Comme je m’y attendais, l’armée égyptienne a déposé Mohamed Morsi. Comme c’était prévisible, elle a formé un gouvernement provisoire. Comme c’était prévisible aussi, les foules rassemblées au Caire et dans les principales villes du pays ont crié leur joie.
Pour se donner une posture de rassembleur, le général al-Sissi, chef des armées, a donné la parole au pape de l’Eglise copte et au recteur d’Al Azhar. Puis Mohamed El Baradei, censé incarner les « modérés », a parlé.
Il serait pourtant vain d’imaginer que ce qui s’ouvre est une période de rassemblement. Les membres des Frères musulmans et ceux qui les soutiennent n’ont pas pas renoncé. On peut s’attendre à des violences. Elles ont d’ailleurs commencé. On peut s’attendre à des morts : il y en a déjà. Il y en aura d’autres. On doit s’attendre à des viols : une centaine de femmes ont été violées au cours des quatre derniers jours, alentour de la place Tahrir.
On peut s’attendre à bien pire. Même si le calme devait revenir, je l’ai écrit, et je persiste : il serait de courte durée. Car aucun gouvernement égyptien ne pourra donner à la population ce qu’elle n’a pas. De quoi manger. De quoi avoir de l’électricité et du travail.
Le soulèvement contre Hosni Moubarak était un soulèvement porté par la colère. Le soulèvement présent est porteur de colère à nouveau, mais aussi de désespoir, et le mélange entre la colère et le désespoir peut donner une rage brutale.
Des millions d’Egyptiens n’ont rien à perdre, car ils ont déjà tout perdu, y compris leurs illusions.
Ils ont rejeté Morsi et les Frères musulmans, mais, je l’ai écrit aussi, et je persiste là encore, ils n’ont pas rejeté l’islam. Ils n’ont pas changé de haines : ils détestent toujours Israël et les Juifs. Ils sont frustrés, à bout.
Il s’ajoute une composante par rapport aux jours de la chute de Moubarak : une détestation des Etats-Unis et, plus particulièrement, du Président des Etats-Unis.
Les banderoles et les panneaux anti Obama étaient et sont innombrables, et il a fallu tout le talent des monteurs d’images des grandes chaînes de télévision française pour les faire disparaître des écrans.
En s’étant placé du côté de Morsi et des Frères Musulmans, Obama s’est placé du côté qui a précipité l’écroulement de l’économie égyptienne. Il s’est conduit comme il l’avait fait en 2009 quand la population iranienne s’était soulevée contre Ahmadinejad.
Il pensait, sans doute que les purges infligées à l’armée par Morsi suffiraient à museler celle-ci. Il a sous estimé l’autonomie de l’armée et sa capacité de réaction. Il a sous estimé les potentialités de soulèvement du peuple égyptien aussi : vue l’ampleur des manifestations, l’armée n’avait pas vraiment l’option de faire tirer dans la foule.
Il est dans une position délicate.
Il a menacé l’armée égyptienne de lui couper les financements qu’elle reçoit si elle agissait, et elle a agi quand même.
Si Obama parle à nouveau de couper les financements à l’armée, il poussera celle-ci vers un immense renversement d’alliance. Comme il ne tient pas à ce renversement d’alliance, qui apparaîtrait comme un fiasco absolu, il va sans doute laisser le Congrès maintenir les financements.
Cela ne changera rien ou presque. La population égyptienne hait Obama. C’est acquis. L’armée égyptienne se méfie profondément de lui. C’est également acquis.
Que va devenir l’alliance stratégique entre Obama et les Frères musulmans ? On le saura bientôt.
Qui va remplacer Morsi ? Nul ne le sait. Mohamed El Baradei est, en tout cas, un « modéré » seulement en apparence. Et qui veut devenir capitaine du navire au moment du naufrage ?
Obama confirme, en tout cas, qu’il est le pire Président de l’histoire des Etats-Unis. Jimmy Carter avait fait chuter le shah d’Iran et permis l’arrivée au pouvoir de Khomeyni.
Obama a voulu l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans dans tout le monde sunnite. Il a échoué, et provoqué une succession de cataclysmes dont celui qui survient en Egypte n’est que le dernier en date, mais pas du tout le dernier tout court.
© Guy Millière pour www.Dreuz.info
En l’état actuel des événements, le nouvel homme fort de l’Egypte est le général al-Sissi, à la fois proche des frères musulmans par parenté et proche des salafistes par intérêt ou conviction?
Pour se donner une posture de rassembleur, le général al-Sissi, chef des armées, a donné la parole au pape de l’Eglise copte et au recteur d’Al Azhar. Puis Mohamed El Baradei, censé incarner les « modérés », a parlé.
Il serait pourtant vain d’imaginer que ce qui s’ouvre est une période de rassemblement. Les membres des Frères musulmans et ceux qui les soutiennent n’ont pas pas renoncé. On peut s’attendre à des violences. Elles ont d’ailleurs commencé. On peut s’attendre à des morts : il y en a déjà. Il y en aura d’autres. On doit s’attendre à des viols : une centaine de femmes ont été violées au cours des quatre derniers jours, alentour de la place Tahrir.
On peut s’attendre à bien pire. Même si le calme devait revenir, je l’ai écrit, et je persiste : il serait de courte durée. Car aucun gouvernement égyptien ne pourra donner à la population ce qu’elle n’a pas. De quoi manger. De quoi avoir de l’électricité et du travail.
Le soulèvement contre Hosni Moubarak était un soulèvement porté par la colère. Le soulèvement présent est porteur de colère à nouveau, mais aussi de désespoir, et le mélange entre la colère et le désespoir peut donner une rage brutale.
Des millions d’Egyptiens n’ont rien à perdre, car ils ont déjà tout perdu, y compris leurs illusions.
Ils ont rejeté Morsi et les Frères musulmans, mais, je l’ai écrit aussi, et je persiste là encore, ils n’ont pas rejeté l’islam. Ils n’ont pas changé de haines : ils détestent toujours Israël et les Juifs. Ils sont frustrés, à bout.
Il s’ajoute une composante par rapport aux jours de la chute de Moubarak : une détestation des Etats-Unis et, plus particulièrement, du Président des Etats-Unis.
Les banderoles et les panneaux anti Obama étaient et sont innombrables, et il a fallu tout le talent des monteurs d’images des grandes chaînes de télévision française pour les faire disparaître des écrans.
En s’étant placé du côté de Morsi et des Frères Musulmans, Obama s’est placé du côté qui a précipité l’écroulement de l’économie égyptienne. Il s’est conduit comme il l’avait fait en 2009 quand la population iranienne s’était soulevée contre Ahmadinejad.
Il pensait, sans doute que les purges infligées à l’armée par Morsi suffiraient à museler celle-ci. Il a sous estimé l’autonomie de l’armée et sa capacité de réaction. Il a sous estimé les potentialités de soulèvement du peuple égyptien aussi : vue l’ampleur des manifestations, l’armée n’avait pas vraiment l’option de faire tirer dans la foule.
Il est dans une position délicate.
Il a menacé l’armée égyptienne de lui couper les financements qu’elle reçoit si elle agissait, et elle a agi quand même.
Si Obama parle à nouveau de couper les financements à l’armée, il poussera celle-ci vers un immense renversement d’alliance. Comme il ne tient pas à ce renversement d’alliance, qui apparaîtrait comme un fiasco absolu, il va sans doute laisser le Congrès maintenir les financements.
Cela ne changera rien ou presque. La population égyptienne hait Obama. C’est acquis. L’armée égyptienne se méfie profondément de lui. C’est également acquis.
Que va devenir l’alliance stratégique entre Obama et les Frères musulmans ? On le saura bientôt.
Qui va remplacer Morsi ? Nul ne le sait. Mohamed El Baradei est, en tout cas, un « modéré » seulement en apparence. Et qui veut devenir capitaine du navire au moment du naufrage ?
Obama confirme, en tout cas, qu’il est le pire Président de l’histoire des Etats-Unis. Jimmy Carter avait fait chuter le shah d’Iran et permis l’arrivée au pouvoir de Khomeyni.
Obama a voulu l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans dans tout le monde sunnite. Il a échoué, et provoqué une succession de cataclysmes dont celui qui survient en Egypte n’est que le dernier en date, mais pas du tout le dernier tout court.
© Guy Millière pour www.Dreuz.info
En l’état actuel des événements, le nouvel homme fort de l’Egypte est le général al-Sissi, à la fois proche des frères musulmans par parenté et proche des salafistes par intérêt ou conviction?
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