Le nouveau "pacte stratégique" conclu cette semaine entre l'Inde et l'Afghanistan inquiète le Pakistan et pourrait attiser les tensions régionales, Islamabad craignant de se retrouver isolé par ses deux voisins alors que ses relations avec les Etats-Unis sont déjà au plus bas.
Le Pakistan n'en finit plus d'être critiqué au niveau international, alimentant un complexe vis-à-vis de l'étranger déjà fort dans un pays né dans le sang de la partition avec l'Inde et complexé par trois défaites militaires infligées depuis par son frère ennemi.
Bordé par l'Inde à l'est, le Pakistan est accusé de vouloir se ménager une "profondeur stratégique" à l'ouest, en Afghanistan, en soutenant la rébellion des talibans. Et d'alimenter ainsi un conflit qui prend chaque jour un peu plus des allures de bourbier pour la coalition de l'Otan menée par les Etats-Unis qui a chassé les fondamentalistes du pouvoir à la fin 2001.
Et ces critiques se sont multipliées ces derniers temps de Washington à Kaboul. Le gouvernement afghan a ainsi affirmé que le récent meurtre de l'ancien président Burhanuddin Rabbani, chargé de convaincre les talibans de négocier la paix avec Kaboul, avait été planifié au Pakistan, et accusé Islamabad de freiner l'enquête sur cet assassinat.
Interrogé sur le partenariat stratégique indo-afghan signé mardi, le Premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a botté en touche, déclarant que "tous deux sont des pays souverains et ont le droit de faire ce qu'ils veulent".
Mais nombre d'observateurs pakistanais s'inquiètent de ce rapprochement, qui verra l'Inde prendre un plus grand rôle dans la formation des forces de sécurité afghanes, censées protéger seules le pays après le départ des troupes de combats de l'Otan prévu à la fin 2014.
New Delhi, qui craint un retour du régime des talibans à Kaboul, a déjà versé plus de deux milliards de dollars d'aide à l'Afghanistan pour y contrecarrer notamment l'influence d'Islamabad, parrain historique des fondamentaliste dans les années 1990.
Le quotidien pakistanais conservateur The Nation a souligné mercredi le caractère "dérangeant" de l'accord indo-afghan, qui va selon lui "créer davantage de malentendus" entre le Pakistan et l'Afghanistan et n'"aidera pas" ce dernier "à progresser et à prospérer".
"Ce pacte va intensifier la guerre par procuration que se livrent l'Inde et le Pakistan en Afghanistan, car il n'est pas dans l'intérêt d'Islamabad de voir Delhi former l'armée afghane", abonde l'analyste pakistanaise Ayesha Siddiqa, spécialiste des questions militaires.
Washington a accusé ces dernières semaines le Pakistan d'avoir fait du réseau Haqqani, une branche des talibans afghans proche d'Al-Qaïda, son bras armé en Afghanistan, après un assaut meurtrier contre l'ambassade américaine à Kaboul à la mi septembre, perpétré par cette faction selon les Américains.
Les relations américano-pakistanaises étaient déjà au plus bas depuis mai dernier et le raid militaire unilatéral américain qui a tué le chef d'Al Qaïda Oussama Ben Laden dans le nord du Pakistan, alimentant les certitudes américaines de double jeu de son allié pakistanais avec les islamistes.
Islamabad a refusé de se plier aux injonctions américaines lui demandant d'agir contre Haqqani le long de sa frontière avec l'Afghanistan, une résistance saluée comme une "victoire" par le Premier ministre Gilani.
"Chaque fois que je pense que les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan ont touché le fond, ils creusent tous deux un peu plus pour aller plus profond", note un responsable de sécurité pakistanais sous couvert d'anonymat.
Côté afghan, le président Karzaï reconnaît cependant qu'il ne sera pas possible de pacifier son pays sans un minimum d'assentiment du Pakistan. Mercredi à Delhi, il a d'ailleurs cherché à rassurer le Pakistan, qu'il qualifié de "frère jumeau" de l'Afghanistan, l'Inde restant un "grand ami".
http://www.liberation.fr/depeches/01012364157-le-pakistan-mis-sous-pression-par-le-rapprochement-inde-afghanistan
Le Pakistan n'en finit plus d'être critiqué au niveau international, alimentant un complexe vis-à-vis de l'étranger déjà fort dans un pays né dans le sang de la partition avec l'Inde et complexé par trois défaites militaires infligées depuis par son frère ennemi.
Bordé par l'Inde à l'est, le Pakistan est accusé de vouloir se ménager une "profondeur stratégique" à l'ouest, en Afghanistan, en soutenant la rébellion des talibans. Et d'alimenter ainsi un conflit qui prend chaque jour un peu plus des allures de bourbier pour la coalition de l'Otan menée par les Etats-Unis qui a chassé les fondamentalistes du pouvoir à la fin 2001.
Et ces critiques se sont multipliées ces derniers temps de Washington à Kaboul. Le gouvernement afghan a ainsi affirmé que le récent meurtre de l'ancien président Burhanuddin Rabbani, chargé de convaincre les talibans de négocier la paix avec Kaboul, avait été planifié au Pakistan, et accusé Islamabad de freiner l'enquête sur cet assassinat.
Interrogé sur le partenariat stratégique indo-afghan signé mardi, le Premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a botté en touche, déclarant que "tous deux sont des pays souverains et ont le droit de faire ce qu'ils veulent".
Mais nombre d'observateurs pakistanais s'inquiètent de ce rapprochement, qui verra l'Inde prendre un plus grand rôle dans la formation des forces de sécurité afghanes, censées protéger seules le pays après le départ des troupes de combats de l'Otan prévu à la fin 2014.
New Delhi, qui craint un retour du régime des talibans à Kaboul, a déjà versé plus de deux milliards de dollars d'aide à l'Afghanistan pour y contrecarrer notamment l'influence d'Islamabad, parrain historique des fondamentaliste dans les années 1990.
Le quotidien pakistanais conservateur The Nation a souligné mercredi le caractère "dérangeant" de l'accord indo-afghan, qui va selon lui "créer davantage de malentendus" entre le Pakistan et l'Afghanistan et n'"aidera pas" ce dernier "à progresser et à prospérer".
"Ce pacte va intensifier la guerre par procuration que se livrent l'Inde et le Pakistan en Afghanistan, car il n'est pas dans l'intérêt d'Islamabad de voir Delhi former l'armée afghane", abonde l'analyste pakistanaise Ayesha Siddiqa, spécialiste des questions militaires.
Washington a accusé ces dernières semaines le Pakistan d'avoir fait du réseau Haqqani, une branche des talibans afghans proche d'Al-Qaïda, son bras armé en Afghanistan, après un assaut meurtrier contre l'ambassade américaine à Kaboul à la mi septembre, perpétré par cette faction selon les Américains.
Les relations américano-pakistanaises étaient déjà au plus bas depuis mai dernier et le raid militaire unilatéral américain qui a tué le chef d'Al Qaïda Oussama Ben Laden dans le nord du Pakistan, alimentant les certitudes américaines de double jeu de son allié pakistanais avec les islamistes.
Islamabad a refusé de se plier aux injonctions américaines lui demandant d'agir contre Haqqani le long de sa frontière avec l'Afghanistan, une résistance saluée comme une "victoire" par le Premier ministre Gilani.
"Chaque fois que je pense que les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan ont touché le fond, ils creusent tous deux un peu plus pour aller plus profond", note un responsable de sécurité pakistanais sous couvert d'anonymat.
Côté afghan, le président Karzaï reconnaît cependant qu'il ne sera pas possible de pacifier son pays sans un minimum d'assentiment du Pakistan. Mercredi à Delhi, il a d'ailleurs cherché à rassurer le Pakistan, qu'il qualifié de "frère jumeau" de l'Afghanistan, l'Inde restant un "grand ami".
http://www.liberation.fr/depeches/01012364157-le-pakistan-mis-sous-pression-par-le-rapprochement-inde-afghanistan
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