Le kamikaze qui devait faire exploser une bombe à bord d’un avion à destination des Etats-Unis était en fait un agent infiltré au sein de la branche yéménite d’Al-Qaïda.
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Le projet déjoué d’attentat contre un avion à destination des Etats-Unis a révélé mardi un scénario digne d’Hollywood, dans lequel un agent infiltré au sein d’Al-Qaïda s’était porté volontaire pour la mission-suicide, avant de s’enfuir avec la bombe et de la remettre aux Américains.
Cette tentative de réédition de l’attentat au slip piégé de 2009 par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), afin de marquer le premier anniversaire de la mort d’Oussama Ben Laden, a été dévoilée lundi par une administration américaine avare de détails. Les services antiterroristes, la Maison Blanche et le FBI s’étaient contentés d’affirmer que le projet portait la marque de la branche yéménite d’Al-Qaïda, que l’engin explosif était en possession du FBI et qu’aucun « avion de ligne » ni « aucun Américain ou allié » n’avaient été mis en danger.
ABC, le New York Times et le Los Angeles Times ont levé un coin du voile sur cette affaire digne d’un film d’espionnage : le projet a été déjoué par un agent infiltré depuis des semaines au sein de la branche yéménite d’Al-Qaïda.
Cet homme s’était porté volontaire pour conduire l’attentat-suicide avant de s’enfuir avec la bombe qu’il a par la suite remise à ses officiers traitants en Arabie Saoudite.
Sollicitées par l’AFP, ni la CIA ni la Maison Blanche n’ont fait de commentaire.
La nationalité de l’agent n’a pas été rendue publique. Il s’agit en fait d’un informateur des services de renseignement d’Arabie saoudite, qui travaillent en étroite collaboration avec la CIA, croit savoir le Los Angeles Times.
« Sur Aqpa, c’est souvent les Saoudiens qui nous fournissent des informations cruciales », a expliqué à l’AFP l’expert antiterroriste Bruce Riedel.
Cet ancien de la CIA a conseillé le ministère américain de la Justice pour le procès contre le Nigérian Umar Farouk Abdulmuttalab, qui avait tenté de faire sauter le vol Amsterdam-Detroit à Noël 2009 en cachant des explosifs dans son slip. Il a été condamné le 16 février à la prison à perpétuité.
Les renseignements fournis par les services secrets saoudiens avaient déjà permis d’intercepter en octobre 2010 au Royaume-Uni et à Dubaï des bombes dissimulées dans des imprimantes. Aqpa les avait envoyées aux Etats-Unis par avion cargo.
Selon le New York Times, l’agent infiltré a en outre livré des renseignements « cruciaux » qui ont permis aux services américains d’éliminer dimanche un des principaux responsables d’Aqpa, le Yéménite Fahd al-Quso.
Al-Quso, recherché pour l’attentat contre un navire américain, l’USS Cole, au large du Yémen en 2000, a été tué dans un raid aérien dimanche soir dans l’est du Yémen.
Plus tôt mardi, le président de la commission de la Sécurité intérieure à la Chambre de représentants, Peter King, avait concédé sur CNN que le raid aérien de dimanche et le projet d’attentat étaient liés. « La Maison Blanche m’a dit qu’ils font partie de la même opération », a-t-il confié.
La présidente de la commission du Renseignement au Sénat, Diane Feinstein, s’est de son côté insurgée contre des « fuites » dans la presse alors que l’opération était en cours et indiqué qu’une enquête serait diligentée à ce sujet.
L’engin explosif, non-métallique afin de pouvoir passer les contrôles de sécurité des aéroports, est désormais dans les mains des techniciens du FBI.
« Il a les caractéristiques des précédentes bombes qu’Aqpa a utilisées pour l’attentat raté de Noël 2009 et la tentative d’assassinat du prince Nayef », a confié à l’AFP un responsable antiterroriste.
Mohammed Ben Nayef, membre de la famille royale saoudienne et responsable de la lutte antiterroriste, avait été la cible d’un attentat en août 2009 quand un homme avait réussi à l’approcher et à faire exploser les explosifs dissimulés dans ses sous-vêtements.
Le dernier projet de la branche yéménite d’Al-Qaïda est « remarquablement similaire », estime Bruce Riedel, selon qui « il s’agit du même artificier », Ibrahim Hassan al-Asiri, un Saoudien de 31 ans installé au Yémen.
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