«Nicolas
Sarkozy doit être jugé à son action et non pas dřaprès sa personnalité. Mais
lorsque son
action
surprend jusquřà ses propres électeurs, il est légitime de se pencher en détail
sur sa
biographie
et de sřinterroger sur les alliances qui lřont conduit au pouvoir. Thierry
Meyssan a
décidé
dřécrire la vérité sur les origines du président de la République française.
Toutes les
informations
contenues dans cet article sont vérifiables, à lřexception de deux imputations,
signalées
par lřauteur qui en assume seul la responsabilité.
Réseau
Voltaire | Almaty (Kazakhstan) | 19 juillet 2008
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Les
Français, lassés des trop longues présidences de François Mitterrand et de
Jacques Chirac, ont
élu Nicolas
Sarkozy en comptant sur son énergie pour revitaliser leur pays. Ils espéraient
une
rupture
avec des années dřimmobilisme et des idéologies surannées. Ils ont eu une
rupture avec les
principes
qui fondent la nation française. Ils ont été stupéfaits par cet «
hyper-président », se
saisissant
chaque jour dřun nouveau dossier, aspirant à lui la droite et la gauche,
bousculant tous
les repères
jusquřà créer une complète confusion.
Comme des
enfants qui viennent de faire une grosse bêtise, les Français sont trop occupés
à se
trouver des
excuses pour admettre lřampleur des dégâts et leur naïveté. Ils refusent
dřautant plus de
voir qui
est vraiment Nicolas Sarkozy, quřils auraient dû sřen rendre compte depuis
longtemps.
Cřest que
lřhomme est habile. Comme un illusionniste, il a détourné leur attention en
offrant sa vie
privée en
spectacle et en posant dans les magazines people, jusquřà leur faire oublier
son parcours
politique.
Que lřon
comprenne bien le sens de cet article : il ne sřagit pas de reprocher à M.
Sarkozy ses liens
familiaux,
amicaux et professionnels, mais de lui reprocher dřavoir caché ses attaches aux
Français
qui ont
cru, à tort, élire un homme libre.
Pour
comprendre comment un homme en qui tous sřaccordent aujourdřhui à voir lřagent
des États-
Unis et
dřIsraël a pu devenir le chef du parti gaulliste, puis le président de la
République française,
il nous
faut revenir en arrière. Très en arrière. Il nous faut emprunter une longue digression
au
cours de
laquelle nous présenterons les protagonistes qui trouvent aujourdřhui leur
revanche.
Secrets de
famille
À la fin de
la Seconde Guerre mondiale, les services secrets états-uniens sřappuient sur le
parrain
italo-US
Lucky Luciano pour contrôler la sécurité des ports américains et pour préparer
le
débarquement
allié en Sicile. Les contacts de Luciano avec les services US passent notamment
par
Frank
Wisner Sr. puis, lorsque le « parrain » est libéré et sřexile en Italie, par
son « ambassadeur »
corse,
Étienne Léandri.
En 1958,
les États-Unis, inquiets dřune possible victoire du FLN en Algérie qui
ouvrirait lřAfrique
du Nord à
lřinfluence soviétique, décident de susciter un coup dřÉtat militaire en
France.
Lřopération
est organisée conjointement par la Direction de la planification de la CIA ŕ
théoriquement
dirigée par Frank Wisner Sr. et par lřOTAN. Mais Wisner a déjà sombré dans la
démence de
sorte que cřest son successeur, Allan Dulles, qui supervise le coup. Depuis
Alger, des
généraux
français créent un Comité de salut public qui exerce une pression sur le
pouvoir civil
parisien et
le contraint à voter les pleins pouvoirs au général De Gaulle sans avoir besoin
de
recourir la
force [1].
Or, Charles
De Gaulle nřest pas le pion que les Anglo-Saxons croient pouvoir manipuler.
Dans un
premier
temps, il tente de sortir de la contradiction coloniale en accordant une large
autonomie aux
territoires
dřoutre-mer au sein dřune Union française.
Mais il est
déjà trop tard pour sauver lřEmpire français car les peuples colonisés ne
croient plus
aux
promesses de la métropole et exigent leur indépendance. Après avoir conduit
victorieusement
de féroces
campagnes de répression contre les indépendantistes, De Gaulle se rend à
lřévidence.
Faisant
preuve dřune rare sagesse politique, il décide dřaccorder à chaque colonie son
74
indépendance.
Cette
volte-face est vécue comme une trahison par la plupart de ceux qui lřont porté
au pouvoir. La
CIA et
lřOTAN soutiennent alors toutes sortes de complots pour lřéliminer, dont un
putsch manqué
et une
quarantaine de tentatives dřassassinat [2]. Toutefois, certains de ses
partisans approuvent
son
évolution politique. Autour de Charles Pasqua, ils créent le SAC, une milice pour
le protéger.
Pasqua est
à la fois un truand corse et un ancien résistant. Il a épousé la fille dřun
bootlegger
canadien
qui fit fortune durant la prohibition. Il dirige la société Ricard qui, après
avoir
commercialisé
de lřabsinthe, un alcool prohibé, se respectabilise en vendant de lřanisette.
Cependant,
la société continue à servir de couverture pour toutes sortes de trafics en
relation avec
la famille
italo-new-yorkaise des Genovese, celle de Lucky Luciano. Il nřest donc pas
étonnant que
Pasqua fasse
appel à Étienne Léandri (« lřambassadeur » de Luciano) pour recruter des gros
bras
et
constituer la milice gaulliste [3]. Un troisième homme joue un grand rôle dans
la formation du
SAC,
lřancien garde du corps de De Gaulle, Achille Peretti ŕun Corse lui aussiŕ.
Ainsi
défendu, De Gaulle dessine avec panache une politique dřindépendance nationale.
Tout en
affirmant
son appartenance au camp atlantique, il remet en cause le leadership
anglo-saxon. Il
sřoppose à
lřentrée du Royaume-Uni dans le Marché commun européen (1961 et 1967) ; Il
refuse le
déploiement
des casques de lřONU au Congo (1961) ; il encourage les États latino-américains
à
sřaffranchir
de lřimpérialisme US (discours de Mexico, 1964) ; Il expulse lřOTAN de France
et se
retire du
Commandement intégré de lřAlliance atlantique (1966) ; Il dénonce la Guerre du
Viêt-
Nam
(discours de Phnon Penh, 1966) ; Il condamne lřexpansionnisme israélien lors de
la Guerre
des Six
jours (1967) ; Il soutient lřindépendance du Québec (discours de Montréal 1967)
; etc.
Simultanément,
De Gaulle consolide la puissance de la France en la dotant dřun complexe
militaroindustriel
incluant la
force de dissuasion nucléaire, et en garantissant son approvisionnement
énergétique.
Il éloigne utilement les encombrants Corses de son entourage en leur confiant
des
missions à
étranger. Ainsi Étienne Léandri devient-il le trader du groupe Elf (aujourdřhui
Total)
[4], tandis
que Charles Pasqua devient lřhomme de confiance des chefs dřÉtats dřAfrique
francophone.
Conscient
quřil ne peut défier les Anglo-Saxons sur tous les terrains à la fois, De
Gaulle sřallie à la
famille
Rothschild. Il choisit comme Premier ministre le fondé de pouvoir de la Banque,
Georges
Pompidou.
Les deux hommes forment un tandem efficace. Lřaudace politique du premier ne
perd
jamais de
vue le réalisme économique du second.
Lorsque De
Gaulle démissionne, en 1969, Georges Pompidou lui succède brièvement à la
présidence
avant dřêtre emporté par un cancer. Les gaullistes historiques nřadmettent pas
son
leadership
et sřinquiètent de son tropisme anglophile. Ils hurlent à la trahison lorsque
Pompidou,
secondé par
le secrétaire général de lřÉlysée Edouard Balladur, fait entrer « la perfide
Albion »
dans le
Marché commun européen.
La
fabrication de Nicolas Sarkozy
Ce décor
étant planté, revenons-en à notre personnage principal, Nicolas Sarkozy. Né en
1955, il
est le fils
dřun noble catholique hongrois, Pal Sarkösy de Nagy-Bocsa, réfugié en France
après
avoir fui
lřArmée rouge, et dřAndrée Mallah, une roturière juive originaire de
Thessalonique. Après
avoir eu
trois enfants (Guillaume, Nicolas et François), le couple divorce. Pal Sarkosy
de Nagy-
Bocsa se
remarie avec une aristocrate, Christine de Ganay, dont il aura deux enfants
(Pierre-
Olivier et
Caroline). Nicolas ne sera pas élevé par ses seuls parents, mais balloté dans
cette famille
recomposée.
Sa mère est
devenue la secrétaire dřAchille Peretti. Après avoir co-fondé le SAC, le garde
du corps
75
de De
Gaulle avait poursuivi une brillante carrière politique. Il avait été élu député
et maire de
Neuilly-sur-Seine,
la plus riche banlieue résidentielle de la capitale, puis président de
lřAssemblée
nationale.
Malheureusement,
en 1972, Achille Peretti est gravement mis en cause. Aux États-Unis, le
magazine
Time révèle
lřexistence dřune organisation criminelle secrète « lřUnion corse » qui
contrôlerait une
grande
partie du trafic de stupéfiants entre lřEurope et lřAmérique, la fameuse «
French connexion
»
quřHollywwod devait porter à lřécran. Sřappuyant sur des auditions
parlementaires et sur ses
propres
investigations, Time cite le nom dřun chef mafieux, Jean Venturi, arrêté
quelques années
plus tôt au
Canada, et qui nřest autre que le délégué commercial de Charles Pasqua pour la
société
dřalcool
Ricard. On évoque le nom de plusieurs familles qui dirigeraient « lřUnion corse
», dont les
Peretti.
Achille nie, mais doit renoncer à la présidence de lřAssemblée nationale et
échappe même à
un «
suicide ».
En 1977,
Pal Sarkozy se sépare de sa seconde épouse, Christine de Ganay, laquelle se lie
alors
avec le n°2
de lřadministration centrale du département dřÉtat des États-Unis. Elle
lřépouse et
sřinstalle
avec lui en Amérique. Le monde étant petit, cřest bien connu, son mari nřest
autre que
Frank
Wisner Jr., fils du précédent. Les fonctions de Junior à la CIA ne sont pas
connues, mais il
clair quřil
y joue un rôle important. Nicolas, qui reste proche de sa belle-mère, de son
demi-frère et
de sa
demi-soeur, commence à se tourner vers les États-Unis où il « bénéficie » des
programmes de
formation
du département dřÉtat.
À la même
période, Nicolas Sarkozy adhère au parti gaulliste. Il y fréquente dřautant
plus
rapidement
Charles Pasqua que celui-ci nřest pas seulement un leader national, mais aussi
le
responsable
de la section départementale des Hauts-de-Seine.
En 1982,
Nicolas Sarkozy, ayant terminé ses études de droit et sřétant inscrit au
barreau, épouse la
nièce
dřAchille Peretti. Son témoin de mariage est Charles Pasqua. En tant quřavocat,
Me Sarkozy
défend les
intérêts des amis corses de ses mentors. Il acquiert une propriété sur lřîle de
beauté, à
Vico, et
imagine de corsiser son nom en remplaçant le « y » par un « i » : Sarkozi.
Lřannée
suivante, il est élu maire de Neuilly-sur-Seine en remplacement de son
bel-oncle, Achille
Peretti,
terrassé par une crise cardiaque.
Cependant,
Nicolas ne tarde pas à trahir sa femme et, dès 1984, il poursuit une liaison
cachée avec
Cécilia,
lřépouse du plus célèbre animateur de télévision français de lřépoque, Jacques
Martin,
dont il a
fait la connaissance en célébrant leur mariage en qualité de maire de Neuilly.
Cette double
vie dure
cinq ans, avant que les amants ne quittent leurs conjoints respectifs pour
construire un
nouveau
foyer.
Nicolas est
le témoin de mariage, en 1992, de la fille de Jacques Chirac, Claude, avec un
éditorialiste
du Figaro. Il ne peut sřempêcher de séduire Claude et de mener une brève
relation
avec elle,
tandis quřil vit officiellement avec Cécilia. Le mari trompé se suicide en
absorbant des
drogues. La
rupture est brutale et sans retour entre les Chirac et Nicolas Sarkozy.
En 1993, la
gauche perd les élections législatives. Le président François Mitterrand refuse
de
démissionner
et entre en cohabitation avec un Premier ministre de droite. Jacques Chirac,
qui
ambitionne
la présidence et pense alors former avec Edouard Balladur un tandem comparable
à
celui de De
Gaulle et Pompidou, refuse dřêtre à nouveau Premier ministre et laisse la place
à son «
ami de
trente ans », Edouard Balladur. Malgré son passé sulfureux, Charles Pasqua
devient
76
ministre de
lřIntérieur. Sřil conserve la haute main sur la marijuana marocaine, il profite
de sa
situation
pour légaliser ses autres activités en prenant le contrôle des casinos, jeux et
courses en
Afrique
francophone. Il tisse aussi des liens en Arabie saoudite et en Israël et
devient officier
dřhonneur
du Mossad. Nicolas Sarkozy, quant à lui, est ministre du Budget et porte-parole
du
gouvernement.
À
Washington, Frank Wisner Jr. a pris la succession de Paul Wolfowitz comme
responsable de la
planification
politique au département de la Défense. Personne ne remarque les liens qui
lřunissent
au
porte-parole du gouvernement français.
Cřest alors
que reprend au sein du parti gaulliste la tension que lřon avait connu trente
ans plus tôt
entre les
gaullistes historiques et la droite financière, incarnée par Balladur. La
nouveauté, cřest
que Charles
Pasqua et avec lui le jeune Nicolas Sarkozy trahissent Jacques Chirac pour se
rapprocher
du courant Rothschild. Tout dérape. Le conflit atteindra son apogée en 1995
lorsquřÉdouard
Balladur se présentera contre son ex-ami Jacques Chirac à lřélection
présidentielle,
et sera battu. Surtout, suivant les instructions de Londres et de Washington,
le
gouvernement
Balladur ouvre les négociations dřadhésion à lřUnion européenne et à lřOTAN des
États
dřEurope centrale et orientale, affranchis de la tutelle soviétique.
Rien ne va
plus dans le parti gaulliste où les amis dřhier sont près de sřentre-tuer. Pour
financer sa
campagne
électorale, Edouard Balladur tente de faire main basse sur la caisse noire du
parti
gaulliste,
cachée dans la double comptabilité du pétrolier Elf. À peine le vieux Étienne
Léandri
mort, les
juges perquisitionnent la société et ses dirigeants sont incarcérés. Mais
Balladur, Pasqua
et Sarkozy
ne parviendront jamais à récupérer le magot.
La
traversée du désert
Tout au
long de son premier mandat, Jacques Chirac tient Nicolas Sarkozy à distance.
Lřhomme se
fait
discret durant cette longue traversée du désert. Discrètement, il continue à
nouer des relations
dans les
cercles financiers.
En 1996,
Nicolas Sarkozy ayant enfin réussi à clore une procédure de divorce qui nřen
finissait pas
se marie
avec Cécilia. Ils ont pour témoins les deux milliardaires Martin Bouygues et
Bernard
Arnaud
(lřhomme le plus riche du pays).
Dernier
acte
Bien avant
la crise irakienne, Frank Wisner Jr. et ses collègues de la CIA planifient la
destruction
du courant
gaulliste et la montée en puissance de Nicolas Sarkozy. Ils agissent en trois
temps :
dřabord
lřélimination de la direction du parti gaulliste et la prise de contrôle de cet
appareil, puis
lřélimination
du principal rival de droite et lřinvestiture du parti gaulliste à lřélection
présidentielle,
enfin
lřélimination de tout challenger sérieux à gauche de manière à être certain
dřemporter
lřélection
présidentielle.
Pendant des
années, les médias sont tenus en haleine par les révélations posthumes dřun
promoteur
immobilier.
Avant de décéder dřune grave maladie, il a enregistré pour une raison jamais
élucidée
une
confession en vidéo. Pour une raison encore plus obscure, la « cassette »
échoue dans les
mains dřun
hiérarque du Parti socialiste, Dominique Strauss-Khan, qui la fait parvenir
indirectement
à la presse.
Si les
aveux du promoteur ne débouchent sur aucune sanction judiciaire, ils ouvrent
une boîte de
Pandore. La
principale victime des affaires successives sera le Premier ministre Alain
Juppé. Pour
protéger Chirac,
il assume seul toutes les infractions pénales. La mise à lřécart de Juppé
laisse la
voie libre
à Nicolas Sarkozy pour prendre la direction du parti gaulliste.
77
Sarkozy
exploite alors sa position pour contraindre Jacques Chirac à le reprendre au
gouvernement,
malgré leur haine réciproque. Il sera en définitive, ministre de lřIntérieur.
Erreur ! À
ce poste,
il contrôle les préfets et le renseignement intérieur quřil utilise pour
noyauter les grandes
administrations.
Il sřoccupe
aussi des affaires corses. Le préfet Claude Érignac a été assassiné. Bien quřil
nřait pas
été
revendiqué, le meurtre a immédiatement été interprété comme un défi lancé par
les
indépendantistes
à la République. Après une longue traque, la police parvient à arrêter un
suspect
en fuite,
Yvan Colonna, fils dřun député socialiste. Faisant fi de la présomption
dřinnocence,
Nicolas
Sarkozy annonce cette interpellation en accusant le suspect dřêtre lřassassin.
Cřest que la
nouvelle
est trop belle à deux jours du référendum que le ministre de lřIntérieur
organise en Corse
pour
modifier le statut de lřîle. Quoi quřil en soit, les électeurs rejettent le
projet Sarkozy qui, selon
certains,
favorise les intérêts mafieux.
Bien
quřYvan Colonna ait ultérieurement été reconnu coupable, il a toujours clamé
son innocence
et aucune
preuve matérielle nřa été trouvée contre lui. Étrangement, lřhomme sřest muré
dans le
silence,
préférant être condamné que de révéler ce quřil sait.
Nous
révélons ici que le préfet Érignac nřa pas été tué par des nationalistes, mais
abattu par un
tueur à
gage, immédiatement exfiltré vers lřAngola où il a été engagé à la sécurité du
groupe Elf.
Le mobile
du crime était précisément lié aux fonctions antérieures dřÉrignac, responsable
des
réseaux
africains de Charles Pasqua au ministère de la Coopération. Quand à Yvan
Colonna, cřest
un ami
personnel de Nicolas Sarkozy depuis des décennies et leurs enfants se sont
fréquentés.
Une
nouvelle affaire éclate : de faux listings circulent qui accusent mensongèrement
plusieurs
personnalités
de cacher des comptes bancaires au Luxembourg, chez Clearstream. Parmi les
personnalités
diffamées : Nicolas Sarkozy. Il porte plainte et sous-entend que son rival de
droite à
lřélection
présidentielle, le Premier ministre Dominique de Villepin, a organisé cette
machination. Il
ne cache
pas son intention de le faire jeter en prison.
En réalité,
les faux listings ont été mis en circulation par des membres de la Fondation
francoaméricaine
[5], dont
John Negroponte était président et dont Frank Wisner Jr. est administrateur.
Ce que les
juges ignorent et que nous révélons ici, cřest que les listings ont été
fabriqués à Londres
par une
officine commune de la CIA et du MI6, Hakluyt & Co, dont Frank Wisner Jr.
est également
administrateur.
Villepin se
défend de ce dont on lřaccuse, mais il est mis en examen, assigné à résidence
et, de
facto,
écarté provisoirement de la vie politique. La voie est libre à droite pour
Nicolas Sarkozy.
Reste à
neutraliser les candidatures dřopposition. Les cotisations dřadhésion au parti
socialistes
sont
réduites à un niveau symbolique pour attirer de nouveaux militants.
Soudainement des milliers
de jeunes
prennent leur carte. Parmi eux, au moins dix mille nouveaux adhérents sont en
réalité des
militants
du Parti trotskiste « lambertiste » (du nom de son fondateur Pierre Lambert).
Cette
petite formation dřextrême gauche sřest historiquement mise au service de la
CIA contre les
communistes
staliniens durant la Guerre froide (Elle est lřéquivalent du SD/USA de Max
Shatchman,
qui a formé les néoconservateurs aux USA [6]). Ce nřest pas la première fois
que les «
lambertistes
» infiltrent le Parti socialiste. Ils y ont notamment placé deux célèbres
agents de la CIA
: Lionel
Jospin (qui est devenu Premier ministre) et Jean-Christophe Cambadélis, le
principal
conseiller
de Dominique Strauss-Kahn [7].
Des
primaires sont organisés au sein du Parti socialiste pour désigner son candidat
à lřélection
présidentielle.
Deux personnalités sont en concurrence : Laurent Fabius et Ségolène Royal. Seul
le
premier
représente un danger pour Sarkozy. Dominique Strauss-Kahn entre dans la course
avec
pour
mission dřéliminer Fabius au dernier moment. Ce quřil sera en mesure de faire grâce
aux
votes des
militants « lambertistes » infiltrés, qui portent leur suffrages non pas sur
son nom, mais
78
sur celui
de Royal.
Lřopération
est possible parce que Strauss-Kahn est depuis longtemps sur le payroll des
États-Unis.
Les
Français ignorent quřil donne des cours à Stanford, où il a été embauché par le
prévot de
lřuniversité,
Condoleezza Rice [8].
Dès sa
prise de fonction, Nicolas Sarkozy et Condoleezza Rice remercieront
Strauss-Kahn en le
faisant
élire à la direction du Fonds monétaire international.
Premiers
jours à lřÉlysée
Le soir du
second tour de lřélection présidentielle, lorsque les instituts de sondages
annoncent sa
victoire
probable, Nicolas Sarkozy prononce un bref discours à la nation depuis son QG
de
campagne.
Puis, contrairement à tous les usages, il ne va pas faire la fête avec les
militants de son
parti, mais
il se rend au Fouquetřs. La célèbre brasserie des Champs-Élysées, qui était
jadis le
rendez-vous
de « lřUnion corse » est aujourdřhui la propriété du casinotier Dominique Desseigne.
Il a été
mis à disposition du président élu pour y recevoir ses amis et les principaux
donateurs de sa
campagne.
Une centaine dřinvités sřy bousculent, les hommes les plus riches de France y
côtoient
les patrons
de casinos.
Puis le
président élu sřoffre quelques jours de repos bien mérités. Conduit en
Falcon-900 privé à
Malte, il
sřy repose sur le Paloma, le yacht de 65 mètres de son ami Vincent Bolloré, un
milliardaire
formé à la
Banque Rothschild.
Enfin,
Nicolas Sarkozy est investi président de la République française. Le premier
décret quřil
signe nřest
pas pour proclamer une amnistie, mais pour autoriser les casinos de ses amis
Desseigne
et
Partouche à multiplier les machines à sous.
Il forme
son équipe de travail et son gouvernement. Sans surprise, on y retrouve un bien
trouble
propriétaire
de casinos (le ministre de la Jeunesse et des Sports) et le lobbyiste des
casinos de lřami
Desseigne
(qui devient porte-parole du parti « gaulliste »).
Nicolas
Sarkozy sřappuie avant tout sur quatre hommes :
Claude
Guéant, secrétaire général du palais de lřÉlysée. Cřest lřancien bras droit de
Charles
Pasqua.
François
Pérol, secrétaire général adjoint de lřÉlysée. Cřest un associé-gérant de la
Banque
Rothschild.
Jean-David
Lévitte, conseiller diplomatique. Fils de lřancien directeur de lřAgence juive.
Ambassadeur
de France à lřONU, il fut relevé de ses fonctions par Chirac qui le jugeait
trop
proche de
George Bush.
Alain
Bauer, lřhomme de lřombre. Son nom nřapparaît pas dans les annuaires. Il est
chargé des
services de
renseignement. Ancien Grand-Maître du Grand Orient de France (la principale
obédience
maçonnique française) et ancien n°2 de la National Security Agency
états-unienne en
Europe [9].
Frank
Wisner Jr., qui a été nommé entre temps envoyé spécial du président Bush pour
lřindépendance
du Kosovo, insiste pour que Bernard Kouchner soit nommé ministre des Affaires
étrangères
avec une double mission prioritaire : lřindépendance du Kosovo et la
liquidation de la
politique
arabe de la France.
Kouchner a
débuté sa carrière en participant à la création dřune ONG humanitaire. Grâce
aux
financements
de la National Endowment for Democracy, il a participé aux opérations de
Zbigniew
Brzezinski
en Afghanistan, aux côtés dřOussama Ben Laden et des frères Karzaï contre les
Soviétiques.
On le retrouve dans les années 90 auprès dřAlija Izetbegoviç en
Bosnie-Herzégovine.
79
De 1999 à
2001, il a été Haut représentant de lřONU au Kosovo.
Sous le
contrôle de Wali, le frère cadet du président Hamid Karzaï, lřAfghanistan est
devenu le
premier
producteur mondial de pavot. Le suc est transformé sur place en héroïne et
transporté par
lřUS Air
Force à Camp Bondsteed (Kosovo). Là, la drogue est prise en charge par les
hommes
dřHaçim
Thaçi qui lřécoulent principalement en Europe et accessoirement aux États-Unis
[10]. Les
bénéfices
sont utilisés pour financer les opérations illégales de la CIA.
Karzaï et
Thaçi sont des amis personnels de longue date de Bernard Kouchner, qui
certainement
ignore
leurs activités criminelles malgré les rapports internationaux qui y ont été
consacrés.
Pour
compléter son gouvernement, Nicolas Sarkozy nomme Christine Lagarde, ministre
de
lřÉconomie
et des Finances. Elle a fait toute sa carrière aux États-Unis où elle a dirigé
le
prestigieux
cabinet de juristes Baker & McKenzie. Au sein du Center for International
& Strategic
Studies de
Dick Cheney, elle a co-présidé avec Zbigniew Brzezinski un groupe de travail
qui a
supervisé
les privatisations en Pologne. Elle a organisé un intense lobbying pour le
compte de
Lockheed
Martin contre les lřavionneur français Dassault [11].
Nouvelle
escapade durant lřété. Nicolas, Cécilia, leur maîtresse commune et leurs
enfants se font
offrir des
vacances états-uniennes à Wolfenboroo, non loin de la propriété du président
Bush. La
facture,
cette fois, est payée par Robert F. Agostinelli, un banquier dřaffaires
italo-new-yorkais,
sioniste et
néo-conservateur pur sucre qui sřexprime dans Commentary, la revue de
lřAmerican
Jewish
Committee.
La réussite
de Nicolas rejaillit sur son demi-frère Pierre-Olivier. Sous le nom américanisé
«
dřOliver »,
il est nommé par Frank Carlucci (qui fut le n°2 de la CIA après avoir été
recruté par
Frank
Wisner Sr.) [12] directeur dřun nouveau fonds de placement du Carlyle Group (la
société
commune de
gestion de portefeuille des Bush et des Ben Laden) [13]. Sans qualité
personnelle
particulière,
il est devenu le 5e noueur de deals dans le monde et gère les principaux avoirs
des
fonds
souverains du Koweit et de Singapour.
La cote de
popularité du président est en chute libre dans les sondages. Lřun de ses
conseillers en
communication,
Jacques Séguéla, préconise de détourner lřattention du public avec de nouvelles
«
people
stories ». Lřannonce du divorce avec Cécilia est publiée par Libération, le
journal de son
ami Edouard
de Rothschild, pour couvrir les slogans des manifestants un jour de grève
générale.
Plus fort
encore, le communiquant organise une rencontre avec lřartiste et ex-mannequin,
Carla
Bruni.
Quelques jours plus tard, sa liaison avec le président est officialisée et le
battage médiatique
couvre à
nouveau les critiques politiques.
Quelques
semaines encore et cřest le troisième mariage de Nicolas. Cette fois, il
choisit comme
témoins
Mathilde Agostinelli (lřépouse de Robert) et Nicolas Bazire, ancien directeur
de cabinet
dřEdouard
Balladur devenu associé-gérant chez Rothschild.
Quand les
Français auront-ils des yeux pour voir à qui ils ont affaire ?
Thierry Meyssan
Les
informations contenues dans cet article ont été présentées par Thierry Meyssan
lors de la table
ronde de
clôture de lřEurasian Media Forum (Kazakhstan, 25 avril 2008) consacrée à la
peopolisation
et au glamour en politique.
Lřintérêt
suscité par ces informations a conduit lřauteur à rédiger le présent article
qui a été publié
par
Profile, le principal news magazine russe actuel (édition du 16 juin 2008),
sous le titre «
ОПЕРАЦИЯ САРКОЗИ ».
80
Plusieurs
versions et traductions non autorisées de cet article ont été diffusées alors
que le site du
Réseau
Voltaire était hors service. Nous vous prions de considérer le présent article
comme le seul
valable.
NOTES :
[1] « Quand
le stay-behind portait De Gaulle au pouvoir », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire,
27 août 2001
[2] « Quand
le stay-behind voulait remplacer De Gaulle », par Thierry Meyssan, Réseau
Voltaire, 10 septembre 2001
[3]
LřÉnigme Pasqua, par Thierry Meyssan, Golias ed, 2000.
[4] Les
requins. Un réseau au coeur des affaires, par Julien Caumer, Flammarion, 1999.
[5] « Un
relais des États-Unis en France : la French American Foundation », par Pierre
Hillard, Réseau Voltaire, 19
avril 2007.
[6] « Les
New York Intellectuals et lřinvention du néo-conservatisme », par Denis Boneau,
Réseau Voltaire, 26
novembre
2004.
[7] Le
responsable US du renseignement, Irving Brown en personne, a revendiqué avoir
lui-même recruté et formé MM.
Jospin et
Cambadélis pour lutter contre les staliniens alors quřils militaient chez les
lambertistes pour, cf. Éminences
grises, Roger Faligot et Rémi Kauffer, Fayard, 1992 ; « The
Origin of CIA Financing of AFL Programs » in Covert
Action
Quaterly, n° 76, 1999. Il importe dřéviter une interprétation anachronique :
leur engagement au service des USA
est celui
dřatlantistes durant la Guerre froide. Au-delà, il les conduira, par exemple,
en 1999, à jouer un rôle central
dans
lřengagement de Paris au sein de lřOTAN pour bombarder Belgrade, pourtant allié
traditionnel de la France. De
même, il
importe dřéviter les fausses équivalences : la collaboration de Nicolas Sarkozy
avec les USA ne sřest pas
développée
sur une base idéologique, mais relationnelle et carriériste (note modifiée le
27 juillet 2008 en réponse à des
lecteurs).
[8] «
Dominique Strauss-Kahn, lřhomme de « Condi » au FMI », par Thierry Meyssan,
Réseau Voltaire, 5 octobre 2007.
[9] « Alain
Bauer, de la SAIC au GOdF », Note dřinformation du Réseau Voltaire, 1er octobre
2000.
[10] « Le
gouvernement kosovar et le crime organisé », par Jürgen Roth, Horizons et
débats, 8 avril 2008.
[11] « Avec
Christine Lagarde, lřindustrie US entre au gouvernement français », Réseau
Voltaire, 22 juin 2005.
[12] «
Lřhonorable Frank Carlucci », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 11 février
2004.
[13] « Les
liens financiers occultes des Bush et des Ben Laden » et « Le Carlyle Group,
une affaire dřinitiés », Réseau
Voltaire,
16 octobre 2001 et 9 février 2004.
Thierry
Meyssan
Intellectuel
français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for
Peace. Il
publie des
analyses de politique étrangère dans la presse arabe, latino-américaine et
russe. Dernier
ouvrage en
français : L‘Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations
(éd. JP
Bertrand,
2007).
Une vidéo a
été tirée de ce texte
http://www.dailymotion.com/video/xeemmv_sarkozy-et-la-cia-1-
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