vendredi 27 janvier 2012

Israël attaquera-t-il l'Iran?

Le ministre de la Défense israélien lui a confié “on”, ce qu’il disait “off” depuis des semaines. Voici la synthèse en 13 points de l’article du New-York Times, publié avant-hier:
1) Pour Ehud Barak, les leaders Iraniens se sont fixés pour objectif stratégique de rayer Israël de la carte.
2) En réponse à ceux qui pensent que les menaces ne sont pas imminentes et que toute action militaire serait catastrophique, Ehud Barak répond avec force que lui et Bibi sont responsables de la sécurité d’Israël et garant de son existence pour le futur du peuple Juif.  Ils sont tous les deux aux commandes et n’ont “que le ciel au dessus d’eux”.
3) Pour Barak le préalable à toute frappe est d’être certain qu’Israël a la capacité de causer des dommages majeurs aux projet nucléaire iranien, qu’Israel pourra faire face à l’inévitable contre-attaque, que les USA apporteront leur soutien ou donneront une approbation tacite, que toutes les possibilités ont été tentées pour dissuader l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, qu’Israël n’a vraiment plus d’autre alternative que de passer à l’action.
4) Ehud Barak et ses conseillers pensent que la réponse à tous les points précédents est pour la première fois depuis 20 ans : OUI.
5) Ehud Barak pense que si l’attente se poursuit, un point de non retour sera atteint au delà duquel plus aucune action ne pourra jamais être menée.
6) Ronen Bergman a également consulté Moshe Yaalon, vice Premier Ministre et ministre des Affaires stratégiques, lui aussi partisan d’une action préventive. Pour Yaalon, l’acquisition de l’arme atomique par l’Iran n’est que l’affaire de quelques mois. Pour lui, ce programme doit être stoppé, et ce n’est pas à Israel de prendre la tête du combat contre l’Iran. Cependant l’Etat Hébreu est prêt à se défendre par lui même par tous les moyens, au moment jugé opportun.
7) La Russie a aidé l’Iran a se doter d’un réacteur tout en assurant qu’il ne pourrait pas produire l’uranium enrichi nécessaire à la bombe. Le véritable soutien au programme nucléaire iranien est secret et repose sur la filière pakistanaise. Le site de Natanz résulte de cette coopération.
8) Une stratégie en cinq points a été développée dans les années 2000 pour contrer le programme iranien : pressions politique, opérations secrètes, lutte contre la prolifération, sanctions, changement de régime.
9) Selon le New York Times d’importants moyens ont été mis en oeuvre pour déployer des actions clandestines en Iran. Toutefois il est considéré que l’unité spéciale du Mossad , nom de code Césarée, n’intervient pas directement. Deux organisations iraniennes d’opposition seraient mises à contribution, de même  que des agents basés au Kurdistan ainsi que des éléments issus d’autres minorités, certains étant entraînés en Israel, dans la région de Tel-Aviv. (Ndlr : A prendre au conditionnel et avec la plus grande circonspection car ceci ne reflète que les suppositions de Ronen et non la position officielle israélienne qui n’affirme ni ne dément rien).
10) Barak et Netanyahu ne sont  pas convaincus des résultats de la stratégie en 5 points, destinée à contrer l’Iran. Ils estiment que ni les actions clandestines éventuelles ni les sanctions ne sont suffisantes. Les rens militaires pensent la même chose. L’opération Opéra (destruction du réacteur en Irak) est dans tous les esprits…Aujourd’hui les iraniens disposent de 10000 centrifugeuses qui tournent à plein régime et de cinq tonnes d’uranium faiblement enrichi, de quoi faire après conversion, 5 ou 6 bombes.  En comptant 9 mois de préparation.
11) Pour Barak, si l’Iran accède à l’arme nucléaire, Israel sera menacé;  le régime iranien sera durablement renforcé et totalement incontrôlable; les pays de la région comme la Turquie, l’Arabie Saoudite et l’Egypte se doteront à leur tour de la bombe, sans parler du risque de fuite ou de transfert vers des mouvements terroristes.
12) Le ministre de la défense pense que l’Iran atteindra ce qu’il appelle sa “zone d’immunité”,  avant la fin de l’année 2012. C’est à dire le point où son niveau d’équipement, d’infrastructures et de connaissance sera tel que plus rien (même des frappes militaires) ne pourra stopper son accession à l’arme nucléaire. L’horizon fixé par Israël serait de 9 mois maximum à compter de maintenant. Il serait de 15 mois pour les américains qui peuvent se permettre de fixer un point de non retour plus éloigné dans le temps (simplement parceque les capacités de frappes US sont largement supérieures à celles d’Israël). Le point critique se situe donc dans la seconde moitié de 2012. Les vues israéliennes et américaines sont de plus en plus proches et Barak confirme que les USA sont  le meilleur allié d’Israël. Le débat ne porte plus maintenant que sur le comment de l’opération et sur certains détails.  
13) La question des représailles iraniennes suite à une attaque, est abordée. 50 000 fusées du Hezbollah pourraient frapper Israel en plus des centaines de missiles Shahab iraniens. L’Iran et le Hezbollah disposeraient par ailleurs de 40 cellules terroristes dormantes à l’international prêtes à frapper des intérêts israéliens et juifs dans le monde entier. Sans parler d’une entrée en guerre de la Syrie, de la fermeture du Détroit d’Ormuz etc…Raison pour laquelle l’ancien patron du Mossad Meir Dagan pense qu’une action israélienne est totalement impensable et qu’elle n’aboutirait par ailleurs qu’à des résultats opérationnels limités. 
Mais la décision finale appartiendra aux 14 membres du cabinet de sécurité israélien et à eux-seuls.
Pour l’analyste Ronen Bergman,  l’instinct de survie israélien l’emportera sur toute autre considération.
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