Contrairement à ce que beaucoup croient en Europe, l’Egypte n’est pas dans un « processus mouvementé » de transition démocratique. L’Egypte, et comme avant elle la Russie ou l’Allemagne, est tombée sous la coupe d’une organisation totalitaire inspirée par une idéologie antidémocratique.
Nazis hier, Frères musulmans aujourd’hui
Bolcheviques ou Nazis d’hier, Frères musulmans d’aujourd’hui, l’histoire se répète, les mécanismes sont les mêmes. Un groupe politique fortement idéologisé et structuré profite d’une situation troublée et d’une faible culture démocratique des populations pour s’emparer du pouvoir.
Des liens très forts entre le nazisme et les Frères
Le parallélisme entre l’arrivée au pouvoir du nazisme en Allemagne et celle des Frères Musulmans en Egypte est frappant. Propagation d’une doctrine totalitaire par le biais d’une propagande revancharde (défaite de 1918 pour les Nazis, fin du Califat pour les Frères Musulmans), utilisation de milices, de la violence et de la subversion, détournement du processus démocratique aux fins de mise en place d’un gouvernement autoritaire. Cette évolution parallèle s’explique par des liens historiques très forts entre le nazisme et les Frères Musulmans.
La continuité historique et la filiation idéologique entre les deux mouvements transparait clairement dans le contenu du programme en 50 points publié par le fondateur des Frères Musulmans (nous sommes alors en 1936, Hassan al Banna est et restera un grand admirateur des mouvement fasciste et nazi). Elle se poursuivra avec un personnage peu connu en Occident mais à l’influence déterminante : le Grand Mufti de Jérusalem.
Mohammed al-Husseini, Grand Mufti de Jérusalem, lèvera pour Hitler une division de SS bosniaques et restera jusqu’à la fin de sa vie un personnage important du nationalisme palestinien et des Frères Musulmans. Il fut un des créateurs et dirigeant honoré de la Ligue Islamique Mondiale, l’oncle de Yasser Arafat, mais fut aussi un personnage clef dans la création de l’OCI (aujourd’hui Organisation de la Coopération Islamique), dans la création de l’état Pakistanais et la diffusion des méthodes nazies dans le monde musulman (la Syrie est un parfait exemple de cela).
Des idéologues comme Sayyid Qutb internationaliseront et formaliseront les concepts de révolution sociale islamique et de groupes fortement idéologisés guidant un processus subversif aboutissant au renversement de tous les états n’appliquant pas la charia. La révolution islamique iranienne est un pur exemple de la pensée de Qutb mise en application, elle porte la marque idéologique indélébile des Frères Musulmans.
La prise de pouvoir des Frères Musulmans en Egypte n’a donc rien à voir avec un quelconque processus démocratique en marche. Il y a bien eu à la base de la révolution égyptienne une aspiration à plus de démocratie, mais cette aspiration a été détournée, confisquée, par une organisation qui n’a de démocratique que la façade qu’elle présente aux bailleurs de fond et aux médias occidentaux.
Un seul objectif : imposer la charia
Les Frères Musulmans n’ont qu’un seul objectif : imposer la charia à la société. La constitution qu’ils ont imposé récemment n’est qu’une étape vers plus d’introduction de charia en Egypte, cela a été vigoureusement dénoncé par tous les démocrates du pays, mais en vain jusqu’à présent.
Mais cette obsession de la charia sera peut-être la perte des Frères Musulmans. En effet depuis l’accession au pouvoir de M. Morsi le pays sombre dans un chaos économique et social de plus en plus total. Le fanatisme religieux islamique a remplacé l’affairisme autoritaire de Moubarak à la tête de l’état et a provoqué une désintégration rapide de la société égyptienne.
On viole, on tue en toute impunité ou presque, la police ne contrôle plus grand-chose dans les quartiers populaires, les Chrétiens et leurs femmes sont devenus du gibier pour les salafistes, les milices islamiques agressent les opposants au régime. Pendant ce temps, l’armée, traditionnelle garante de l’intégrité du pays, reste dans ses casernes, observe et attend son heure…
Et pourtant l’espoir subsiste
Au milieu de ce chaos la résistance démocratique n’a pas disparu et continue à faire entendre sa voix et ses aspirations ! Les Frères Musulmans ne sont pas l’Egypte et ne représentent qu’eux même. Comme les Bolcheviks et les Nazis ils se sont emparés du pays parce qu’ils étaient mieux organisés et plus violents que les démocrates mais cela ne fait pas d’eux des légitimes dépositaires du pouvoir dans une démocratie.
Le mouvement indépendant Tamarrod (désobéissance) crée il y a deux mois, a lancé une pétition réclamant le départ de M. Morsi. Cette initiative a soulevé l’enthousiasme de la population et des partis d’opposition démocrates, elle rassemble déjà plus de 15 millions de signatures malgré les intimidations et tentatives d’assassinat sur plusieurs de ses responsables.
Le 30 Juin* le mouvement Tamarrod organise une manifestation d’appel à la démission que tous les commentateurs prédisent comme un énorme évènement aux conséquences imprévisibles.
Beaucoup prévoient une violente opposition des islamistes favorables à M. Morsi mais il semble que cela ne décourage aucunement la rue égyptienne. Une rue égyptienne qui a avec beaucoup de courage, régulièrement montré sa détermination à résister à la confiscation du pouvoir par les Frères Musulmans. Elle a aussi souvent payé le prix du sang pour cela.
Quelle leçon de courage de voir ainsi, dans l’indifférence internationale absolue, un jeune peuple descendre dans la rue et risquer sa vie pour réclamer la démocratie et le départ des islamistes, pour dire non aux Frères Musulmans et à la charia !
Pendant ce temps en France et dans l’Europe entière on autorise ou on finance les Frères Musulmans quand ils bâtissent leurs mosquées et leurs écoles d’endoctrinement. Aveugles, nous remontons nous-mêmes le ressort de la bombe à retardement qui, inévitablement, finira par exploser en provoquant des dommages qu’il aurait pourtant été facile de s’épargner… en regardant l’exemple égyptien.
Pour en savoir plus sur la Confrérie des frères Musulmans :
© Alain Wagner
* La cour correctionnelle d’Ismaïlia a demandé au parquet d’ouvrir une enquête sur la fuite de prison du président Mohamed Morsi, le 29 janvier 2011, évasion qui, aux yeux de la loi, constitue un crime qui prive celui qui l’a perpétré de ses droits civiques et politiques. Pour l’opposition, Mohamed Morsi n’avait donc pas le droit de se présenter aux élections présidentielles, puisqu’il n’a pas été gracié par le Conseil suprême des forces armées, contrairement à d’autres islamistes.
Un jugement dont l’opposition va se servir pour étayer son appel à la tenue d’élections présidentielles anticipées attendu le 30 juin.
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