Un ex espion de la CIA des Gardes Révolutionnaires en Iran : les pourparlers de Bagdad démontrent la naïveté occidentale.
Par Reza Kahlili
Adaptation française de Sentinelle 5772 ©
Alors que les puissances mondiales se rendent aux pourparlers nucléaires avec l’Iran à Bagdad aujourd’hui, Obama est-il assez naïf pour s’accrocher à une fausse fatwa promettant de ne pas fabriquer de têtes nucléaires ? Avec assez d’uranium enrichi pour fabriquer finalement six bombes nucléaires, Téhéran veut seulement gagner du temps. La chronologie récente le démontre.
Il est difficile de surestimer le degré de naïveté de la part de l’Occident alors qu’il se rend à une autre série de pourparlers nucléaires avec l’Iran à Bagdad aujourd’hui.
Clairement, l’Iran cherche à gagner du temps pour développer une arme nucléaire.Exemple : Lors des pourparlers le mois dernier à Istanbul, Téhéran semble avoir convaincu les négociateurs internationaux de la sincérité et du poids d’une fatwa ou édit religieux, du chef suprême l’ayatollah Ali Khamenei, qu’une bombe nucléaire est haram – interdite – en islam.
La semaine dernière par exemple, l’ancien Premier ministre français Michel Rocard a déclaré que la fatwa aidera à promouvoir la confiance sur les activités nucléaires de l’Iran.
L’ayatollah n’est pas obligé de tenir parole mais cela ne semble pas poser de problème. Lors des pourparlers d’Istanbul, l’Occident a acquiescé pour la première fois à l’exigence iranienne de pouvoir enrichir l’uranium, avec des restrictions – malgré des résolutions contraires de l’ONU.
Le régime islamique a cru de façon permanente que plus son programme nucléaire est élargi et la progression atteinte, moins l’Occident pourra exiger de stopper le programme – et si les dirigeants iraniens demeurent fermes face à toutes les menaces, plus il est probable que l’Occident acceptera finalement un Iran nucléaire.
Une chronologie récente le démontre.
Quand le président Obama a pris ses fonctions en 2009, l’Iran était placé sous plusieurs sanctions de l’ONU afférentes à la suspension de toutes les activités liées à l’enrichissement et au retraitement des l’uranium. A l’époque, l’Iran possédait 1,200 kg d’uranium faiblement enrichi dans son installation de Natanz.
M. Obama choisit d’entamer des pourparlers avec le régime islamique, croyant qu’une main tendue permettrait d’atteindre de meilleurs résultats que des menaces. Il pensait qu’une nouvelle approche des USA serait bien accueillie par Téhéran parce que c’était un changement complet par rapport à l’administration Bush.
Cependant, les dirigeants radicaux d’Iran considérèrent cette main tendue comme une faiblesse. Ils entrèrent en pourparlers avec l’administration Obama tout en enrichissant l’uranium au-delà du taux inoffensif de 3,5 %, comme il avait été limité depuis de nombreuses années, jusqu’au taux de 20 %. Bien que ce ne soit pas un taux suffisant d’enrichissement pour une arme nucléaire, c’est suffisant pour parvenir au stade d’une bombe très rapidement – soit une affaire de semaines si Téhéran en décide ainsi.
Au début 2010, Obama, réalisant sa défaite dans la phase de négociation, passa à une phase de sanctions. Mais au lieu des sanctions paralysantes qu’il avait promises, il commença par des sanctions progressives, que les clercs iraniens considérèrent comme une nouvelle preuve de l’incapacité de l’Amérique à stopper l’Iran, ce qui les enhardit à accélérer leur programme.
Aujourd’hui l’Iran, placé sous de nouvelles sanctions par les Nations Unies et l’Union Européenne, détient plus de 5,5 tonnes d’uranium enrichi – suffisamment pour fabriquer finalement six bombes nucléaires. Il continue à enrichir de l’uranium avec plus de 9.000 centrifugeuses à Natanz, aussi bien à des taux de 3,5 et de 20 pour cent, et sur le site auparavant secret, l’usine de Fordow, en profondeur dans la montagne près de la cité de Qom, au taux de 20 %.
Tout cela tandis que l’Iran augmente le nombre de centrifugeuses sur les deux sites, avec une possibilité qu’il existe davantage de sites inconnus de l’Occident ou de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA).
Cela nous amène à la série actuelle de négociations. A Istanbul, l’Occident accorda à l’Iran une victoire historique. Pour la première fois dans les négociations sur le programme nucléaire de l’Iran, l’Occident offrit à l’Iran l’agrément complet que son processus d’enrichissement soit arrêté au taux de 20 %.
En d’autres termes, l’Occident a cédé aux exigences iraniennes d’accepter son enrichissement nucléaire sur son territoire.
Plus intéressante encore, l’analyse iranienne de la fatwa de Khamenei : « Si l’administration Obama réalise l’importance de la place du chef suprême en Iran et comprend la fatwa, alors la plus grande part de leur problème [sur la question nucléaire de l’Iran] sera résolue ».
L’analyse déclarait de façon menaçante : « Il n’y aura pas de garantie au-delà de la Fatwa pour l’Occident » - signifiant que l’Occident n’obtiendra que la parole d’un dirigeant dont le régime a été fondé sur les mensonges et la tromperie, un chef qui a ordonné le massacre de milliers d’Iraniens – et aussi d’Américains – en Irak et en Afghanistan, et un chef qui a constamment menacé l’existence d’Israël et la « défaite » de l’Amérique.
Khamenei n’est pas un grand ayatollah, ou un marja (référence religieuse), et il ne peut donc pas émettre une fatwa. Il a été élevé au rang d’ayatollah en une nuit pour remplacer Ruhollah Khomeini à sa mort en 1989. Même si un marja émet une fatwa, il peut l’annuler pour le bénéfice de l’islam. Aussi la fatwa de Khamenei peut être rejetée au moment propice.
Il est intéressant que l’interprétation du Coran par le régime est de tromper son ennemi, à savoir l’Occident, jusqu’au moment où le régime est suffisamment fort pour s’y affronter.
Obama est-il assez naïf pour s’accrocher à une fausse fatwa avec pour conséquence d’accepter un Iran nucléaire ?
Sa secrétaire d’Etat, Hillary Rodham Clinton, dit qu’elle a discuté la fatwa avec le Premier ministre de Turquie, des experts et des érudits religieux. « Si c’est en effet une déclaration de principe, de valeurs, alors c’est le point de départ pour être mis en œuvre, ce qui signifie que cela sert de mode d’entrée dans une négociation pour vous démontrer combien c’est une déclaration de conviction authentique et sincère », dit-elle le mois dernier.
Selon les articles des media, On s’attend à ce que les USA poussent l’Iran à fermer son installation de Fordow et à envoyer son stock d’uranium moyennement enrichi hors du pays.
L’Iran a écarté la fermeture de Fordow, en annonçant même qu’il augmentera le nombre de centrifugeuses sur l’installation. Et jusqu’à présent, sa stratégie d’extension son programme nucléaire en épuisant l’Occident a déjà prouvé son succès.
Il est clair qu’après une décennie de négociations et de sanctions, les chefs du régime islamique n’accepteront pas un arrêt complet de leur programme nucléaire. Mais étant donné que l’Iran dispose désormais du savoir-faire pour fabriquer une bombe, c’est le seul résultat qui devrait être acceptable pour l’Occident.
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