Décryptage de Bernard K.

Liban : les ressortissants étrangers seraient en ligne de mire. Des prises d’otages auraient été déjouées

Les ravisseurs des Estoniens préparaient de nouveaux enlèvements

mardi 20 septembre 2011 - 19h08, par Bernard K. (Rome)

Selon plusieurs sources libanaises, « les sept touristes Estoniens, pris en otage en mars derniers et détenus pendant plusieurs semaines en territoire syrien, avaient été pris pour des Français et enlevés à ce titre. Ce qui avait poussé les Services français à s’impliquer dans les négociations pour les libérer ». La nuit dernière, deux des ravisseurs ont été abattus alors qu’ils préparaient d’autres enlèvements d’étrangers, selon le ministre libanais de l’Intérieur.

Quelques heures après l’accrochage survenu la nuit dernière dans le sud-ouest de la Békaa libanaise entre une patrouille de Forces de Sécurité Intérieure (FSI) et deux des ravisseurs présumés des Estoniens, le ministre de l’Intérieur, le général Marwan Charbel, a félicité les FSI et l’armée libanaise. Charbel a implicitement reconnu que « les deux individus, avec la complicité d’autres personnes à Ersal, préparaient d’autres enlèvements dans le but de monnayer de nouvelles rançons ». Le ministre a également admis, ce mardi, que « la libération des Estoniens avait donné lieu à un versement d’une importante rançon », contrairement à ses propos tenus le jour de la libération des otages, le 14 juillet dernier, quand il avait déclaré « ne pas être au courant d’une demande de rançon » (NDLR : Ersal est un village situé au nord de la Békaa, proche de la frontière syrienne, devenu une plaque tournante de tous les trafics protégés par le Hezbollah).

A peine l’affaire des otages Estoniens réglée, des sources libanaises dignes de foi ont fait part de leurs craintes de voir se multiplier les actes terroristes contre les unités européennes de la FINUL, au Sud-Liban (Françaises, Italiennes, Espagnoles notamment). Les attentats qui ont visé les trois nationalités citées, ces derniers mois, visaient selon les mêmes sources « à accentuer les pressions sur Paris, Rome et Madrid, et à les pousser à composer avec la Syrie et le Hezbollah ». Jusqu’en mars dernier, le principal souci de Damas, reconnu par l’un de ses portes-paroles au Liban, Wiäm Wahhab, fut le Tribunal international pour le Liban. Le régime syrien cherchait à monnayer son immunité et à éviter la justice. Mais depuis le 15 mars et l’éclatement de la révolte populaire syrienne, caractérisée par une violente répression et des crimes contre l’humanité, le principal objectif de Damas devient la neutralisation des Européens par la menace. Damas voudrait ainsi empêcher l’Occident de saisir la Cour Pénale Internationale et bénéficier d’un temps supplémentaire afin de venir à bout de la révolte.

C’est dans ce cadre qu’il convient d’interpréter les propos du ministre libanais de l’Intérieur, qui a admis ce mardi que « les deux individus tués la nuit dernière préparaient d’autres enlèvements d’étrangers au Liban ». Si les Européens et les binationaux sont particulièrement menacés, les Américains envisageraient l’évacuation discrète de leurs ressortissants du pays du Cèdre. D’autant plus que des informations non-encore confirmées ont fait état, ces derniers jours, « d’actes belliqueux enregistrés à Beyrouth et dans ses banlieues contre des intérêts occidentaux ».

Bernard K.(Rome)

Source : Mediarabe.info