lundi 20 février 2012

Propagande syrienne

Très difficile de s'y retrouver dans cette guerre totale de l'information , donc je prends le parti de publier ce que je trouve et au lecteur de se faire une idée.

Selon le site « Rue 89 », le chercheur Olivier Roy a été alerté sur l’existence d’une interview imaginée qu’il aurait accordée à la télévision « France 2 », interview reprise par l’ensemble des médias officiels et officieux syriens, par les blogs, sites et forums de propagandes mis en place par le régime au service de ses mensonges, ainsi que par les deux télévisions syriennes « Syria TV » et « Al Dunya ». Dans cette interview montée de toutes pièces, la propagande syrienne attribue au chercheur français son admiration à Bachar Al-Assad, qui, « sans aucun doute, sera le premier leader arabe qui gagnera contre les décideurs du monde ». Sans se soucier d’être ridiculisée, la dictature médiatique syrienne fait aussi dire à Olivier Roy : « Assad dispose d’un atout important : le soutien massif de son peuple ».
En effet, la retranscription de l’interview fictive est toujours disponible (au moins jusqu’au 13 février) sur le site de la télévision syrienne officielle. On peut y lire la réponse attribuée à Olivier Roy, répliquant à la question du présentateur de « France 2 » : « Je n’exagère pas. Le Conseil de sécurité a décidé la guerre contre l’Afghanistan en moins de trois heures, et peine depuis des mois à voter une résolution contre Assad. L’Occident a besoin de se remonter le moral face à Bachar Al-Assad (...). En réalité, la confrontation devient personnelle entre les dirigeants arabes et occidentaux, d’une part, et Bachar Al-Assad d’autre part. Ils hésitent à se lancer dans une guerre contre lui car ils savent qu’il détient des atouts importants, dont notamment le soutien massif de son peuple... ».
Pour l’universitaire français, qui dément formellement avoir tenu de tels propos, « cette machination est le signe incontestable d’affaiblissement du régime qui est à bout de souffle. Je vois, dans ce genre d’incident insensé, un signe de panique de plus ».
Cet épisode n’est pas le premier. La propagande syrienne avait inventé une interview de Taymour Joumblatt, le fils de Walid Joumblatt, lui attribuant des critiques acerbes à la politique de son père. Il s’agissait d’une menace à peine voilée adressée au chef druze libanais, alors l’un des principaux piliers de l’Alliance souverainiste du 14 mars. Cette machine s’était emballée avec l’interview fictive attribuée à l’officier des Forces de Sécurité Intérieure libanaises (FSI), Samir Chehadé, à la télévision québécoise TQC. D’autres tentatives de « commercialiser » la théorie du complot ont été menées grâce à des Occidentaux autoproclamés journalistes, qui inondent l’opinion publique de mensonges. Les plus illustres de ces industriels du mensonge figurent la religieuse Agnès-Mariam de la Croix et Thierry Meyssan, pour ne citer qu’eux...
Avec la multiplication de ces mensonges étatiques, comment peut-on encore s’étonner que le régime puisse annoncer l’arrestation d’un sniper français et plusieurs militaires africains, envoyés par les Services français à Homs ? Comment peut-on encore croire les médias syriens et alliés, quand ils affirment avoir intercepté au Liban du matériel sophistiqué destiné aux terroristes en Syrie, et d’avoir détruit ces preuves sur l’implication américaine dans le complot ? Comment peut-on croire que l’armée du régime ne bombarde pas les civils, alors que les images prises par les satellites attestent d’un massacre à l’échelle industrielle ? La Syrie peut nous tromper tous, un certain temps, et peut tromper certains, tout le temps. Mais elle ne peut pas tromper tout le monde tout le temps !

A travers ses mensonges flagrants, le régime syrien prouve, d’une part, qu’il est à court d’idées et d’arguments pour faire face à la révolte du peuple qui touche désormais Damas et menace le palais présidentiel ; et d’autre part, il prépare le terrain et les esprits pour se venger contre le Liban, et plus particulièrement contre les Chrétiens, en visant spécifiquement le chef des Forces Libanaises Samir Geagea.

En effet, après sa tentative avortée d’attribuer des propos élogieux à son égard au chercheur français Olivier Roy, le site de propagande du régime syrien, Dampress, récidive ce 19 février 2011, en traduisant et en « remodelant » un article publié le 18 mai 2011 par Vincent Jauvert, dans l’hebdomadaire français « Le Nouvel Observateur ».
Le premier mensonge se situe dans le fait que le site syrien ne précise nullement la date de parution de l’article français (18 mai 2011) qu’il publie en arabe neuf mois après, le 19 février 2012, et qui de plus, n’est plus d’actualité. L’original parlait alors de manifestations pacifiques, les vendredis, qui se déroulent depuis deux mois (entre le 15 mars et le 18 mai) !! Aujourd’hui, les manifestations sont quotidiennes depuis 11 mois. De plus, le manque d’objectivité dans cette traduction se situe d’emblée dans le fait que le site syrien de propagande, lié au régime, ne propose aucun lien actif vers la version originale !
Le deuxième mensonge réside dans la fausse traduction. « Le Nouvel Observateur » titre son article :« Syrie : les réseaux secrets des cyberrésistants », mais la traduction syrienne devient : « Selon le français Nouvel Observateur, le printemps syrien est passé par l’appartement de Samir Geagea à Beyrouth et par celui du syrien Amrou à Paris aux chaînes du sang » (NDLR : les chaînes du sang est une expression qui désigne communément les télévisions Al-Arabiya et Al-Jazeera).
Le titre en arabe devient en effet :

نوفل اوبزرفاتور الفرنسية :الربيع السوري مرّ من شقة سمير جعجع في بيروت وشقة عمرو بباريس عبر شاب سوري إلى قنوات الدم

Le troisième mensonge est que selon la traduction syrienne, « le Nouvel Observateur dévoile un nouveau complot mené par le Qatar », alors que l’original n’évoque, à aucun moment, un quelconque complot !
Le quatrième mensonge syrien fait dire au média français que « le réseau clandestin qui s’occupe des vidéos diffusées par la télévision Al-Jazeera passe par un appartement meublé du quartier chrétien d’Achrafieh, mis à disposition d’un Syrien recherché par les autorités de son pays ». La version syrienne insiste sur le fait que « le quartier d’Achrafieh est qualifié, par le Nouvel Observateur, comme étant un fief de Samir Geagea, chef des Forces Libanaises ». Mais à aucun moment l’original n’a évoqué Geagea, précisant à peine qu’Achrafieh est un quartier chrétien.
La cinquième remarque porte sur la suppression, dans la traduction syrienne, de toues les informations contenues dans l’original français faisant références aux « massacres de Hama en 1982 et au nombre des victimes atteignant alors 20.000 morts » !! Contrairement à l’article en français, la version syrienne ne précise pas non plus que « les hommes de main du régime mènent une guerre impitoyable contre les vidéastes anonymes. Deux organismes d’Etat et 60.000 agents seraient chargés de les traquer ».
Le sixième mensonge flagrant affirme, dans la version arabe propagandiste, que « le complot avait été préparé à l’avance par Al-Jazeera, en recevant Fidaa Al-Sayed, un activiste vivant à Stockholm, pour mettre en place le réseau clandestin avec l’argent des richissimes hommes d’affaires... ». Pourtant, la version française précise que « la chaîne du Qatar, qui avait été si prompte à s’engager aux côtés des anti-Kadhafi ou des opposants à Ben Ali et Moubarak, voulait ménager Bachar al-Assad avec lequel le prince régnant s’était rabiboché. Mais mi-avril, le ton de la chaîne a radicalement changé. Pour quelles raisons ? Les avis divergent. En tout cas, les bureaux de la chaîne à Damas ont été fermés et l’une de ses journalistes, Dorothy Parvaz, arrêtée puis vraisemblablement transférée secrètement en Iran. Aujourd’hui, Al-Jazeera se bat avec les réseaux d’exilés pour décrocher les meilleures images de la révolte en exclusivité (...). Le 28 avril, Fidaa al-Sayed, l’homme de Stockholm, est allé à Doha en discuter avec les patrons de la chaîne. Un voyage discret. Pour semer les moukhabarat, il s’est rasé la barbe, il est parti un jour plus tôt que prévu et ne s’est pas installé dans l’hôtel réservé. Sur place, on lui a déroulé le tapis rouge. « Ils m’ont dit que désormais nous avions « antenne ouverte », raconte-t-il. Ils espéraient que nous leurs réserverions nos vidéos les plus fortes , que nous ne les donnerions pas à la concurrence, Al-Arabiya ou BBC Arabie. » Fidaa a refusé. Pas rancuniers, les chefs d’Al-Jazeera lui ont offert des conseils pour mieux promouvoir sa cause : filmer des femmes et des enfants, insister sur les slogans pacifistes... Fidaa, lui, a demandé que la chaîne respecte les consignes de sécurité : les vidéastes redoutent d’être repérés par les moukhabarat à cause d’une simple image ».
La septième entorse faite par la propagande syrienne concerne le témoignage d’Ausama Mounajed, l’un des premiers à avoir organisé l’entrée clandestine de matériels de communication en Syrie. Cet activiste syrien de 31 ans vit à Londres depuis 2005. Il a étudié les nouvelles technologies et les révolutions non violentes. Son témoignage au Nouvel Observateur a été amputé, en arabe, d’une phrase clé, miraculeusement disparue dans la traduction : « Nous savions que Al-Assad interdirait toutes les télés étrangères et, par endroits, couperait la téléphonie mobile et internet. Il fallait empêcher ce huis clos programmé ». La version syrienne l’accuse tout simplement d’avoir « introduit clandestinement le matériel de communication et d’avoir formé les activistes en Turquie et en Jordanie » !!
Le huitième mensonge porte sur la transformation de la conclusion de l’article français. Dans l’original, on pouvait lire : « De bidouilles technologiques en actes de courage insensé, cette bataille pour l’image dure depuis deux mois. Tout a commencé le 15 mars, quand une trentaine de jeunes sont descendus dans le souk de Damas, près de la Grande Mosquée, et ont crié : “Syrien, où es-tu ?” Ils ont filmé leur petit défilé puis ont tous été arrêtés. Ils ne sont jamais ressortis de prison. Leur vidéo a fait le tour du monde. La révolte était lancée. “Elle sera victorieuse quand des centaines de milliers de manifestants prendront une grande place de Damas. Et que quelqu’un filmera la scène, en direct sur Al- Jazeera”, dit Rami Nakhle. Le rêve fou qu’il partage avec des millions d’anonymes ». Cette conclusion devient en arabe : « Le souhait des activistes est de voir les places de Syrie se remplir de manifestants, comme les places d’Egypte. C’est alors qu’ils pourront considérer que le printemps syrien a réellement commencé. Car, pour l’instant, il n’y a eu aucune manifestation de masse semblable à celles d’Egypte, au moment où tous les jours, les partisans des réformes (NDLR : du régime) prouvent qu’ils sont majoritaires ».
La faillite d’Assad et ses menaces
De ce qui précède, un lecteur normalement constitué conclut que le régime syrien est aux abois. Il invente des mensonges pour convaincre ses derniers soutiens que la Syrie fait face à un complot avoué par des chercheurs (Olivier Roy) et de grands journalistes occidentaux qui reconnaissent d’ailleurs sa puissance et son invincibilité. Cette tentative de remonter le moral des troupes censure par la même occasion les informations embarrassantes pour le régime. Cet agglomérat de mensonges atteste que les autres moyens de propagande sont littéralement grillés, à l’instar du réseau Voltaire.net (Thierry Meyssan), de New Orient News (Hezbollah), des agences de presse iraniennes, et de la religieuse Agnès-Mariam de la Croix, pour ne citer qu’eux. A forces de mentir, ces portes-voix du régime ont fini par se discréditer.
Le plus grave dans cette propagande mensongère est que le régime syrien désigne ses prochaines cibles potentielles, dont les noms sont faussement cités par un hebdomadaire français respectable, le Nouvel Observateur. Outre les activistes qui lui sont dangereux, la Syrie a inséré le nom de Samir Geagea, l’unique homme politique libanais qui n’a jamais accepté le moindre compromis avec l’occupation syrienne du Liban. Geagea et son parti, les Forces Libanaises, sont ainsi classés, indirectement, comme des comploteurs contre le régime. En les désignant ainsi, Geagea, les souverainistes libanais en général et les chrétiens libanais en particulier, sont directement menacés. Car, en cas de chute d’Assad, ses partisans et agents libanais chercheront à le venger en s’en prenant à ces cibles désignées. Et si Assad l’emporte, il cherchera à prendre une violente revanche, et ses cibles sont déjà choisies.
A l’instar d’Olivier Roy, qui a démenti l’usurpation de son nom dans la propagande du régime du Baath syrien, il appartient aujourd’hui au « Nouvel Observateur » de réagir et de faire cesser son exploitation au profit de Bachar Al-Assad. Il appartient également aux médias qui se respectent et qui respectent leurs lecteurs de rester vigilants pour éviter de se faire éclabousser... de sang syrien !

Dos au mur, le régime syrien multiplie et varie ses mensonges pour retarder sa chute. En vain. Ses tentatives de donner une dimension islamique à la contestation ont lamentablement échoué. L’appel du chef d’Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri, en faveur du djihad contre Assad, a été catégoriquement rejeté par l’opposition, la semaine dernière. Les opposants accusent en effet l’Iran de protéger Zawahiri et de l’exploiter en faveur d’Assad. En s’immisçant dans la crise syrienne, l’organisation terroriste a tenté d’offrir un inestimable service au régime lui permettant de placer sa répression dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. La manœuvre a également échoué.
Dans le même cadre, les télévisions et sites syriens ont annoncé la mort d’un islamiste jordanien membre d’Al-Qaïda à Homs, publiant son nom et sa photo (Abou Al-Baraa Al Salti Al Ordoni). Or, le quotidien « Al-Hayat » a retrouvé et interviewé le même Abou Al-Baraa chez lui en Jordanie, démentant formellement la (dés)information syrienne. Les médias du régime de Damas avaient utilisé la photo du Jordanien, lors d’une récente manifestation organisée à Zarka, pour diffusé son portrait et étayer l’information de sa mort aux combats à Homs !!
Damas a également tenté de susciter des divisions inter-kurdes en exploitant les partisans du PKK d’Abdallah Oçalan contre les activistes kurdes engagés dans la révolution, sans grands résultats. Il a également chargé d’anciens prisonniers sunnites, généreusement rémunérés, d’agresser des chrétiens dans la région de Wadi Al-Nassara (Marmarita, Safita...) afin de provoquer des affrontements confessionnels et de pousser les Chrétiens dans ses bras. Les dignitaires chrétiens et sunnites de la région lui ont adressé une fin de non-recevoir.
Les archives au secours
Après ces échecs, le régime a dû sortir les grands mensonges. Les sites qui lui sont liés, dont Dampress, et la télévision iranienne « Al-Alam », viennent de mettre en ligne une vidéo sous-titrée en arabe pour discréditer Bassma Kodmani, membre du Conseil National Syrien (CNS). Cette propagande s’appuie sur l’émission culturelle « Bibliothèque Médicis » diffusée par la télévision française « Public Sénat » le 14 mars 2008, soit trois ans avant le déclenchement de la révolte syrienne, dont le thème portait sur « le boycott palestinien du salon du livre israélien à Paris ».

La vidéo « re-mixée » par le service de propagande du régime syrien insiste sur le fait que « l’animateur de l’émission, Jean-Pierre Elkabbach est juif », ainsi que tous ses invités (Orly Castel-Bloom, Sylvie Cohen, Michal Govrin, Théo Klein, Laurence Sendrowicz, Monique Canto-Sperber). Et cette propagande d’accuser Kodmani de collusion avec l’ennemi, puisqu’elle a débattu avec des juifs !

Auteur du livre « Abattre les murs », la N°2 du CNS avait en effet défendu « les échanges culturels entre Israéliens et Palestiniens pour remplacer les échanges de bombes et de kamikazes ». Elle a encouragé « l’introduction de la culture dans les sociétés arabes », estimant que « Nous avons besoin de culture pour ne pas parler du Coran tout le temps... ».
La propagande syrienne s’est en effet emparée de la vidéo, disponible sur internet, et en a fait un montage, qualifiant Bassma Kodmani de « judaïsée » et « disciple Théo Klein », amputant ses réponses en les sortant de leur contexte, faisant de l’universitaire syrienne un agent israélien et une activiste anti-islamique.
Voici la nouvelle vidéo sous-titrée, mise en ligne par les sites syriens et diffusée par la télévision iranienne :

Cette manœuvre vise à la discréditer, ainsi que l’ensemble de l’opposition aux yeux des Syriens. Alertée, Bassma Kodmani a dénoncé, samedi, cette grossière manipulation basée sur le mensonge. Mais la propagande se poursuit.

 Source «MediArabe.info»

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