mercredi 6 février 2013

Mali: Paris reconnaît des "accrochages" à Gao et parle de "vraie guerre"


Les soldats français, désormais 4.000 au Mali, mènent une "vraieguerre" dans ce pays, selon Paris qui a reconnu mercredi des "accrochages" avec des islamistes armés dans la région de Gao (nord-est), tout en évoquant un début de retrait de ses troupes en mars.
Le président français François Hollande a confirmé mercredi à ses ministres que le contingent français au Mali commencerait à se retirer à partir du mois de mars, a rapporté la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.
"Il y a eu des accrochages hier (mardi) dans les environs de Gao", a déclaré à la radio Europe 1 à Paris Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense. Lors de patrouilles franco-maliennes autour des villes reconquises, "on rencontre des groupes jihadistes résiduels et qui se battent", a-t-il ajouté.
Occupée pendant des mois en 2012 par des islamistes armés, Gao est la plus grande ville du nord du Mali et la première à avoir été reprise par les troupes françaises et maliennes, le 26 janvier, après d'intenses bombardements aériens français. Des soldats nigériens y sont également présents.
Mardi, "il y a eu des tirs de lance-roquettes de groupes jihadistes résiduels dans la région de Gao. Il y a une vraie guerre. Quand on a repris Gao, il y a eu des combats", selon M. Le Drian.
"Lorsque toutes les nuits, en ce moment, y compris la nuit dernière les forces aériennes françaises ciblent et frappent des lieux de centres d'entraînement ou de regroupement de pick-up des groupes jihadistes, c'est de la guerre. C'est une vraie guerre contre les groupes terroristes, c'est une guerre qui aujourd'hui nous a permis de marquer des points contre ces groupes et nous allons poursuivre", a insisté M. Le Drian.
Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui occupait Gao, avait affirmé mardi soir avoir attaqué à la roquette les positions des soldats français et africains à Gao. Des sources proches de la force ouest-africaine au Mali (Misma) dont environ 2.000 soldats sont déployés sur le terrain, avaient cependant démenti toute attaque contre leurs positions à Gao,
M. Le Drian a par ailleurs reconnu que depuis le lancement de l'intervention française au Mali le 11 janvier, il y a eu "quelques blessés français mais des blessés relativement légers". Outre un pilote d'hélicoptère tué au début de l'intervention, la France avait jusqu'alors évoqué "deux ou trois blessés anecdotiques, sans gravité".
Les forces françaises totalisent aujourd'hui 4.000 hommes, soit presque le double de ce qui avait été annoncé au début du conflit. Ce chiffre, qui équivaut au nombre de militaires déployés en Afghanistan à son maximum en 2010, n'augmentera plus, selon M. Le Drian.
Du côté des jihadistes, "il y a eu des pertes significatives", selon le ministre qui a dit ne pas vouloir faire de "comptabilité". Mais mardi, son ministère avait parlé de "plusieurs centaines" de morts lors de raids aériens sur des pick-up transportant des hommes ou du matériel de guerre, et durant "des combats directs, frontaux à Konna et Gao".
Début de retrait français en mars
Une offensive surprise des islamistes armés le 10 janvier sur Konna, ville du centre de Mali, avait déclenché l'entrée en guerre de la France pour stopper leur avancée vers le Sud et Bamako.
Alors que M. Le Drian a insisté sur la volonté de la France de poursuivre la traque des jihadistes au Mali, son collègue des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a évoqué lui un début de désengagement des troupes françaises en mars. "Je pense qu'à partir de mars, si tout se passe comme prévu, le nombre de troupes françaises devrait diminuer", a-t-il déclaré au quotidien français Métro.
Les accrochages dans le secteur de Gao prouvent que les groupes islamistes armés ne sont pas seulement présents dans la seule région de Kidal (extrême nord-est), mais qu'ils résistent aussi ailleurs dans le nord du Mali.
Des journalistes ont ainsi pu constater que les quelque 400 km de route qui séparent les villes de Douentza et Gao étaient truffés de mines.
Kidal et sa région, notamment le massif des Ifhoga situé au nord, près de la frontière algérienne et où se sont retranchés une partie des chefs et combattants des groupes islamistes liés à Al-Qaïa, reste cependant la zone la plus sensible et a été la cible de nombreux bombardements de l'aviation française.
La ville, qui est tenue par des rebelles touareg et des islamistes s'affirmant "modérés" et prêts "au dialogue" avec Bamako, est "sécurisée" par quelque 1.800 soldats tchadiens, les troupes françaises contrôlant elles l'aéroport.
Les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont affirmé qu'ils "coordonnaient" leurs actions dans le nord du Mali avec les forces françaises contre les "terroristes" islamistes en fuite.
Un porte-parole, qui a défendu le "réel engagement" du MNLA "dans la lutte contre le terrorisme", n'a pas donné de détails sur la façon dont le groupe coopérait avec les soldats français à Kidal, berceau des Touareg.
M. Le Drian a reconnu que les soldats français avaient à Kidal "des relations fonctionnelles avec le MNLA", mouvement qui avait lancé l'offensive le 17 janvier 2012 dans le nord du Mali avant de s'en faire évincer par les jihadistes avec lesquels il était allié.

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