PARIS/BAMAKO (Reuters) - Les rebelles
touaregs du MNLA ont annoncé mardi être entrés dans la localité de Menaka, dans
le nord-est du Mali, cherchant ainsi à étendre leur aire d'influence après le
retrait des combattants islamistes, et à acquérir davantage de poids en cas de
négociations avec Bamako.
Il n'était pas possible dans l'immédiat
d'avoir confirmation de source indépendante de l'entrée des éléments du MNLA
(Mouvement national de libération de l'Azawad) dans Menaka, à 250 km au sud-est
de leur bastion de Kidal.
Menaka avait été au coeur de leur soulèvement
l'année dernière, au cours duquel ils avaient conquis tout le nord du Mali
avant d'être débordés par Al Qaïda et ses alliés islamistes.
Depuis le début de l'opération
"Serval" lancée par la France le 11 janvier, le MNLA a repris le
contrôle de Kidal, près du massif montagneux de l'Adrar des Ifôghas, non loin
de la frontière avec l'Algérie. L'aéroport de la ville a été sécurisé par les
forces françaises le 30 janvier quelques jours après leur prise de Gao et
Tombouctou.
Interrogé sur BFM-TV, le ministre français de
la Défense Jean-Yves Le Drian a déclaré mardi soir que Kidal était "sous
contrôle des forces françaises" avec le soutien des forces africaines et
en particulier tchadiennes.
Ces troupes épaulent les forces françaises
dans leurs opérations contre les islamistes dans la région, mais elles ont
évité tout heurt avec le MNLA, qui continue de réclamer l'autonomie de
l'Azawad.
"RELATIONS FONCTIONNELLES"
"A Kidal, nous avons eu des relations
fonctionnelles avec le MNLA", a ajouté Jean-Yves Le Drian.
"A partir du moment où le MNLA déclarera
- il semble qu'il le fasse - qu'il n'est ni terroriste ni scissionniste, et
qu'il veut rentrer dans le dialogue interne au Mali qu'il faut engager, il sera
à la table" des discussions "avec d'autres", a-t-il souligné.
Un porte-parole du MNLA à Kidal, Albakay al
Ahmed, a déclaré que l'armée du MNLA contrôlait "toute la région autour de
Kidal". "Elle est ici à Kidal, à Tessalit, à Aguelhok", a-t-il
dit.
"Nos forces sont entrées dans
Menaka", a assuré quant à lui le porte-parole du MNLA, Ibrahim Ag Mohamed
Assaleh, à Reuters par téléphone d'Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso
voisin. Il n'a pas précisé combien de combattants du MNLA avaient pénétré dans
la localité.
Ag Assaleh a expliqué l'envoi d'hommes du
MNLA à Menaka par la présence dans le secteur de groupes d'insurgés d'Al Qaïda
au Maghreb islamique (Aqmi), du Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en
Afrique de l'Ouest) et d'Ansar Dine.
"Nous avons pris Menaka pour garantir la
sécurité du secteur (...). L'armée malienne ne veut pas quitter Gao", a
dit Ag Assaleh en ajoutant: "Nous prendrons chaque localité où la sécurité
ne règnera pas."
De source militaire malienne, on jugeait
possible que le MNLA soit entré dans Menaka parce que les insurgés islamistes
avaient pris la fuite et qu'aucune autre force militaire n'occupait la ville,
située à une centaine de kilomètres du Niger.
Daniel Flynn, avec Sophie Louet à Paris; Eric
Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français
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