Benyamin Nétanyahou estime qu'il reste peu de temps pour stopper le programme nucléaire de Téhéran. Mais l'aviation israélienne peut-elle réussir, seule, un raid aussi lointain ?
(Je republie ici , en version complète, l'article paru ce matin sur les éditions papier d'Ouest-France)
Israël est-il sur le point de bombarder l'Iran ?
Pour nombre de médias israéliens, la question n'est plus « si » mais « quand ». Le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et son ministre de la Défense, Ehoud Barak, estiment qu'Israël doit par tous les moyens stopper le programme nucléaire de l'Iran, afin d'« empêcher une nouvelle Shoah ». Et qu'il faut faire vite. Car Téhéran enterre de plus en plus profondément ses ateliers nucléaires, pour les mettre à l'abri des bombes anti-bunkers. L'usine d'enrichissement d'uranium de Fordo (centre) a été creusée sous une montagne.
Mais il n'est pas sûr que Nétanyahou soit majoritaire parmi les 14 membres du cabinet de sécurité, auxquels il a imposé le silence. Pas acquis non plus que l'armée y soit prête : l'ex-chef de l'état-major, Gaby Ashkenazi, refusait d'agir sans feu vert ni soutien des États-Unis.
Mais il n'est pas sûr que Nétanyahou soit majoritaire parmi les 14 membres du cabinet de sécurité, auxquels il a imposé le silence. Pas acquis non plus que l'armée y soit prête : l'ex-chef de l'état-major, Gaby Ashkenazi, refusait d'agir sans feu vert ni soutien des États-Unis.
L'Iran fabrique-t-il vraiment une bombe atomique ?
Téhéran le nie. Ses travaux nucléaires, révélés en 2002 par des opposants, viseraient à la production d'électricité.
Pour les Occidentaux, c'est un paravent derrière lequel les Gardiens de la révolution mettent au point une bombe atomique.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) n'a plus guère de doute. Dans son rapport de novembre 2011, elle affirme que l'Iran s'est procuré des plans de bombe, a mis au point des détonateurs et testé des charges de « forme hémisphérique », caractéristiques de l'arme nucléaire.
Il y a enfin l'obstination de Téhéran : plutôt que de geler l'enrichissement d'uranium, un gage de bonne volonté réclamé par l'Onu, le régime accélère le pas.
Geste de défi : mercredi, le président Ahmadinejad a chargé des plaques d'uraniummade in Iran dans un réacteur de recherche.
Pour les Occidentaux, c'est un paravent derrière lequel les Gardiens de la révolution mettent au point une bombe atomique.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) n'a plus guère de doute. Dans son rapport de novembre 2011, elle affirme que l'Iran s'est procuré des plans de bombe, a mis au point des détonateurs et testé des charges de « forme hémisphérique », caractéristiques de l'arme nucléaire.
Il y a enfin l'obstination de Téhéran : plutôt que de geler l'enrichissement d'uranium, un gage de bonne volonté réclamé par l'Onu, le régime accélère le pas.
Geste de défi : mercredi, le président Ahmadinejad a chargé des plaques d'uraniummade in Iran dans un réacteur de recherche.
Un Iran nucléaire serait-il une menace ?
Une menace de prolifération de l'arme nucléaire, assurément.
Une menace pour la paix mondiale, comme le clame Israël ? À voir.
La République islamique pourrait s'arrêter sur le « seuil », comme le Japon, capable à tout moment de se doter de la bombe.
L'Iran chiite se sent menacé : huit années de guerre avec l'Irak de Saddam Hussein (1980-1988) ; des brigades de soldats américains à ses portes depuis une décennie, en Irak et en Afghanistan ; des monarchies sunnites surarmées de l'autre côté du Golfe...
Enfin, des voisins qui ont acquis la bombe atomique au mépris des traités internationaux : le Pakistan... et Israël, qui possède au moins 80 ogives.
Téhéran voudrait une arme de dissuasion, comme la France. Une assurance-vie. La « destruction mutuelle assurée » avec Israël assurerait un équilibre de la terreur, comme entre Moscou et Washington au temps de la Guerre froide.
Reste que la rhétorique agressive de Mahmoud Ahmadinejad, qui qualifie Israël de « cancer » voué à la destruction, introduit une grosse dose d'incertitude...
Une menace pour la paix mondiale, comme le clame Israël ? À voir.
La République islamique pourrait s'arrêter sur le « seuil », comme le Japon, capable à tout moment de se doter de la bombe.
L'Iran chiite se sent menacé : huit années de guerre avec l'Irak de Saddam Hussein (1980-1988) ; des brigades de soldats américains à ses portes depuis une décennie, en Irak et en Afghanistan ; des monarchies sunnites surarmées de l'autre côté du Golfe...
Enfin, des voisins qui ont acquis la bombe atomique au mépris des traités internationaux : le Pakistan... et Israël, qui possède au moins 80 ogives.
Téhéran voudrait une arme de dissuasion, comme la France. Une assurance-vie. La « destruction mutuelle assurée » avec Israël assurerait un équilibre de la terreur, comme entre Moscou et Washington au temps de la Guerre froide.
Reste que la rhétorique agressive de Mahmoud Ahmadinejad, qui qualifie Israël de « cancer » voué à la destruction, introduit une grosse dose d'incertitude...
Quelle est la position des Occidentaux ?
Ils estiment que les opérations de sabotage ont retardé l'échéance de plusieurs années, et continuent de miser sur les sanctions pour raisonner l'Iran.
Aux quatre trains de sanctions décidés par l'Onu, Américains et Européens ont ajouté un embargo contre les banques et les exportations de pétrole, première ressource de l'Iran.
Cet empilement commence à affecter la population : le rial s'effondre, l'inflation atteint 21 % en janvier. À neuf mois de la présidentielle, Obama se porte garant de la sécurité d'Israël, mais il n'a aucune envie de tenter une nouvelle aventure militaire après l'Irak et l'Afghanistan.
Les Européens mettent en garde Israël contre le risque de déclencher un incendie régional : Téhéran, qui dispose d'au moins 200 missiles Shahab-3, pourrait arroser Israël et tous les pays survolés. Et le Hezbollah libanais faire pleuvoir ses roquettes par solidarité chiite...
Aux quatre trains de sanctions décidés par l'Onu, Américains et Européens ont ajouté un embargo contre les banques et les exportations de pétrole, première ressource de l'Iran.
Cet empilement commence à affecter la population : le rial s'effondre, l'inflation atteint 21 % en janvier. À neuf mois de la présidentielle, Obama se porte garant de la sécurité d'Israël, mais il n'a aucune envie de tenter une nouvelle aventure militaire après l'Irak et l'Afghanistan.
Les Européens mettent en garde Israël contre le risque de déclencher un incendie régional : Téhéran, qui dispose d'au moins 200 missiles Shahab-3, pourrait arroser Israël et tous les pays survolés. Et le Hezbollah libanais faire pleuvoir ses roquettes par solidarité chiite...
Les Israéliens ont-ils les moyens de frapper seuls ?
C'est l'autre grande question. Ils ont déjà effectué de tels raids, contre le réacteur irakien Osirak, en 1979, et contre une usine suspecte à Deir es-Zor, en Syrie, en 2007. Mais il s'agissait de frapper des cibles uniques.
Ils disposent d'une supériorité militaire, avec des bombardiers modernes, des moyens de brouillage dernier cri...
Survoler l'Irak n'est pas la vraie difficulté, les Américains contrôlant toujours l'espace aérien. Le principal problème est la distance, qui nécessite soit un périlleux ravitaillement en vol, soit une escale à l'aller ou au retour... Sur l'une des bases américaines du Golfe ? Sur un aéroport « ami », au Kurdistan irakien, voire en Azerbaïdjan ?
Si toutes les portes se ferment, les Israéliens pourraient, enfin, se résoudre à sacrifier quelques appareils, qu'ils précipiteraient en mer d'Oman après les raids. Resterait à repêcher leurs pilotes.
Ils disposent d'une supériorité militaire, avec des bombardiers modernes, des moyens de brouillage dernier cri...
Survoler l'Irak n'est pas la vraie difficulté, les Américains contrôlant toujours l'espace aérien. Le principal problème est la distance, qui nécessite soit un périlleux ravitaillement en vol, soit une escale à l'aller ou au retour... Sur l'une des bases américaines du Golfe ? Sur un aéroport « ami », au Kurdistan irakien, voire en Azerbaïdjan ?
Si toutes les portes se ferment, les Israéliens pourraient, enfin, se résoudre à sacrifier quelques appareils, qu'ils précipiteraient en mer d'Oman après les raids. Resterait à repêcher leurs pilotes.
Bruno Ripoche
Y aurait-il un mauvais terrorisme iranien et un bon terrorisme israélien?
Benyamin Netanyahou a vitupéré l'Iran, mardi, après des attentats visant des véhicules des ambassades israéliennes en Inde (quatre blessés) et en Géorgie.
Pour le Premier ministre israélien, Téhéran est « le plus grand exportateur de terrorisme au monde et menace l'équilibre mondial [...] La communauté internationale doit fixer des limites aux agressions de ce pays », a-t-il martelé devant la Knesset.
Ces attentats interviennent un mois après la mort, le 11 janvier à Téhéran, d'un physicien travaillant pour l'usine nucléaire de Natanz. Des motards avaient aimanté une bombe à sa voiture.
Il s'agissait du cinquième assassinat du genre à Téhéran depuis 2010. Les soupçons se portent vers les Moudjahidine du peuple, une organisation classée terroriste par Washington. Ils auraient été entraînés en Israël.
Il s'agissait du cinquième assassinat du genre à Téhéran depuis 2010. Les soupçons se portent vers les Moudjahidine du peuple, une organisation classée terroriste par Washington. Ils auraient été entraînés en Israël.
« Y a-t-il un terrorisme acceptable si c'est Israël qui le fait ? » interroge ironiquement Greg Scoblete, du site d'information américain Real Clear World. Le débat fait rage aux USA.
L'ex-ambassadeur américain en Israël, Martin Indyk, condamne « toute exécution extrajudiciaire ».À quoi Michael Rubin, de l'American Enterprise Institute, rétorque, en substance, que l'Iran serait terroriste par nature alors qu'Israël recourt aux attentats par nécessité !Commentaires
L'ex-ambassadeur américain en Israël, Martin Indyk, condamne « toute exécution extrajudiciaire ».À quoi Michael Rubin, de l'American Enterprise Institute, rétorque, en substance, que l'Iran serait terroriste par nature alors qu'Israël recourt aux attentats par nécessité !Commentaires
Il reste une, et même, plusieurs questions à se poser et à poser, peut-on amadouer le président Iranien par une autre approche politique et économique, y en a-t-il, et, le voulons-nous? Il faut également se poser la question d'un désir, non seulement de protection, mais également d'expansion d'Israel ou de certains Faucons du pays; car, il ne faut pas sous estimer l'influence des pacifistes, certes pas à n'importe quel prix, Israéliens, En effet, si nous observons de vieilles cartes, la Grande Judée, outre le territoire actuel d'Istael, incluerait le Liban, la Syrie et quelques territoires autour. La réussite serait, à mon avis improbable, tout au moins par une agression, pour le reste, notre société n'est pas encore assez évoluée pour accepter des méthodes actuellement compatibles avec la cohabitation, voire une sorte de confédération. Dans plusieurs décennies? Pourquoi pas?
Mais outre ces préoccupations politico-sociales, il ne faut pas oublier les impératifs économiques, non seulement d'Israel, mais également des USA et de nombreux autres Etats, ainsi que ceux des pays arabes ou musulmans, car les Iraniens, ne sont dans leur majorité, pas des Arabes, donc pas des Sémites. Derrière cette polarisation sur la menace atomique potentielle de l'Iran, se cache peut-être aussi, un désir économique, visant à contrôler ce pays, pour le freiner au plan du développement technologique nucléaire et autre, car l'Iran est un gros morceau dans la région, et, son développement, même s'il devait se révèler pacifique risquemait de perturber ce jeu de quilles, qui fut, de fait, anglo-saxon, avec l'appui, d'un côté, en flanc garde,
Israel, et de l'autre, l'Arabie Saoudite et les Emirats. L'enjeu est de taille, et des attaques préventives aériennes pourraient déclencher une déflagration, qui, sans aucun doute, provoquerait un effet inverse à celui recherché, c'est à dire la cohabitation et le développement de diverses cultures et le maintien de la paix. Mais, malgré tout, il nous faut observer une certaine vigilance.
Même s'ils le taisent, ceux qui l'ont, préfèrent que les autres ne l'aient pas. Parfois, ils feignent d'ignorer et le principe essentiel de la dissuasion : l'arme atomique est de non emploi. Si l'on s'en sert c'est que la dissuasion qui est d'abord politique, a échoué.
On voit assez mal l'Iran dont le principal tort est d'avoir signé (l'ancien régime impérial) le traité de non prolifération nucléaire - pas Israël, ni le Pakistan, ni l'Inde - être assez stupide pour attaquer avec une arme nucléaire un de ses voisins. Il serait immédiatement détruit et la vie y serait impossible pour des décennies, même dans l'hypothèse de frappes ciblées.
La dissuasion assure la Paix à l'unique condition qu'il ait équilibre de la terreur. Depuis des lustres, l'évidence est qu'au Moyen-Orient, il y a déséquilibre.
Et si les Etats nucléarisés de la région, en dehors des discours, étaient des alliés pour maintenir le statu quo nucléaire ?
Et si il y avait de la part de certains d'entre-eux un évident abus de position dominante certainement incompatible avec la Paix qui n'est pas l'absence de guerres ?
Et si les USA dont le Pt est Prix Nobel de la Paix, avaient d'autres questions domestiques beaucoup plus préoccupantes à traiter ?
Et si tout le monde savait très bien que les déclarations du Pt Iranien n'étaient, finalement, qu'à usage interne et si, peut-être, même dans son pays, il n'était pas tant écouté ?
Et si les comp£€x€$ mi£itaro-indu$tri€£$, bien connus pour leur pacifisme, étaient en quête d'un nouveau conflit majeur pour garnir leurs carnets de commandes ?
Et pendant ce temps, à part étaler son impuissance, que fait l'UE ?
A V