La Syrie accuse les États-Unis de s'ingérer dans la mission des observateurs de la Ligue arabe, dont l'objectif consiste à faire cesser les violences et à assurer une reprise du dialogue entre le régime syrien et ses opposants.
« Les déclarations américaines [...] sont une ingérence flagrante dans la [mission] de la Ligue arabe, et une tentative injustifiée pour internationaliser » le dossier syrien, a affirmé mercredi le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères Jihad Makdessi.
« La Syrie ne va pas rendre compte aux États-Unis du niveau de son engagement dans le protocole de la Ligue arabe », a ajouté M. Makdessi accusant Washington d'« attiser la violence ». Les déclarations américaines, poursuit-il, « nuisent à l'action des observateurs arabes ».
L'Administration Obama a estimé mardi que la Syrie n'avait pas respecté ses engagements vis-à-vis de la Ligue arabe et qu'il était « grandement temps pour le Conseil de sécurité [de l'ONU] d'agir » pour « soutenir les aspirations légitimes des Syriens ».
Évoquant les « tirs de tireurs embusqués, les actes de torture et les meurtres qui continuent en Syrie », le porte-parole du président Obama, Jay Carney, a affirmé qu'il est « évident » que les termes du plan de sortie de crise n'ont pas été respectés par le régime syrien.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a aussi réclamé mardi une clarification de cette mission d'observateurs. « Est-ce qu'ils peuvent vraiment avoir accès à l'information en toute liberté ? [...] Je suis dubitatif », a-t-il dit dans une entrevue à iTélé.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), un groupe d'opposition basé à Londres, deux civils ont été tués et quatre autres ont été blessés à Homs, lorsque des coups de feu ont été tirés d'une voiture appartenant probablement à des milices pro-régime. Un autre civil a été tué à Hama.
Homs et Hama, deux hauts lieux de la contestation contre le régime du président Bachar Al-Assad, ont été visités par les observateurs de la Ligue arabe mercredi. Ils se sont aussi rendus à Daël, dans la région de Deraa, et à Harasta, près de Damas, selon la télévision publique.
Selon les Comités locaux de coordination (CLC), qui chapeautent les manifestations contre le régime du président Bachar Al-Assad, plus de 390 personnes ont été tuées depuis que les premiers membres de la mission sont arrivés en Syrie, le 21 décembre. La mission a officiellement commencé le 27 décembre.
« Le travail des observateurs, qui devaient en principe surveiller l'application du plan arabe visant à faire cesser les assassinats, est entravé quotidiennement par le régime », ont dénoncé les CLC dans un communiqué publié mardi.
« Les officiers et les soldats de l'armée portent des costumes de policiers, conduisent des véhicules militaires repeints et changent le nom des lieux, mais cela ne signifie pas que l'armée s'est retirée des villes et des rues ni que le régime applique les clauses du protocole » arabe, poursuivent-ils.
Le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a lui-même admis lundi que les tirs sur les opposants qui dénoncent le régime du président Bachar Al-Assad se poursuivaient, malgré la mission de l'organisation panarabe.
Les pays membres de la Ligue arabe doivent se réunir samedi au Caire, en Égypte, pour étudier le premier rapport de ses observateurs en Syrie, a annoncé mardi le secrétaire général adjoint de l'organisation panarabe, Ahmed bin Heli. Un responsable de la Ligue a déclaré sous couvert de l'anonymat à Associated Press que les délégations pourraient discuter de la possibilité de retirer les observateurs du pays.
L'opposition incapable de s'entendre
Le bureau exécutif du Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition syrienne, a rejeté mardi un accord signé récemment avec un autre groupe de l'opposition, le Comité national pour le changement démocratique (CNCD).
Sur sa page Facebook, le CNS soutient que le texte de l'accord présenté « est en contradiction avec le programme politique du CNS et avec les demandes de la révolution en Syrie ».
Le CNS, dirigé par Burhan Ghalioun, a expliqué avoir signé le 30 décembre au Caire un texte qui « incluait des idées premières devant encore être débattues et ne constituait pas un document politique ».
Le CNCD avait annoncé samedi avoir signé avec le CNS « un accord politique qui définit les principes de la lutte démocratique pour la période de transition » de la Syrie vers la démocratie. Selon le CNCD, cet accord « rejette toute intervention militaire qui porte atteinte à la souveraineté et à l'indépendance du pays ».
Le CNS, composé de 230 membres, dont près d'une centaine vivent en Syrie, est une coalition des plus importants partis de l'opposition, dont des membres des Frères musulmans, des libéraux et des nationalistes. Le CNCD, dirigé par Hassan Abdel Azim, regroupe des partis « nationalistes arabes », kurdes, socialistes et marxistes.
Radio-Canada.ca avecAgence France Presse et Associated Press
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