Au cours d'une initiative sans précédent, al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a lancé une vidéo provocante d'une longueur de 41 minutes portant sur le Maroc, le mercredi 11 septembre dernier.
Façonnée comme un "documentaire", cette vidéo parue sur Internet tourne en ridicule la politique nationale et étrangère du pays et ses efforts pour lutter contre le terrorisme.
Elle montre également l'image du souverain marocain englouti par les flammes.
La vidéo comprend des images des entraînements des militants d'al-Qaida dans les forêts et dans les montagnes de l'Algérie, sous la surveillance personnelle d'Abdelmalek Droukdel (alias Abou Moussaab Abdelouadoud).
L'enregistrement s'achève sur un appel de Droukdel, qui demande aux jeunes de rejoindre les rangs des jihadistes.
Selon Mohamed Darif, chercheur marocain spécialiste des groupes islamiques, cette nouvelle vidéo révèle le réel "dilemme affronté par l'organisation lorsqu'elle vise le Maroc".
"AQMI a remporté certains résultats, parvenant à attirer les Marocains et à les envoyer au sein des foyers de tension et sur les fronts, en particulier en Syrie et en Irak, mais le groupe a échoué en général lorsqu'il a tenté de viser le Maroc et de compromettre ses institutions", déclare-t-il à Magharebia.
"Cet échec a exacerbé la colère et la rage du groupe", ajoute-t-il.
Cette exception représentée par le Maroc est vécue comme une provocation par al-Qaida, explique Darif.
Le monde a vu les opérations d'al-Qaida "s'étendre en Libye et le long des frontières algéro-tunisiennes, ainsi que dans le Sinaï, en Egypte", explique-t-il. "Le Maroc est aujourd'hui le seul pays qui échappe encore à al-Qaida et cela provoque son irritation".
"En conséquence, l'émission de cette vidéo est l'expression de la frustration ressentie face aux succès remportés par les autorités marocaines dans le démantèlement des cellules terroristes, qui ont été empêchées de mener à bien des opérations de sabotage", indique-t-il.
Le nouvel enregistrement survient effectivement peu de temps après le démantèlement d'une autre cellule terroriste au Maroc.
"Il y a un fort désir d'AQMI de mener une opération de qualité au Maroc, afin d'ébranler la confiance en soi du pays et sa constance et pour mettre un terme à sa situation exclusive dans la région", confirme le politologue Driss Kassouri.
Ksouri note que le leader de la cellule qui a été démantelée était en contact direct avec les hauts-dirigeants de l'organisation à Tizi Ouzou, en Algérie, et qu'il avait prévu une frappe de représailles, entre autres cibles, à l'aéroport de Guelmim.
Mohamed Benhammou, président de la Fédération Africaine d'Etudes Stratégiques, partage ce point de vue.
"Al-Qaida cherche à mener une opération au Maroc en raison de son symbolisme et du fait qu'une telle opération, si elle réussit, serait considérée comme une victoire éclatante, en particulier en ce moment", dit Benhammou.
C'est un moment crucial concernant la restructuration de ces groupes, explique-t-il, après les coups reçus durant l'intervention militaire au Mali. "Ils ont vécu la désintégration et la dispersion, ainsi qu'une fuite de leurs soldats", ajoute-t-il.
La diffusion de cette vidéo coïncide avec la publication par l'organisation centrale d'al-Qaida d'un enregistrement audio d'Ayman al-Zawahiri, qui comprend également des provocations contre le Maroc.
Boubaker Ounghir, activiste des droits de l'Homme amazigh, minimise l'impact de ces menaces mais indique qu'elles nécessitent d'être prises en compte avec application et prudence, "en particulier dans la mesure où al-Qaida dans la région est dorénavant en possession d'une grande variété d'armes après l'effondrement du régime de Kadhafi en Libye et du chaos qui s'est ensuivi".
"De plus, il y a également un facteur de concurrence et comme une course entre les différents groupes terroristes, notamment entre AQMI et le nouveau groupement de Mokhtar Belmokhtar les Mourabitounes qui ont pour objectif de déstabiliser le Maroc et de mettre fin à sa position d'exception", dit Ounghir.
Cherkaoui Roudani, membre du parlement et expert en questions stratégiques, déclare qu'al-Qaida cherche à transformer la région nord-Africaine en nouvel Afghanistan, ce soi-disant état fasciste 'vert' qui est totalement incompatible avec ce que représente le Maroc en termes de construction réussie de la démocratie. Ce modèle est devenu un obstacle aux ambitions portées par al-Qaida".
Il ajoute : "Ils feront tous les efforts possibles pour faire la guerre sur les frontières avec le Maroc, comme ils l'ont déjà fait en Tunisie dans le Jebel Chaambi."
"Ils feront aussi de leur mieux pour conduire des opérations terroristes au coeur du Maroc", affirme-t-il. "Nous devons nous montrer vigilants et méfiants afin de déjouer leurs tentatives et de protéger notre projet démocratique sociétal".
http://magharebia.com/fr/articles/awi/features/2013/09/16/feature-01
Façonnée comme un "documentaire", cette vidéo parue sur Internet tourne en ridicule la politique nationale et étrangère du pays et ses efforts pour lutter contre le terrorisme.
Elle montre également l'image du souverain marocain englouti par les flammes.
La vidéo comprend des images des entraînements des militants d'al-Qaida dans les forêts et dans les montagnes de l'Algérie, sous la surveillance personnelle d'Abdelmalek Droukdel (alias Abou Moussaab Abdelouadoud).
L'enregistrement s'achève sur un appel de Droukdel, qui demande aux jeunes de rejoindre les rangs des jihadistes.
Selon Mohamed Darif, chercheur marocain spécialiste des groupes islamiques, cette nouvelle vidéo révèle le réel "dilemme affronté par l'organisation lorsqu'elle vise le Maroc".
"AQMI a remporté certains résultats, parvenant à attirer les Marocains et à les envoyer au sein des foyers de tension et sur les fronts, en particulier en Syrie et en Irak, mais le groupe a échoué en général lorsqu'il a tenté de viser le Maroc et de compromettre ses institutions", déclare-t-il à Magharebia.
"Cet échec a exacerbé la colère et la rage du groupe", ajoute-t-il.
Cette exception représentée par le Maroc est vécue comme une provocation par al-Qaida, explique Darif.
Le monde a vu les opérations d'al-Qaida "s'étendre en Libye et le long des frontières algéro-tunisiennes, ainsi que dans le Sinaï, en Egypte", explique-t-il. "Le Maroc est aujourd'hui le seul pays qui échappe encore à al-Qaida et cela provoque son irritation".
"En conséquence, l'émission de cette vidéo est l'expression de la frustration ressentie face aux succès remportés par les autorités marocaines dans le démantèlement des cellules terroristes, qui ont été empêchées de mener à bien des opérations de sabotage", indique-t-il.
Le nouvel enregistrement survient effectivement peu de temps après le démantèlement d'une autre cellule terroriste au Maroc.
"Il y a un fort désir d'AQMI de mener une opération de qualité au Maroc, afin d'ébranler la confiance en soi du pays et sa constance et pour mettre un terme à sa situation exclusive dans la région", confirme le politologue Driss Kassouri.
Ksouri note que le leader de la cellule qui a été démantelée était en contact direct avec les hauts-dirigeants de l'organisation à Tizi Ouzou, en Algérie, et qu'il avait prévu une frappe de représailles, entre autres cibles, à l'aéroport de Guelmim.
Mohamed Benhammou, président de la Fédération Africaine d'Etudes Stratégiques, partage ce point de vue.
"Al-Qaida cherche à mener une opération au Maroc en raison de son symbolisme et du fait qu'une telle opération, si elle réussit, serait considérée comme une victoire éclatante, en particulier en ce moment", dit Benhammou.
C'est un moment crucial concernant la restructuration de ces groupes, explique-t-il, après les coups reçus durant l'intervention militaire au Mali. "Ils ont vécu la désintégration et la dispersion, ainsi qu'une fuite de leurs soldats", ajoute-t-il.
La diffusion de cette vidéo coïncide avec la publication par l'organisation centrale d'al-Qaida d'un enregistrement audio d'Ayman al-Zawahiri, qui comprend également des provocations contre le Maroc.
Boubaker Ounghir, activiste des droits de l'Homme amazigh, minimise l'impact de ces menaces mais indique qu'elles nécessitent d'être prises en compte avec application et prudence, "en particulier dans la mesure où al-Qaida dans la région est dorénavant en possession d'une grande variété d'armes après l'effondrement du régime de Kadhafi en Libye et du chaos qui s'est ensuivi".
"De plus, il y a également un facteur de concurrence et comme une course entre les différents groupes terroristes, notamment entre AQMI et le nouveau groupement de Mokhtar Belmokhtar les Mourabitounes qui ont pour objectif de déstabiliser le Maroc et de mettre fin à sa position d'exception", dit Ounghir.
Cherkaoui Roudani, membre du parlement et expert en questions stratégiques, déclare qu'al-Qaida cherche à transformer la région nord-Africaine en nouvel Afghanistan, ce soi-disant état fasciste 'vert' qui est totalement incompatible avec ce que représente le Maroc en termes de construction réussie de la démocratie. Ce modèle est devenu un obstacle aux ambitions portées par al-Qaida".
Il ajoute : "Ils feront tous les efforts possibles pour faire la guerre sur les frontières avec le Maroc, comme ils l'ont déjà fait en Tunisie dans le Jebel Chaambi."
"Ils feront aussi de leur mieux pour conduire des opérations terroristes au coeur du Maroc", affirme-t-il. "Nous devons nous montrer vigilants et méfiants afin de déjouer leurs tentatives et de protéger notre projet démocratique sociétal".
http://magharebia.com/fr/articles/awi/features/2013/09/16/feature-01
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire