mercredi 1 février 2012

Guerre secrète USA-Iran

Tamir Pardo, le patron du Mossad, s'est rendu, dimanche 29 janvier, aux USA, pour discuter d'une éventuelle frappe préventive, israélienne et/ou américaine, contre le nucléaire offensif iranien. L'information a été donnée par la présidente de la Commission du Renseignement du Sénat américain, la démocrate Dianne Feinstein, suite à une audition de cette Commission. En effet, Dianne Feinstein a révélé avoir eu un entretien avec Tamir Pardo, qui a également rencontré le chef de la CIA, David Petraeus.

De plus, les dirigeants de l'Iran ont changé leurs calculs et désirent conduire une attaque à l’intérieur des USA, estime le patron du contre-espionnage américain, James Clapper. Hier, mardi 31 janvier, les sénateurs américains et James Clapper se sont concentrés sur un éventuel conflit avec l'Iran, lors d’une audition concernant les menaces qui pèsent sur les USA. Ils ont conclu que certains dirigeants iraniens, y compris l'Ayatollah et Guide Suprême Ali Khamenei, sont désormais enclins à conduire une attaque sur le territoire des USA. Du reste, l’Iran a des alliés en Amérique latine : le Venezuela ; la Bolivie ; le Nicaragua ; l’Equateur ; et Cuba. L’Iran dispose également de cellules dormantes au Brésil.
Par ailleurs, le président géorgien Mikheïl Saakachvili a effectué, lundi 30 janvier, sa première visite officielle aux USA. Du fait de sa situation géographique et de son orientation pro-OTAN, la Géorgie pourrait aider les USA contre l’Iran. A l'ordre du jour se trouvait le sommet de l'OTAN prévu à Chicago, lors duquel la Géorgie obtiendrait la feuille de route de son entrée dans l'OTAN et sa participation, déjà très active, dans la coalition de l’OTAN en Afghanistan, où 1600 soldats géorgiens sont actuellement présents, le plus gros contingent parmi les pays non membres de l'OTAN.
Mais les discussions du lundi 30 janvier ont surtout porté sur la participation de la Géorgie à une éventuelle frappe préventive contre le nucléaire offensif iranien. La Géorgie pourrait proposer son territoire en cas d'escalade avec l’Iran, par souci de se protéger contre les menaces militaires iraniennes et russes (la Russie a déjà envahi la Géorgie en 2008). L'expert Guiorgui Nodia estime que le voyage du président géorgien est en lien avec le renforcement de la coopération américano-géorgienne dans le domaine sécuritaire, notamment à cause de ce qui se passe en et autour de l'Iran. Un autre expert, Paata Zakaréïchvili, estime qu'en cas d’affrontement avec l'Iran, la Géorgie soutiendrait les USA plus activement que la Turquie ou autres voisins de l’Iran.
Le lundi 30 janvier, Obama et Saakachvili se seraient accordés sur l'utilisation de l'espace aérien de la Géorgie, selon l'hebdomadaire géorgien Kviris Palitra. Et ce serait pour faire de la Géorgie une base arrière en cas de frappe préventive contre l'Iran, que les USA ont financé la reconstruction des anciens aérodromes militaires de Vaziani et Marnéouli et du port de Batoumi, en mer Noire (détruits par les Russes en 2008), ainsi que sponsorisé la construction d’hôpitaux dans des villes de Géorgie.
Frapper des cibles stratégiques dans le nord de l'Iran depuis le Caucase du sud situé en Géorgie est faisable, car envoyer les chasseurs américains depuis un porte-avion américain situé dans le Golfe persique, c'est une chose, mais le faire depuis la Géorgie, l'Azerbaïdjan, c'en est une autre.
A noter que du nord de l'Iran à la frontière géorgienne, en passant par l'Arménie ou par l'Azerbaïdjan, qui partagent chacun une frontière terrestre avec l'Iran, il y a 160 km jusqu’à la frontière géorgienne et 215 km jusqu'à Tbilissi, la capitale géorgienne. Détail intéressant, c'est le principal ennemi de la Géorgie, à savoir, la Russie, qui, en cas de frappes contre l’Iran, pourrait, théoriquement, jouer le rôle de « bouclier protecteur » de la Géorgie et de l'ensemble de la région (pratiquement c’est une toute autre affaire). En effet, la Russie dispose de bases militaires à Gyoumri, en Arménie, en Abkhazie, prise à la Géorgie, et, en Ossétie du Sud, également prise à la Géorgie. L’Abkhazie  et l’Ossétie du Sud sont les deux « républiques séparatistes » géorgiennes qui ont été « reconnues » par la Russie, qui avait envahi la Géorgie en 2008.
En outre, la Russie dispose de la station radar de Gabala, en Azerbaïdjan, permettant une détection rapide de tirs de missiles iraniens. En clair, dit-on à Moscou, la Russie pourrait verrouiller l'espace aérien du Caucase du Sud, et, donc, de la Géorgie ; et ainsi, ajoute-t-on à Moscou, l’on pourrait prétendre que « grâce » à la force de frappe de la Russie, la Géorgie n'entrera pas dans l'histoire comme une base d'opérations contre l'Iran. L’actuelle Guerre secrète USA / Iran, c’est, aussi, la guerre des mots.
Michel Garroté pour www.dreuz.info

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