dimanche 2 juin 2013

Un prédicateur islamique appelle les sunnites à appuyer les rebelles syriens

De violents combats ont secoué samedi la ville syrienne de Qousseir. Rami Bleible/Reuters

De violents combats ont secoué samedi la ville syrienne de Qousseir. Rami Bleible/Reuters
syrie Violents combats à Qousseir, l'ONU s'inquiète pour les civils.
 L'influent prédicateur islamique Youssef al-Qaradaoui a appelé les musulmans sunnites à rejoindre les rebelles pour combattre les forces du régime en Syrie, appuyées par le Hezbollah chiite libanais.
Cheikh Qaradaoui, un ressortissant du Qatar d'origine égyptienne, a appelé lors d'un rassemblement à Doha vendredi soir, "tout musulman ayant reçu un entraînement militaire à se rendre disponible" pour soutenir les rebelles en Syrie où le conflit a fait plus de 94.000 morts depuis mars 2011.

"Pourquoi devrions-nous rester impassibles pendant que l'Iran envoie des armes et des hommes (pour appuyer le régime syrien)", a-t-il dit, qualifiant le Hezbollah (parti de Dieu, en français), un allié des pouvoirs en Syrie et en Iran, de "parti de Satan".

Le puissant mouvement armé du Hezbollah est ouvertement impliqué dans le conflit en Syrie, où il combat les rebelles aux côtés des troupes du régime de Bachar el-Assad, soupçonné d'avoir pendant longtemps facilité le transfert d'armes de l'Iran au Hezbollah.

"Le chef du parti de Satan est venu pour combattre les sunnites. Maintenant nous savons ce que veulent les Iraniens. Ils veulent poursuivre les massacres pour tuer les sunnites", a poursuivi cheikh Qaradaoui.

"Comment 100 millions de chiites à travers le monde peuvent-ils vaincre 1,7 milliard de sunnites", a-t-il demandé. "C'est seulement parce que les musulmans sunnites sont faibles".


Dans son appel à combattre le Hezbollah, qui a perdu des dizaines de combattants dans la ville syrienne de Qousseir (centre-ouest), près de la frontière libanaise, cheikh Qaradaoui a toutefois affirmé que "le combat n'est pas dirigé contre tous les chiites".

Au Liban, des sunnites se portent d'ailleurs volontaires pour renforcer les rangs de la rébellion syrienne.
Dans ce pays où les forces politiques sont divisées entre pro et anti-Assad, six roquettes se sont écrasées samedi près de la région du Hermel (Békaa), un bastion du Hezbollah, selon une source de sécurité qui n'a pas fait état de victimes.  Selon des médias locaux, deux autres roquettes se sont abattues en soirée dans les jurd de Brital, dans l'est de Baalbeck.

Alors que la communauté internationale s'inquiète du rôle croissant des groupes jihadistes au sein de la rébellion, le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé vendredi avoir ajouté le front al-Nosra dans sa liste d'organisations "terroristes", en raison de liens avec el-Qaëda.


Violents combats à Qousseir
En Syrie, les rebelles luttaient avec acharnement samedi pour défendre leurs positions à Qousseir, soumises à un déluge de feu de l'armée, appuyée par le Hezbollah, tandis que l'ONU s'inquiétait pour les civils pris au piège.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales, les combats font rage à Qousseir (centre), longtemps place forte de la rébellion près de la frontière libanaise mais cible d'une offensive lancée le 19 mai.
Les rebelles sont désormais retranchés dans le nord de la ville, et leurs positions sont soumises à de violents bombardements à l'artillerie lourde de l'armée, qui cherche à ouvrir un passage sûr entre la capitale et le littoral, a précisé l'OSDH.

La Coalition nationale de l'opposition a salué dans un communiqué "le courage et la résistance" de la rébellion à Qousseir, où elle cherche "à repousser les envahisseurs", parmi lesquels les combattants du Hezbollah.

Des milliers de civils se trouvent encore à l'intérieur de la ville, selon le chef de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, qui a confirmé qu'un millier de blessés restaient bloqués.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé les combattants à laisser les civils quitter la ville et a rappelé qu'il était de la responsabilité du gouvernement de les protéger, "y compris de la menace de milices".

Dans un communiqué conjoint, la responsable de l'ONU pour l'humanitaire, Valerie Amos, et celle chargée des droits de l'Homme, Navi Pillay, se sont dites "extrêmement inquiètes" pour les civils de Qousseir.
"Nous comprenons qu'il pourrait y avoir jusqu'à 1.500 personnes blessées requérant une évacuation immédiate pour des soins médicaux d'urgence et que la situation générale à Qousseir est désespérée", insiste le texte.
Outres les civils piégés dans la ville, "plus de 10.000 habitants ont déjà fui dans les localités de la région (...). Ils ont besoin de toute urgence de nourriture, de couvertures, d'eau propre et de soins médicaux", ajoutent les deux responsables.


Damas critique la "sauvagerie" d'Ankara...
Plus au nord, l'armée a repris samedi le contrôle de deux localités à majorité alaouite dans la province de Hama (centre), après des combats contre les rebelles qui les occupaient depuis plusieurs semaines, selon l'OSDH, qui a recensé au moins 60 morts dans un bilan provisoire pour la journée de samedi.

Malgré les efforts diplomatiques, la guerre en Syrie ne donnait aucun signe de répit, l'opposition exigeant une nouvelle fois le départ du président Bachar el-Assad et l'arrêt des combats pour participer à la conférence internationale de paix. L'opposition a justifié les conditions posées pour sa participation à la conférence: "Assad ne respectera pas les efforts en vue d'un accord et les utilisera pour gagner plus de temps en vue de détruire, tuer et terroriser".

Le régime syrien a donné son accord de principe à cette conférence initiée par Moscou, un allié de M. Assad, et Washington qui soutient l'opposition, pour tenter de mettre fin aux violences qui ont fait plus de 94.000 morts, selon l'OSDH, depuis mars 2011. Une réunion regroupant les Nations unies, les États-Unis et la Russie est prévue le 5 juin à Genève pour préparer la conférence.

Par ailleurs, le gouvernement syrien, qui ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation en Syrie, n'a pas hésité à vivement critiquer les violences policières à Istanbul, accusant les autorités d'Ankara, très hostiles envers Damas, de réagir avec "sauvagerie" à des "manifestations pacifiques".

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