statut de la Russie comme protectrice des chrétiens
d’Orient et des minorités en Syrie … Non, précisément non, car si des risques
considérables d'embrasement de la région existent, c'est toujours une lourde
erreur que de prendre les « yankees » pour des
imbéciles.
L'état mercenaire « américain » veut
un chaos pour redécouper la zone et non pas une guerre mondiale. Il n'a de cesse
de préparer une défaite militaire de l’État syrien face aux rebelles.
Inévitablement alors, le pays s’enfoncera dans une anarchie sur le modèle
irakien et une prise de pouvoir par des fondamentalistes, ce qui ne représentera
aucun danger (comme certains le prétendent) tant pour la région que le monde. Il
suffit de mettre un cordon sanitaire autour et de laisser les factions
s'entretuer … Ça marche très bien partout après « les révolutions arabes ».
C'est juste un peu plus délicat.
Répétons-le encore, c'est de bonne
pédagogie : la Syrie, comme l’Irak, s'enfoncera à son tour dans la violence, en
attendant sa dislocation.
Celle-ci commencera par la sécession
kurde. Le Kurdistan « Syrien » accèdera à l'indépendance pour se rattacher au
Kurdistan « irakien », conformément au projet de remodelage du « Greater Middle
East », doctrine que George W. Bush a d'abord évoquée le 26 février 2003 devant
une réunion de néoconservateurs à l'American Enterprise Institute (AEI), avant
de la développer le 9 mai 2003 dans un discours à l'Université de Caroline du
Sud.
La carte de la région commencera à
changer radicalement ... Car ils savent faire, les néo-cons du « Global
Order ».
Les négociations semblent aboutir ?
Les russes semblent triompher ? Oui mais les « faucons » du Pentagone
obtiendront finalement gain de cause. Il faut, et c'est vital, sinon l'Empire
s'effondre, montrer la force de l'Amérique. Il faut rester la fidèle « Call
girl » des amis banquiers Qataris et Saoudiens. Il faut soutenir certains
dirigeants Israéliens qui pensent ou feignent de penser que le chaos participera
à la sécurité de l'état hébreu en limitant l'influence du Hezbollah via
l'Iran.
De nouvelles exigences seront fixées
aux Syriens comme, par exemple, de laisser circuler les soldats de l'OTAN
librement dans tout le pays pour assurer le démantèlement de l'arsenal chimique
ou la demande qu'Assad, toujours désigné, comme responsable de l'attaque
chimique du 21 août, soit traduit sans délai, devant le TPI. Ils ne manqueront
pas d'idées.
Quant aux innocents sacrifiés,
égorgés et qui se débattront de toutes leurs forces entre les mains du crime ?
On leur demandera de se consoler avec l'adresse d'Amin Maalouf : « Vous étiez
innocents ? De quoi préserve-t-elle, l'innocence ? Même le Créateur nous dit
d'égorger les agneaux pour nos réjouissances, Jamais les loups
… »
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