Au moment où Washington prépare une opération militaire de grande ampleur, John Kerry assure qu'il croit en une solution "politique" du conflit syrien. Qui croire ?
Les États-Unis sont-ils sur le point de changer leurs plans sur la Syrie ? L'intervention occidentale, qui ne devait pas dépasser à l'origine les deux jours, pourrait durer plus longtemps que prévu. D'après le Los Angeles Times, l'administration américaine tablerait désormais sur une opération de 72 heures avec "beaucoup plus" d'objectifs que les cinquante initialement désignés. Selon deux officiers du Pentagone, cités par le quotidien américain, Washington opterait maintenant pour un barrage massif de tirs de missiles, suivi d'autres attaques sur les cibles manquées après la première salve.
Seraient à présent envisagés, en plus de cinq destroyers armés de missiles de croisière positionnés en Méditerranée, plusieurs bombardiers de l'armée de l'air américaine, capables de tirer des missiles air-sol, tout en restant hors de portée de la défense antiaérienne syrienne. De nouvelles informations allant à l'encontre des dernières déclarations du secrétaire d'État américain, John Kerry, qui a réaffirmé ce lundi que la solution du conflit syrien était avant tout "politique", et non "militaire. Une position déjà martelée à l'envi par Barack Obama et François Hollande, qui ont toujours affirmé que le but d'une intervention n'était pas de renverser Bachar el-Assad. Qui croire ?
"La sanction [militaire] est une condition préalable à un retour à la solution politique", explique au Point.fr une source diplomatique occidentale. "Tant que Bachar el-Assad se croit invincible, il ne participera à aucune négociation." Même si Damas se dit désormais prêt à participer à des négociations de paix sans condition préalable, la Coalition nationale de l'opposition (CNS), organe représentant l'opposition syrienne, refuse de s'asseoir aux côtés de dirigeants syriens, depuis l'attaque chimique du 21 août dernier, dont elle accuse le régime de Bachar el-Assad.
"Qu'on le veuille ou non, il y aura une issue politique à la fin de ce conflit", assure au Point.fr le politologue Salam Kawakibi, directeur adjoint de l'Initiative de réforme arabe. "Mais il est trop tôt pour que les deux camps se retrouvent autour d'une même table en raison du déséquilibre des forces sur le terrain. Comment voulez-vous négocier avec vos geôliers ?" C'est que, depuis l'entrée en guerre des combattants du Hezbollah libanais aux côtés de Bachar el-Assad, l'armée syrienne a repris en juin la ville stratégique de Qousseir, lui garantissant son approvisionnement en armes du littoral vers Damas.
Encore faut-il que les rebelles de l'ASL puissent s'engouffrer dans cette brèche. Or, leurs lance-roquettes RPG, mitrailleuses, fusils ou obus de mortier font pâle figure face aux avions de chasse, chars et autres missiles Scud de l'armée syrienne ou face à l'arsenal bien plus perfectionné des groupes djihadistes, financés par des fonds privés du Golfe. Ainsi, pour Ignace Leverrier, "Bachar el-Assad ne sera réellement affaibli que si les frappes occidentales s'accompagnent de livraisons d'armes aux forces susceptibles de travailler pour une Syrie démocratique", autrement dit l'ASL. "Bachar el-Assad n'acceptera jamais de solution politique de sa propre volonté", poursuit l'ancien diplomate. "Seul un arsenal susceptible de menacer son pouvoir pourrait le forcer à accepter des négociations."
Ces armes, promises à maintes reprises par l'Occident - France en tête -, semblent enfin arriver en Syrie. Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a admis mardi dernier pour la première fois que Barack Obama avait approuvé en juin un projet visant à fournir une "aide létale" aux rebelles syriens. De son côté, François Hollande a annoncé lors de la conférence des ambassadeurs, le 27 août dernier, qu'il avait décidé "d'accroître le soutien militaire [français] à la Coalition nationale syrienne". "Ce n'est qu'avec cette fermeté qu'une solution politique pourra un jour prévaloir en Syrie", a expliqué le président de la République.
Interrogé par Le Point.fr, Fahad al-Masri, porte-parole du commandement conjoint de l'Armée syrienne libre de l'intérieur, confirme à demi-mot la livraison d'armes aux rebelles. "Les Occidentaux ont commencé à traduire leur volonté de mettre fin au régime barbare [de Bachar el-Assad]", affirme-t-il avant de prévenir : "Les frappes occidentales vont sonner le début d'une offensive de l'ASL sur le terrain visant à libérer le pays et vaincre le terrorisme implanté en Syrie par Bachar el-Assad et l'Iran", indique-t-il. "À ce moment-là, vous verrez par nos résultats si l'ASL a bien reçu des armes."
En dépit des divergences sur les modalités de la solution politique en Syrie, tous les camps soutenant l'opposition se rejoignent sur un point. Comme le rappelle la source diplomatique occidentale, "il n'est pas envisageable que Bachar el-Assad participe à la solution politique, car il s'est discrédité avec l'utilisation d'armes chimiques". Si l'objectif avoué de l'intervention n'est pas de renverser Bachar el-Assad, il en va tout autrement de sa finalité politique.
Les États-Unis sont-ils sur le point de changer leurs plans sur la Syrie ? L'intervention occidentale, qui ne devait pas dépasser à l'origine les deux jours, pourrait durer plus longtemps que prévu. D'après le Los Angeles Times, l'administration américaine tablerait désormais sur une opération de 72 heures avec "beaucoup plus" d'objectifs que les cinquante initialement désignés. Selon deux officiers du Pentagone, cités par le quotidien américain, Washington opterait maintenant pour un barrage massif de tirs de missiles, suivi d'autres attaques sur les cibles manquées après la première salve.
Seraient à présent envisagés, en plus de cinq destroyers armés de missiles de croisière positionnés en Méditerranée, plusieurs bombardiers de l'armée de l'air américaine, capables de tirer des missiles air-sol, tout en restant hors de portée de la défense antiaérienne syrienne. De nouvelles informations allant à l'encontre des dernières déclarations du secrétaire d'État américain, John Kerry, qui a réaffirmé ce lundi que la solution du conflit syrien était avant tout "politique", et non "militaire. Une position déjà martelée à l'envi par Barack Obama et François Hollande, qui ont toujours affirmé que le but d'une intervention n'était pas de renverser Bachar el-Assad. Qui croire ?
Déséquilibre des forces
"La sanction [militaire] est une condition préalable à un retour à la solution politique", explique au Point.fr une source diplomatique occidentale. "Tant que Bachar el-Assad se croit invincible, il ne participera à aucune négociation." Même si Damas se dit désormais prêt à participer à des négociations de paix sans condition préalable, la Coalition nationale de l'opposition (CNS), organe représentant l'opposition syrienne, refuse de s'asseoir aux côtés de dirigeants syriens, depuis l'attaque chimique du 21 août dernier, dont elle accuse le régime de Bachar el-Assad.
"Qu'on le veuille ou non, il y aura une issue politique à la fin de ce conflit", assure au Point.fr le politologue Salam Kawakibi, directeur adjoint de l'Initiative de réforme arabe. "Mais il est trop tôt pour que les deux camps se retrouvent autour d'une même table en raison du déséquilibre des forces sur le terrain. Comment voulez-vous négocier avec vos geôliers ?" C'est que, depuis l'entrée en guerre des combattants du Hezbollah libanais aux côtés de Bachar el-Assad, l'armée syrienne a repris en juin la ville stratégique de Qousseir, lui garantissant son approvisionnement en armes du littoral vers Damas.
Affaiblir Bachar
Mais la remontée-éclair sur Alep, promise par le régime, ne se concrétise pas. Au contraire, tandis que les combats piétinent dans le Nord, des contingents de l'Armée syrienne libre (ASL), entraînés par les États-Unis en Jordanie, ont mené une vaste offensive dans le Sud, parvenant à se hisser aux abords de la capitale. "Le problème est qu'aucun adversaire ne peut l'emporter sur l'autre de façon rapide, les rebelles ne pouvant pénétrer à l'intérieur de Damas", souligne Ignace Leverrier*, ancien diplomate en poste dans la capitale syrienne. "L'idée est donc que des frappes puissent affaiblir Bachar el-Assad. Militairement, elles le priveraient de capacités de représailles sur sa propre population. Politiquement, elles le discréditeraient face à son peuple."Encore faut-il que les rebelles de l'ASL puissent s'engouffrer dans cette brèche. Or, leurs lance-roquettes RPG, mitrailleuses, fusils ou obus de mortier font pâle figure face aux avions de chasse, chars et autres missiles Scud de l'armée syrienne ou face à l'arsenal bien plus perfectionné des groupes djihadistes, financés par des fonds privés du Golfe. Ainsi, pour Ignace Leverrier, "Bachar el-Assad ne sera réellement affaibli que si les frappes occidentales s'accompagnent de livraisons d'armes aux forces susceptibles de travailler pour une Syrie démocratique", autrement dit l'ASL. "Bachar el-Assad n'acceptera jamais de solution politique de sa propre volonté", poursuit l'ancien diplomate. "Seul un arsenal susceptible de menacer son pouvoir pourrait le forcer à accepter des négociations."
Armer les rebelles
Ces armes, promises à maintes reprises par l'Occident - France en tête -, semblent enfin arriver en Syrie. Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a admis mardi dernier pour la première fois que Barack Obama avait approuvé en juin un projet visant à fournir une "aide létale" aux rebelles syriens. De son côté, François Hollande a annoncé lors de la conférence des ambassadeurs, le 27 août dernier, qu'il avait décidé "d'accroître le soutien militaire [français] à la Coalition nationale syrienne". "Ce n'est qu'avec cette fermeté qu'une solution politique pourra un jour prévaloir en Syrie", a expliqué le président de la République.
Interrogé par Le Point.fr, Fahad al-Masri, porte-parole du commandement conjoint de l'Armée syrienne libre de l'intérieur, confirme à demi-mot la livraison d'armes aux rebelles. "Les Occidentaux ont commencé à traduire leur volonté de mettre fin au régime barbare [de Bachar el-Assad]", affirme-t-il avant de prévenir : "Les frappes occidentales vont sonner le début d'une offensive de l'ASL sur le terrain visant à libérer le pays et vaincre le terrorisme implanté en Syrie par Bachar el-Assad et l'Iran", indique-t-il. "À ce moment-là, vous verrez par nos résultats si l'ASL a bien reçu des armes."
Une Syrie sans Assad
Pour le porte-parole de l'ASL, l'hypothèse d'un Genève II - du nom de la première conférence internationale sur la Syrie organisée en Suisse en juin 2012 et qui n'avait pas réussi à statuer sur le sort de Bachar el-Assad - est d'ores et déjà à écarter. Mais pas la solution politique. "Pour nous, les discussions ne doivent pas réunir la CNS et les dirigeants syriens, mais des chefs de l'ASL et des généraux de l'armée du régime", insiste le porte-parole. Ce n'est pas la position des États-Unis ni celle de la France, pour qui le CNS est l'"unique représentant légitime du peuple syrien".En dépit des divergences sur les modalités de la solution politique en Syrie, tous les camps soutenant l'opposition se rejoignent sur un point. Comme le rappelle la source diplomatique occidentale, "il n'est pas envisageable que Bachar el-Assad participe à la solution politique, car il s'est discrédité avec l'utilisation d'armes chimiques". Si l'objectif avoué de l'intervention n'est pas de renverser Bachar el-Assad, il en va tout autrement de sa finalité politique.
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