Erdogan crée des complications internationales pour la Turquie.
Alors que le Premier Ministre Tayyip Erdogan use de sa rhétorique anti-israélienne pour renforcer la stature de la Turquie en tant que nouvelle grande puissance dans le monde arabe, sa politique néo-ottomane déclenche une réaction parmi d’autres pays qui pourrait lui causer de sérieux problèmes dans la période à venir…
Alors que le Premier Ministre Tayyip Erdogan use de sa rhétorique anti-israélienne pour renforcer la stature de la Turquie en tant que nouvelle grande puissance dans le monde arabe, sa politique néo-ottomane déclenche une réaction parmi d’autres pays qui pourrait lui causer de sérieux problèmes dans la période à venir. Erdogan ne s’est pas contenté d’user d’une rhétorique agressive contre Israël. Au cours des quelques dernières semaines, le gouvernement turc a aussi menacé Chypre parce qu’elle développe ses ressources de gaz sous-marines en Méditerranée. Cela a eu pour résultat que la Russie a surgi du bois pour neutraliser l’attitude turque.
Chypre vient juste de signer un accord avec la compagnie Noble Energy base au Texas, qui est, également, partenaire dans le développement des champs gaziers maritimes israéliens. Le Ministre turc des relations avec l’Union Européenne, Egemen Bağış a fait savoir que la marine turque pourrait intervenir, si la Chypre Grecque ne suspendait pas son projet. Il a affirmé : « C’est ce pour quoi une marine est faire ». Conséquence, le Ministère des Affaires étrangères russe a publiquement appuyé le droit de Chypre à développer son gaz méditerranéen. Chypre, en retour, a décrit la Russie comme « un bouclier contre toute menace venue de Turquie ».
Vendredi dernier, le célèbre quotidien russe, la Pravda, a publié un article intitulé : « La Turquie veut ressusciter l’Empire Ottoman ». L’article passe en revue la façon dont la Turquie a bâti son influence au cours des dernières années, avec les Musulmans en Bosnie, ce qui constitue un point sensible pour Moscou, l’allié traditionnel des Serbes. L’article met également en garde sur le fait que la Turquie faisait subir un processus de « rassemblement de forces » dans le but de revendiquer des territoires qu’elle a perdu au moment de l’effondrement de l’Empire ottoman. Il prédit une activité turque croissante dans le Caucase et en Crimée, « qui ne peut qu’inquiéter la Russie ».
La politique turque dans les Balkans a aussi fait froncer les sourcils parmi un certain nombre d’Etats, dans les dernières années. Au cours d’une visite à Sarajevo, en 2001, le Ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu avait déclaré : « les siècles de présence ottomane dans les Balkans, ont été des réussites (success stories).Personnellement ce n'est ce que l'on m'a dit en Ex Yougoslavie et au Liban. Aujourd’hui, nous devons réinventer tout cela. Il a aussi beaucoup parlé des Balkans, du Caucase et du Moyen-Orient, comme sphères d’influence turque, qui vivaient bien mieux sous l’Empire turc qu’elles ne se trouvent aujourd’hui. Le Caucase, forme, bien évidemment, une partie de la Russie, ce qui porte cette nouvelle politique turque vers un potentiel affrontement direct avec Moscou, dans l’avenir.
D’où peut bien provenir cette préoccupation russe d’une renaissance de la puissance turque ? Y a-t-il des liens si spéciaux entre la Russie et Chypre qui puisse pousser Moscou à se comporter comme son défenseur ? En se penchant vers des perspectives historiques, beaucoup ont oublié que la Russe a été en guerre avec l’Empire ottoman durant des siècles. En 1774, les Russes se sont, pour la première fois, emparés de territoires peuplés de musulmans sous la domination de l’Empire ottoman, lorsqu’ils ont pris le contrôle de la Crimée et signé un traité de paix à Küçük Kaynarca, par lequel la Russie se proclamait protectrice de tous les Chrétiens grecs orthodoxes – y compris ceux de Grèce et de Chypre.
Durant la 1ère Guerre Mondiale, l’armée russe a envahi ce qui correspond, aujourd’hui, à l’Est de la Turquie, alors qu’après le Seconde Guerre Mondiale, la Russie revendiquait les détroits turcs en Méditerranée, et qu’elle n’a observe de retenue qu’à cause des Etats-Unis, au début de la Guerre Froide. Pour faire court, la Russie et la Turquie sont de vieux rivaux. Ce qu’Erdogan et ses ministres ont réussi à faire, c’est de réveiller un ours russe endormi, en ranimant les préoccupations historiques de Moscou à l’encontre d’une Turquie atavique ayant l’ambition de restaurer ses anciennes aires d’influence.
En observant le Moyen-Orient du point de vue des avantages de Moscou, une Turquie dotée d’une politique étrangère islamiste pose un plus grave problème à la Russie que l’Iran. A travers la plus grande partie de la Russie, la majorité des peuples qui y vivent parlent des dialectes dérivés de la langue turque. Parce qu’ils des musulmans sunnites, ils sont plus ouverts à des organisations sunnites basées en Turquie qu’à des groupes chi’ites opérant au nom de l’Iran. La Turquie laïque combattait les groupes islamistes ; au contraire, la Turquie d’Erdogan les soutient, y compris des organisations comme l’IHH, qui est responsable de la violence sur le navire amiral de la flottille pour Gaza, le Mavi Marmara. Selon un reportage de juillet 2010, dans le New York Times, beaucoup des membres de l’IHH à bord faisaient partie du Parti dirigeant de l’AKP d’Erdogan.
Les Russes ont probablement remarqué que l’un des agents de l’IHH sur le Marmara, Erdinç Tekir, avait participé à une attaque terroriste, en 1996, sur un ferry russe de la Mer Noire, dont l’objectif était d’obtenir la libération de terroristes tchétchènes emprisonnés en Russie. De plus, les fondateurs de l’IHH se sont portés volontaires au sein de la Brigade des Moudjahidin qui a combattu les alliés serbes de la Russie, durant la guerre en Bosnie. Des gouvernements turcs précédents ont saisi des documents de l’IHH qui montrent que ses membres allaient combattre en Afghanistan, Bosnie et Tchétchénie. Le dirigeant de l’IHH, Bulent Yildirim, a adressé un discours en octobre 2010, attaquant la Russie, autant que d’autres grandes puissances pour avoir tué des musulmans.
La Russie n’est pas sur le point de partir en guerre contre la Turquie. Et Israël préfère encore que ses anciennes relations avec la Turquie puisse être restaurées dans l’avenir. Mais, en même temps, Israël devrait être alerté du fait qu’il n’est pas le seul Etat ayant des problèmes avec la Turquie, ces derniers temps. Erdogan et son ministre des affaires étrangères visitent les anciens territoires ottomans et, plutôt que d’agir selon les règles subtiles de la diplomatie qu’un Etat ambitieux devrait suivre, la Turquie se conduit comme un « éléphant dans un magasin de porcelaine chinoise », après beaucoup de ces visites. La semaine passée, Ankara a menacé l’Union Européenne si elle offrait la Présidence tournante de l’UNE en 2012. La leçon, c’est que les politiques internationales au Moyen-Orient changent de façon dramatique, et Israël devra gérer avec parcimonie qui est l’allié de qui dans l’Est de la Méditerranée, dans les années à venir.
dore-gold Israel Hayom, 23 septembre 2011 Par Dore Gold, adapté par Marc Brzustowski
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