mardi 21 février 2012

Structure internationale du Hezbollah

Par Ronen Salomon 
Le 12 février 2011, les Services de renseignement grecs ont arrêté deux Libanais d’origine palestinienne soupçonnés d’avoir voulu  planifier et perpétrer un attentat terroriste.
Ce type d’arrestation n’est pas une question de routine en Grèce.
Les suspects ont été identifiés comme étant membres du « Fatah al-Islam » une organisation issue du camp de Nahr al-Bared, un camp de « réfugiés palestiniens » dans le nord du Liban.
Le quotidien italien Corriere della Sera avait noté que les deux terroristes étaient entrés clandestinement en Grèce.
Leur mission était d’infiltrer les terroristes d’une autre organisation en utilisant de faux passeports.
Qu’il y ait un lien ou non avec  cet incident, moins de deux mois plus tard, le Bureau de lutte israélien  contre le terrorisme du Premier ministre a publié un avertissement pour les Israéliens qui voyagent à l’étranger d’être particulièrement vigilants dans « les Etats du bassin Méditerranéen », comme la Grèce, Chypre, la Turquie et Malte.
Selon les rapports, le mécanisme des opérations du Hezbollah à l’étranger, est dirigé par Talal Hamia, et celui-ci prend ordre du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et du Général Kassem Suleimani, commandant de la Garde révolutionnaire »des forces al-Quds en Iran.
Les  sources israéliennes ont en outre révélé, que le mécanisme des attaques du Hezbollah à l’étranger est soutenu par un département technique très développé, dont l’ingénieur en explosif est Ali Najam al-Din.
Son associé – Malek Obeid – est un expert en  détonateurs et  assemble les appareils.
D’autres militants sont Mehmet Taharurlu un citoyen turc dont la tâche consiste à recruter des collaborateurs pour l’infrastructure terroriste que le Hezbollah a mis en place en Turquie, et un agent libanais, Naim Haris, détenant la nationalité brésilienne et recrutant des agents pour le Hezbollah à travers le monde.
Un autre personnage clé est Majid al-Zakur, connu sous le nom « le faussaire ». Il est responsable de la préparation des faux passeports.
Ces quelques noms publiés ne représentent qu’une fraction de ce que  les services de sécurité israéliens  connaissent sur la configuration du Hezbollah à l’étranger.
Leur publication était destinée à signaler au Hezbollah que les renseignements  israéliens sont bien renseignés sur l’infrastructure de l’organisation terroriste et sur ses plans d’attaque et qu’il serait sage pour elle d’évaluer, d’examiner chacune de ses opérations.
Israel Defense comble dans ce qui suit une partie des pièces manquantes de ce  puzzle qui  illustre comment la structure du Hezbollah est telle  une pieuvre dont les tentacules se déploient  à travers le monde.
Les attaques du Hezbollah à l’étranger ne sont pas nouvelles.
Dans les années 1990 le Hezbollah a effectué deux attaques dévastatrices et efficaces contre des cibles liées à Israël:
17 mars 1992, dans le sillage de l’assassinat par l’armée israélienne du leader du Hezbollah chef, Abbas Moussaoui (1), une voiture piégée explose devant l’ambassade israélienne à Buenos Aires, tuant vingt -neuf personnes et en blessant plus de deux cents.
18 Juillet 1994, une bombe explose au Centre communautaire juif de Buenos Aires – AMIA (pour se venger de la destruction  d’un camp d’entraînement du Hezbollah au Liban par l’aviation israélienne) quatre-vingt-cinq personnes sont tuées.
Le kamikaze de 21 ans qui a fait exploser la voiture piégée est un citoyen  libanais – Ibrahim Hussein Berro – un militant connu du Hezbollah.
Avril 1996, un opérateur du Hezbollah est capturé à l’Hôtel-Laurent à Jérusalem-Est la bombe explose alors qu’il l’a posait.
Il était entré en Israël avec un faux passeport britannique sous le nom Andrew Newman, plus tard, les sources occidentales l’ont identifié comme étant Hussein Mikdad.
Octobre 2000, le Hezbollah enlève un officier de réserve israélien, Elhanan Tennenbaum, d’Abou Dhabi il est transféré au Liban. (remis à Israël depuis dans le cadre d’un échange de prisonniers)
Nada Nadim Prouty libanaise de 37 ans a reçu la citoyenneté américaine au moyen  d’un mariage simulé et a  obtenu un  poste gouvernemental sensible, d’abord au FBI et plus tard à la CIA.
En 2005, elle a été placée sous surveillance et en 2007 a téléchargé, sans autorisation, des documents hautement classifiés sur le Hezbollah à partir de de la banque de données du FBI.
Au début des années 2000 la force de frappe du Hezbollah à l’étranger est restée en « sommeil ».
Le Hezbollah a préféré un  affrontement direct avec Israël le long de sa frontière (comme dans les cas de l’enlèvement de trois soldats israéliens en Octobre 2000 et l’enlèvement de deux réservistes qui ont déclenché la deuxième guerre du Liban en Juillet 2006).
L’Unité 1800 était également active.
Son rôle est de lancer des attaques en provenance des pays limitrophes d’Israël ou de l’intérieur d’Israël par le biais d’organisations terroristes palestiniennes.
Depuis de nombreuses années, celui qui a conçu toutes ces opérations et chef de la  de la branche militaire de l’organisation était connu sous le nom d’ Imad Mouhgnieh.
Dans la nuit du 12 février 2008, l’unité de planification des attentats du Hezbollah pour l’étranger a pris fin brutalement à Damas le jour de la célébration de la fête de l’indépendance à l’ambassade iranienne.
Le Sunday times explique (citant des sources israéliennes) qu’un explosif placé dans l’appuie-tête du siège du conducteur a tué sur le coup Imad Mouhgnieh.
Bien qu’Israël n’ait  jamais officiellement admis son rôle dans cet assassinat, le Hezbollah a planifié la vengeance de son chef militaire et le mécanisme des attaques terroristes du Hezbollah à l’étranger a été revigoré.
La première tentative pour venger la mort de Mouhgnieh a eu lieu à Bakou, (capitale de l’Azerbaïdjan) en 2008.
Les  agents du Hezbollah, (avec l’aide d’agents des renseignements iraniens), avaient prévu de piéger 3 voitures dans l’enceinte de l’ambassade israélienne et autres cibles occidentales et faire passer ces actions terroristes pour une opération du « jihad global »  et non pour une action du Hezbollah.
4 collaborateurs de l’organisation locale du Jihad  ont été recrutés pour mener à bien ce plan.
Deux agents du Hezbollah ont été arrêtés en possession de passeports iraniens, d’explosifs, de jumelles, de caméras, d’armes avec silencieux et photos de la zone de l’ambassade d’Israël.
Après leur arrestation, l’Iran a exercé une forte pression sur l’Azerbaïdjan pour leur libération, et a finalement obtenu leur expulsion en échange d’un accord de garantie que l’Iran ne se servirait pas du sol  azerbaïdjanais pour de nouvelles opérations.
L’Implication de l’Iran en Azerbaïdjan n’est pas dûe au hasard.
Le mécanisme de l’infrastructure du Hezbollah à  l’étranger bénéficie de la protection que  l’Iran  fournit à travers ses bureaux aux unités des gardiens de la révolution à travers le monde.
Dans les faits, cette structure du Hezbollah est inséparable des forces « Al Qods » crées dans les années 1980, et qui exploite parallèlement à l’armée iranienne et aux services de renseignement iraniens, l’exportation des principes révolutionnaires et la réalisation de missions dans le monde entier.
Les unités   »al-Qods», sont le « bras long » de l’Iran.
Le chef de cette force est le Général Kassem Suleimani, supplé par Muhammad Jafri Shaharduni président adjoint du Conseil suprême de la sécurité nationale et  qui coordonne les opérations de la force avec l’armée et les services de renseignement.
Ce Général Suleimani a trois assistants.
Le premier est le général Mohammed Reza Zahedi, communément appelé «Hassan Mahadi », commandant des forces « Al Qods » au Liban, ayant servi comme officier de liaison à Damas en 1998-2002.
Zahedi s’est retrouvé au Liban après la seconde guerre du Liban et est devenu  responsable sur le terrain des forces des Gardiens de la Révolution dans le pays.
Son travail au Liban était de restaurer les capacités opérationnelles, militaires et de renseignement du Hezbollah, il agit auprès du conseiller spécial du président Ahmadinejad au Liban, dont le siège est situé à côté de l’ambassade d’Iran à Beyrouth.
Le  général Suleimani est le commandant  local en Irak et en Afghanistan.
Les forces « Al-Qods » opèrent principalement dans les régions suivantes:
L’Europe, l’Irak, l’Afghanistan, l’Inde, le Pakistan, le Liban, les territoires dits « palestiniens », l’Afrique du Nord, en Amérique sud et nord, en Turquie et en Arabie Saoudite.
L’infrastructure de cette force  Al Qods est basée sur un réseau mondial de collaborateurs, en particulier d’émigrés iraniens, « palestiniens » et de réfugiés irakiens qui ont reçu l’asile politique en Europe.
Ces opérations se déroulent sous le couvert d’institutions communautaires, d’organisations humanitaires et par le biais de bureaux culturels.
Environ 4000 organisations et entreprises de « paille » servent à couvrir l’activité de la force.
Le recrutement et la formation des forces « ‘al-Qods », ont  lieu dans les camps des gardiens de la révolution à Téhéran , en Syrie, et ces dernières années, en raison de la présence croissante du Hezbollah en Afrique et en Amérique latine, des camps d’entraînement ont activés dans des pays comme le Soudan (siège du Hezbollah à Khartoum) ou au  Venezuela.
Le Hezbollah maintient une présence permanente à Téhéran, où ses membres d’ « Al-Qods » reçoivent des affectations à l’étranger pour des opérations qui ne sont pas directement liées au Hezbollah, mais qui nécessitent la coopération de celui-ci  pouvant  facilement pénétrer les communautés arabes.
Comme dans toute organisation petite et compartimentée, le recrutement à l’unité à l’étranger pour les opérations du Hezbollah est basé sur l ‘«ami qui apporte un ami ou un parent » au système et, donc en conséquence, au fil des ans, la plupart des structures sont  identifiées portant le même nom de famille. Ce qui a parfois posé problème au niveau du renseignement.
(La plupart sont recrutés à partir de quelques familles élargies (les Hamadis, les Musawis, les shahadas, les Harevs et Harises).
Mais ce qui a permis d’autre part, et relativement facilement d’établir une liste noire pour le suivi de ces individus.
Le Hezbollah a cherché à contrer cela en fournissant tant et plus de faux passeports  libanais et de fausses identités.
Ce mecanisme a commencé par les organisations d’aide humanitaire pour la population chiite du Liban.
Un petit groupe fondé par Imad Mouhgnieh a travaillé au début  comme sous-traitant pour différents clients, tel l’Iran, pour des petits «services terroristes. » Beaucoup de militants dans ce groupe appartenaient à la famille de Mouhgnieh.
En 1983, le groupe a mené une série d’attaques meurtrières contre les ambassades américaines à Beyrouth et au Koweït, contre les forces américaine et françaises qui faisaient partie de la force multinationale stationnée à Beyrouth (Drakkar).
Les attaques ont couté la vie à  plus de 300 Américains, comprenant des agents de la CIA qui se trouvaient dans l’ambassade à l’époque.
Le camion piégé utilisé dans l’attaque contre l’ambassade a été préparé dans la vallée de la Bekaa – une zone à l’époque sous contrôle syrien.
En Décembre 1983, certaines des membres de ce  groupe ont été appréhendés après avoir attaqué l’ambassade américaine au Koweït.
Sept d’entre eux, y compris le cousin de  Mouhgnieh, Mustafa a-Din, ont été condamnés à mort.
Leur arrestation a provoqué chez Imad Mouhgnieh un désir de vengeance qui provoquera  par la suite une succession de détournements d’avions.
Les détournements d’avions des années 1980 et 1990 ne sont pas la signature de l’unité du Hezbollah.
Par contre, il a concentré ses efforts dans l’exécution d’attaques terroristes majeures.
Selon des sources occidentales, les saboteurs du Hezbollah utilisent généralement le TNT et des explosifs C4.
Le groupe est soutenu par un certain nombre d’unités de soutien.
L’une d’elle anime un réseau de messagers et de contrebandiers qui recueillent des fonds par des contributions dans les pays où le Hezbollah figure sur la liste noire.
D’autres unités se livrent au trafic de drogue et de biens volés à travers la coopération avec des organisations criminelles locales basées en Europe, en Amérique et en Asie et obtiennent ainsi des fonds pour l’infrastructure.
Les ouvriers de cette unité, avec l’appui des forces Al-Qods iraniennes travaillent à  la contrebande d’armes à travers les frontières et sont spécialisés dans l’acquisition d’armes spéciales sur le marché noir, en particulier dans les pays des Balkans.
Cela comprend des explosifs standards, des missiles anti-aériens (pouvant être tirés à l’épaule), des missiles antichars, des armes légères et des explosifs (ces armements proviennent généralement des ex-républiques de l’Union soviétique).
Une autre unité travaille sur le « mécanisme de collecte » recrutant et gérant  des collaborateurs et des agents qui collectent des renseignements réguliers avant toute opération.
Il est assisté par l’Unité 71, responsable de la sécurité et du contre-espionnage.
Les agents du Hezbollah sont formés à la conduite opérationnelle et reçoivent une formation pour échapper à leurs traqueurs.
L’assassinat d’Imad Mouhgnieh à Damas et l’assassinat ciblé de l’opérateur du  Hamas Mahmoud al-Mabhouh à Dubaï en 2010 (également attribué à Israël) ont contraint l’appareil du Hezbollah  à réévaluer ses dispositifs de sécurité à l’étranger et celui-ci a du mettre en place un réseau de caméras de surveillance autour de Beyrouth pour surveiller les mouvements des agents du renseignement étrangers.
Comme pour tout organisme d’espionnage, le mécanisme international du Hezbollah est assisté d’un service d’assistance qui construit l’infrastructure nécessaire pour ses activités opérationnelles: à partir de passeports, de documents, de contrefaçon de monnaie étrangère, création d’entreprises de paille et la location de maisons sûres.
Ce que l’on sait c’est que  le Hezbollah dispose de machines  d’impression d’art qui viennent d’Iran  et qui aident le faussaire, Majid al-Zakur, dans ses diverses tâches.
Indéniablement, la force du Hezbollah est la dispersion de ses agents à travers le monde.
Dans de nombreux endroits, au Canada, par exemple, l’organisation est soutenue par une large communauté d’expatriés libanais.
Dans d’autres pays elle emploie des agents dormants travaillant dans des activités civiles.
Certains pays sont considérés comme amicaux, comme le Venezuela, (le président, Hugo Chavez, entretient des liens étroits avec le gouvernement iranien.)
Il semble que les agents du Hezbollah aient facilement accès aux passeports vénézuéliens.
Le Hezbollah a également construit une infrastructure importante en Egypte.
L’organisation est susceptible d’exploiter les bouleversements politiques actuels dans ce pays.
L’activité du Hezbollah en Egypte est d’ailleurs très instructive.
Muhammad Qablan,à la tête de la branche du Hezbollah local, a été arrêté en 2009 après être entré en Egypte muni d’un faux passeport libanais sous le gouvernement de Moubarak découvrant ainsi  l’identité de Muhammad Yosef Mansour « Hassan al-Rol. » – Le commandant de l’Office égyptien.
Mansour était muni d’un passeport libanais sous le nom de « Sami Shihab» et a été placé en détention.
À l’époque, l’Egypte a accusé le gouvernement libanais de coopérer avec le Hezbollah pour la préparation de documents officiels signés sur lesquels étaient apposés les noms de personnes fictives.
Mais le Venezuela et l’Egypte ne sont pas les seuls.
Les agents de l’organisation ont réussi à atteindre, avec tous les moyens possibles, tous les coins du monde.
Maintenant, la question est de savoir qui finira par gagner: le contre-espionnage Israélien ou les terroristes du Hezbollah?
Note

1 -Sayed Abbas al-Moussaoui (en arabe : عباس الموسوي) (né en 1952, mort le 16 février 1992) est un homme politique et religieux libanais influent. Il est le leader du Hezbollah entre 1991 et 1992. Il meurt assassiné par l’armée israélienne en 1992.
Moussaoui nait dans le village d’Al-Nabi Shayth dans la plaine de la Bekaa au Liban. Il fait ses études religieuses à Nadjaf en Irak. Là-bas, il est profondément influencé par les idéaux de l’ayatollah Rouhollah Khomeini. Il revient au Liban en 1978. À partir de 1991, il est nommé secrétaire-général du Hezbollah, il est alors vu comme un modéré par rapport à l’ancien secrétaire-général Subhi al-Tufayli qui était vu comme intransigeant. À la tête du Hezbollah, il s’attaque verbalement à Israël, en comparant le pays à un cancer.
Le 16 février 1992, des hélicoptères israéliens attaquent un cortège de voiture au Liban sud où se trouvait Moussaoui. 
Après sa mort, c’est Hassan Nasrallah qui reprend la tête du Hezbollah.


http://www.israel-flash.com/2012/02/terrorisme-linfrastructure-internationale-du-hezbollah/#ixzz1n0y8h7EB

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