On connaissait l'aversion des autorités de Téhéran pour les Barbies et autres produits «occidentaux» comme les poupées des Simpsons. C'est aujourd'hui une autre icône très prisée des jeunes Iraniens qui fait l'objet d'une offensive particulièrement ciblée : le Bouddha, et plus précisément sa reproduction sous forme de statuette. L'article, désormais banni des magasins, est perçu comme une «invasion culturelle», selon Saeed Jaberi Ansari, du Bureau de la protection du patrimoine iranien, cité par le quotidien indépendant Arman.
Les mésaventures de Bouddha en Asie du Sud Ouest ne sont pas nouvelles. En Iran, tout le monde se souvient de la destruction des statues de Bamyian, dans l'Afghanistan voisin pendant l'hiver 2000-2001, alors que les Taliban sunnites tenaient le pays d'une main de fer. Les chiites d'Iran, qui composent la majeure partie de la population, sont pourtant connus pour leur idolâtrie des icônes religieuses (y compris celles qui ne font pas partie de leur religion, comme la Vierge Marie, symbole de la fécondité pour beaucoup de femmes).
Mais pour de nombreux jeunes Iraniens, le Bouddha est tout simplement un symbole de paix, qu'ils aiment arborer en ces temps de course au nucléaire et de sanctions étrangères. Dans le Nord huppé de Téhéran, il est par ailleurs fréquent de croiser une statuette de Bouddha sur la table basse d'un salon ou le pare-brise d'une voiture, non pas par connotation religieuse, mais parce que c'est un «objet branché». Qui, en effet, dans les villas branchées de la capitale iranienne, n'a pas écouté, ou dansé sur une copie piratée des tubes du «Bouddha Bar» ? De quoi chatouiller la barbe des ultraconservateurs, également enclins à en faire un argument électoral avant la présidentielle du mois de juin auprès de leur base plus traditionnelle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire