Deux personnes ont été tuées et 21 blessées samedi dans des heurts entre Libanais sunnites hostiles au régime syrien et d'autres, alaouites prosyriens, à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, a affirmé à l'AFP un responsable des services de sécurité.
"Un sunnite et un alaouite ont été tués et 21 personnes ont été blessées lors des heurts qui se poursuivent depuis vendredi entre des gens du quartier de Jabal Mohsen (alaouite) et d'autres de Bab el-Tebbaneh (sunnite) à coups de tirs et de roquettes RPG", a indiqué ce responsable sous couvert de l'anonymat.
Sept militaires figurent parmi les blessés, a-t-il précisé.
L'armée libanaise maintient une forte présence aux abords des deux quartiers, notamment près de la rue de Syrie qui sépare les deux secteurs.
Les familles habitant aux alentours de cette "ligne de démarcation" ont fui la zone, a constaté le correspondant de l'AFP sur place.
La ville de Tripoli, majoritairement sunnite, a été le théâtre ces dernières années d'affrontements entre sunnites, qui soutiennent l'opposition libanaise hostile au président syrien, et alaouites loyaux au mouvement chiite libanais Hezbollah, allié de Téhéran et de Damas. La tension est devenue encore plus vive avec l'éclatement en mars 2011 de la contestation contre le régime du président syrien Bachar al-Assad.
La révolte en Syrie, pays à majorité sunnite mais gouverné depuis 40 ans par le clan Assad issu de la minorité alaouite, fait craindre un débordement de la crise au Liban voisin, pays multiconfessionnel miné par les dissensions religieuses qui a déjà connu une guerre civile dévastatrice de 1975 à 1990.
"Depuis hier, les roquettes pleuvent sur nous", affirme à l'AFP un habitant sunnite. "Ils (nous) provoquent tout le temps en montrant des photos de Bachar al-Assad", dit cet homme qui a requis l'anonymat, assurant n'être pas contre ses compatriotes "parce qu'ils sont alaouites".
"Ils ne sont pas seulement partisans du régime syrien, ils participent également à la répression avec les 'chabbiha' (milices civiles du régime) en Syrie où ils tuent femmes et enfants", dit-il. "Ils se détruisent eux-mêmes car ce régime va disparaître".
Il s'agit de l'incident le plus sanglant depuis juin, lorsque six personnes avaient été tuées dans des heurts entre pro et antisyriens à Tripoli à la suite de manifestations hostiles à Damas.
Vendredi, à Tripoli toujours, un Libanais et trois Syriens ont été tués dans l'explosion accidentelle d'un dépôt de munitions.
Les quatre hommes, qui ignoraient visiblement le contenu des caisses entreposées dans le dépôt qu'ils étaient en train de garder, avaient allumé un feu pour se réchauffer, ce qui a provoqué l'explosion et un incendie.
L'armée libanaise a récemment renforcé sa présence dans la région de Wadi Khaled, frontalière de la Syrie et proche de la province rebelle de Homs, selon des responsables et des témoins.
Cette région frontalière, seulement séparée de la Syrie par des monticules de terre, est généralement un lieu de passage pour la contrebande de marchandise du Liban vers la Syrie.
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