vendredi 21 juin 2013

La mort d'un homme d'honneur

La mort romaine de Dominique Venner dans l'enceinte d'un édifice religieux prestigieux de la capitale française couronne une vie digne et fière et lance à tous les Français, à tous les Européens et, finalement, comme celle de Mishima en 1970, à tous les êtres humains conscients de la grandeur mais également de la responsabilité qu'implique le fait d'avoir des racines, une identité, une patrie, héritées ou choisies, un message puissant et tragique.

Ce Caton avait compris que l'effacement puis la destruction totale de la civilisation européenne étaient au bout de l'action de tous les gouvernements des nations d'Europe sous la férule d'une Union européenne qui est le bras armé d'une tyrannie globale près d'être achevée, orchestrée par les Etats-Unis d'Amérique, Israël et le monde de la haute finance internationale. Il avait compris que les actions purement politiques (soumission des économies et des populations nationales au mécanisme perpétuel de la dette, transformation des armées nationales en simples supplétives policières de l'OTAN, encouragement à une immigration massive de peuplement, dénigrement des cultures locales et nationales, conversion des systèmes éducatifs en fabriquants uniformes de travailleurs destinés à n'être que des instruments producteurs efficaces mais sans mémoire, dénués de sens critique par ignorance et lobotomisation, liquidation du tissu industriel) mais aussi les actions sociétales (anéantissement de la famille traditionnelle par la facilitation du divorce et de l'avortement de complaisance, par le mariage homosexuel sacralisé et l'adoption par les couples ainsi formés) n'avaient d'autre objectif que le remplacement de la civilisation millénaire de l'Europe par une anticivilisation mondialisée, livrée aux forces du marché et des communautés en guerre les unes avec les autres.

Le 1984 de George Orwell en décrit avec précision le mode de fonctionnement.
Depuis 2002, Dominique Venner dirigeait la Nouvelle Revue d'Histoire. Celle-ci est à son image : impeccable et élégante dans sa présentation, d'une honnêteté intellectuelle totale, scientifiquement sérieuse et objective, profonde dans ses jugements. Tous les collaborateurs de la NRH, Dominique Venner en tête, ont toujours été disposés à reconnaître les manques, les erreurs, les omissions qui ont pu leur être reprochés comme à toute revue généraliste et se sont toujours employés à les rectifier. La revue avait dû faire face dès son avènement à des attaques inouïes visant son existence même, mais en avait triomphé.

Le parcours de Dominique Venner est bien celui d'un grand Romain. Aimant sa patrie, la France, au fait des enjeux impliqués d'un côté comme de l'autre, il s'est battu, après la trahison du général de Gaulle, reniant ses promesses récentes, contre l'abandon de l'Algérie aux canailles du FLN, dont la majorité des Algériens ne voulait pas. Prenant au sérieux son rôle d'homme de savoir, il a, dans des ouvrages de haute tenue, étudié, analysé, remis en question des opinions transformées en poncifs par des siècles de malhonnêteté intellectuelle républicaine et rabâchées par le système, son école et ses médias. C'est ainsi qu'il a, avec d'autres, rétabli certaines vérités à propos des deux guerres mondiales, du capitalisme libéral prédateur, de la guerre de Sécession, du visage de la "démocratie", de l'origine et des conséquences de la sinistre Révolution de 1789.
Surtout, il a souligné avec force et conviction combien l'héritage de la Grèce, de Rome, des monarchies européennes, des grandes familles impériales comme les Habsbourg nous était indispensable puisque de lui coule la source, il faut bien l'admettre unique, d'un renouvellement possible de notre civilisation européenne.

Dans Histoire et tradition des Européens 1, il évoque les valeurs qui nous sont propres : sens du Destin, grandeur des exemples héroïques et politiques de nos grands hommes, courage de nos peuples dans les heures tragiques puisé dans leur enracinement dans la terre de leurs ancêtres, immersion dans les monuments artistiques (picturaux, musicaux, littéraires, architecturaux, sculpturaux) et intellectuels (philosophes, penseurs, sages) qui nous ont construits. Dans Le Siècle de 1914 2, c'est à une ouverture absolue et vivifiante à la réalité de la catastrophe de la Première Guerre mondiale qu'il s'est livré. On y perçoit les logiques de domination anglo-saxonnes derrière les deux conflits mondiaux, le rôle pervers de la finance et des réseaux secrets. Son analyse facilite la compréhension du monde actuel, avec ses menaces létales non seulement pour nous, Européens, mais pour l'homme en général.

Les ennemis de Dominique Venner - le Système mondialiste dans son intégralité - se sont évidemment attachés à le détruire. Par tous les moyens à leur disposition (financiers, intellectuels, politiques), il n'ont eu de cesse que son influence soit nulle. Et de fait, seuls quelques initiés le connaissent. La Nouvelle Revue d'Histoire, heureusement, a beaucoup fait pour élargir le cercle de ceux qui l'ont lu, apprécié, médité. Lui, mort, la revue survivra-t-elle ? De toutes nos forces, nous espérons que ce sera le cas.

La mort tragique mais superbe de Dominique Venner a naturellement été saluée comme il se devait par ceux qui tiennent le haut du pavé, c'est-à-dire ceux pour qui il représentait l'homme, mais aussi la pensée, les convictions à éradiquer. C'est la raison pour laquelle, des télévisions aux radios, en passant par les journaux, les interviews de gens du Système, les témoignages "spontanés" de personnalités stipendiées, on a cherché à abaisser, dénaturer son geste par l'utilisation d'un mot, d'une expression clés. Comme toujours, dès que sont concernés des adversaires de la mondialisation, de la tyrannie globale dont les hommes politiques sont les complices, on s'est servi de l'étiquette extrême-droite. Des décennies de propagande "démocratique" et libérale en ont fait l'anathème absolu, celui qui provoque un recul horrifié des foules moutonnisées. On serait pourtant bien en peine de décrire ce qui, chez Dominique Venner, pouvait bien être extrême et surtout de droite extrême. Les protagonistes du Système n'en ont cure.

Aussi n'est-ce point une surprise que le label extrême-droite ait été accolé encore et encore, souvent plusieurs fois dans le même texte ou dans le même propos, depuis le geste - on serait tenté d'écrire la geste, mais de qui serait-ce compris ? - au coeur de Notre-Dame de Paris. Le Système compte de la sorte décourager quiconque ne connaîtrait pas Dominique Venner de s'intéresser à son action, de le lire, de le méditer. Il y parviendra probablement, tant l'abrutissement du peuple a été réussi.
A vous, Monsieur Dominique Venner, grand Français, grand Européen, nous rendons ici hommage.

1. Editions du Rocher, 2002.
2. Editions Pygmalion, 2006.
 www.dominiquevenner.fr
 

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