Moscou entend fournir 10 avions de chasse MiG-29 au régime de Damas et les détails de cette livraison font l'objet de discussions avec une délégation syrienne, a indiqué, le 31 mai 2013, l'agence de presse RIA. Krasimir Grozev/Creative Commons
L'opposition dit avoir réussi à envoyer des renforts à Qousseir
L’affaire des armes russes livrées au régime syrien devient de plus en plus opaque.
Vendredi, deux journaux russes ont indiqué que la Russie n'a pas encore livré de missiles sol-air S-300 à la Syrie contrairement à ce qu'a laissé entendre le président Bachar el-Assad la veille. Dans une interview à la chaîne Al-Manar du Hezbollah libanais diffusée jeudi, M. Assad, interrogé sur la livraison de ces missiles promis par Moscou, a répondu: "tous les accords passés avec la Russie seront honorés et une partie l'a déjà été dernièrement".
Mais selon des sources au sein du complexe militaro-industriel russe, citées par les quotidiens Vedomosti et Kommersant, ces missiles n'ont pas encore été livrés. Selon Vedomosti, il n'est même pas certain que ces systèmes d'armes prévus dans un contrat signé en 2010 et s'élevant à un milliard de dollars seront livrés cette année. "La livraison de six S-300 prévus dans un contrat signé en 2010 n'aura lieu qu'au deuxième trimestre 2014", écrit pour sa part Kommersant.
Six mois seront en outre nécessaires pour former le personnel syrien et tester les missiles avant qu'ils ne soient opérationnels.
La Russie ne devrait pas être en mesure de livrer les missiles avant l'automne, a rapporté, de son côté, l'agence de presse Interfax citant une source au sein de l'industrie militaire russe. On précise de même source que la date de livraison de ces armes qui inquiètent les gouvernements occidentaux dépendra de l'évolution de la situation en Syrie.
Moscou avait défendu mardi la livraison à Damas de S-300, des systèmes sol-air sophistiqués capables d'intercepter en vol des avions ou des missiles téléguidés, comme un facteur de dissuasion contre une intervention extérieure en Syrie. La source citée par Vedomosti a toutefois indiqué que même si les autorités russes insistaient officiellement sur leur volonté d'honorer ce contrat, cela ne signifiait pas que les livraisons auraient forcément lieu.
Aujourd’hui, en sus des missiles, les avions de combats Mig-29 MM2 sont entrés dans la danse. Selon le directeur du constructeur, Sergueï Korotkov, cité par les agences russes, la Russie pourrait livrer à la Syrie dix de ces avions de combats. "Une délégation syrienne est actuellement à Moscou, les détails du contrat sont en train d'être définis. Je pense que les avions seront livrés", a dit M. Korotkov.
L’affaire est d’autant plus importante que l’aviation est la "colonne vertébrale du régime", comme l’indiquait à Lorientlejour.com, Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie et professeur à l’université d’Edinburgh.
Les livraisons d'armes au régime syrien par la Russie ne contribuent pas à régler la crise en Syrie, a déploré jeudi le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague. A Washington, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) a mis en garde la Russie sur de nouvelles livraisons d'armes à Bachar el-Assad, affirmant qu'elles ne feraient "que prolonger la violence". Elle a estimé que la Russie devait plutôt "convaincre Assad de nommer une équipe dotée de pouvoirs réels pour négocier le transfert total de ses pouvoirs exécutifs à une instance gouvernementale de transition".
Des renforts à Qousseir
Sur le terrain, l'opposition syrienne a affirmé vendredi avoir réussi à envoyer des renforts, appartenant principalement à un groupe proche des Frères musulmans, dans la ville de Qousseir, assiégée par les troupes gouvernementales et le Hezbollah. Le chef par intérim de la Coalition de l'opposition, George Sabra, a annoncé à la fin d'une réunion d'une semaine à Istanbul que "quelque 1.000 combattants de toute la Syrie" avaient réussi à pénétrer dans cette place forte de la rébellion, située au centre-ouest du pays.
Vendredi sur sa page Facebook, le groupe armé de Liwa al-Tawhid, proche des Frères musulmans et soutenu par le Qatar, affirme que "ses combattants sont arrivés à Qousseir" et publie la photo de son porte-parole Abou Firas al-Halabi avec le militant de Qousseir Hadi al-Abdallah.
Sur cette photographie postée ce vendredi sur la page Facebook de Liwaa al-Tawhid, le directeur du bureau d’information de ce groupe rebelle, Abou Fares al-Halabi ainsi qu’un autre insurgé de Qousseir, Hadi al-Abdallah.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé l'arrivée de "centaines de combattants" qui ont réussi à ouvrir une brèche du côté du village de Chamsinne au nord-est de Qousseir. "Il y a eu jeudi un affrontement dans ce secteur au cours duquel onze rebelles ont été tués mais les autres ont pu s'infiltrer", a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.
"Je ne sais pas si cela peut influer le cours des combats, car le problème crucial ce ne sont pas les combattants mais les armes", a-t-il ajouté. L'Observatoire compte un important réseau d'informateurs parmi les services médicaux et militants à travers le pays.
M. Sabra avait appelé mercredi tous les rebelles à prêter main forte aux combattants de Qousseir et appelé la communauté internationale à ouvrir un corridor humanitaire. "Accourez, bataillons de la révolution et de l'Armée syrienne libre (ASL), pour sauver Qousseir et Homs", avait lancé le dirigeant par intérim de la Coalition de l'opposition et chef du Conseil national syrien (CNS), principale composante de cette Coalition.
Washington a exigé mercredi "le retrait immédiat" du Hezbollah de Syrie, au moment où l'armée syrienne, épaulée par ce mouvement libanais, a annoncé s'être emparée de l'aéroport de Dabaa, prémices d'une offensive tous azimuts contre le dernier carré de rebelles à Qousseir.
Jeudi, dans son interview avec al-Manar, le président syrien a reconnu pour la première fois que le Hezbollah combattait aux côtés de ses troupes à Qousseir.
Il a répété être "très confiant" dans la victoire de ses troupes face aux rebelles et n'a pas écarté de se présenter à la présidentielle de 2014. Et agitant la menace de l'ouverture d'un front avec Israël, qui a mené trois raids près de Damas contre des cibles militaires, M. Assad a dit qu'"il y a une pression populaire manifeste pour ouvrir le front de résistance au Golan". M. Assad a également prévenu que son régime allait "riposter à toute agression israélienne la prochaine fois".
Par ailleurs, trois Occidentaux, dont une Américaine et un Britannique musulmans, ont été tués par l'armée syrienne mercredi dans le nord-ouest de la Syrie, a rapporté jeudi l'OSDH, précisant qu'ils étaient vraisemblablement en train d'aider la rébellion.
"Ils ont été tués par balles au cours d'une embuscade dans la région d'Idleb et l'armée a retrouvé avec eux des cartes de positions militaires", a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Selon Reuters, l'Américaine était âgée de 33 ans et s'appelait Nicole Mansfield. Originaire du Michigan, cette mère célibataire d'une fille de 18 ans s'est convertie à l'islam il y a environ cinq ans.
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