L’actuelle crise brésilienne est assez simple à résumer : d’un côté, l’abandon des politiques libérales mises en place avec succès, il y a de ça vingt ans par le président Fernando Henrique Cardoso et poursuivies en grande partie avec non moins de succès par le président Lula ; de l’autre le retour aux très catastrophiques recettes interventionnistes et étatistes par la présidente mère-du-peuple Dilma Rousseff. Un magnifique cas d’école pour les thuriféraires du fumeux « Etat stratège » interventionniste, protectionniste…
1) Le protectionnisme de Dilma Rousseff a mis fin à la croissance miracle des années 2000 par Alain Faujas dans Le Monde…
2) Au Brésil, une crise créée par l’État : depuis l’abandon pour des raisons électorales de la rigueur budgétaire choisie par Lula au début de son premier mandat, rien ne va plus au Brésil. Par Fabio Rafael Fiallo dans Contrepoints
3) Brazil’s mediocre economy : A fall from grace. How to squander an inheritance—and how easily it could be restored. Dans The Economist…
1) Le protectionnisme de Dilma Rousseff a mis fin à la croissance miracle des années 2000 LE MONDE | 18.06.2013
Manifestement, Dilma Rousseff, devenue présidente du Brésil le 1er janvier 2011, n’a pas l’art et la manière économiques de son prédécesseur, Lula da Silva. Il n’est que de regarder la courbe déclinante de la croissance : + 7,5 % en 2010, + 2,7 % en 2011, + 0,9 % en 2012, et + 2,9 % annoncés cette année par l’OCDE.
Les taux d’intérêt remontent avec les risques d’une inflation atteignant 6,6 %. « Ferme du monde », le Brésil agricole continue sur sa lancée (+ 9,7 %), mais son activité industrielle est en recul (– 0,3 %). Autres indicateurs en berne : la Bourse, en chute de 10 points sur un an, la note dégradée des banques publiques et une consommation stagnante.
Ces résultats sont d’autant plus décevants que Brasilia a cherché à soutenir la demande et l’investissement intérieurs par des politiques budgétaire et monétaire généreuses et par des injections massives de crédit en 2012.
Guido Mantega, l’inamovible ministre des finances des deux derniers chefs de l’Etat, ne manque pas d’invoquer le regain de la crise dont il répète à satiété que les Occidentaux sont les responsables et dont, souligne-t-il, la Chine fait elle aussi les frais. Le mal n’est pas seulement conjoncturel. Lula da Silva avait su concilier une politique sociale hardie avec un libéralisme économique qui avait dopé l’activité. Dilma Rousseff a mis le cap sur un dirigisme économique revendiqué.
Elle a mis au pas le géant du fer, Vale, qui ne privilégiait pas assez l’emploi brésilien. Elle a relevé les droits de douane sur les importations, y compris en provenance d’Argentine. Au cours des six derniers mois, ce n’est plus celle-ci qui est la championne du monde du protectionnisme, mais bien le Brésil, si l’on en croit les statistiques de l’Organisation mondiale du commerce publiées lundi 17 juin.
Ce patriotisme économique est en train de détraquer la formule qui avait valu au pays une réelle émergence durant les années 2000. A l’époque, le Brésil avait attiré de nombreux capitaux étrangers, ce qui, d’ailleurs, lui avait causé des difficultés en poussant la monnaie nationale à la hausse au risque de nuire aux exportations.
Aujourd’hui, c’est le risque inverse – un reflux des capitaux – qui pourrait se confirmer, au moment où le Brésil a ouvert une multitude de chantiers pour accueillir la Coupe du monde de football de 2014 et les Jeux olympiques de 2016 et mettre à niveau ses infrastructures d’accueil et de transports (routes, voies ferrées, ports et aéroports).
« Le Brésil s’est tiré une balle dans le pied en surtaxant ses importations, estime Ludovic Subran, chef économiste chez l’assureur Euler Hermès. Il aurait pu profiter des deux événements sportifs pour envoyer un message d’ouverture et pour attirer les investisseurs dont il a besoin. Aujourd’hui, il est évident que les exportateurs notamment commencent à quitter le Brésil. »
2) Au Brésil, une crise créée par l’État : Depuis l’abandon pour des raisons électorales de la rigueur budgétaire choisie par Lula au début de son premier mandat, rien ne va plus au Brésil.
Lorsque le charismatique Inácio Lula da Silva accéda à la présidence du Brésil en janvier 2003, il avait préalablement accompli une mini révolution culturelle au sein de son Parti des Travailleurs. Au cours de la campagne électorale, Lula avait en effet mis de côté la rhétorique gauchisante du PT et promis qu’’il poursuivrait la politique macroéconomique libérale du président sortant, Fernando Henrique Cardoso.
Un tel revirement n’avait rien de capricieux. Le PT avait perdu trois élections consécutives, alors que la politique mise en place par Cardoso, d’abord comme Ministre des Finances et ensuite comme Président du Brésil, avait enregistré des succès incontestables. Son « Plan Real » (nommé ainsi d’après la monnaie nationale) avait mis fin à une inflation endémique. Cardoso avait en outre endigué les dépenses publiques, libéralisé les échanges commerciaux et facilité les investissements étrangers. Le Brésil renouait avec la croissance économique d’une manière soutenue.
Comparé aux réussites de Cardoso, la rhétorique du PT faisait piètre figure et semblait peu convaincante. D’où le changement de discours de Lula.
Une fois élu, Lula respecta sa promesse électorale. Son Premier Ministre des Finances, António Palocci, parvint à réduire et le déficit budgétaire et la dette de l’État. La modération dans l’expansion de la masse monétaire (création de billets) tenait l’inflation en échec.
Cette sobriété dans la gestion de l’économie aura favorisé la croissance économique et permis à Lula de lancer un vaste programme de lutte contre la pauvreté. La proportion des Brésiliens vivant au-dessous du seuil de pauvreté chuta spectaculairement de 31,8 pourcent en 1993-95 à 15,3 pourcent en 2009 [1].
Or, à la fin du second mandat de Lula, dans le but d’accroître les chances de la candidate du PT, Dilma Rousseff, aux élections de fin 2010, les dépenses publiques partirent à la hausse tandis que se mit à nouveau en marche la planche à billets.
Les élections gagnées, la nouvelle Présidente du Brésil s’enfoncera davantage dans les sables mouvants du laxisme fiscal et monétaire.
L’accroissement du déficit public pousse alors les taux d’intérêt à la hausse, ce qui porte préjudice aux investissements et à la consommation des ménages. Alors, pour contrer cet effet non désiré, la Banque Centrale s’engage dans l’expansion de la masse monétaire.
L’inflation dépasse régulièrement l’objectif fixé de 4,5 pourcent par an. Actuellement elle se situe autour de 6,5 %, allant jusqu’à 8,3% pour les biens non soumis au contrôle des prix [2].
Quant au contrôle des prix, cela n’a fait qu’assécher les liquidités et les marges de bénéfice des entreprises, nuisant par voie de conséquence à la production locale et aux investissements.
D’autre part, comme les augmentations du salaire minimum décrétées par le gouvernement ne correspondent pas à des gains de productivité, la compétitivité de l’industrie brésilienne en a souffert considérablement.
Pour y faire face, l’État a élargi sa participation dans des industries en difficulté, érigé des barrières commerciales et forcé la banque publique de développement (BNDES) à accorder des prêts risqués à des firmes locales.
Tout ce protectionnisme et ces emprunts faciles n’ont cependant pas servi à rendre les industries locales plus compétitives. Selon une étude de la Fédération des Industries de Sao Paulo, les importations ont doublé leur part dans la consommation d’articles manufacturés, passant de 12,5% en 2002 à 23,5% en 2012 [3].
Cerise sur le gâteau, la participation accrue de l’État dans le secteur industriel a créé un réseau d’influences propice à la corruption – au détriment des investissements publics dans les domaines du transport, de la santé et de l’éducation.
En résumé, la descente aux enfers typique de l’interventionnisme d’État est à l’œuvre au Brésil, avec, comme corollaire, la vague de protestations – contre l’inflation, la corruption et la mauvaise qualité des services publics – qui ont secoué les grandes villes brésiliennes ces dernières semaines.
Déjà en mars 2010, donc à l’époque de Lula, la revue anglaise The Economist, dans un article intitulé « Tomber à nouveau amoureux de l’État », tirait la sonnette d’alarme, mettant en garde contre le rôle croissant de l’État et les tendances inflationnistes dans l’économie brésilienne [4].
D’aucuns ont justifié le suicidaire abandon de la rigueur macroéconomique en arguant que le Brésil a dû changer de politique à cause de la Grande Récession qui touche l’économie mondiale depuis la fin de la dernière décennie.
Argument non valable. La preuve que le Brésil n’a pas suivi la bonne voie pour s’attaquer à l’actuel marasme économique réside dans le fait que le Brésil fait moins bien, ou pire, que d’autres pays confrontés au même environnement économique adverse.
Il convient de mentionner que le Brésil a enregistré une croissance inférieure et une inflation supérieure à celles de la plupart des pays de l’Amérique latine. Il sous-performe même les autres pays du groupe nommé Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine).
Les autorités brésiliennes auront-elles compris la nécessité de revenir à la rectitude macroéconomique qui avait tant aidé à la croissance de leur pays au cours des deux dernières décennies ? Rien n’est moins sûr.
Un sondage tout récent montre que la cote d’approbation de la présidente Rousseff est tombée de 57% à 30% en moins d’un mois [5]. Aussi, craignant une défaite lors des élections présidentielles de l’an prochain, Dilma Rousseff semble plutôt pencher pour la solution de facilité, à savoir : accroître la dépense publique et faire marcher la planche à billets afin de regagner la sympathie de son électorat et de l’aile radicale de son parti. Quitte à payer plus tard, elle et son pays, le prix fort.
Brazil’s mediocre economy. A fall from grace. How to squander an inheritance—and how easily it could be restored. Jun 8th 2013
ALMOST exactly 20 years ago, in May 1993, Fernando Henrique Cardoso was named as Brazil’s 13th finance minister in as many years, a seemingly hopeless job in a country trapped in hyperinflation, debt and an anachronistic economic statism. Mr Cardoso’s Real Plan swiftly tamed inflation and took him to the presidency. There he laid the foundations for a new Brazil, of stability and liberal economic reform. This success was reinforced by his successor, Luiz Inácio Lula da Silva, a left-wing former union leader, whose government saw 30m Brazilians get out of poverty.
The trouble is that in Lula’s second term (2007-10) and especially under his chosen successor, Dilma Rousseff, the formula behind Brazil’s success has been slowly abandoned. The policy secret was simple: inflation targeting by a Central Bank operating with de facto independence; transparent public accounts; a rigorous fiscal target, which brought down the public debt; and a much more open attitude to foreign trade and private investment.
But the global recession of 2008-09 prompted Lula and Ms Rousseff to shrug at decadent liberal economics and ape Chinese state capitalism. The finance ministry wrote vast cheques to boost lending by state banks. The government gave up on market reform, and spent remorselessly. When overheating turned to stagnation (the economy grew by a paltry 0.9% last year), Ms Rousseff publicly chivvied the Central Bank to slash interest rates. When inflation neared the top of its target range (6.5%), she said she cared more about growth. She unleashed a bewildering and ever-shifting barrage of tax breaks (and tariff rises) for favoured industries but failed to balance these with spending cuts. And instead of a clear fiscal target, there are some worryingly Argentine accounting fudges (see article).
The upshot is that investors have become confused about Brazil’s economic policies. This uncertainty has contributed to a mediocre performance: since 2011 growth has been lower and inflation higher than in most Latin American countries.
Fortunately, Brazil still has some big strengths, including its farming and energy industries, more science and innovation than you might think and a huge, albeit less fizzy, domestic market. And whatever Ms Rousseff’s mistakes, they are small compared with those of, say, Argentina’s Cristina Fernández. But in any event, the going for Brazil is getting harder. A consumption and credit boom has run out of steam, the trade account has moved into deficit as Chinese demand for Brazilian iron ore slows and the imminent end of cheap money in the rich world is prompting a slide in the real. Though that will help Brazilian manufacturers, it will push up inflation.
Stay, Mr Mantega, stay
So incipient signs of a return to clearer policy in the past few weeks are welcome. To curb inflation, Alexandre Tombini, the Central Bank governor, has pushed up the benchmark interest rate (though more increases will be needed to restore lost credibility). Guido Mantega, the finance minister, has said he will no longer use fiscal policy to stimulate the economy; on June 4th he lifted a tax on capital inflows. But more change is needed if Brazil is to return to the path set by the Real Plan. Above all, Ms Rousseff’s team need to curb spending and get the state out of the business of micromanaging investment decisions.
In December, when we last urged Brazil’s government to stop meddling and let animal spirits roar, we called for Ms Rousseff to sack Mr Mantega. It was widely reported in Brazil that our impertinence had the effect of making the finance minister unsackable. Now we will try a new tack. We urge the president to hang on to him at all costs: he is such a success.
1) Le protectionnisme de Dilma Rousseff a mis fin à la croissance miracle des années 2000 par Alain Faujas dans Le Monde…
2) Au Brésil, une crise créée par l’État : depuis l’abandon pour des raisons électorales de la rigueur budgétaire choisie par Lula au début de son premier mandat, rien ne va plus au Brésil. Par Fabio Rafael Fiallo dans Contrepoints
3) Brazil’s mediocre economy : A fall from grace. How to squander an inheritance—and how easily it could be restored. Dans The Economist…
1) Le protectionnisme de Dilma Rousseff a mis fin à la croissance miracle des années 2000 LE MONDE | 18.06.2013
Manifestement, Dilma Rousseff, devenue présidente du Brésil le 1er janvier 2011, n’a pas l’art et la manière économiques de son prédécesseur, Lula da Silva. Il n’est que de regarder la courbe déclinante de la croissance : + 7,5 % en 2010, + 2,7 % en 2011, + 0,9 % en 2012, et + 2,9 % annoncés cette année par l’OCDE.
Les taux d’intérêt remontent avec les risques d’une inflation atteignant 6,6 %. « Ferme du monde », le Brésil agricole continue sur sa lancée (+ 9,7 %), mais son activité industrielle est en recul (– 0,3 %). Autres indicateurs en berne : la Bourse, en chute de 10 points sur un an, la note dégradée des banques publiques et une consommation stagnante.
Ces résultats sont d’autant plus décevants que Brasilia a cherché à soutenir la demande et l’investissement intérieurs par des politiques budgétaire et monétaire généreuses et par des injections massives de crédit en 2012.
Guido Mantega, l’inamovible ministre des finances des deux derniers chefs de l’Etat, ne manque pas d’invoquer le regain de la crise dont il répète à satiété que les Occidentaux sont les responsables et dont, souligne-t-il, la Chine fait elle aussi les frais. Le mal n’est pas seulement conjoncturel. Lula da Silva avait su concilier une politique sociale hardie avec un libéralisme économique qui avait dopé l’activité. Dilma Rousseff a mis le cap sur un dirigisme économique revendiqué.
Elle a mis au pas le géant du fer, Vale, qui ne privilégiait pas assez l’emploi brésilien. Elle a relevé les droits de douane sur les importations, y compris en provenance d’Argentine. Au cours des six derniers mois, ce n’est plus celle-ci qui est la championne du monde du protectionnisme, mais bien le Brésil, si l’on en croit les statistiques de l’Organisation mondiale du commerce publiées lundi 17 juin.
Ce patriotisme économique est en train de détraquer la formule qui avait valu au pays une réelle émergence durant les années 2000. A l’époque, le Brésil avait attiré de nombreux capitaux étrangers, ce qui, d’ailleurs, lui avait causé des difficultés en poussant la monnaie nationale à la hausse au risque de nuire aux exportations.
Aujourd’hui, c’est le risque inverse – un reflux des capitaux – qui pourrait se confirmer, au moment où le Brésil a ouvert une multitude de chantiers pour accueillir la Coupe du monde de football de 2014 et les Jeux olympiques de 2016 et mettre à niveau ses infrastructures d’accueil et de transports (routes, voies ferrées, ports et aéroports).
« Le Brésil s’est tiré une balle dans le pied en surtaxant ses importations, estime Ludovic Subran, chef économiste chez l’assureur Euler Hermès. Il aurait pu profiter des deux événements sportifs pour envoyer un message d’ouverture et pour attirer les investisseurs dont il a besoin. Aujourd’hui, il est évident que les exportateurs notamment commencent à quitter le Brésil. »
2) Au Brésil, une crise créée par l’État : Depuis l’abandon pour des raisons électorales de la rigueur budgétaire choisie par Lula au début de son premier mandat, rien ne va plus au Brésil.
Lorsque le charismatique Inácio Lula da Silva accéda à la présidence du Brésil en janvier 2003, il avait préalablement accompli une mini révolution culturelle au sein de son Parti des Travailleurs. Au cours de la campagne électorale, Lula avait en effet mis de côté la rhétorique gauchisante du PT et promis qu’’il poursuivrait la politique macroéconomique libérale du président sortant, Fernando Henrique Cardoso.
Un tel revirement n’avait rien de capricieux. Le PT avait perdu trois élections consécutives, alors que la politique mise en place par Cardoso, d’abord comme Ministre des Finances et ensuite comme Président du Brésil, avait enregistré des succès incontestables. Son « Plan Real » (nommé ainsi d’après la monnaie nationale) avait mis fin à une inflation endémique. Cardoso avait en outre endigué les dépenses publiques, libéralisé les échanges commerciaux et facilité les investissements étrangers. Le Brésil renouait avec la croissance économique d’une manière soutenue.
Comparé aux réussites de Cardoso, la rhétorique du PT faisait piètre figure et semblait peu convaincante. D’où le changement de discours de Lula.
Une fois élu, Lula respecta sa promesse électorale. Son Premier Ministre des Finances, António Palocci, parvint à réduire et le déficit budgétaire et la dette de l’État. La modération dans l’expansion de la masse monétaire (création de billets) tenait l’inflation en échec.
Cette sobriété dans la gestion de l’économie aura favorisé la croissance économique et permis à Lula de lancer un vaste programme de lutte contre la pauvreté. La proportion des Brésiliens vivant au-dessous du seuil de pauvreté chuta spectaculairement de 31,8 pourcent en 1993-95 à 15,3 pourcent en 2009 [1].
Or, à la fin du second mandat de Lula, dans le but d’accroître les chances de la candidate du PT, Dilma Rousseff, aux élections de fin 2010, les dépenses publiques partirent à la hausse tandis que se mit à nouveau en marche la planche à billets.
Les élections gagnées, la nouvelle Présidente du Brésil s’enfoncera davantage dans les sables mouvants du laxisme fiscal et monétaire.
L’accroissement du déficit public pousse alors les taux d’intérêt à la hausse, ce qui porte préjudice aux investissements et à la consommation des ménages. Alors, pour contrer cet effet non désiré, la Banque Centrale s’engage dans l’expansion de la masse monétaire.
L’inflation dépasse régulièrement l’objectif fixé de 4,5 pourcent par an. Actuellement elle se situe autour de 6,5 %, allant jusqu’à 8,3% pour les biens non soumis au contrôle des prix [2].
Quant au contrôle des prix, cela n’a fait qu’assécher les liquidités et les marges de bénéfice des entreprises, nuisant par voie de conséquence à la production locale et aux investissements.
D’autre part, comme les augmentations du salaire minimum décrétées par le gouvernement ne correspondent pas à des gains de productivité, la compétitivité de l’industrie brésilienne en a souffert considérablement.
Pour y faire face, l’État a élargi sa participation dans des industries en difficulté, érigé des barrières commerciales et forcé la banque publique de développement (BNDES) à accorder des prêts risqués à des firmes locales.
Tout ce protectionnisme et ces emprunts faciles n’ont cependant pas servi à rendre les industries locales plus compétitives. Selon une étude de la Fédération des Industries de Sao Paulo, les importations ont doublé leur part dans la consommation d’articles manufacturés, passant de 12,5% en 2002 à 23,5% en 2012 [3].
Cerise sur le gâteau, la participation accrue de l’État dans le secteur industriel a créé un réseau d’influences propice à la corruption – au détriment des investissements publics dans les domaines du transport, de la santé et de l’éducation.
En résumé, la descente aux enfers typique de l’interventionnisme d’État est à l’œuvre au Brésil, avec, comme corollaire, la vague de protestations – contre l’inflation, la corruption et la mauvaise qualité des services publics – qui ont secoué les grandes villes brésiliennes ces dernières semaines.
Déjà en mars 2010, donc à l’époque de Lula, la revue anglaise The Economist, dans un article intitulé « Tomber à nouveau amoureux de l’État », tirait la sonnette d’alarme, mettant en garde contre le rôle croissant de l’État et les tendances inflationnistes dans l’économie brésilienne [4].
D’aucuns ont justifié le suicidaire abandon de la rigueur macroéconomique en arguant que le Brésil a dû changer de politique à cause de la Grande Récession qui touche l’économie mondiale depuis la fin de la dernière décennie.
Argument non valable. La preuve que le Brésil n’a pas suivi la bonne voie pour s’attaquer à l’actuel marasme économique réside dans le fait que le Brésil fait moins bien, ou pire, que d’autres pays confrontés au même environnement économique adverse.
Il convient de mentionner que le Brésil a enregistré une croissance inférieure et une inflation supérieure à celles de la plupart des pays de l’Amérique latine. Il sous-performe même les autres pays du groupe nommé Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine).
Les autorités brésiliennes auront-elles compris la nécessité de revenir à la rectitude macroéconomique qui avait tant aidé à la croissance de leur pays au cours des deux dernières décennies ? Rien n’est moins sûr.
Un sondage tout récent montre que la cote d’approbation de la présidente Rousseff est tombée de 57% à 30% en moins d’un mois [5]. Aussi, craignant une défaite lors des élections présidentielles de l’an prochain, Dilma Rousseff semble plutôt pencher pour la solution de facilité, à savoir : accroître la dépense publique et faire marcher la planche à billets afin de regagner la sympathie de son électorat et de l’aile radicale de son parti. Quitte à payer plus tard, elle et son pays, le prix fort.
Brazil’s mediocre economy. A fall from grace. How to squander an inheritance—and how easily it could be restored. Jun 8th 2013
ALMOST exactly 20 years ago, in May 1993, Fernando Henrique Cardoso was named as Brazil’s 13th finance minister in as many years, a seemingly hopeless job in a country trapped in hyperinflation, debt and an anachronistic economic statism. Mr Cardoso’s Real Plan swiftly tamed inflation and took him to the presidency. There he laid the foundations for a new Brazil, of stability and liberal economic reform. This success was reinforced by his successor, Luiz Inácio Lula da Silva, a left-wing former union leader, whose government saw 30m Brazilians get out of poverty.
The trouble is that in Lula’s second term (2007-10) and especially under his chosen successor, Dilma Rousseff, the formula behind Brazil’s success has been slowly abandoned. The policy secret was simple: inflation targeting by a Central Bank operating with de facto independence; transparent public accounts; a rigorous fiscal target, which brought down the public debt; and a much more open attitude to foreign trade and private investment.
But the global recession of 2008-09 prompted Lula and Ms Rousseff to shrug at decadent liberal economics and ape Chinese state capitalism. The finance ministry wrote vast cheques to boost lending by state banks. The government gave up on market reform, and spent remorselessly. When overheating turned to stagnation (the economy grew by a paltry 0.9% last year), Ms Rousseff publicly chivvied the Central Bank to slash interest rates. When inflation neared the top of its target range (6.5%), she said she cared more about growth. She unleashed a bewildering and ever-shifting barrage of tax breaks (and tariff rises) for favoured industries but failed to balance these with spending cuts. And instead of a clear fiscal target, there are some worryingly Argentine accounting fudges (see article).
The upshot is that investors have become confused about Brazil’s economic policies. This uncertainty has contributed to a mediocre performance: since 2011 growth has been lower and inflation higher than in most Latin American countries.
Fortunately, Brazil still has some big strengths, including its farming and energy industries, more science and innovation than you might think and a huge, albeit less fizzy, domestic market. And whatever Ms Rousseff’s mistakes, they are small compared with those of, say, Argentina’s Cristina Fernández. But in any event, the going for Brazil is getting harder. A consumption and credit boom has run out of steam, the trade account has moved into deficit as Chinese demand for Brazilian iron ore slows and the imminent end of cheap money in the rich world is prompting a slide in the real. Though that will help Brazilian manufacturers, it will push up inflation.
Stay, Mr Mantega, stay
So incipient signs of a return to clearer policy in the past few weeks are welcome. To curb inflation, Alexandre Tombini, the Central Bank governor, has pushed up the benchmark interest rate (though more increases will be needed to restore lost credibility). Guido Mantega, the finance minister, has said he will no longer use fiscal policy to stimulate the economy; on June 4th he lifted a tax on capital inflows. But more change is needed if Brazil is to return to the path set by the Real Plan. Above all, Ms Rousseff’s team need to curb spending and get the state out of the business of micromanaging investment decisions.
In December, when we last urged Brazil’s government to stop meddling and let animal spirits roar, we called for Ms Rousseff to sack Mr Mantega. It was widely reported in Brazil that our impertinence had the effect of making the finance minister unsackable. Now we will try a new tack. We urge the president to hang on to him at all costs: he is such a success.
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