Jeudi dernier, un homme qui venait de voler une moto a été lynché par la foule en plein centre-ville de Bamako, avant d’être brûlé vif. Un 320, comme on l’appelle au Mali, le prix d’un bidon d’essence et d’une boîte d’allumettes.
Il est environ 20 heures jeudi 3 octobre quand deux hommes sont pris en chasse, dans le quartier Hippodrome à Bamako, par une foule en colère. Ils viennent de voler une « Jakarta », ces petites motos chinoises qui circulent un peu partout en Afrique, en menaçant son propriétaire d’une arme à feu. Si l’un semble être parvenu à s’échapper, l’autre est rattrapé par les habitants du quartier sur une avenue très fréquentée. Pour les Bamakois interrogés, l’histoire est presque banale, mais elle en dit long sur le climat d’insécurité dans la capitale malienne et sur la démission de la police locale, qui ferme les yeux sur cette atroce justice populaire.
François (pseudonyme) habite le quartier Hippodrome. Il a été témoin du lynchage.
Je me rendais au restaurant en voiture avec ma femme quand je suis tombé sur cette scène. Il a été battu, avant d’être aspergé d’essence puis enflammé. Au moins 200 personnes assistaient à la scène. Elles étaient déchaînées. Elles scandaient : « Voleur ! Faut le tuer ! On va le brûler ! ». On ne pouvait rien faire sans risquer d’être pris à partie. Pour un Malien, sa Jakarta, c’est sa vie. S’il se la fait voler, tout le monde comprend qu’il veuille se venger.
Au feu rouge suivant, j’ai interpellé des policiers qui faisaient la circulation. Je leur ai dit que quelqu’un venait de se faire brûler juste à côté. Ils m’ont répondu : « Si c’est un voleur de Jakarta, ce n’est pas grave ».
« Si une personne crie ‘au voleur’ en désignant quelqu’un, tout le monde va lui courir après »
François (pseudonyme) habite le quartier Hippodrome. Il a été témoin du lynchage.
Je me rendais au restaurant en voiture avec ma femme quand je suis tombé sur cette scène. Il a été battu, avant d’être aspergé d’essence puis enflammé. Au moins 200 personnes assistaient à la scène. Elles étaient déchaînées. Elles scandaient : « Voleur ! Faut le tuer ! On va le brûler ! ». On ne pouvait rien faire sans risquer d’être pris à partie. Pour un Malien, sa Jakarta, c’est sa vie. S’il se la fait voler, tout le monde comprend qu’il veuille se venger.
Au feu rouge suivant, j’ai interpellé des policiers qui faisaient la circulation. Je leur ai dit que quelqu’un venait de se faire brûler juste à côté. Ils m’ont répondu : « Si c’est un voleur de Jakarta, ce n’est pas grave ».
« Si une personne crie ‘au voleur’ en désignant quelqu’un, tout le monde va lui courir après »
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