vendredi 18 octobre 2013

Haro sur l’Église orthodoxe grecque !

Une « olive sans noyau » m’est restée en travers de la gorge en lisant le papier de Marie Delarue hier matin sur Boulevard Voltaire. Ainsi l’Église orthodoxe grecque serait non seulement « propriétaire d’un tiers environ du pays » mais, en outre, on l’aurait dispensée de payer ses impôts. Et qui plus est les moines grecs, « riches comme Crésus », rouleraient en Porsche… Alors que, vous l’aviez compris, le peuple crève de faim.
À moins de travailler pour Gala ou l’Huma, il vaut toujours mieux vérifier les « on-dit » plus ou moins farfelus qui circulent sur la Toile… Car l’Église orthodoxe grecque a en réalité très officiellement versé au fisc 12,5 millions d’euros en 2011, pour l’ensemble de ses évêchés, monastères et paroisses. Et ces affameurs de chrétiens poussent même le détail jusqu’à donner – pour les journalistes pointilleux – la somme au centime près : 12.584.139,92 euros. Espèrent-ils ainsi faire taire la rumeur journalistique autour du « trésor mythique de l’Église grecque » ? Sans doute, mais les insinuations continuent et se distillent subrepticement, élégamment même, y compris sur Boulevard Voltaire.
Il est vrai que les Grecs eux-mêmes entretiennent des relations souvent passionnelles avec leur Église, où se mêlent des sentiments souvent contradictoires entre vénération et envie. Ils n’oublient pas que l’Église orthodoxe reste étroitement liée à leur libération du joug ottoman en 1827, et à l’idée même de la création de la nation grecque. Les biens immobiliers de l’Église ont notamment servi d’hypothèque à l’État grec pour l’émission de ses bons du Trésor. C’est encore elle qui a tenu lieu de garantie pour les emprunts de 1845 auprès de la Banque centrale d’Angleterre.
Certes, l’Église grecque n’est pas à plaindre. Elle reste même, après l’État, le plus grand propriétaire foncier du pays. Mais comme dirait Mgr Antonios, numéro 2 de l’Église grecque : « Il est normal que notre Église soit en possession de certains biens puisqu’elle existe depuis 1.700 ans… Elle est bien plus ancienne que l’État Grec. » Un État grec chancelant dont l’Église orthodoxe reste la béquille indispensable encore aujourd’hui, assurant le soutien social en ces temps de pénurie, distribuant plus de 250.000 repas par jour, payant les factures d’eau et d’électricité, les loyers et les impôts de familles dans le besoin.
Alors, « riche comme Crésus », l’Église grecque ? Elle l’est tellement qu’elle a du mal à entretenir ou à restaurer elle-même les lieux de culte historiques tombant en ruines. Pas question de compter sur le soutien de l’État qui préfère, on l’a vu, financer la construction d’une grande mosquée à Athènes
José
Meidinger
Journaliste.
Ancien grand reporter à France 3 Alsace, il passe son temps entre l’Alsace et la Grèce

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