mardi 9 juillet 2013

Qui est Ahmad Jarba, nouveau chef de la Coalition nationale syrienne?

Par Mélissa Barra
Elu président de la Coalition nationale syrienne (CNS), Ahmad Assi Jarba succède à Moaz Al-Khatib, qui avait démissionné en mars pour dénoncer « l’inaction » de la communauté internationale dans le conflit syrien. Le nouveau poids lourd de l’opposition est un dissident de la première heure et un protégé de l’Arabie saoudite.
Souvent photographié vêtu d’une abaya, l’habit traditionnel des tribus, c’est en costume-cravate qu’Ahmad Assi Jarba a pris sa place à la tête de la principale force d’opposition syrienne, ce samedi 6 juillet à Istanbul. Ce sunnite de 56 ans, originaire de Qamishli, ville frontalière de la Turquie et de l’Irak, devient ainsi la première alternative politique au président Bachar el-Assad, sous le regard approbateur des alliés occidentaux et arabes.
Mais cette élection n’a pas été dépourvue de son lot de difficultés. Ce n’est qu’au troisième jour de réunion entre les différentes factions de l’opposition qu’Ahmad Jarba parvient à obtenir la majorité absolue, avec 55 des voix, contre 52 en faveur de l’autre candidat, Mustafa al-Sabbagh. Un vote qui s’inscrit dans un contexte de guerre d’influence entre les principaux soutiens de l’opposition au régime al-Assad, que sont le Qatar et l’Arabie saoudite.
L’Arabie saoudite gagne du terrain face à l’influence qatarie
En effet, la monarchie saoudienne peut à présent se poser en parrain privilégié de la Coalition : le nouveau président jouit de la protection du royaume, du fait de ses origines tribales. Ahmad Assi Jarba est chef d’une tribu très influente en Syrie, qui prend ses origines historiques dans la région saoudienne du Nedj et dont est issu le roi Abdallah : la tribu des Chammar. Sa victoire électorale a également comme conséquence le recul des Frères musulmans syriens au sein de la CNS, épaulés par le Qatar et jusqu’à présent majoritaires.
Outre son rôle de représentant des tribus syriennes auprès de la Coalition, Ahmad Assi Jarba a un long passé de militantisme. Après l’obtention d’un diplôme en droit de l’université arabe de Beyrouth, il passe plusieurs années en prison, dans les années 1990, sous le régime de Hafez el-Assad, père de Bachar. Il est à nouveau emprisonné en mars 2011 et libéré un an et demi plus tard. Le dissident s’exile ensuite en Arabie saoudite, où il s’occupe dans un premier temps de l’action humanitaire pour les réfugiés syriens et du dossier de l’armement de la rébellion dans un deuxième temps. Sous cette casquette, il effectue une tournée dans plusieurs pays arabes et européens afin de les convaincre d’armer les rebelles.
Une proposition de trêve et un appel aux renforts
En tant que président de la CNS, il ne tarde pas à se manifester. Au lendemain de son arrivée à la tête de l’opposition, il propose aux forces de Bachar el-Assad une trêve pendant le mois du ramadan, alors que les combats s’intensifient à Homs où plusieurs quartiers sont assiégés et bombardés. Il annonce également s’attendre à des renforts en provenance de son allié saoudien. Celui-ci devrait livrer prochainement des armes sophistiquées à l’Armée syrienne libre (ASL) afin de modifier le rapport de force sur le terrain. Un rapport de force déséquilibré par le soutien du Hezbollah libanais aux forces fidèles au régime.

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