La Communauté chrétienne du Nigéria a, une fois encore, était la cible d’attentats terroristes planifiés par le groupe islamiste Boko Haram. Un porte-parole du groupe islamiste a aussi diffusé un ultimatum aux Chrétiens, leur intimant de fuir le Nord du Nigéria, dominé par les Musulmans, sans quoi ils seraient tous massacrés. Le Président nigérian Goodluck Jonathan a déjà déclaré l’Etat d’urgence, alors que le Ministère de l’Information nigérian déclarait que tous les Nigérians devraient s’unir pour affronter le « malfaisant » Boko Haram.
Les autorités nigérianes s’accordent pour dire que Boko Haram dispose d’une stratégie claire, ainsi que d’un cercle dirigeant bien défini, d’un pactole de financement en augmentation et d’un soutien logistique, grâce aux relations qu’il a récemment instaurées avec Al Qaeda. Pire, jusqu’à présent, toute tentative des forces de sécurité nigérianes de traquer le cercle dirigeant de Boko Haram a échoué, du fait de la facilité à franchir les frontières que le pays partage avec le Niger, le Tchad et le Cameroun, où l’on pense que Boko Haram dispose de camps d’entraînement.
L’analyste international sur le Nigéria, Jean-Christophe Servant, met l’accent sur le fait que Boko Haram est composé de plusieurs strates de la société nigériane. On trouve, parmi les militants, non seulement des Islamistes, mais aussi des jeunes gens désespérés, qui gagnent moins de deux dollars par mois et qui n’ont aucun espoir pour l’avenir ; des criminels qui veulent déstabiliser le gouvernement central, et du personnel démobilisé de l’armée nigériane. Selon Servant, la présence d’anciens soldats nigérians expliquerait l’emploi, par Boko Haram, d’un armement et d’explosifs sophistiqués. Servant déclare également, cependant, que les services de renseignement nigérians ne disposent d’aucune information précise, concernant le cercle dirigeant du groupe ni sur de qui compose et structure sa puissance.
Le journal nigérian Vanguard (Avant-Garde) écrit que, jusqu’à présent, on sait peu de choses sur le groupe, pas même son nom véritable : de toute évidence, Boko Haram (littéralement : « L’éducation occidentale est un péché ») n’a pas de nom spécifique émanant de lui-même, mais une foultitude de noms qui lui sont attribués par des habitants locaux. « Si leur nom est incertain, cependant, leur mission apparaît suffisamment claire : renverser l’Etat nigérian, imposer une interprétation extrémiste de la Chari’a (Loi islamique) et abolir ce qu’ils désignent comme le style d’éducation occidentale » écrit Vanguard.
Pour ce qui concerne le cercle dirigeant du groupe, le journal nigérian mentionne qu’après la mort en 2009, du dirigeant historique de Boko Haram, Mohammed Youssouf, le mouvement islamiste a, semble t-il, décentralisé ses sources de pouvoir. Boko Haram, par conséquent, apparaît doté d’une structure lâche, avec des dirigeants répartis par régions. Malgré (ou grâce à) cela, le groupe est plus fort que jamais et il semble avoir infiltré les agences de sécurité nigérianes, dans le but d’accéder à des postes difficiles à atteindre.
L’ancien ministre des Affaires étrangères nigérian, le Prof. Bolaji Akinyemi, est pessimiste, quant à la capacité des autorités nigérianes à traquer le groupe. Il affirme que le gouvernement ne dispose même pas de la moindre stratégie. Il pense que la génération présente de Nigérians devra vivre sous la menace permanente de Boko Haram. « Je ne sais vraiment pas comment répondre au problème posé par Boko Haram », a expliqué Akinyemi, en ajoutant : « Et quiconque vous dit qu’il sait comment répondre au problème posé par Boko Haram ne sait absolument pas de quoi il parle. Une des choses importantes que les gens ne réalisent pas, c’est que les trois policiers, dont un inspecteur, ont perdu la vie dans l’attentat contre une église, le jour de Noël, parce que la police avait des informations selon lesquelles Boko Haram était sur le point de frapper le jour de Noël, mais qu’elle ne savait pas quelle église particulière il visait ».
De fait, la police avait ordonné à ses agents de former des cordons de sécurité autour de plusieurs églises et cet inspecteur a, bel et bien, vu cette voiture. Il a tenté de la stopper, mais n’y est pas parvenu. Les gardes civils de la sécurité de l’église ont également essayé de stopper le chauffeur ; il n’aurait jamais arrêté, jusqu’au moment de déclencher la bombe. Le seul moment où il aurait pu stopper sa voiture, c’était quand l’inspecteur lui a intimé de le faire. Il ne l’a jamais fait, même quand les policiers lui ont tiré dessus. Supposons qu’il apparaisse ensuite que ses freins ne fonctionnaient pas, ou qu’il était en retard pour la messe et qu’il voulait juste s’y rendre, tout le monde, le Nigéria tout entier serait tombé sur la tête de cet inspecteur pour avoir tué un homme innocent. Vous demandez à un homme de procéder à un jugement en un quart de seconde. C’est ainsi que cet inspecteur est mort pour avoir voulu prendre des précautions. Il l’a payé de sa vie et de celle de 34 autres personnes. Le Nigéria est-il préparé à ce qu’on tire à vue, sur la simple présomption que quelqu’un pourrait être un terroriste ? La presse est-elle prête à cela ? La société civile est-elle prête à cela ? C’est bien là, la question que vous devriez vous poser à vous-mêmes et non au gouvernement ! ».
D’après lui, le Président nigérian devrait convoquer une rencontre avec les dirigeants politiques de la majorité et de l’opposition pour essayer de rassembler une unité nationale autour d’une stratégie commune sur la façon de vaincre le terrorisme. L’ancien ministre nigérian explique qu’il devrait y avoir une entente commune sur la nécessité de traquer les dirigeants de Boko Haram, afin d’être certains que des officiers ou agents affiliés à tel parti ne s’en prendront pas au gouvernement quant à la façon de mener la conduite des affaires sécuritaires. Afin de trouver une unité nationale nigériane, la première étape devrait consister à décider de quelle manière manœuvrer, face au problème posé par Boko Haram. En attendant, il n’existe que l’alerte des médias du Nigéria, alarmant du fait que le pays est sur le point de plonger dans le chaos et la Guerre Sainte – et dont la récompense sera, pour le vainqueur, de s’emparer des richesses pétrolières du pays.
Anna Mahjar-Barducci
Source: http://www.stonegateinstitute.org/2743/boko-haram-infiltrating-nigerian-intelligence
Copyright - Original materials copyright (c) by the authors.
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Adaptation Marc Brzustowski
Commentaire : on a là, un exemple préoccupant du phénomène de glissement de la problématique terroriste : lorsque l'armée et l'aviation kenyane rencontrent quelques succès d'appoint, infligeant des pertes importantes et un reflux de l'agressivité des milices Shabab à la frontière somalienne, lorsque le Sud-Soudan se renforce et devient indépendant à l'égard du pouvoir de Khartoum, avec, notamment l'appui d'Israël, lorsque les unités anti-terroristes algériennes et d'autres pays d'Afrique, soutenues par le renseignement français, semblent confiner AQMI plus au Sud, vers le Sahel (qui sert de couloir de transition et d'acheminement de moyens) et le Mali, Al Qaeda et ses affiliés se ressoudent et investissent le Nigéria, depuis le nord, à partir des frontières du Niger, du Cameroun et du Tchad.
Pendant ce temps, l'OTAN "libère" la Libye, en favorisant la prise de contrôle de la capitale et d'autres régions par des fanatiques, peu regardants sur la manière de proliférer au Maghreb, en Afrique et jusque dans le Sinaï. L'Administration Obama n'en finit pas de faire les yeux doux aux Frères Musulmans, dont le coeur de doctrine a inspiré les fondateurs du Hamas et d'Al Qaeda. Pour des raisons sécuritaires consistant à sauvegarder la face nord de la Méditerranée, l'Afrique profonde risque de faire les frais de cette gestion au coup par coup de la menace terroriste. On a, encore, le cas d'un gouvernement d'obédience chrétienne, mais relativement corrompu, aux prises avec des milices qui n'ont que le culte de la mort et des massacres de masse pour idéal...
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