jeudi 24 octobre 2013

Tunisie : attentat terroriste : 20 morts. Le spectre du terrorisme se rapproche

Alors que la Tunisie célèbre, ce mercredi 23 octobre, le deuxième anniversaire de son premier scrutin pluraliste et transparent, des fondamentalistes musulmans ont choisi cette date pour commettre un carnage contre les forces de l’ordre dans un village éloigné de Sidi Ali Bouaoun, dans la préfecture de Sidi Bouzid au centre du pays.
Les unités de la Garde nationale (gendarmerie) ont été attaquées par un groupe terroriste causant la mort de 8 membres des forces de sécurité, un officier, et neuf agents de la Garde nationale, alors que dans l’autre camp on dénombre la mort de deux terroristes.
Cette attaque est la plus spectaculaire depuis la montée des violences des djihadistes islamistes.
• Samedi 19 octobre, des terroristes de la mouvance salafiste ont attaqués – simultanément – quatre postes de police de la capitale (Médina à Tunis, Sidi Alouane, Ben Arous et Radès) ainsi que dans la ville touristique de Mahdia, heureusement sans réussir à faire de victimes.
• La veille, vendredi 18 octobre, deux agents des forces de l’ordre étaient blessés lors d’accrochages avec les terroristes dans la montagne Tella à Goubellat.
• Jeudi 17 octobre 2013, une attaque terroriste ciblait des postes frontaliers à Ghardimaou (à la frontière algérienne) et la Garde nationale à Goubellat près de Béja (nord-ouest). Le chef du poste ainsi qu’un agent ont trouvé la mort.
• Des terroristes ont kidnappé trois jeunes filles à Moknine (à coté de Monastir) la semaine dernière. L’une d’elles serait la fille d’un chef de poste de police.
 
Mais au delà de ces attaques ponctuelles, les autorités algériennes ont mis la Tunisie en garde contre un plan terroriste de grande envergure contre la Tunisie, suite à l’interception de communications téléphoniques entre des individus d’organisations armées positionnées à l’extrême sud des frontières tuniso-algériennes et près de la Libye.
Selon les services de renseignement algériens, des centaines de djihadistes tunisiens seraient au service des Mourabitoun, un groupe de djihadistes qui a pris la Libye comme base d’entraînement. Ayant fui l’attaque militaire française au nord du Mali, ils forment une réserve de combattant pour le djihad en Tunisie à la disposition d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Ennahda, accusé de complaisance avec les terroristes
La plupart des experts et analystes estiment que le laxisme du gouvernement des Frères musulmans conduit par le parti islamiste Ennahda vis-à-vis de l’activisme des groupes djihadistes dans les mosquées, mais aussi vis-à-vis des violences que ces groupes ne cessent de perpétrer contre les figures de l’opposition, les journalistes, les artistes et les femmes, a ouvert la voie vers cette extension des actes terroristes, et le pire est à venir.
• D’ailleurs, mercredi 23 octobre, l’ancien secrétaire d’État chargé des affaires européennes, qui a travaillé dans le gouvernement islamiste avant de démissionner, a reconnu que le gouvernement d’Ennahda a fait un pari sur les groupes terroristes dans le but de les exploiter en tant que « bras militaire » pour le contrôle et la maîtrise de la rue.
• Il a indiqué également, sur les ondes de la radio privée Mosaïque FM, que le gouvernement actuel a, depuis le début, nié l’existence des groupes terroristes qui s’entraîneraient dans les montagnes de Chaambi, au nord-ouest du pays.
• En septembre dernier, un colonel à la retraite de l’armée tunisienne, Mohamed Saleh al-Hedrin a accusé deux hauts dirigeants du Mouvement Ennahda, Abdellatif Aal-Makki et Habib Ellouze, d’avoir participé à l’introduction de grandes quantités d’armes qui sont stockées près de la frontière algérienne.
• Le 9 octobre une unité de la Brigade de lutte contre le terrorisme interrogeait un dirigeant du parti d’Ennahda, Ahmed Ellouze, pour son implication dans des actes terroristes.
Les salafistes ont infiltré l’armée et la police
Alors que la transition est en crise depuis plusieurs mois, les observateurs estiment que les salafistes infiltrent déjà l’armée et la police. Les groupes terroristes se déplacent assez librement dans le pays et s’approvisionnent en armes Libyennes.
Une enquête de Tunisie Sondage sur la menace terroriste, réalisée les 2 et 3 août dernier, avait montré que 65% des Tunisiens considèrent que la menace terroriste sur le territoire national est élevée, et en font peser la responsabilité sur la complaisance du mouvement Ennahda (74%) envers les salafistes et au laxisme du gouvernement (50%).
La population tunisienne n’a pas oublié que depuis l’Angleterre, Rached Ghannouchi faisait l’éloge des tueurs islamistes en Algérie dans les années quatre-vingt-dix.
 
© Souhail Ftouh pour Dreuz.info.
 

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