samedi 1 octobre 2011

L'homme qui risque de déclencher une nouvelle guerre mondiale -- 100 ans après, la revanche ? --

Par David Warren, éditorialiste à Ottawa Citizen 
Ottawa Citizen - 15/09/2011 
Traduit par Albert Soued, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com 

La plus grande menace à la paix mondiale vient aujourd'hui d'un homme du nom de Recip Tayyip Erdogan. Il est 1er ministre de Turquie et chef du parti de la Justice et du Développement ou AKP. Ancien maire d'Istanboul, il avait été arrêté et jeté en prison parce qu'il récitait publiquement des slogans tels que "les mosquées sont nos baraques, leurs dômes sont nos casques, les minarets nos baïonnettes", défiant l'ordre laïc qui prévalait à l'époque et la Constitution d'Ataturk qui considérait ces propos comme une offense incitant le fanatisme religieux et racial. 

Erdogan s'est distingué comme un antisémite, mais aussi comme un anticommuniste, déjà quand il était étudiant. Il vient d'une famille observant les rites de l'Islam et – tout ce qu'il dit doit être pris au sérieux – il revendique que ses ancêtres étaient d'illustres combattants de la cause ottomane et turque. 

Il s'agit d'un cas intéressant à suivre. Son éducation universitaire concerne l'économie. C'est un technocrate efficace et, sous son impulsion, l'économie turque a été sauvée. Il a su maîtriser l'inflation et les déficits publics. Il a pris des mesures sérieuses et appropriées pour purger la bureaucratie turque de sa gangue et comme dit l'adage "avec lui les trains partent à l'heure". Erdogan est aussi un démocrate, -- et il n'y a aucune raison qu'il ne le soit pas – qui jouit d'une grande popularité chez lui. Le parti qu'il a fondé a pris le pouvoir par un raz de marée et il a été réélu à 2 reprises – comme il était interdit de fonction publique, au début de son mandat, il eut un remplaçant – En fait le pouvoir laïc a été submergé par la démographie galopante des Islamistes turcs, notamment à la campagne, les croyants étant prolifiques à côté des laïcs. 
Ce politicien a une vision qu'il parvient à exprimer d'une façon charismatique. Il associe une gestion moderne et efficiente d'une économie de libre marché à une version puritaine des concepts religieux du vieux califat ottoman. – le lecteur sait que je suis allergique à toute vision de politiciens charismatiques, qui agissent sur le public, comme une drogue dangereuse – 

Erdogan a orienté sa vision vers l'étranger. Sa stratégie a été de rechercher une meilleure intégration dans l'Occident, tout en faisant de nouvelles alliances politiques à l'Est, notamment avec l'Iran. Aujourd'hui, il présente la Turquie comme la championne de l'islamisme dominant sunnite, tout en essayant de faire la quadrature du cercle avec l'islamisme shiite perse. Mais cette stratégie risque d'échouer au niveau de la Syrie, alliée de l'Iran, car les Turcs veulent le renversement des Assad et leur remplacement par les Frères Musulmans. 

L'armée turque était la garante du pouvoir laïc, sous la constitution d'Ataturk. Avec une incompréhension étonnante de la situation, l'Occident a soutenu Erdogan dans ses efforts pour établir un contrôle civil sur les généraux, nos amis de l'Otan….En mettant en prison des officiers supérieurs sous le prétexte d'un complot contre la nation, Erdogan a réussi à inciter à la démission tout le haut commandement de l'armée. Les généraux ont massivement démissionné parce qu'ils n'avaient plus d'alliés en Occident. 
Mme Clinton et Cie ont réussi à assécher toute opposition intérieure à Erdogan. Aujourd'hui tout l'appareil militaire équipé par l'Occident est entre les mains d'Erdogan et la constitution laïque est jetée aux orties. Après avoir accaparé en une dizaine d'années successivement tous les pouvoirs de l'état – police et services secrets assemblée, présidence, judiciaire, armée – Erdogan a un pouvoir absolu. 

Cet homme a envoyé lui-même la flottille pour défier le droit d'Israël de bloquer Gaza, droit reconnu explicitement sur le plan international. Il a réussi à transformer cette aventure et ses conséquences en "une cause célèbre" contre Israël. Aujourd'hui, il annonce que la prochaine flottille sera accompagnée de la marine turque, cherchant à coincer Israël -- soit il abandonne le blocus, soit il tire sur des navires turcs – et à créer un casus belli. 

Erdogan est devenu le parrain diplomatique de la cause palestinienne et de la déclaration d'un état palestinien à l'Onu, risquant de provoquer des violences dans toute la région. Chaque Palestinien qui cherche à tuer un Juif et qui meurt, sera salué comme un "martyr", Erdogan demandant "des excuses et des compensations"… 

Erdogan joue avec le feu aussi en Egypte, et à sa rhétorique, il a ajouté du combustible qui a enflammé la foule islamiste qui a incendié l'ambassade d'Israël au Caire. Dans cette capitale, il a exploité les griefs des Egyptiens contre Israël, cherchant à unifier toutes les factions arabes contre un ennemi commun, sous sa bannière. 

L'Occident observe sans bouger cet homme qui se démène pour trouver n'importe quel prétexte pour un conflit au Moyen Orient. Il cherche à entraîner Israël dans un conflit non seulement contre les pays arabes habituels, mais aussi l'Iran, la Turquie, le Hezbollah et le Hamas. 
Pour Israël, la menace existentielle se déroule sous nos yeux. L'Occident n'a plus alors que le choix entre défendre Israël ou autoriser un autre holocauste. En d'autres termes, la gâchette est prête pour une véritable guerre mondiale et le doigt d'Erdogan est prêt à appuyer.

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