Les Syriens devraient tenter de résoudre rapidement les tensions croissantes entre les manifestants et les forces du gouvernement afin d’éviter la guerre civile et la souffrance humaine à grande échelle qu’elle risque d’entraîner, a averti un haut fonctionnaire des Nations Unies.
« Ce n’est pas encore la guerre civile, mais c’est ce qui nous attend si rien n’est fait », a dit Ismail Ould Cheikh Ahmed, coordonnateur humanitaire des Nations Unies en Syrie. « En mars dernier, je jugeais très peu probable qu’une guerre civile éclate. Aujourd’hui toutefois, c’est une possibilité qu’il faut envisager sérieusement ».
La récente vague de protestation en faveur d’une plus grande liberté politique qui a balayé le monde arabe n’a pas épargné la Syrie. Les manifestants syriens ont cependant fait l’objet d’une violente répression menée par l’armée et les services de sécurité syriens. Selon le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, l’armée et les services de sécurité syriens ont tué au moins 2 700 personnes ; les activistes et les groupes de défense des droits de l’homme estiment plutôt ce chiffre à 5 300. D’après le gouvernement syrien, de nombreuses victimes appartenaient aux forces de sécurité, et le bilan d’Al Jazeera s’élève à 700 victimes.
« Nous sommes dans l’impasse », a dit M. Ould Cheikh Ahmed. « La situation actuelle est très difficile : si ça continue comme ça, il n’y aura plus de lumière au bout du tunnel », a-t-il ajouté, citant comme problèmes l’« usage excessif de la force » par le gouvernement ; le refus de négocier de certaines franges de l’opposition ; et la violence accrue dans des endroits comme Homs.
S’il n’y avait pas encore de véritable crise humanitaire en Syrie, selon M. Ould Cheikh Ahmed, il existait pourtant « des poches de besoins », en particulier dans certains groupes qui étaient déjà vulnérables avant le début de la crise actuelle. On peut notamment penser aux fermiers qui souffrent de la sécheresse depuis 2007 et aux réfugiés palestiniens, parmi lesquels 60 000 vivent sous le seuil de pauvreté.
« S’il ne s’agit pas encore d’une grave crise humanitaire, on s’attend à ce que la situation se dégrade au cours des prochaines semaines », a-t-il dit à IRIN par téléphone depuis Damas, la capitale syrienne.
Déplacements
Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées à l’intérieur de leur propre pays pendant le conflit, même si ce n’était souvent que pour de courtes périodes. Lorsque les habitants savent qu’une opération militaire sera menée dans leur région, ils font leurs valises, partent pour quelques jours et reviennent lorsque c’est terminé.
« Ces gens ne s’installent pas dans des camps ou sur des terrains découverts où l’on peut les voir, les compter et leur offrir de l’aide », a dit M. Ould Cheikh Ahmed. « Ils vont habiter chez des parents et deviennent difficiles à identifier », faisant du même coup peser un fardeau sur les communautés d’accueil.
Dans les régions d’Idlib et de Jisr al-Shughour, jusqu’à 50 000 personnes ont dû fuir, a-t-il ajouté. Ils sont entrés en Turquie, ont campé dans des régions montagneuses ou ont été hébergés ailleurs par des membres de leur famille. Nombre d’entre eux sont maintenant rentrés chez eux.
Selon le gouvernement turc, 18 439 Syriens ont traversé la frontière pour se rendre dans les camps de la province turque de Hatay depuis le début du soulèvement. Après plusieurs retours volontaires, ils sont maintenant 7 553, mais leur nombre ne cesse de varier en fonction des opérations militaires menées dans la région. Depuis le mois de mars, 522 Syriens ont fui en Jordanie. Le gouvernement libanais a par ailleurs indiqué que plus de 6 500 Syriens s’étaient réfugiés dans des villages du nord du Liban. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Beyrouth, nombre d’entre eux sont rentrés chez eux depuis et ils sont maintenant 3 580. À leur arrivée, certains étaient blessés et ont rapporté qu’on leur avait tiré dessus alors qu’ils tentaient de fuir la Syrie, a indiqué l’agence dans une mise à jour effectuée en mai-juin.
Au Liban, la plupart des Syriens déplacés sont accueillis par les communautés locales, « mais la pression sur la communauté locale est forte et la situation ne peut durer sans le soutien adéquat de la communauté internationale », a indiqué le HCR.
« Ce n’est pas encore la guerre civile, mais c’est ce qui nous attend si rien n’est fait », a dit Ismail Ould Cheikh Ahmed, coordonnateur humanitaire des Nations Unies en Syrie. « En mars dernier, je jugeais très peu probable qu’une guerre civile éclate. Aujourd’hui toutefois, c’est une possibilité qu’il faut envisager sérieusement ».
La récente vague de protestation en faveur d’une plus grande liberté politique qui a balayé le monde arabe n’a pas épargné la Syrie. Les manifestants syriens ont cependant fait l’objet d’une violente répression menée par l’armée et les services de sécurité syriens. Selon le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, l’armée et les services de sécurité syriens ont tué au moins 2 700 personnes ; les activistes et les groupes de défense des droits de l’homme estiment plutôt ce chiffre à 5 300. D’après le gouvernement syrien, de nombreuses victimes appartenaient aux forces de sécurité, et le bilan d’Al Jazeera s’élève à 700 victimes.
« Nous sommes dans l’impasse », a dit M. Ould Cheikh Ahmed. « La situation actuelle est très difficile : si ça continue comme ça, il n’y aura plus de lumière au bout du tunnel », a-t-il ajouté, citant comme problèmes l’« usage excessif de la force » par le gouvernement ; le refus de négocier de certaines franges de l’opposition ; et la violence accrue dans des endroits comme Homs.
S’il n’y avait pas encore de véritable crise humanitaire en Syrie, selon M. Ould Cheikh Ahmed, il existait pourtant « des poches de besoins », en particulier dans certains groupes qui étaient déjà vulnérables avant le début de la crise actuelle. On peut notamment penser aux fermiers qui souffrent de la sécheresse depuis 2007 et aux réfugiés palestiniens, parmi lesquels 60 000 vivent sous le seuil de pauvreté.
« S’il ne s’agit pas encore d’une grave crise humanitaire, on s’attend à ce que la situation se dégrade au cours des prochaines semaines », a-t-il dit à IRIN par téléphone depuis Damas, la capitale syrienne.
Déplacements
Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées à l’intérieur de leur propre pays pendant le conflit, même si ce n’était souvent que pour de courtes périodes. Lorsque les habitants savent qu’une opération militaire sera menée dans leur région, ils font leurs valises, partent pour quelques jours et reviennent lorsque c’est terminé.
« Ces gens ne s’installent pas dans des camps ou sur des terrains découverts où l’on peut les voir, les compter et leur offrir de l’aide », a dit M. Ould Cheikh Ahmed. « Ils vont habiter chez des parents et deviennent difficiles à identifier », faisant du même coup peser un fardeau sur les communautés d’accueil.
Dans les régions d’Idlib et de Jisr al-Shughour, jusqu’à 50 000 personnes ont dû fuir, a-t-il ajouté. Ils sont entrés en Turquie, ont campé dans des régions montagneuses ou ont été hébergés ailleurs par des membres de leur famille. Nombre d’entre eux sont maintenant rentrés chez eux.
Selon le gouvernement turc, 18 439 Syriens ont traversé la frontière pour se rendre dans les camps de la province turque de Hatay depuis le début du soulèvement. Après plusieurs retours volontaires, ils sont maintenant 7 553, mais leur nombre ne cesse de varier en fonction des opérations militaires menées dans la région. Depuis le mois de mars, 522 Syriens ont fui en Jordanie. Le gouvernement libanais a par ailleurs indiqué que plus de 6 500 Syriens s’étaient réfugiés dans des villages du nord du Liban. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Beyrouth, nombre d’entre eux sont rentrés chez eux depuis et ils sont maintenant 3 580. À leur arrivée, certains étaient blessés et ont rapporté qu’on leur avait tiré dessus alors qu’ils tentaient de fuir la Syrie, a indiqué l’agence dans une mise à jour effectuée en mai-juin.
Au Liban, la plupart des Syriens déplacés sont accueillis par les communautés locales, « mais la pression sur la communauté locale est forte et la situation ne peut durer sans le soutien adéquat de la communauté internationale », a indiqué le HCR.
Accès aux soins de santé
« À Mouadamiya [une banlieue de Damas], nous avons vu une manifestation de femmes qui se plaignaient que la plupart des hommes du coin – les pourvoyeurs – avaient été tués ou arrêtés », a dit M. Ould Cheikh Ahmed. « S’il nous est impossible de confirmer ou d’infirmer cette information, ce qui est certain toutefois, c’est que la protection des civils est la préoccupation la plus urgente actuellement en Syrie » |
Et il y a d’autres problèmes. Pendant les opérations militaires, l’eau, l’électricité et les communications peuvent être coupés pendant plusieurs jours consécutifs. Il n’y a parfois plus de farine dans les commerces. Selon les Nations Unies, l’armée a pris le contrôle de certaines écoles pour s’en servir comme baraques pour ses hommes.
Les activistes évoquent également le manque d’accès aux soins de santé.
« Les révolutionnaires n’amènent pas les blessés dans les hôpitaux parce que les [services de] sécurité viennent les y chercher pour les mettre en prison », a dit à IRIN Omar Idliby, un activiste syrien qui a fui au Liban.
Human Rights Watch (HRW) a documenté l’un de ces cas il y a deux semaines lorsque les forces de sécurité ont sorti de force 18 opposants blessés d’un hôpital de Homs.
D’après Mousab Azzawi, de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé au Royaume-Uni, 69 médecins ont été arrêtés pour avoir tenté de soigner des blessés dans la rue ou dans la clinique ou l’hôpital privé où ils travaillaient. Certains habitants ont donc mis sur pied de petits hôpitaux improvisés chez eux, a dit M. Idliby. « Parmi ceux qui sont morts, plusieurs n’ont pas survécu parce qu’ils n’ont pas pu être transportés à l’hôpital », a-t-il ajouté.
Le personnel médical volontaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a été pris pour cible à plusieurs reprises depuis le début du soulèvement. Le 15 septembre, un volontaire est décédé lorsque l’ambulance à bord de laquelle il se trouvait a été prise dans un échange de tirs pendant l’évacuation d’un blessé vers un hôpital de Homs – un incident qualifié de « totalement inacceptable » par le CICR.
Selon Human Rights Watch, les forces de sécurité ont parfois empêché le personnel médical syrien de venir en aide aux blessés.
Moyens de subsistance
La crise a également ébranlé l’économie syrienne. Les sanctions imposées par les États-Unis et l’Europe ont affecté les transactions bancaires et cela s’en ressent dans la rue. D’après certaines informations, les institutions bancaires internationales ont cessé d’accepter les paiements en dollars américains des marchands syriens.
Le secteur du tourisme a lui aussi été durement touché. La production de pétrole, l’une des principales sources de devises étrangères, a chuté et plusieurs projets d’investissement ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre.
Si le gouvernement a adopté plusieurs mesures économiques dans le but d’atténuer l’impact de la crise – il aurait notamment réduit le prix du carburant, augmenté les salaires des fonctionnaires et le salaire minimum, promis de créer plus d’emplois, diminué l’impôt sur le revenu et les taxes sur certaines denrées alimentaires et donné de l’argent aux familles pauvres –, il est encore impossible de déterminer si celles-ci ont eu l’effet escompté.
Des milliers d’agriculteurs de subsistance qui avaient dû quitter leur campagne pour aller travailler dans des villes comme Dera’a ont été contraints de retourner chez eux à cause de l’insécurité ambiante et ont perdu leur emploi. D’autres sont incapables de récolter à cause de l’agitation sociale. Il est difficile de se procurer de quoi nourrir le bétail et les prix des denrées alimentaires augmentent.
« À Mouadamiya [une banlieue de Damas], nous avons vu une manifestation de femmes qui se plaignaient que la plupart des hommes du coin – les pourvoyeurs – avaient été tués ou arrêtés », a dit M. Ould Cheikh Ahmed. « S’il nous est impossible de confirmer ou d’infirmer cette information, ce qui est certain toutefois, c’est que la protection des civils est la préoccupation la plus urgente actuellement en Syrie ».
Les manifestants ont demandé la présence d’observateurs internationaux pour contribuer à la protection des civils, mais jusqu’à présent, la majorité s’est opposée à toute intervention militaire étrangère. Selon International Crisis Group (ICG), une organisation non gouvernementale (ONG) basée à Bruxelles, le résultat d’une telle intervention serait « incontestablement désastreux ».
Une révolution militarisée ?
Les activistes disent avoir de la difficulté à préserver la nature pacifique des manifestations. En août, les comités locaux de coordination (Local Coordination Committees, LCC), composés de jeunes activistes, ont publié une déclaration appelant leurs compatriotes syriens à ne pas prendre les armes.
« Bien que nous comprenions ce qui peut pousser la population à prendre les armes ou à demander une intervention militaire, nous rejetons de toutes nos forces cette position, qui nous semble politiquement, nationalement et moralement inacceptable », indiquent les activistes des LCC dans leur déclaration. « La militarisation de la révolution réduira le soutien et la participation dont elle bénéficie de la part du peuple ».
Mais depuis la victoire des rebelles libyens et la chute de Mouammar Kadhafi, de nombreux Syriens considèrent sérieusement cette option et exercent même des pressions en ce sens.
L’ex-premier lieutenant Muhamad Abdelaziz Tlass, qui faisait partie du 5e bataillon des forces spéciales, a déserté l’armée pour rejoindre l’opposition. Il a dit à Al Jazeera : « Il est temps d’armer les révolutionnaires, surtout après ce qui s’est passé en Libye. Six mois sans résultats, et le nombre de morts... »
« En fin de compte, nous ne pouvons pas être libres sans armes », a dit à l’agence de presse un autre leader de l’opposition dans une banlieue de Damas.
Les analystes estiment qu’une partie importante de l’opposition est déjà armée.
« La majeure partie des manifestants militent en faveur de la liberté et de la démocratie. Mais parmi tous les opposants au régime, il y a des gens qui souhaitent maintenant s’engager dans une action militaire. Et ils ont commencé à le faire », a dit à IRIN un travailleur humanitaire à Damas. « C’est une combinaison de toutes sortes de gens », a-t-il ajouté, et notamment de membres de bandes criminelles qui se livrent à certains trafics, de « terroristes » affiliés à des groupes religieux qui viennent de l’extérieur du pays et d’individus qui ont des comptes à régler avec l’armée et les forces de sécurité.
Les activistes évoquent également le manque d’accès aux soins de santé.
« Les révolutionnaires n’amènent pas les blessés dans les hôpitaux parce que les [services de] sécurité viennent les y chercher pour les mettre en prison », a dit à IRIN Omar Idliby, un activiste syrien qui a fui au Liban.
Human Rights Watch (HRW) a documenté l’un de ces cas il y a deux semaines lorsque les forces de sécurité ont sorti de force 18 opposants blessés d’un hôpital de Homs.
D’après Mousab Azzawi, de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé au Royaume-Uni, 69 médecins ont été arrêtés pour avoir tenté de soigner des blessés dans la rue ou dans la clinique ou l’hôpital privé où ils travaillaient. Certains habitants ont donc mis sur pied de petits hôpitaux improvisés chez eux, a dit M. Idliby. « Parmi ceux qui sont morts, plusieurs n’ont pas survécu parce qu’ils n’ont pas pu être transportés à l’hôpital », a-t-il ajouté.
Le personnel médical volontaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a été pris pour cible à plusieurs reprises depuis le début du soulèvement. Le 15 septembre, un volontaire est décédé lorsque l’ambulance à bord de laquelle il se trouvait a été prise dans un échange de tirs pendant l’évacuation d’un blessé vers un hôpital de Homs – un incident qualifié de « totalement inacceptable » par le CICR.
Selon Human Rights Watch, les forces de sécurité ont parfois empêché le personnel médical syrien de venir en aide aux blessés.
Moyens de subsistance
La crise a également ébranlé l’économie syrienne. Les sanctions imposées par les États-Unis et l’Europe ont affecté les transactions bancaires et cela s’en ressent dans la rue. D’après certaines informations, les institutions bancaires internationales ont cessé d’accepter les paiements en dollars américains des marchands syriens.
Le secteur du tourisme a lui aussi été durement touché. La production de pétrole, l’une des principales sources de devises étrangères, a chuté et plusieurs projets d’investissement ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre.
Si le gouvernement a adopté plusieurs mesures économiques dans le but d’atténuer l’impact de la crise – il aurait notamment réduit le prix du carburant, augmenté les salaires des fonctionnaires et le salaire minimum, promis de créer plus d’emplois, diminué l’impôt sur le revenu et les taxes sur certaines denrées alimentaires et donné de l’argent aux familles pauvres –, il est encore impossible de déterminer si celles-ci ont eu l’effet escompté.
Des milliers d’agriculteurs de subsistance qui avaient dû quitter leur campagne pour aller travailler dans des villes comme Dera’a ont été contraints de retourner chez eux à cause de l’insécurité ambiante et ont perdu leur emploi. D’autres sont incapables de récolter à cause de l’agitation sociale. Il est difficile de se procurer de quoi nourrir le bétail et les prix des denrées alimentaires augmentent.
« À Mouadamiya [une banlieue de Damas], nous avons vu une manifestation de femmes qui se plaignaient que la plupart des hommes du coin – les pourvoyeurs – avaient été tués ou arrêtés », a dit M. Ould Cheikh Ahmed. « S’il nous est impossible de confirmer ou d’infirmer cette information, ce qui est certain toutefois, c’est que la protection des civils est la préoccupation la plus urgente actuellement en Syrie ».
Les manifestants ont demandé la présence d’observateurs internationaux pour contribuer à la protection des civils, mais jusqu’à présent, la majorité s’est opposée à toute intervention militaire étrangère. Selon International Crisis Group (ICG), une organisation non gouvernementale (ONG) basée à Bruxelles, le résultat d’une telle intervention serait « incontestablement désastreux ».
Une révolution militarisée ?
Les activistes disent avoir de la difficulté à préserver la nature pacifique des manifestations. En août, les comités locaux de coordination (Local Coordination Committees, LCC), composés de jeunes activistes, ont publié une déclaration appelant leurs compatriotes syriens à ne pas prendre les armes.
« Bien que nous comprenions ce qui peut pousser la population à prendre les armes ou à demander une intervention militaire, nous rejetons de toutes nos forces cette position, qui nous semble politiquement, nationalement et moralement inacceptable », indiquent les activistes des LCC dans leur déclaration. « La militarisation de la révolution réduira le soutien et la participation dont elle bénéficie de la part du peuple ».
Mais depuis la victoire des rebelles libyens et la chute de Mouammar Kadhafi, de nombreux Syriens considèrent sérieusement cette option et exercent même des pressions en ce sens.
L’ex-premier lieutenant Muhamad Abdelaziz Tlass, qui faisait partie du 5e bataillon des forces spéciales, a déserté l’armée pour rejoindre l’opposition. Il a dit à Al Jazeera : « Il est temps d’armer les révolutionnaires, surtout après ce qui s’est passé en Libye. Six mois sans résultats, et le nombre de morts... »
« En fin de compte, nous ne pouvons pas être libres sans armes », a dit à l’agence de presse un autre leader de l’opposition dans une banlieue de Damas.
Les analystes estiment qu’une partie importante de l’opposition est déjà armée.
« La majeure partie des manifestants militent en faveur de la liberté et de la démocratie. Mais parmi tous les opposants au régime, il y a des gens qui souhaitent maintenant s’engager dans une action militaire. Et ils ont commencé à le faire », a dit à IRIN un travailleur humanitaire à Damas. « C’est une combinaison de toutes sortes de gens », a-t-il ajouté, et notamment de membres de bandes criminelles qui se livrent à certains trafics, de « terroristes » affiliés à des groupes religieux qui viennent de l’extérieur du pays et d’individus qui ont des comptes à régler avec l’armée et les forces de sécurité.
« Il n’y a pas de bons ou de méchants », a précisé le travailleur humanitaire. « Les deux côtés sont très difficiles [et] tentent de prendre le contrôle ».
D’après certains activistes, les soldats qui sont morts ont été abattus par les forces de sécurité parce qu’ils refusaient de tirer sur les manifestants, et non pas par des bandes armées comme le prétend le gouvernement.
Les soldats qui ont déserté ont emporté avec eux une quantité d’armes très limitée, mais « il y a déjà beaucoup d’armes en circulation en Syrie », a dit à IRIN Jubin Goodarzi, qui enseigne les relations internationales à l’université Webster, à Genève. « Les gens en ont à la maison et certains les ont utilisées lors des affrontements avec les forces du gouvernement ».
« Il y a peut-être une partie de la crise qui est spontanée, mais le régime a beaucoup d’ennemis à l’intérieur et à l’extérieur du pays », a-t-il ajouté. « Je ne serais pas surpris que certains de ses ennemis – au Liban, en Israël, aux États-Unis – tentent de tirer profit de la situation ». L’Iran, en revanche, a fait « tout ce qui était en son pouvoir » pour soutenir le gouvernement de Bachar Al-Assad en lui fournissant notamment des tenues antiémeutes ou des conseils sur la surveillance d’Internet.
D’après Khair El-Din Haseeb, président du comité exécutif du Centre d’études de l’unité arabe, basé à Beyrouth, certaines franges de l’opposition armée viennent du Liban et de la Turquie. « Il y a des pays à l’extérieur de la Syrie qui ont intérêt à affaiblir le régime syrien », a-t-il dit à IRIN.
Tensions sectaires
Au niveau national, l’escalade des tensions sectaires accroît le risque de guerre civile. M. Al-Assad et la majeure partie des membres des services de sécurité responsables de la répression appartiennent à la minorité alaouite, alors que la majorité des habitants (et des manifestants) sont sunnites.
« C’est déjà une perspective effrayante », a dit Timur Goksel, qui a travaillé pendant de nombreuses années comme conseiller en chef de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et qui donne maintenant un cours sur le conflit au Moyen-Orient à l’université américaine de Beyrouth.
Même les alaouites qui n’aimaient pas particulièrement Bachar Al-Assad sont de plus en plus nombreux à soutenir le gouvernement, a-t-il ajouté. « Ils disent : ‘Si les sunnites prennent le pouvoir, ils vont tous nous éliminer’. Ils les voient comme une menace pour leur communauté », a dit M. Goksel à IRIN.
En dépit de la polarisation accrue du conflit, les manifestants disent être tout à fait conscients que vu la position stratégique de la Syrie dans la région, les enjeux y sont beaucoup plus importants que dans d’autres pays, comme la Libye, qui ont aussi été secoués par des conflits au cours des derniers mois.
« Si la guerre civile éclate, toute la région risque de s’enflammer », a dit M. Azzawi, de l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
D’après certains activistes, les soldats qui sont morts ont été abattus par les forces de sécurité parce qu’ils refusaient de tirer sur les manifestants, et non pas par des bandes armées comme le prétend le gouvernement.
Les soldats qui ont déserté ont emporté avec eux une quantité d’armes très limitée, mais « il y a déjà beaucoup d’armes en circulation en Syrie », a dit à IRIN Jubin Goodarzi, qui enseigne les relations internationales à l’université Webster, à Genève. « Les gens en ont à la maison et certains les ont utilisées lors des affrontements avec les forces du gouvernement ».
« Il y a peut-être une partie de la crise qui est spontanée, mais le régime a beaucoup d’ennemis à l’intérieur et à l’extérieur du pays », a-t-il ajouté. « Je ne serais pas surpris que certains de ses ennemis – au Liban, en Israël, aux États-Unis – tentent de tirer profit de la situation ». L’Iran, en revanche, a fait « tout ce qui était en son pouvoir » pour soutenir le gouvernement de Bachar Al-Assad en lui fournissant notamment des tenues antiémeutes ou des conseils sur la surveillance d’Internet.
D’après Khair El-Din Haseeb, président du comité exécutif du Centre d’études de l’unité arabe, basé à Beyrouth, certaines franges de l’opposition armée viennent du Liban et de la Turquie. « Il y a des pays à l’extérieur de la Syrie qui ont intérêt à affaiblir le régime syrien », a-t-il dit à IRIN.
Tensions sectaires
Au niveau national, l’escalade des tensions sectaires accroît le risque de guerre civile. M. Al-Assad et la majeure partie des membres des services de sécurité responsables de la répression appartiennent à la minorité alaouite, alors que la majorité des habitants (et des manifestants) sont sunnites.
« C’est déjà une perspective effrayante », a dit Timur Goksel, qui a travaillé pendant de nombreuses années comme conseiller en chef de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et qui donne maintenant un cours sur le conflit au Moyen-Orient à l’université américaine de Beyrouth.
Même les alaouites qui n’aimaient pas particulièrement Bachar Al-Assad sont de plus en plus nombreux à soutenir le gouvernement, a-t-il ajouté. « Ils disent : ‘Si les sunnites prennent le pouvoir, ils vont tous nous éliminer’. Ils les voient comme une menace pour leur communauté », a dit M. Goksel à IRIN.
En dépit de la polarisation accrue du conflit, les manifestants disent être tout à fait conscients que vu la position stratégique de la Syrie dans la région, les enjeux y sont beaucoup plus importants que dans d’autres pays, comme la Libye, qui ont aussi été secoués par des conflits au cours des derniers mois.
« Si la guerre civile éclate, toute la région risque de s’enflammer », a dit M. Azzawi, de l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Source : IRIN
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