samedi 9 février 2013

En pleine guerre du Mali, début de putsch avorté à Bamako


Des coups de feu ont éclaté ce vendredi matin autour du camp de Djicoroni, à Bamako.
C’est là que sont basés les bérets rouges, la garde rapprochée de l’ancien président Amadou Toumani Touré, que l’on oppose aux bérets verts, responsables du coup d’Etat du 21 mars 2012. Les deux corps d’armée sont en conflit depuis plusieurs mois. Un conflit qui semblait s’être calmé ces derniers jours avec la libération de 28 bérets rouges.
Selon plusieurs sources présentes sur place, le camp des commandos parachutistes (les « Bérets rouges ») de Djicoroni, à Bamako, est assiégé par différents corps des forces de sécurité. Les premières informations font état de tirs à l’arme légère et de la présence de blindés légers de type BRDM. « Depuis 06H00 (locales et GMT), des militaires lourdement armés, tous corps confondus, ont attaqué le camp. En ce moment même, ils sont en train de tirer sur nos femmes et nos enfants », a déclaré à l’AFP Yaya Bouaré, un Béret rouge se trouvant dans le camp attaqué.
Il y a plusieurs blessés dans le camp, a-t-il ajouté. Ses propos ont été confirmés par des habitants et des journalistes indépendants sur place.

Première version des faits :

Les forces de l’ordre sont arrivées ce vendredi matin au camp des bérets rouges de Djicoroni-para aux alentours de 7h30 avec de nombreux véhicules remplis d’hommes en arme. Il y avait des éléments de l’armée, des bérets verts, des gendarmes et des policiers, très énervés.
Selon eux, les femmes et les enfants des bérets rouges avaient organisé une manifestation et brûlé un véhicule. C’est la raison pour laquelle ils seraient intervenus. Les bérets rouges démentent cette version. Ils assurent qu’aucune voiture n’a été brûlée et les militaires seraient rentrés dans le camp spontanément.
Impossible d’entrer dans le camp, ni de s’en approcher à moins de 50 mètres. Les militaires demandent aux journalistes de « dégager », menaces à l’appui, ou pour des raisons de sécurité.
De nombreux coups de feu ont été tirés, avec des salves par moment très nourries. « Des tirs de sommation », expliquent les militaires. « Ils tirent sur nos femmes et nos enfants », affirment les bérets rouges joints au téléphone.
Plusieurs blessés : deux ou trois femmes, plusieurs enfants
Des pneus ont été brûlés. Il s’en dégage une épaisse colonne de fumée noire. Difficile pour le moment d’être précis. Il y aurait plusieurs blessés : deux ou trois femmes, plusieurs enfants, à l’intérieur du camp. C’est du moins ce qu’affirment plusieurs témoins. Un garde aurait également été blessé.
Impossible pour le moment d’avoir une confirmation car la situation est très tendue, très incertaine. Les forces de l’ordre continuent d’encercler le camp. Des renforts sont arrivés sur place.

Seconde variante :

Selon un des parachutistes pris pour cible ce matin, cet assaut est lié à la volonté d’envoyer les « Bérets rouges » au front combattre aux côtés des soldats français.
Les bérets rouges auraient-ils donc refusé cette affectation ordonnée par l’Etat-major ?
Il semble que ce soit la goutte d’eau qui a fait deborder le vase ce matin avec cette tentative de mutinerie.

Troisième variante :

Selon le soldat Bouaré, l’attaque du camp militaire est liée à la déclaration à la télévision nationale du chef d’état-major des armées, le général Tahirou Dembélé.
Intervenant en début de semaine à l’ORTM (télévision nationale), le général Dembélé avait fait part de sa volonté d’envoyer les Bérets rouges au front combattre aux côtés des soldats français les groupes islamistes armés qui avaient occupé le nord du pays en 2012.
« Comme on a le problème du Nord sur les bras, vous allez combattre auprès de vos autres frères d’armes », avait déclaré le général à la télévision, à l’issue d’un entretien avec le commandement des Bérets rouges. « Après cet entretien on a pris toutes les dispositions pour les affecter dans leur régiment », avait-il ajouté.

Quatrième variante : 

On ne sait pas encore comment les troubles ont débuté, mais un témoin a affirmé que des coups de feu en l’air avaient été tirés par les Bérets rouges eux-mêmes dans la nuit de jeudi à vendredi, et que leurs femmes s’étaient massées à la porte d’entrée du camp. « Le chef d’état-major a pris des mesures disciplinaires contre quelques parachutistes, et certains d’entre eux qui n’étaient pas d’accord se sont réveillés ce matin et ont commencé à tirer en l’air », a affirmé à l’agence Reuters le ministre malien de la Défense, le colonel-major Yamoussa Camara.
Réaffectations
Le général Dembélé avait déclaré avoir décidé de réaffecter les membres des Bérets rouges – régiment officiellement dissous – dans d’autres unités. Et c’est sans doute aussi sur ce dernier point que  les esprits se sont échauffés. « Tout le monde n’a pas rejoint son unité d’affectation (…) il y en a 417 qui ont rejoint leur unité d’affectation. Mais il y a une partie à Bamako qui refuse d’obéir à leurs autorités. Ils ont pris l’habitude de se réunir au camp. On a donc pris la décision de dégager les éléments qui vont se rassembler », avait ajouté le général.
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

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