Le président tchadien, Idriss Déby, a livré un diagnostic alarmant sur la Libye qui risque de « nous exploser à la figure » en étant la base de « tous les islamistes radicaux » dans la région du Sahel, samedi dans un entretien au journal français Le Figaro.
« La Libye est au bord de l’explosion. Je n’ai pas du tout la solution mais on ne peut pas regarder cette situation, la laisser évoluer et nous exploser à la figure. La communauté internationale doit aider les autorités légitimes de la Libye », a déclaré M. Déby. « Tous les islamistes radicaux sont aujourd’hui en Libye », poursuit le président tchadien pour qui les liens de ces groupes avec Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) ne font « pas de doute ».
« Hier ils n’avaient pas de terrain, aujourd’hui ils en ont un: c’est la Libye tout entière. Hier ils n’avaient pas d’armes, maintenant ils les ont toutes. Ils n’ont même pas besoin de fabriquer des trucs artisanaux. Hier ils se cachaient.
A Souk Aldjoumoua, un quartier au cœur de Tripoli, Mohamed, 35 ans, dénonce l’ineptie des autorités libyennes aux manettes du pays depuis deux ans. «Le nouveau régime peine à redonner fière allure à une capitale miséreuse et à reconstruire un pays en ruine et en plein tumulte», affirme cet ingénieur en pétrochimie.
Aujourd’hui ils [les islamistes] s’affichent et disent qu’ils imposeront la charia en Afrique », affirme M. Déby.
« La communauté internationale doit se réveiller pour sauver la Libye sinon tout ce que nous avons fait au Mali ne servira à rien », insiste-t-il.
«Gardons les pieds sur le sable et arrêtons de rêver. Regardons la réalité en face: le pays est instable et ingérable. Notre quotidien se transforme en cauchemar qui fait fuir les Libyens et les investisseurs étrangers», tonne Fatim al-Mourabat, universitaire de 35 ans, qui a participé à la révolte sous le nom de Zahra Altarabulssia, et déplore la situation désastreuse dans une Libye libre mais en proie à l’insécurité et à la violence.
Tripoli, comme les principales villes libyennes, est aux mains des milices armées
Après la chute de Mouammar Kadhafi, plus de 200 000 anciens rebelles campent toujours dans les installations stratégiques de l’Etat, dans les hôtels de luxe, les écoles et les propriétés des dirigeants de l’ancien pouvoir. Ils occupent aussi les ministères et réclament le départ de plusieurs hauts responsables.
Les katibas (milices armées) se sont réparti le territoire. Elles font la loi et pointent leurs armes partout. «Dès la tombée du jour, nous entendons des tirs d’armes automatiques. Les gens ont peur de sortir», regrette Fatim al-Mourabat, qui chaque jour brave le danger pour aller à l’université où elle prépare son master en sciences politiques. Abu Bikr Algharghouti, lui, a préféré quitter Tripoli après avoir été menacé de mort.
«J’avais grand espoir de participer à l’édification de la nouvelle Libye.» Mais il a vite déchanté. Cet intellectuel, qui se présente comme un opposant indépendant, est retourné en Norvège où il anime le site «la révolte du 17 février» pour dénoncer un pays à la dérive, gangrené par la lutte des clans, la corruption et les trafics en tous genres.
« La situation évolue de la façon la plus négative possible pour la Libye mais aussi pour nous », constate M Déby. »Malheureusement, à l’horizon je ne vois pas dans les trois ou quatre années à venir une Libye stabilisée à moins d’un miracle (…) Le terrorisme peut frapper quand il veut même au Tchad », conclut-il.
Des soldats tchadiens sont intervenus aux cotés de l’armée française et d’autres pays africains pour chasser les groupes islamistes armés qui occupaient le nord du Mali.
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